Né en 1729, Louis-Antoine de Bougainville, à l’instar de nombreux explorateurs, se découvre une passion pour les voyages, sur le tard. En effet, c’est à la mort de son père qu’il décide d’opter pour une toute nouvelle carrière. Un choix payant puisque sollicité par le gouvernement Louis XV, il est amené à réaliser le premier tour du monde français, à partir de 1766. L’océan Atlantique, l’Amérique du Sud, le Pacifique ainsi que la Polynésie française, ce dernier tirera de ses aventures un formidable récit, propageant le mythe du « bon sauvage ».

C’est en 1729 que naît Louis-Antoine de Bougainville. Les premières années de sa vie se déroulent tout à fait normalement, mais, à l’âge de cinq ans, le petit garçon va vivre un premier drame, la perte de sa mère. Il est alors confié à Madame Hérault de Séchelles, une veuve qui prend soin de lui et qui s’occupe de son éducation. Une éducation qui, par ailleurs, va se révéler être brillante. Doué en mathématiques, en sciences et en droit, Louis-Antoine de Bougainville suit la voie dictée par son père et devient avocat au Parlement de Paris. Toutefois, à la mort de ce dernier, le jeune homme opte pour une toute nouvelle carrière. Un choix qui s’avère payant.

Louis-Antoine de Bougainville, une vie bien remplie

Homme de droit puis militaire

Louis Antoine de Bougainville - Explorateur Français

Ses connaissances et son éducation, Louis-Antoine de Bougainville va les parfaire au contact de grands esprits, tels que ceux de D’Alembert et de Clairaut. Des hommes dont les pensées vont lui permettre de s’intéresser à tous les types de sujets. Toutefois, c’est bien vers le droit que se tourne Louis-Antoine de Bougainville, fortement influencé par son père qui souhaite le voir exceller dans le domaine. Entrant au Parlement de Paris, le jeune homme revoit finalement tous ses plans au moment du décès de ce dernier. C’est alors qu’il envisage une carrière militaire, au sein de la marine française. Un choix qui va l’emmener, dans un premier temps, du côté de Londres. Après deux années sur place, c’est vers le Canada qu’il sera déployé.

De premiers faits d’armes au Canada

Arrivant en Nouvelle-France (l’actuelle région de Québec), Louis-Antoine de Bougainville est nommé aide-de-camp du brigadier-général Louis-Joseph de Montcalm. Sur place, il participe à de nombreux conflits, la France et l’Angleterre se battant afin d’obtenir la région dans le but de la coloniser. En 1759, il organise par exemple, la défense de la Rive Nord, zone située entre Québec et la Rivière Jacques-Cartier. À la tête d’un contingent de 1.000 hommes environ, il réussit à repousser les Britanniques. Un exploit qui lui permet de gagner en importance et de prouver sa valeur sur le terrain. Malheureusement, les Anglais finissent par reprendre le contrôle de cette même zone. Au printemps 1760, à la tête d’une nouvelle offensive, il regagne la région de Québec, mais là encore, pour une courte durée, puisque l’arrivée de la flotte britannique mettra un terme aux espoirs français de remporter cette guerre.

Capitulant, fait prisonnier, il reçoit après quelques mois d’emprisonnement, l’autorisation de rentrer en France et de continuer sa carrière de militaire, à la seule condition qu’il serve uniquement sur le continent européen. Les premiers colons français installés au Canada, seront alors chassés, mais le gouvernement français leur proposera plus tard, de partir en direction des Malouines, îles que Louis-Antoine de Bougainville a proposé de coloniser. Son offre est rapidement acceptée et le 15 septembre 1763, le navigateur part, armé d’une flotte composée de deux navires et des familles acadiennes chassées de la Nouvelle-France par les Britanniques.

Louis-Antoine de Bougainville, premier tour du monde français 

Échec aux Malouines et retour en Europe

Louis Antoine de Bougainville - Explorateur Français

Capitaine de frégate, Louis-Antoine de Bougainville se dirige donc en direction de ces îles Malouines, nommée ainsi par les marins en l’honneur de Saint-Malo. Les îles seront atteintes le 31 janvier 1764. Entre temps, Bougainville fait une escale à Montevideo, suscitant de fait le questionnement des autorités espagnoles, qui se demandent alors pourquoi le navigateur français se trouve dans la région. S’il affirme vouloir se diriger vers les Indes, le gouverneur local José Joaquin de Viana préfère alerter ses supérieurs. Aux Malouines, Louis-Antoine de Bougainville y restera alors une année avant que, finalement ces territoires ne soient redistribués à l’Espagne, qui se réclamait comme étant la propriétaire de ces terres. En 1494, a été signé le traité de Tordesillas, qui partage le Nouveau Monde entre les autorités espagnoles et les autorités portugaises. La France ne peut lutter et, malgré les envies de compenser les pertes subies en Amérique du Nord, se résout en 1766 à rendre les Malouines au voisin ibérique.

Louis-Antoine de Bougainville et son tour du monde

Cet échec ne semble toutefois pas entacher sa motivation et, la même année, après être rapidement rentré en Europe afin de sceller le transfert des Malouines à l’Espagne, Louis-Antoine de Bougainville repart pour ce qui deviendra, le premier tour du monde français jamais réalisé. En effet, ce dernier, sur ordre du roi Louis XV, va tenter de confirmer l’existence d’un continent Austral. Le Pacifique lui sert alors de terrain de jeu, cet océan étant quasiment inconnu. Son périple va d’abord le mener en Amérique du Sud, notamment au Brésil, où sera découverte la fleur désormais connue comme étant la Bougainvillée, espèce locale dont les Européens n’ont jamais entendu parler.

Son voyage le fait ensuite passer par le Cap Horn, situé à la pointe basse de l’Amérique du Sud. Il effectue dès lors son entrée dans le Pacifique. S’ensuit une série de découvertes intéressantes, notamment géographique, puisque Bougainville et ses hommes découvrent les Tuamotu, les atolls Vahitahi et Akiaki, les îles Tahiti, les Samoa et enfin, Vanuatu. Son voyage lui permet également de confirmer la présence du continent australien, alors que les îles Salomon et la Papouasie-Nouvelle-Guinée trouvent également une place sur les cartes du monde. Sur le chemin du retour, Bougainville passe ensuite par le Cap de Bonne-Espérance, en dessous de l’Afrique du Sud puis remonte tranquillement en direction de l’Europe. Nous sommes alors en 1769 lorsque tout l’équipage arrive à Saint-Malo.

Retour, récits et controverses

La Boudeuse - Bateau Louis Antoine de Bougainville

De ses voyages, deux récits vont paraître. Le premier sortira en 1771, intitulé Le voyage autour du monde par la frégate du roi La Boudeuse et la flûte L’Étoile en 1766, 1767, 1768 et 1769. L’année d’après, sortira Voyage autour du monde, livre qui dressera cette fois-ci, un portrait idyllique de la Polynésie, favorisant de fait la propagation du mythe du « bon sauvage ». Ces livres, qui rencontreront un succès important, mettront toutefois de côté les nombreuses découvertes géographiques et naturelles rapportées par Bougainville et ses hommes. Enfin, plusieurs controverses vont éclater, certains comme Diderot accusant Bougainville d’avoir colonisé de force certaines terres, dont celle de Tahiti. Des accusations balayées d’un revers de la main par le principal intéressé, qui assure alors vouloir mettre en avant son aventure, la vie à bord ainsi que les échanges observés entre locaux et marins. 

L’expédition de 1766 permettra à Louis-Antoine de Bougainville, d’entrer dans la légende des grands explorateurs français. Sa carrière ne se résumera toutefois pas à ce fait d’armes. En effet, ce dernier va continuer à œuvrer au compte du gouvernement français, prenant notamment part à la guerre d’indépendance américaine. Refusant le ministère de la Marine, en 1792, il est ensuite arrêté pendant la Terreur, avant d’être nommé Sénateur. Il se verra ensuite récompensé par la Légion d’Honneur, créée quelques années plus tôt par Napoléon. Sa carrière se soldera par une nomination en tant que comte d’Empire puis enfin, en tant que président du Conseil de Guerre ayant la charge de juger les responsables de la catastrophe de Trafalgar. Il décède en 1811, son corps reposant aujourd’hui encore, au Panthéon. 

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