
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
17 octobre
27 octobre 2018
À bord du Zambezi queen, Octobre 2018
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
Journal de bord
Tous les vols ont été agréables. Le groupe se forme progressivement à Johannesburg puis Victoria Falls. Bienvenue au Zimbabwe ! Nous prenons la route vers notre lodge au bord du Zambèze. En cette saison, les jacarandas sont couverts de superbes fleurs bleu-violet et les flamboyants, d’un beau rouge-orangé, sont éclatants. Le contraste est saisissant avec le bush desséché. Passé le tout petit centre de Victoria Falls, malgré ses presque 34 000 habitants, nous arrivons bientôt à notre sympathique A’Zambezi River Lodge. L’oasis de verdure ressort en contraste vert sur la sécheresse du bush. Nous sommes accueillis avec une agréable boisson fraîche. Le temps d’un petit moment pour se rafraîchir un peu et c’est le départ pour notre croisière au coucher du soleil sur le Zambèze. Nous embarquons à bord d’un charmant petit bateau traditionnel. Incroyable, de passer si vite des vols au grand fleuve. La lumière est belle et la faune au rendez-vous. Les oiseaux « ouvrent le bal ». Un grand bec ouvert marche sur la rive. Sa silhouette noire se détache sur le sable clair. Des vanneaux à tête blanche vont et viennent. Des cormorans africains ou des roseaux prennent les derniers rayons dorés du soleil. Un grand marabout perché tout en haut sur un arbre surveille les alentours. Un jeune crocodile du Nil nous observe. Sa tête à fleur d’eau reste impassible. Il fait le mort puis plonge dans un éclair. Plus loin, une ouette d’Égypte ramène prudemment sa famille nombreuse sous couvert. Deux crocodiles de 3, 4 ans se chauffent dans l’eau peu profonde du bord. Ils restent impassibles… Puis des souffles puissants attirent notre attention. Toute une famille d’hippopotames se prélasse par 1 m de fond. Deux adolescents sont en pleine joute. Tandis que le mâle et les femelles nous surveillent, un petit nous scrute avec curiosité. Tout reste calme jusqu’à ce qu’un bateau ne s’approche trop près et ne déclenche une bruyante désapprobation générale… Nous continuons vers des lieux plus calmes. Deux jeunes guibs harnachés mâles sont en plein combat sur l’autre rive. Parfois, des becs en ciseau passent au ras de l’eau, écrémant la surface avec application. Un milan parasite est en pleine toilette. Nous naviguons jusqu’à n’être plus qu’à 2,5 km des chutes. Au loin, on discerne bien les embruns… Un petit héron à dos vert se cache à notre passage. Sur la berge sablonneuse, une grande femelle crocodile du Nil, le ventre collé au sable, veille sur ses oeufs. Pendant ce temps, le soleil est bien descendu et nous remontons maintenant le Zambèze face au soleil couchant. Nous croisons de grands vols de cormorans au ras de l’eau, des « escadrilles » d’aigrettes qui regagnent leurs dortoirs. Quel moment magique ! Notre première soirée africaine se termine en beauté par un beau buffet africain au rythme de danses et chants bien locaux…
Ce matin le soleil éclaire doucement les grands acacias au bord du Zambèze. Les petits vervets, à peine levés, ont lancé une opération petit-déjeuner dès l’ouverture du restaurant. Après quelques rapines sur les tables de touristes étourdis, les petits singes sont allés tranquillement boire avant de partir dans le bush. Deux babouins avaient fait de même peu de temps avant. C’est la saison sèche, il faut bien s’organiser… Maintenant, c’est madame phacochère qui a pris le relais. Elle grignote avec appétit des petites figues qu’elle recherche consciencieusement sur le gazon. Son ventre proéminent laisse présager d’une naissance proche. La maligne sait bien que l’hôtel lui fournit abondance et sécurité pour ses petits en échange de régulières séances de photos qu’elle accepte calmement, après un petit coup d’oeil scrutateur, quand même…
Pour notre part, nous avons rendez-vous avec les chutes Victoria. Nous traversons au nouveau Victoria Falls pour parvenir au petit parc national qui englobe les célèbres chutes. Nous en faisons tous les points d’observation sous une belle lumière et à une époque où la faille est particulièrement spectaculaire. Nous rendons évidemment visite à la statue du Dr Livingstone dont l’histoire illustre si bien l’épopée des grandes explorations africaines. Les perspectives sont à couper le souffle. D’abord la cascade du diable, puis, c’est le front droit marqué par l’île Livingstone. Nous passons d’un milieu aride à une forêt tropicale humide. Deux beaux oiseaux de paradis ou tchitrecs d’Afrique se poursuivent non loin des stars du lieu : les calaos trompettes. Ils sont en plein repas dans un figuier et jettent les fruits en l’air pour les gober. Les deux derniers points de vue sont incroyables. La faille s’offre sur sa perspective avec quelques belles cascades qui ressortent en contraste sur le basalte. Finalement, le fameux pont en acier reliant le Zimbabwe à la Zambie s’offre à nous. De 200 m de long et 150 de haut, il devait permettre à Cecil Rhodes de pouvoir relier en chemin de fer le Cape au Caire. Belle route commerciale, mais… Nous quittons le site fabuleux pour le centre-ville et un déjeuner pris dans un cadre très Afrique coloniale britannique. De retour au lodge, c’est ou bien piscine ou le survol en hélicoptère. Après quoi, une autre facette de la région nous est offerte. Nous partons en 4X4 explorer le parc national du Zambèze. Le bush y est vraiment très sec et il reste bien peu des mopanes. Nous scrutons les touffes d’herbe sèche, la terre rouge, les taillis bas d’où surgissent les grandes silhouettes décharnées des baobabs géants. Certains ont largement servi de casse-croûte aux éléphants… Nous croisons toute une famille de babouins. Certains sont en pleine « termites party ». Un grand mâle, assis par terre, fourrage dans le sol et s’enfourne dans la gueule les insectes. Il est très concentré… À peu de distance, des impalas reviennent de la rivière : un beau mâle et son harem puis tout un groupe de mâles célibataires. Parfois, des zèbres, une femelle koudou, des pintades de Numibie, des calaos à bec rouge, des rolliers à longs brins stoppent notre route. Appareils photo et caméras s’activent… Une grande girafe mâle est partie boire. Nous la croisons, suivie de peu par une femelle. Puis, c’est encore d’autres koudous, des impalas mâles qui testent leur puissance en combat singulier, des phacochères en plein repas…
En débouchant sur le Zambèze, une tête émerge juste de la rive. Il s’agit d’un cobe à croissant, ils sont en fait 4 à revenir de boire. Nous en profitons pour faire de même… Le chemin du retour est riche en rencontres : des cobes à croissant mâles sur un ilot, une petite famille de mangoustes rayées, des babouins, de beaux koudous mâles aux cornes impressionnantes, tout un groupe de gangas bibande. Cet oiseau est connu pour son habitude d’aller mouiller son plumage dans un point d’eau pour hydrater ses petits. Le safari se finit en apothéose avec d’impressionnants buffles mâles et un jeune éléphant en plein repas… Cette journée bien remplie se termine par un dîner haut en couleur parfaitement dans le ton…
Notre réveil matinal ne nous prive pas de la malicieuse présence des petits vervets. Une première assiette est soigneusement pillée en l’absence de sa propriétaire… Les petits singes sont vigilants… Nous prenons la route direction Bulawayo, le trajet nous fait quitter Victoria Falls pour Binga, au bord du lac Kariba. Les jacarandas et flamboyants en fleurs laissent la place à une végétation mixte, mélange d’arbres déjà verts et de végétation si sèche qu’elle semble morte. La route est plus que tranquille, chèvres et piétons sont bien plus nombreux que les véhicules. Plus nous avançons et plus le paysage devient aride. De tout petits villages ponctuent le paysage. Ce sont des petites cases en terre ou en briques recouvertes de jonc. Comme nous sommes en saison sèche, c’est le moment de restaurer les toits. Des fagots de jonc sèchent encore sur des petites estrades sur pilotis. Certaines cases sont déjà recouvertes d’une belle couverture dorée. Quel contraste avec les maisons de ceux qui ont opté pour la modernité, avec une maison en briques, rectangulaire et couverte de tôle ondulée. De plus, en terme de température, la case traditionnelle ressort nettement gagnante… D’ailleurs, elles sont beaucoup plus nombreuses. Un grenier à céréales sur pilotis complète la structure du village. En fait, il s’agit de l’habitat d’une famille. Mais en Afrique, on parle de la famille au sens large avec les cousins… Des palissades enserrent le plus souvent l’espace habité dans lequel vont et viennent poules et chèvres. Pour ces dernières, un petit enclos a également été aménagé pour la nuit. Pour l’heure, elles sont parties « faire leur marché », souvent près de la route… Parfois, un maigre troupeau traverse la route. On pratique ici une agriculture vivrière (maïs et millet). De toute évidence, la vie est dure au pied des baobabs…
Puis, c’est une région de bush et de gigantesques ranchs privés, malheureusement la plupart du temps reconvertis en réserve de chasse, au Zimbabwe.
En approchant de Hwange, on passe par la région d’extraction de houille. Les cheminées des centrales thermiques au charbon fument. La ligne de chemin de fer passe juste devant. L’extraction de houille est ici sous la houlette chinoise. Le Zimbabwe, comme de nombreux pays d’Afrique, a profité des « largesses chinoises » dont la spécialité depuis les années 90 est la construction rapide de routes, lignes de chemin de fer, stades de football… contre des parts dans des mines et l’achat de vastes superficies de terres agricoles. Les entrepreneurs chinois remportent, actuellement, la majeure partie des projets de construction et de financement. Des contrats de prêts et de transactions sont signés avec des pays ayant des problèmes financiers, mais riches en ressources. De ces échanges, il ressort que les pays d’Afrique exportent essentiellement des produits de base vers la Chine : pétrole, minerais de fer, charbon, cuivre, platine, bois, diamants… La Chine, en retour, fournit le continent en biens de consommation : vêtements, textiles, et produits électroniques, machines, équipements de transport et autres produits manufacturés. Les bas prix pratiqués par la Chine offrent une grande variété de produits aux consommateurs modestes, ouvrant le marché africain d’un milliard de personnes aux entreprises chinoises. L’échelle de ces échanges est monumentale.
Par exemple, vers 2000, les échanges entre la Chine et l’Afrique n’étaient que de 10,6 milliards de dollars US. 10 ans après, ils étaient multipliés par 12 pour s’élever à plus de 123 milliards de dollars et ces activités n’ont de cesse de se développer de manière exponentielle.
Nous quittons bientôt l’axe Victoria Falls – Harare (la capitale) pour bifurquer vers le vaste lac. Nous pénétrons dans la campagne de plus en plus intimement, car la circulation étant rare, les villages sont tout au bord de la route. Les cases sont un peu plus grandes au fur et à mesure que le paysage naturel change. Le relief est plus contrasté, la route plus tortueuse, la campagne plus verte, toutes proportions gardées… Les troupeaux sont plus nombreux et moins maigres. Sur la route, on croise des petits écoliers en uniformes, des femmes portant avec majesté eau et marchandises sur la tête, des hommes en vélo avec un sac de farine sur le porte-bagages… Nous rencontrons, parfois, une charrette tirée par deux boeufs ou trois ânes. Généralement, elles transportent du bois. Chaque village a sa spécialité artisanale : ramassage de bois, préparation de sacs de charbon de bois, fabrication de sièges, de haches, poteries, tam-tams, pierres taillées pour la construction, briques… Quand la route n’est plus qu’une piste, nous arrivons. C’est l’embarquement à bord de l’Umbohza. Bienvenue à bord !
Nous naviguons vers l’embouchure de la rivière Sengwe puis partons l’explorer au soleil couchant. Un pygargue vocifère fait sa toilette sur un arbre non loin. Ce beau rapace est l’emblème du Zimbabwe. Au bord de l’eau, quelques koudous dégustent des feuilles nouvellement sorties. Les rives escarpées révèlent des chaos rocheux entre les arbres et buissons. C’est un milieu idéal pour les damans de rochers. Nous ne tardons pas à en voir, d’abord brièvement. Certains arbres portent de beaux nids. Nous croisons quelques cormorans africains, une ouette d’Égypte et des vanneaux à tête blanche. Un daman, en pleine séance de relaxation sur un gros bloc. Il se laisse vraiment bien approcher. Pendant ce temps, derrière, sous les fourrés, une « envolée » de petits damans court s’abriter. On comprend mieux le côté impassible, il fallait détourner l’attention. Puis un beau crocodile « bronze » sur un ilot (environ 4 m de long…). Enfin, c’est l’apothéose avec un sublime coucher de soleil parfaitement dans l’axe des célèbres silhouettes des arbres noyés par la montée des eaux…
Aujourd’hui, c’est notre journée de croisière pour rejoindre le parc national de Matusadona. Le vent joue quelque peu avec l’Umbohza… Peter nous parle de son pays, un pays de 390 000 km² et 17 millions d’habitants, en 2018, bordé au nord par la Zambie, au nord-est et à l’est par le Mozambique, au sud par l’Afrique du Sud, à l’ouest par le Botswana et la Namibie. Le Zimbabwe a connu une histoire complexe et agitée. Il doit son nom aux célèbres ruines d’un imposant ensemble architectural en pierre sèche situé au sud du pays. Les mouvements de libération choisirent le nom Zimbabwe, lors de la décolonisation en 1980, à la place de celui de Rhodésie, donné en l’honneur de Cecil Rhodes, artisan de la colonisation britannique. Les premiers habitants du Zimbabwe, durant le premier millénaire avant notre ère, étaient apparentés aux Bochimans (ou Bushmen) et vivaient de la chasse et de la cueillette. Ils ont été submergés au fil des siècles par des Bantous, venus du nord, qui introduisirent l’usage du fer et l’agriculture. Deux grandes ethnies peuplent aujourd’hui le Zimbabwe : les Shonas, arrivés aux IXe et Xe s., les plus nombreux (près de 80 % de la population) et les Ndébélés ou Matabélés (environ 20 %) descendant des guerriers de l’empereur zoulou Shaka, qui, partis du Natal, en Afrique du Sud, envahirent le pays au début du XIXe s. Ils installèrent leur capitale à Bulawayo. L’ensemble architectural du Zimbabwe date sans doute du XIVe siècle ou du XVe siècle et a été construit par les Shonas. Les Portugais sont les premiers Européens à s’aventurer dans le territoire au XVIe siècle, mais ce n’est qu’à partir de 1890 que la colonisation commence. La région est sous influence britannique.
Le territoire prend alors le nom de Rhodésie du Sud jusqu’en 1965, puis, après l’indépendance de la Rhodésie du Nord devenue Zambie, de Rhodésie jusqu’à la fin du régime ségrégationniste. Le 18 avril 1980, la Rhodésie devient un État indépendant sous le nom de Zimbabwe (« Maison de pierres »). Le pays reste marqué par toute une série de mesures analogues à celles de l’apartheid en Afrique du Sud adoptées par le régime rhodésien. Ainsi, en 1969, du fait de la ségrégation foncière résultant de la législation en vigueur, les réserves africaines (tribal trust lands) abritaient alors 60 % de la population noire sur 176 000 km2, tandis que 6 000 fermes européennes se partageaient 168 000 km2, mais fournissaient la grande part des produits agricoles. Le gouvernement de Robert Mugabe (au pouvoir depuis 1980, d’abord comme premier ministre, puis comme président de la République) a mis en œuvre une réforme agraire pour redistribuer la terre aux Africains. Les terres furent confisquées aux fermiers européens. Cette réforme s’est vraiment passée dans la douleur entre violences, injustices, crainte de voir décliner la production agricole des parcelles et attributions des terrains confisqués à des personnes proches du pouvoir et, ou absolument pas formés dans ce domaine… Le résultat est désastreux. Le pays avait déjà connu la naissance des mouvements nationalistes noirs, puis, en 1963, la scission du parti de J. Nkomo, rebaptisé Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU) et la branche dissidente donnant naissance à l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU), dirigée par le pasteur Ndabaningi Sithole. Aux élections de 1965, boycottées par les deux partis nationalistes noirs, le Front rhodésien, qui a succédé au parti du Dominion – remporte les 50 sièges du premier collège, réservé aux Européens. Fort de cette victoire, le nouveau Premier ministre, le leader du Front rhodésien Ian Smith, réclame l’indépendance de son pays à la Grande-Bretagne, qui refuse de la lui accorder tant que les Noirs ne seront pas associés plus largement au pouvoir. I. Smith proclame unilatéralement l’indépendance de la Rhodésie, le 11 novembre 1965. Pour finir, en 1979, le gouvernement britannique réunit à Londres une conférence qui finalise le processus d’indépendance. Aux élections multiraciales de février 1980, la ZANU de R. Mugabe l’emporte sur la ZAPU de J. Nkomo. Ce dernier est néanmoins nommé ministre de l’Intérieur dans le gouvernement formé par R. Mugabe. La Rhodésie accède à l’indépendance, sous le nom de Zimbabwe, le 18 avril 1980.
Le Zimbabwe indépendant connait rapidement le problème de l’opposition entre les deux mouvements nationalistes noirs (1982-1983). La cohabitation entre R. Mugabe et J.
Nkomo s’avère vite délicate. Des troubles graves éclatent au Matabeleland. En 1987, Robert Mugabe devient président de la République. En 1992, le régime, qui est périodiquement secoué par des affaires de corruption retentissantes, amorce un programme de redistribution des terres en faveur des paysans noirs, par expropriation des blancs propriétaires de grandes fermes « commerciales », 4 500 fermes… La situation économique devient alors inquiétante, avec une dette extérieure énorme… On peut parler d’une nation en ruine. La violence des expropriations, attisée par le régime, entraîne plusieurs dizaines de morts – des fermiers blancs, mais également des militants noirs du principal parti d’opposition, le MDC (Movement for Democratic Change, Mouvement pour le changement démocratique), créé en 1999 par le syndicaliste Morgan Tsvangirai. Le pays, privé d’agriculture, sombre dans la pénurie alimentaire. La pression fiscale s’accentue, notamment à la suite des mesures d’indemnisation décidées en faveur des anciens guérilleros des mouvements de libération, ce qui a donné lieu à des grèves très suivies. La hausse des prix des produits de base a provoqué des émeutes, et, en janvier 1998, l’armée a dû intervenir pour rétablir l’ordre à Harare et en province. Le remariage, en 1996, du président Mugabe avec sa secrétaire, de quarante ans sa cadette avait déjà débouché sur une suite d’épisodes politiques à rebondissements… L’élection présidentielle de mars 2002 fournit au régime le prétexte pour la mise en place d’un vaste arsenal répressif limitant l’accès aux médias et interdisant tout financement en provenance de l’étranger, assimilant toute contestation du régime à un acte « d’insurrection, de banditisme et de terrorisme »… S’en suit, une alternance démocratique manquée, la reconduction de R. Mugabe, après moult rebondissements, la prise du pouvoir par le vice-président de Mugabe, le commandant Emmerson Dambudzo Mnangagwa… certes opposé à ce dernier… Mais, affaire à suivre…
Dans l’après-midi, l’Umbozha arrive au parc national de Matusadona, au niveau de la réserve des Bhumi Hills. Nous y faisons une croisière du coucher du soleil.
Sur la plage aux chauds tons ocre, de nombreux impalas sont au rendez-vous. Le cri si particulier du pygargue vocifère retentit. C’est vraiment la « signature » de ces rives de rivières et de lacs en Afrique australe.
Les silhouettes fantomatiques frangent la rive. Un éléphant mâle est dans l’eau, très concentré. Le bel animal est en plein repas. Il déracine des plantes dans l’eau avec sa patte avant. Puis il rince abondamment la botte qu’il tient dans sa trompe, la secoue et se l’enfourne dans la bouche.
On peut dire qu’il prend soin de sa dentition, aucun caillou, ni sable. Il se laisse photographier et filmer à loisir. Finalement, c’est le coucher de soleil dans un ciel aux multiples arabesques. Nous retrouvons l’Umbozha amarré pour la nuit dans la petite baie de Katete.
Un safari en 4X4 est à « notre menu » de ce jour dans le parc national de Matusadona. Peter est notre chauffeur-pisteur. Nous démarrons sur une berge bien verte sur laquelle des quantités d’impalas se restaurent. À cette saison, tout le monde est mélangé : mâles dominants avec leur harem et groupes de mâles célibataires. Parfois, deux jeunes mâles testent leurs puissances respectives dans une joute ludique. Ce matin, il y a du vent et la faune a du mal à saisir son environnement et ses risques. Les impalas sont nerveux et, en une fraction de seconde, un groupe démarre en trombe avec force bonds athlétiques. Un peu plus loin, c’est une famille d’éléphants qui s’active. Le groupe est également agité, car un mâle s’intéresse à l’une des femelles. Il la sent, finalement, elle urine et le mâle évalue sa situation. Elle semble proche de l’oestrus. Comme cela ne dure que 4 à 6 jours, il faut être précis… Dans la famille, il y a aussi de jeunes éléphanteaux. La matriarche fait traverser rapidement l’espace découvert et venteux à sa famille, dans un nuage de poussière. Les petits sont bien cachés entre les adultes. L’avifaune est aussi bien présente : échasses blanches, rolliers à longs brins, vanneaux à tête blanche et la star, une belle femelle jabiru aux yeux dorés. Elle est en pleine pêche. Nous l’avons vue arriver, à cette saison, le mâle a dû prendre le relais sur le nid et elle vient là se nourrir. Plusieurs poissons vont y passer… Nous assistons à un superbe ballet, à grand renfort de battements d’ailes et d’envolées de plumes noires et blanches tandis qu’elle marche, court et virevolte sur ses longues pattes. Nous reprenons la piste. Des calaos à bec noir et calaos à bec rouge volent de-ci de-là. Puis, c’est un guêpier écarlate qui s’offre aux objectifs. Crocodiles et hippopotames occupent les anses et les points d’eau. Au sommet d’un buisson, un coliou quirira est en pleine dégustation, tout comme les pintades de Numidie que nous croisons plus loin dans un milieu où abondent des morceaux de bois fossilisés. La température est maintenant bien montée et 3 éléphants mâles font une petite sieste à l’ombre de grands arbres, trompe au sol, une patte arrière légèrement repliée. Nous croisons des phacochères de tailles variées et arrivons dans un secteur particulièrement fréquenté. Un vol de dendrocygnes veufs s’est posé au bord de l’eau en compagnie de spatules, un ibis tantale, un héron cendré et des chevaliers. Deux jeunes mâles hippopotames occupent une mare le long de laquelle passent des éléphants. L’un des mâles se décide, finalement, à sortir de l’eau. Non loin de là, un groupe de marabouts somnolent. Puis, soudain, c’est l’heure de la pêche. En lignes, ils poussent leurs proies vers le bord. Il ne reste plus qu’à se servir. Un héron cendré guette à côté dans l’espoir de pouvoir en profiter un peu. Les vanneaux armés, toujours discrets, commentent les faits et surtout notre présence, très bruyamment. Juste au moment où nous partons, une ombrette se pose sur un arbre mort. Le cadre est parfait ! Enfin, notre beau safari se termine avec une petite famille d’éléphants. Le petit dernier de la famille fait la sieste quand nous arrivons, couché sous sa mère. Au bout d’un moment, il se lève et va téter. Puis, tout le monde se rend au bord de l’eau pour… le bain de boue. Un bien beau spectacle ! De retour sur le bateau, nous faisons encore une belle rencontre avant le déjeuner.
Notre croisière-safari de l’après-midi nous offre un vrai festival d’hippopotames et de crocodiles. Nous retrouvons également : échasses blanches, vanneaux armés, hérons cendrés, pygargues vocifères… Notre nouveauté est un varan du Nil en quête d’oeufs et très surveillé par un vanneau armé.
Nous terminons en apothéose avec le coucher du soleil.
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