Spitzberg, retour sur les premières explorations

 

Qu’est-ce que le Spitzberg ?

Situé à mi-chemin entre la Norvège et le pôle Nord, le Spitzberg est une île de l’archipel polaire du Svalbard, sous gouvernance actuelle norvégienne. Avec l’île aux Ours, c’est la seule île habitée de cet archipel, mais plus de la moitié de son territoire d’environ quarante mille kilomètres carrés (soit deux fois la Belgique) est recouvert de glace. À 500 km de la première terre, sa population actuelle de presque trois mille habitants est très largement concentrée dans sa ville principale, Longyearbyen.

Jusqu’en 1920, c’est tout l’archipel qui se nommait Spitzberg. Son nom signifie “montagne pointue” en référence à ses sommets escarpés dont le plus haut culmine aujourd’hui à 1717 mètres (Newtontoppen). Entouré par l’Océan Arctique au nord, la mer de Barents à l’est, la mer norvégienne au sud et la mer du Groenland à l’ouest, on pourrait imaginer que le climat du Spitzberg est extrême. Cependant, grâce au courant du Golf Stream, le Spitzberg et les autres îles de l’archipel Svalbard bénéficient d’un climat doux, rythmé par des saisons bien distinctes. La faune et la flore polaires se déploient donc au coeur des paysages montagneux et glaciaires : toundras fleuries, renard des neiges, ours polaires et oiseaux d’eau par milliers.

Ours Polaire Meril Darees

 

La découverte fortuite du Spitzberg

Contrairement aux autres régions polaires, il n’existe pas de population autochtone au Svalbard. Marins islandais ? Historiens russes ? Il y a controverse sur la première découverte de l’archipel du Svalbard, mais il reste convenu que sa première découverte incontestable fut réalisée par le navigateur et explorateur hollandais Willem Barentsz en 1596 alors qu’il cherchait le passage Nord-Est vers l’extrême Asie. Le 17 juin 1596, voici ce que le navigateur écrit dans son livre de bord :

 

« Tout était calme depuis midi, mais lorsque nous avons atteint le 80e degré et 10 minutes, nous avons viré (…) pour contourner la glace (…). Nous fîmes route un quart de mille plus loin, par des vents de sud-est, puis 4 lieues dans le sud-sud-ouest. Nous vîmes alors la terre et, poussant dans l’ouest-sud-ouest, (…) une terre haute et entièrement recouverte de neige. »

C’est lors de cette expédition au cours de laquelle il aperçut le Spitzberg que Willem Barentsz perdit la vie un an plus tard en 1597. Son navire emprisonné dans les glaces de la Nouvelle-Zemble, l’équipage est contraint d’hiverner dans cet archipel russe. Une partie de l’équipage survit et rapporte les faits en Hollande, inscrivant ainsi sur les cartes l’archipel nommé par Willem Barentsz “Spitzberg”. Pionnier des expéditions dans les eaux du Grand Nord, Willem Barentsz donna son nom à la mer de Barents.

L’époque des baleiniers

La découverte de Willem Barentsz ouvre une longue période d’explorations ayant pour but de chasser et d’exploiter les ressources animales du Spitzberg.

Envoyé par la Compagnie de Moscovie, le navigateur anglais Henry Hudson a effectué en 1607 un premier voyage d’exploration polaire au cours duquel il atteint le Spitzberg. De retour à Londres, il insiste sur les possibilités d’extension de la chasse à la baleine dans le Grand Nord. Ainsi, il mentionne dans ses notes des morses qui « se reposaient en obstruant les plages » et l’abondance des cétacés qui « s’ébattaient comme carpes en vivier ». C’est le début d’une chasse à la baleine et aux animaux d’envergure internationale.

Les marchands-explorateurs hollandais, français, danois et norvégiens suivirent vite. En effet, la graisse des baleines permettait la production d’huile précieuse à l’éclairage des villes européennes en plein développement et au graissage des machines. Ainsi, chaque pays a construit ses villes au Spitzberg afin d’opérer la transformation en barils de l’huile. La plus célèbre des stations baleinières fut la base hollandaise de Smeerenburg (« la ville de la graisse »), située au Nord-Est de l’archipel.

L’époque de la trappe

Les explorations de la “ruée vers l’huile” dureront deux siècles, entraînant une réduction massive de la présence des baleines dans les fonds marins de la région. Peu à peu, les explorations seront animées l’exploitation des terres du Spitzberg afin de répondre à la demande importante de fourrures : c’est le début de la chasse aux morses, à l’ours, aux renards, aux rennes et aux phoques. Ces expéditions de trappeurs ont joué un rôle important dans l’économie locale et ont apporté une bonne connaissance de l’archipel. Certains trappeurs sont aujourd’hui des figures légendaires grâce à leurs récits comme Arthur Oxaas ou Henry Rudi. Leur vie, totalement en marge du monde, fascine.

Observation de morse, croisière au Spitzberg

Le Spitzberg, lieu d’exploration du Grand Nord

Après la découverte fortuite de l’archipel alors appelé Spitzberg, les nations européennes engagent des explorations liées aux formidables ressources naturelles du territoire polaire, c’est l’époque de la chasse à la baleine et de la trappe des animaux à fourrure. À partir du XVIIIe, c’est le début des explorations scientifiques menant des études cartographiques, géologiques et climatologiques. Les explorateurs scientifiques les plus importants de cette époque étaient Baltazar Mathias Keilhau, Adolf Erik Nordenskiöld et Martin Conway. Ce dernier a été le premier réaliser une carte de l’intérieur du Spitzberg.

Terre de voyageurs et d’aventuriers, le Spitzberg est devenu le terrain de la recherche polaire, point de base d’une exploration scientifique de la région tout entière. Sous la lumière envoûtante du Grand Nord, c’est finalement tous les secrets et splendeurs de la région polaire que le Spitzberg dévoile.

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