À bord de l'Amazon Dream, septembre 2018

Le guide et chef d’expédition

Marianne Duruel

Coordination et Photographie

Journal de bord

Jour 1

Du 4 au 9 Septembre 2018

Grands Espaces - Amazon Dream

mardi 4 septembre

C’est à Belém que notre petit groupe est entièrement constitué. Tandis que certains sont partis directement de France ou de Suisse, d’autres ont déjà profité d’un séjour à Lisbonne, d’une première immersion à Belém ou d’une exploration du Pantanal. Pour l’heure, nous sommes à 2° au sud de l’Équateur dans la région nord du Brésil, plus exactement dans l’État du Para. Sa capitale est la ville de Belém, 2 millions d’habitants. Notre hébergement est la Quinta de Pedras, dans la vieille ville , non loin de la cathédrale.

L’ancien couvent aménagé en hôtel est plein de charme. Un souper léger nous attend dans le patio joliment éclairé. Bienvenue à Belém !

mercredi 5 septembre

Premier contact avec le monde amazonien, nous nous baladons dans le parc Mangal das Garças, littéralement « la mangrove des aigrettes ». Les étranges fleurs et gros fruits de « l’abricot de Macaco », littéralement « abricot des singes » ou « noix de singes » ou arbre à boulets de canon » est un premier exemple de cauliflorie. C’est-à-dire un arbre dont les fleurs et les fruits poussent directement sur le tronc. C’est une des caractéristiques des forêts tropicales humides. Les fleurs solides et au coeur blanc sont pollinisées par les chauves-souris. La faune aviaire est bien représentée dans le parc. Les animaux que nous trouvons ici ont été confisqués, car issus du commerce illégal de faune sauvage. C’est un vrai fléau ici qui vient s’ajouter à la déforestation… Les grandes aigrettes sont nombreuses, mais, là, il doit y avoir quelques « invités » supplémentaires pour profiter de la distribution de poissons, car tout ce petit monde est libre. Des iguanes broutent dans l’herbe ou profitent des plateaux de fruits et du soleil matinal. Nous montons au sommet du phare pour avoir une perspective sur la ville, son port baigné d’un côté par le Rio Guama et de l’autre par la baie de Guajara.
Autour et sur les plans d’eau, on se presse : canards amazonette, dendrocygnes veufs ou à ventre noir, flamants roses, ibis rouges. Dans la grande volière aux papillons, c’est l’heure du lâcher des jeunes papillons avec présentation des chenilles et cocons : papillons oeil de chouette, Julia aux ailes oranges… Dans des bassins, une raie du Xingu (noire à taches jaunes) et des piranhas noirs nagent tranquillement. Deux couples de caurale soleil nichent dans les arbres. Nous croisons un grand jabiru et un héron cocoi en plus des grandes aigrettes, avant de rejoindre une autre volière. Les occupants en sont variés : spatules rose, ibis rouges, pénélope marail au doux cri plaintif, hocco alector… Une dernière perspective sur la baie de Guajara vue d’un charmant petit kiosque entouré de aningas, ces grandes plantes aux fleurs blanches.

Leurs fruits sont utilisés comme appâts par les pêcheurs locaux. Après un repas pris dans un restaurant au buffet bien garni, nous profitons d’un petit moment de détente, sieste ou piscine, avant de rejoindre l’aéroport. Après 1h15 de vol, nous atterrissons à Santarem où Karim nous attend. Un quart d’heure de route et nous rejoignons l’Amazon Dream. Bienvenue à bord ! Notre premier dîner est l’occasion de débuter notre découverte des poissons locaux avec un excellent filet de pescado.

jeudi 6 septembre

Cette nuit s’est terminée par un orage, mais il s’éloigne juste quand il faut. Les dernières gouttes sont pour notre lieu d’amarrage et l’Amazon Dream navigue tranquillement devant Santarem sans plus de soucis. Nous passons la rencontre des eaux de l’Amazone et du fleuve Tapajos puis le bateau ralentit et nous montons dans les annexes pour pénétrer dans les vastes marécages du lac Maica. C’est l’occasion de faire connaissance avec la forêt de varzea, celle qui passe une partie de l’année, pendant la période de hautes eaux, les pieds dans l’eau puis reste au sec. Les palmiers y sont nombreux et, en Amazonie, il y en a 600 espèces différentes… Mais l’arbre emblématique en est le cécropia ou imbauba du Brésil. C’est un arbre très apprécié des paresseux et cette première matinée nous permet de faire connaissance avec eux. Pour les amateurs d’ornithologie, c’est un régal. Dès l’entrée dans le canal d’accès, le spectacle commence. D’abord les maisons sur pilotis des Cabocles, ces descendants du métissage des Portugais et d’Indiens, révèlent leur structure tout en bois. Tous les objets évoquent leur mode de vie : la pirogue et les filets qui sèchent. Le petit jardinet est planté sur pilotis. Quelques vaches pataugent dans l’eau ou broutent l’herbe tendre qui repousse rapidement sur le riche limon laissé par la décrue. Cette dernière est récente et les troupeaux sont encore souvent très maigres. La majorité des propriétaires ont, ici, une vie qui se déroule en deux temps. Pendant la crue, ils vivent sur les hauteurs, la région de terre ferme. Et, dès que la décrue est suffisante, on transporte tout par bateau dans la région basse et riche : toutes les affaires, la cuisine, les chiens, les poules, les pots de fleurs, l’équipement de pêche, le plus souvent sur le bateau familial qui tire la petite pirogue de pêche. Le bétail est amené sur des barges spéciales. Nous glissons doucement sur les eaux limoneuses. Sur les kapokiers des quantités de petits perroquets se rassemblent : touis été, touis à ailes variées. Des hirondelles à gorge rousse font leur toilette. Les canaris locaux, sicales à béret, volètent sur la berge. Soudain, une petite femelle sort d’un trou, son nid, et rejoint le petit mâle. Le couple se bécote longuement. C’est la période de préparation des nids et des amours… Quand la forêt de varzea arrive directement sur les rives, les martins-pêcheurs à ventre roux, les plus gros de la région, sont fréquents. Les hérons striés et les grandes aigrettes sont nombreux sur les rives. Dans les arbres sont perchés sur les hautes branches urubus à tête noire (les vautours locaux), buses à tête blanche, milan des marais au bec bien crochu pour se nourrir d’escargots d’eau douce… Les essences d’arbres sont très variées. Certains sont en fleurs comme le mamurana ou cupurana aux belles fleurs complexes ou l’arbre tashi, du même nom que des petites fourmis brunes à cause de ses grappes de petites fleurs blanches puis brunes. Le bacuri porte des petits fruits jaunes dont on fait des sorbets. Devant une maison sur pilotis, un crâne de buffle est accroché sur un poteau. C’est pour éloigner le malheur de la maison. Une autre pratique locale consiste à brûler de la corne pour éloigner les mauvais esprits. Nous continuons sur le canal dont la profondeur actuelle est d’environ 5 m pour 7 m en période de hautes eaux. Pour l’heure, la région du lac Maica que nous traversons s’ouvre encore sur de vastes surfaces inondées. Nous croisons régulièrement des pêcheurs. Certains pêchent à la ligne, certains posent des filets ou des casiers au fin maillage vert pour capturer des crevettes. Mais le plus spectaculaire est sans conteste la pêche à l’épervier. Nous suivons attentivement le travail très précis d’un jeune pêcheur. Les photographes ont droit à plusieurs lancers… Le premier lancer rapporte un beau tucunaré. Les suivants de plus petits poissons : des aracus. Nous voyons avec plaisir qu’il relâche les trop petites prises. Il gère intelligemment son milieu. Cette pêche se pratique au ras de la rive, là où les poissons prédateurs guettent leurs plus petites proies installées dans les racines des plantes de berges. Dans les buissons, les anis à bec lisse sont nombreux. Régulièrement, nous apercevons un iguane qui se chauffe au soleil matinal. Des kamichis cornus font retentir leurs cris, entre l’otarie et l’âne qui brait… En approchant du canal d’Ituqui, nous croisons de grands troupeaux. Puis, nous sortons du labyrinthe pour rejoindre l’Amazon Dream. Bon appétit ! Après le déjeuner, farniente, puis nous parlons Brésil, Amazone et toutes les espèces d’oiseaux rencontrées le matin.

Une agréable balade en annexe au coucher du soleil clôt cette belle journée.

vendredi 7 septembre

Après une nuit passée près du village de Pacoval, nous commençons par explorer la petite falaise qui précède l’arrivée au village. Mais le site est bien calme ce matin.

Puis nous nous enfonçons dans un vaste secteur de marécage. Là, il y a du monde… Sur les radeaux de jacinthes d’eau, de jolis petits jacanas arpentent la végétation à la recherche d’insectes. Les timides hérons striés font régulièrement des décollages express pour se reposer un peu plus loin. Dans un grand buisson, toute une famille de hoazins papote… Mais ceux-là resteront bien cachés. Une belle superficie couverte de nénuphars géants nous permet d’en voir tous les stades. Les feuilles du « vitoria regia » ou « victoria regia » (en l’honneur de la reine d’Angleterre) naissent d’une sorte de bouton qui se déploie d’abord en forme de coeur puis s’arrondit pour devenir la gigantesque feuille. La fleur s’ouvre d’un blanc immaculé puis un insecte la pollinise et elle devient violette… Sur un îlot, ce sont 2 kamichis cornus qui sont installés.

Ils n’apprécient pas les intrus et décollent. Presque de la taille d’une dinde, ils donnent plutôt dans le décollage version 747… Sur une branche, un balbuzard pêcheur est à la recherche de son petit-déjeuner. De temps à autre, un « éclair » jaune est synonyme d’oriole des champs et rouge, c’est la sturnelle militaire. L’une d’elles se laisse parfaitement photographier, poitrail rouge au premier plan. Tandis que les grands urubus à tête rouge vont et viennent au-dessus des arbres, nous cherchons les hoazins dans la forêt d’aningas qui borde souvent le marais. Ils en sont très friands. Succès de l’opération : un hoazin, après échauffement de ses grandes ailes fauve, décolle vers une branche. Du coup, nous repérons toute la famille. Ces oiseaux archaïques, les plus proches du célèbre archéoptéryx, ont une très belle prestance : huppe conséquente, yeux rouges sur fond turquoise, plumage en dégradé fauve… Leur bavardage est très particulier… façon grand fumeur un peu asthmatique… Nous retrouvons nos kamichis cornus au haut d’un grand arbre. Un milan des marais est en train d’utiliser avec adresse son bec crochu et affûté de consommateur d’escargots d’eau douce pour son repas.
Nous nous dirigeons maintenant vers le village de Pacoval pour remonter le Rio Curua Una. Nous croisons tous les buffles de la petite ferme auprès de laquelle nous avons dormi. Tranquillement, ils longent la petite falaise, tout seuls, en profitent pour se baigner un peu en « grignotant » nonchalamment quelques plantes aquatiques puis continuent le petit chemin qui les emmène au sommet de la hauteur pour s’alimenter dans les pâtures. Le soir, toujours tout seuls, ils font la manoeuvre inverse… Quelques pique-boeufs les accompagnent à pied ou sur les dos. Nous longeons le village et ses bateaux de toutes tailles. Un grand bac manoeuvre pour porter son stock de voitures sur l’autre rive, un peu plus loin. Nous croisons d’autres buffles avec passagers. Finalement, nous pénétrons dans les méandres de la rivière Curua Una. Les berges en sont généreusement boisées. Les chants d’oiseaux qui en sortent sont multiples et variés, mais les chanteurs bien cachés… Nous scrutons, nous scrutons et sommes récompensés par la découverte d’un beau singe hurleur. Il est en plein repas et ne se préoccupe pas le moins du monde de notre présence. Il mange parfois de manière quelque peu acrobatique. Pendu par la queue, tête en bas, il attrape fleurs et feuilles tendres à pleines mains et les enfourne consciencieusement dans sa bouche… La température monte et il disparait dans l’ombre. Tandis que les amateurs de pêche vont taquiner, avec succès, le piranha, le reste du groupe continue son exploration du secteur. Un superbe onoré rayé est immortalisé.

Les petits perroquets, touis été et touis à ailes variées passent d’un kapokier à un autre. Sur les rives, hérons striés, aigrettes et martins-pêcheurs s’affairent. Puis, nous voguons vers Pacoval pour un petit tour à pied. En arrivant sur la plage, une pirogue est vite très entourée : le pêcheur a attrapé un beau pirarucu ou arapaima. Le grand poisson aux écailles en partie rouge est impressionnant.

Nous reprenons notre navigation sur la Curua Una, le fleuve Amazone et nous amarrons dans un petit chenal proche de la région de Tapara. C’est le moment de la détente puis de parler géologie, ornithologie, Amazonie… La mer Pebas nous permet d’évoquer la grande aventure de cet immense bassin à l’écosystème si diversifié. La vie privée de l’étrange hoazin n’a bientôt plus de secret pour nous. Enfin, l’état du Para et la vaste Amazonie nous entrainent sur les pas des premiers explorateurs, des Cabocles et des ethnies amérindiennes dont on découvre de plus en plus l’histoire complexe. Les travaux d’Anna Roosevelt avaient permis de dater des peintures rupestres de 8000 à 14 000 ans.

Puis la découverte d’objets lithiques : poteries et outils dans la terre noire dont l’épaisseur d’humus par couches de nature différente atteint 15 m d’épaisseur par endroits laisse supposer l’existence d’une civilisation d’agriculteurs. Cette terre noire aurait pu nourrir 1,5 million d’habitants rien que dans la région de Santarem. Cette civilisation aurait été remplacée par une civilisation guerrière plus nombreuse et plus primitive, celle rencontrée par les conquistadors. L’immense Amazonie reste une terre de découvertes… Les dauphins font le show autour du bateau. Nous partons à la découverte… Dauphins et épicerie-bar sur pilotis…

samedi 8 septembre

Départ très matinal ce matin, nous partons explorer la région de Tapara. En sortant du bateau, pas un souffle d’air, seul celui des dauphins vient rider la surface de l’eau du chenal. Après avoir encore une fois profité des dauphins : les petits gris à la nageoire triangulaire ou tucuxis ou sotalies et les grands dauphins roses ou botos. Nous quittons le secteur de Piapo pour nous engager sur l’Amazon puis pénétrer dans un autre chenal. Sur la grève, un couple de caracaras huppés se partage un poisson. À peine rentrés dans le chenal, nous rencontrons une pirogue de pêcheur bien chargée : une grosse raie et un poisson-chat d’une vingtaine de kilos remplissent sa minuscule petite pirogue. Décidément, la région est riche. Sur les berges sont plantés bananiers, papayers, pieds de manioc… On voit régulièrement du bétail. Nous passons de maisons sur pilotis à des barrières qui aménagent des enclos d’embarquement et débarquement des animaux. Des cécropias occupent régulièrement les bords. Ils sont souvent occupés par des iguanes qui se chauffent au soleil matinal après une nuit plus fraîche. Nous retrouvons les urubus à tête noire, les tyrans quiquivis ou mélancoliques, les hérons striés et aigrettes variées, les anis à bec lisse… Nous assistons à un pugilat au sujet d’un nid potentiel. En effet, de très jolis petits couples de sicales à béret sont à cette période de recherche et aménagement de nid. Tout était calme, quand soudain, un couple d’hirondelles a fait un rase-motte du petit tunnel creusé dans la berge limoneuse.

Les deux futurs habitants, tous deux tranquillement à l’entrée à regarder dehors ont battu en retraite à tire d’aile… Le couple d’hirondelles à gorge rousse semble bien déterminé à s’installer là et… elles sont plus grandes… Nous les laissons à leur conflit d’intérêt… Juste avant de traverser l’extrémité du lac de Monte Alegre, nous tombons sur un beau rassemblement de becs en ciseau à dos noir. Finalement la traversée, la plupart du temps plus qu’humide, se passe cette fois sans le moindre embrun… Les ponchos ne seront que décoratifs… Le niveau de l’eau a beaucoup baissé et nous naviguons doucement en suivant un petit canal sous-marin. Sur une rive proche de la « bouche de Tapara », une petite ferme est installée. À proximité, nous trouvons tout un groupe d’ibis mandore en plein repas sur une pâture. Ils sont accompagnés par quelques échassiers : pluviers semi-palmés et pluviers bronzés. Sur un arbre proche, une sturnelle militaire présente son beau poitrail rouge. Un arbre porte des calebasses, des petits cochons courent sur la pâture dès que le propriétaire des lieux donne à manger. Nous cédons des hameçons au fermier, aussi pêcheur et en manque de matériel…

Puis, les deux annexes suivent le cours d’un flux d’eau qui coule vers le lac. De part et d’autre, les arbres de la forêt de varzea, toute une végétation de marais et des souches de place en place. L’ambiance y est très particulière. Une douce lumière verte filtre et se reflète dans l’eau. Les échassiers sont nombreux, mais, le plus souvent, timides. Dans le sous-bois sombre, des envolées rapides d’échassiers font des éclairs blancs, beiges, gris-brun… selon les propriétaires. Nous les retrouvons un peu plus loin et silencieux, le bateau glissant doucement sur l’eau, nous parvenons à les approcher, faire des photos et filmer. Ainsi en est-il des bihoreaux gris adultes et juvéniles (plumage brun piqueté de taches chamois), aigrettes variées, hérons coiffés, hérons agami adulte et juvénile, un très beau héron tigré juvénile… Les rapaces sont aussi au rendez-vous : milans des marais, buses à gros bec (plumage gris, fort bec jaune et noir, pattes jaunes), épervier nain. Nous assistons à un début de parade nuptiale chez les aigrettes garzettes ou neigeuses, huppes ébouriffées et pieds jaunes bien écartés. Nous croisons aussi le chemin de charmants petits saïmiris ou singes-écureuils.

Ils passent d’un arbre à l’autre avec une incroyable aisance. Dernières surprises : quelques iguanes de belle taille et de minuscules petites chauves-souris. Après ce « show » animalier, nous rejoignons de plus grands chenaux très fréquentés par les Cabocles du coin. On pêche, on discute, on transporte des marchandises. En parlant de marchandises, nous nous arrêtons à l’épicerie-quincaillerie-bar locale où nous sommes, comme d’habitude les bienvenues. Après un passage devant l’école proche et le bateau de ramassage scolaire, nous regagnons le bord pour le déjeuner. Nous faisons une courte escale à Santarem et naviguons vers le canal de Jari. Nous y faisons une première exploration en passant près du grand ficus de l’entrée. Ses racines et contreforts sont incroyables. Nous rencontrons des petits saïmiris, des hoazins et des quantités d’oiseaux qui convergent vers leurs dortoirs respectifs. Sur une langue de terre fraichement sortie de l’eau, chevaliers, échasses blanches, pluviers bronzés sont en plein repas. Des becs en ciseau « écrèment » l’eau près de nous tandis qu’un peu plus loin des botos pêchent. Dernière sortie pour voir les caïmans, seuls des bébés sont présents… Mais les lucioles nous font un festival !

dimanche 9 septembre

Aujourd’hui, exploration du canal de Jari, nous naviguons sur les eaux calmes du petit matin. Toute l’avifaune se réveille en fanfare. Partout, on chante. Sur les bancs de limon récemment sortis de l’eau, les visiteurs ont changé. Des petites sternes d’Amazonie font leur toilette en compagnie d’orioles des champs. La température est très agréable. Toute la faune en profite. Les troupeaux aux silhouettes souvent faméliques, après la longue attente de la décrue, s’en donnent à coeur joie. Partout, les vaches, baignant avec délice dans l’eau, mâchent consciencieusement la riche végétation des berges. Elles sont accompagnées par toute une délégation de hérons pique-boeufs qui profitent du perchoir et des insectes qui sortent en catastrophe des succulentes touffes. Autour des maisons sur pilotis on s’affaire, certains réparent des barrières, on débarque des bovins, on pêche du petit ponton de la maison. Tout autour des maisons on trouve, des poules, des canards, les derniers nés du troupeau, un ou deux chevaux.

Ici, il y a même, étonnamment, un troupeau de chèvres et un troupeau de moutons. Un très bel onoré rayé se laisse très bien photographier. Toute une petite famille de saïmiris est en plein petit-déjeuner. Ils sont tellement bien occupés qu’ils en oublient toute prudence et nous regardent en mangeant. Il faut dire qu’ils sont très proches d’un lieu protégé.

En effet, nous débarquons pour rendre visite à Rosa-Angela. Elle nous fait goûter, comme à son habitude, des noix de sapucaia ou sapucai fraîches. Finalement, nous partons silencieusement découvrir les trésors de sa petite réserve de faune sauvage privée. C’est la formule qui, de plus en plus, permet de préserver réellement efficacement le milieu naturel et ses habitants. Nous passons sous le gigantesque noyer de sapucai et, déjà, elle a repéré quelque chose. Il s’agit d’un grand ibijau, comme celui rencontré hier au sommet d’un arbre mort. L’étrange oiseau de nuit, cousin des engoulevents est comme statufié. Il se confond parfaitement avec la couleur de la branche sur laquelle il dort profondément. Nous cheminons silencieusement et découvrons un premier paresseux en boule, profondément endormi. Un peu plus loin, c’est génial, une femelle et son petit qu’elle serre sur son ventre ! Au début, le petit est endormi et peu visible. Finalement, la mère nous observe, s’agite un peu et du coup, le petit lève la tête et nous regarde avec curiosité. La grande femelle évalue la situation. Cela nous permet de bien voir la manière dont elle peut tourner la tête, à 270°… Elle juge plus prudent de monter un peu plus haut dans l’arbre. Tranquillement, c’est un paresseux quand même… Elle passe de sa branche au tronc sur lequel elle se hisse, ses deux longs bras enserrant l’arbre et ses pieds à 3 doigts équipés de longues griffes crochetés dans l’écorce. Le petit nous regarde avec curiosité. Ils sont bien à l’abri, là, s’ils restent chez Rosa. De temps à autre, un oiseau s’envole pour se reposer un peu plus loin. C’est le cas, d’un barbacou unicolore au plumage noir et bec rouge, d’un grimpar, d’un jacamar au plumage éclatant. Des petits saïmiris sont aussi au rendez-vous. En revenant à la maison, d’autres vedettes : des tout petits cochons viennent d’être lâchés pour la journée dehors… Ils gambadent avec insouciance… Chanceux ! Loin du calvaire des malheureux cochons de nos ignobles élevages industriels… Pour le cheval de la maison, c’est aussi l’heure du repas. On lui fait traverser le canal, car il y a plus d’herbe de l’autre côté. Il rentre tranquillement dans l’eau et suit docilement le bateau à la longe, sans aucune tension. Nous continuons notre périple, en bateau. Un peu plus loin, c’est la fête. Nous sommes dimanche et depuis hier soir on fête la Sainte Patronne du Brésil : Notre Dame de Aparecida. Hier soir, on dansait. Ce matin, il y a eu messe et procession, maintenant on danse. Après, il y aura bingo, danse et une dernière messe. Nous pénétrons dans un tout petit chenal. Les scènes bucoliques se poursuivent : les troupeaux dans l’eau, les allées et venues vers la fête, les envols de dendrocygnes à ventre noir… De temps en temps, c’est une espèce plus rare : un onoré rayé juvénile, un courlan brun à la grande silhouette d’échassier, le reflet vert tendre du passage de petits perroquets… Quelle belle matinée !

L’Amazon Dream reprend sa navigation sur ce qui ressemble furieusement à une mer : la jonction entre le canal de Jari, le fleuve Tapajos et le fleuve Arapuins. C’est sur ce dernier que nous passons la nuit dans une anse de rêve… Nous aurons auparavant largement profité de la plage…

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