Anouck Pascal
Afrique / Comportement animal
3 septembre
12 septembre 2025
Anouck Pascal
Afrique / Comportement animal
Nous retrouvons notre guide à l’aéroport de Reykjavik en tout début de matinée pour notre vol privatisé pour Constable Point, aéroport proche d’Ittoqqortoormiit, au sud du parc national.
Nous arrivons vers 10h sur cette piste du bout du monde. Après avoir retrouver notre chef d’expédition Hervé, nous partons à pied vers la petite digue où nous attend un zodiac.Embarquement sur notre navire le Nanook, petite visite et déjeuner avant de commencer direct notre navigation vers le nord afin d’éviter une tempête qui arrive.
Dans l’après-midi le capitaine islandais nous appelle à la passerelle car il y a beaucoup de souffles à l’horizon. Nous ralentissons et avons la chance d’observer tout un groupe de baleines à bosse qui tournent plusieurs minutes autour du navire. Une belle observation de plusieurs caudales, pectorales et dorsales.
Nous arrivons en début de nuit dans le Fjord du Roi Oscar. Son nom a été donné en 1899 par A.G. Nathorst en l’honneur d’Oscar II, roi de Suède et de Norvège.
Nous nous réveillons à Holmbugt, en face d’une ancienne cabane de trappeurs. Ce matin nous débarquons sur ce site historique, où le Grea, le Groupe de Recherche en Ecologie Arctique, une association visant à mieux connaître les écosystèmes de l’arctique et à sensibiliser le grand public, fait des recherches sur le lemming et les populations d’oiseaux.
Nous marchons sur la toundra et découvrons différentes fleurs comme la rose saxifrage à feuilles opposées, ou la jaune saxifrage faux-aizon, et même un arbre ! le saule arctique, qui est un minuscule arbuste et rampe au sol. Plusieurs sortes de lichens et des champignons recouvrent le sol.
Des bernaches nonettes se posent sur une petite marre. Un crâne de bœuf musqué nous permet d’en apprendre davantage sur l’anatomie de cet animal préhistorique.
Un point blanc au loin attire notre attention. Assurément pas un ours car trop petit vue la distance, nous avançons pour découvrir avec joie que c’est une chouette harfang des neiges. Un mâle, immaculé de blanc, qui nous observe mais reste immobile sur son promontoire rocheux. Nous retournons déjeuner, ravis de cette observation plutôt rare.
L’après-midi, après deux heures de navigation, nous arrivons sur le site mondialement connu des géologues de Skipperdal, dans le Segelsallskapetfjord.
Ici les impressionnantes roches sédimentaires datent de plus de 600 millions d’années. Ces formations, très colorées, offrent un tableau fascinant de teintes ocres, beiges et grises, sculptées par la formation de la chaine calédonienne qui s’est formée il y a 400 millions d’années, puis par les glaciers.
Notre observons depuis le zodiac un bœuf musqué solitaire. Puis nous débarquons sur le site des roches peintes de Skipperdal. Un ancien piège à renard, vestige de l’époque des trappeurs, est installé sur une formation rocheuse.
Nous marchons jusqu’au col pour avoir une vue imprenable sur l’entrée du fjord et les pics alentours. Entourée d’une toundra rouge, aux couleurs de l’automne, et quelques cèpes arctiques. En chemin, un lièvre arctique très peu farouche se laisse photographier.
En contre bas, se trouve un petit lac turquoise au bord duquel un deuxième bœuf musqué se prélasse. Et pour parfaire ce tableau, une chouette harfang femelle est posté sur un rocher avec deux lièvres arctiques à quelques mètres plus bas. Les animaux restant imperturbables à notre approche respectueuse.
Nous profitons un moment de la beauté du spectacle avant de retourner au bateau profiter du sauna et du jacuzzi.
Nous nous réveillons dans un décor époustouflant baigné par le soleil tout au fond du fjord de l’Empereur François Joseph. Ce fjord, large de 5 km par endroits, profond de 600 à 1000 mètres, est bordé de montagnes élevées à plus de 2000 m. Aux sommets les couches épaisses de neige et de glace rappellent que nous sommes à côté d’une des plus grandes calottes de glace au monde. Nos premiers icebergs géants de plus de 20 m entourent le navire.
Ce matin nous partons en zodiac vers le Nordenskjöld, un glacier impressionnant duquel proviennent les icebergs qui nous entourent. C’est un festival de formes, de couleurs et de textures, allant du blanc immaculé au bleu. Le soleil d’aujourd’hui nous permet d’apprécier toutes ces couleurs.
Un phoque annelé curieux s’approche de nous et nous suit même quelques temps. Une falaise orange attire notre attention. Celle-ci est recouverte de lichens orangés car les parois sont riches en nutriments apportés par les guanos des colonies de goélands bourgmestres. A cette époque la saison de reproduction est terminée, mais nous contemplons la falaise et ses couleurs.
L’après-midi nous explorons le petit fjord de Kjelrulf situé juste à côté, qui est un véritable « cimetière » d’icebergs, emportés par les courants dans ce cul de sac. Cet endroit est également appelé la vallée du paradis en raison de son exposition qui offre des prairies abondantes. Nous observons ainsi plus d’une vingtaine de bœufs musqués se prélassant au soleil ou broutant sur la toundra. Tout au bord de l’eau, nous arrivons à approcher 3 individus, 1 mâle et deux femelles, qui tolèrent notre présence.
Nous allons tout au fond du fjord, long de plus de 17 km. Sur une petite plage nous voyons des traces de pattes sur le sable, relativement fraîches. Des ours sont passés par là récemment…
Un peu plus loin sur la rive, une femelle ours et ses deux petits de l’année, tout juste sortis de l’eau, s’éloignent du bord en nous voyant arriver, tout en nous offrant un spectacle majestueux. Protectrice, la mère emmène rapidement ces petits à distance.
Cette nuit, nous avons la joie d’observer le spectacle féérique des aurores boréales.
Le Nanook est à l’ancre en baie de Fleurs. Un gigantesque iceberg avec une grotte bleutée attire notre attention et nous partons en zodiac pour l’admirer. Un véritable palais de glace. Quelques sternes arctiques pêchent autour de nous et nous avons même la chance d’observer des adultes nourrir des plus jeunes posés sur un petit iceberg plat au ras de l’eau.
Nous repartons en longeant les falaises et nous observons à notre hauteur des roches peintes, semblables à celles de Skipperdal. Nous débarquons sur la petite plage de Baie des Fleurs pour visiter la cabane de trappeur où nous signons le livre d’or.
Après le déjeuner nous partons en zodiac admirer le Château du Diable ou Teufelsschloss, qui culmine à 1300 m de haut, véritable forteresse rouge car les sédiments sont riches en fer, et traversée par une diagonale de roches claires très distinctive. Ces roches datent du Permien, vieilles de plus de 250 millions d’années.
Au fond de la baie d’Eléonore nous débarquons. Sur les limons de l’immense lit de la rivière, se trouvent plein de traces de pattes de bœufs musqués et de renards.
Nous reprenons les zodiacs pour longer la berge puis les falaises vers le nord, plusieurs bœufs musqués nous empêchant d’aller voir au plus près les vestiges de maisons de la culture Thulé, ancêtres des Inuits. S’en suit un véritable festival de bœufs musqués pendant plus d’une heure. Plusieurs petits groupes de quelques individus à une dizaine, mâles femelles et jeunes, défilent sous nos yeux. Nous apprécions leurs capacités à déambuler sur ce type de terrain très accidentés. Et même quelques lièvres non farouches au bord de l’eau.
Avant le repas, nous assistons à un sublime coucher de soleil sur les montagnes. Puis nous célébrons cette belle journée en fêtant les 60 ans de deux passagers.
Nous nous réveillons encore une fois sous un grand soleil, dans le Nordfjord. Cette journée sera consacrée à la contemplation de l’immense glacier Waltershausen, large de plus de 10 km et long de plus de 40 km depuis l’inlandsis vers la mer.
Depuis les ponts extérieurs nous voyons dans la vallée plusieurs bœufs musqués et un renard arctique encore en manteau blanc d’hiver.
Le matin, après une navigation dans le brash où nous croisons une petite famille de canards eiders, ainsi que quelques bœufs musqués sur la toundra dont deux mâles en train de se heurter tête contre tête, nous débarquons sur une plage proche du glacier. De là nous partons pour une marche sur une petite colline afin de surplomber le front du glacier. La vue est à couper le souffle. Les failles et séracs donnant un aspect très fracturé à sa surface sont très visibles. Nous observons également une grotte creusée par les vagues sur le front, avec un très bel effet miroir.
Quelques icebergs se retournent. On entend quelques craquements sourds.
L’après-midi nous ressortons cette fois-ci en zodiac pour une longue croisière le long du front du glacier. La perspective depuis la surface de l’eau est tout aussi impressionnante que celle du matin. Nous observons dans l’eau plus d’une dizaine de phoques annelés et un barbu. Nous sommes surpris à plusieurs reprises par des craquements et petits vêlages. Le brash tout autour de nous indique que le glacier est très actif.
Après trois heures de balade nous rentrons au Nanook pour un goûter savoureux. Le soir Hervé nous parle des bœufs musqués et Anouck des icebergs. Puis nous sortons sur le pont pour contempler les couleurs rosées du soleil couchant sur les montagnes alentour et les icebergs.
Ce matin nous allons marcher sur la petite île Maria Ø où les Allemands avaient un campement lors de la seconde guerre mondiale. Les nombreux barils de fuel rouillés sur la plage en témoignent. Cette île est située dans la partie nord du fjord du Roi Oscar.
A quelques centaines de mètres à peine de notre site de débarquement se trouve un petit lac d’eau douce. Nous en faisons tranquillement le tour, dans ce paysage silencieux de toundra aux couleurs d’automne. Pas d’animaux en vue, qui sont pourtant bien présents vu la quantité de crottes de bœufs musqués et d’oies.
Nous cherchons également les fossiles de stromatolites, des structures sédimentaires formées par des micro-organismes comme les cyanobactéries, et qui ont permis l’apparition de l’oxygène sur la planète. Ils sont parmi les plus anciens témoins de la vie sur Terre car ils datent de 3.5 millions d’années.
Pendant le déjeuner notre bateau navigue vers le sud est dans le Vega Sund. Juste avant une conférence sur les phoques et autres pinnipèdes de l’Arctique présentée par notre guide Anouck, nous apercevons sur la côte une tache blanchâtre caractéristique. Pas de doute c’est un ours ! Le navire se rapproche. Nous l’observons aux jumelles et longue vue, il (ou elle) apparaît bien portant avec son ventre très arrondi, mais il s’éloigne rapidement en nous voyant approcher.
Nous prenons ensuite les zodiacs pour une sortie autour des premières îles situées dans le fjord. Le temps est maussade, mais les îles et rives avoisinantes restent dégagées. Un point blanc immobile en contre haut d’une plage attire notre attention. Cette fois-ci c’est une chouette harfang des neiges, notre 3eme du voyage ! Une femelle, au plumage tacheté de gris donc, qui nous observe et tourne la tête entre nous et l’intérieur de l’île. Nous la contemplons un moment avant qu’elle ne s’envole. Cet oiseau est appelé ukpik par les Inuits. En réalité ce n’est pas une chouette mais il appartient au genre Bubo, les hiboux. Cette année est très probablement une année à lemmings, sa principale source d’alimentation. En effet, pendant les années de disette ce prédateur ne se reproduit pas, Un phénomène qui arrive tous les 4 à 5 ans environ.
Nous avons passé la nuit à l’ancre dans le Vega Sund afin de pouvoir passer la journée à explorer en zodiac les côtes des îles. Mission : ours !
Très vite nous sommes déjà récompensés. Un individu marche tranquillement proche de la rive. Nous avançons doucement. Le vent nous est favorable. Au Groenland les ours sont craintifs car encore chassés. L’animal nous détecte est commence à prendre de la distance. Mais finalement il ne semble pas stressé et poursuit sa route en longeant la côte. Une belle observation qui donne les sourire à tout le monde.
Plus loin, sur une île, nous observons un puis deux individus ! Ils ne sont pas ensemble, pourtant sur la même petite île. L’approche est plus difficile, chacun s’éloignant sur les hauteurs en nous voyant. Nous contournons l’île pour les retrouver de l’autre côté. Un est descendu tout au bord de l’eau.
Un troisième individu plus loin va carrément dans l’eau et commence à nager en direction d’une autre île. Excellent nageur, l’ours pouvant atteindre 10 km/h dans de bonnes conditions, il peine à avancer dans la houle et le courant. Nous le laissons tranquille et observons une dernière fois un des individus précédents sur la colline puis la crête. Quelle matinée !
Retour sur le Nanook après un repas un délicieux repas vite avalé. Dehors le temps c’est dégradé, la pluie est là, le vent c’est levé mais il y encore possibilité de prospecter la zone en choisissant les coins abrités du vent. Trois de nos passagers restent à bord, le reste du groupe se couvre chaudement, nous voilà reparti pour 2 heures de zodiac, dans des conditions arctiques.
La température a chuté, mais la motivation est toujours aussi grande, nous longeons des falaises de basaltes a l’abris du vent, le plan d’eau est glassy, ces falaises sont aussi impressionnantes par leur hauteur que par la longueur, cela rajoute avec la couleur sombre de la roche un coté un peu dramatique a ces paysages grandioses. Le spectacle est captivant, sur les falaises nous observons de parois entières de lichen rouge, anciennes colonies d’oiseaux qui sont déjà repartie.
Nous continuons notre prospection le long de ces cotes accidentées et majestueuses. Notre abnégation va payer mais on ne le sait pas encore. Une masse beige se détache de ces couleurs sombre du basalte. Nous observons cette masse, mais rien ne bouge, on scrute aux jumelles, rien, Hervé n’en démord pas c’est un ours, on se rapproche doucement en zodiac. Tout à coup plus de doute on voit une tète se dresser.
La masse beige est bien la face a nous, en fait ce n’est pas un ours qui est là, mais bien une femelle avec ces 2 petits. Ces derniers ours nous aurons donné du fil a retorde, la mère reste allongée avec ces petits près d’elle, personne ne bouge.
On les observe pendant leur repos, ils sont la devant nous sur la hauteur, impassible en pleine sieste, signe du destin, nous avons fait notre première observation du voyage avec une mère et 2 petits courant sur la plage, nous finirons le voyage par cette observation, d’une mère avec ces 2 petits mais dans un tout autre registre.
Nous finissons notre route vers le sud et arrivons en milieu de journée dans le Scoresby Sund. Cette après-midi nous visitons le village d’Ittoqqortoormiit
En 1822, l’explorateur et navigateur arctique William Scoresby fut le premier à cartographier la zone et donna son nom au fjord. Afin de marquer sa souveraineté dans l’Est, en 1925, le Danemark missionne l’explorateur Mikkelsen qui organise le déplacement de près de 70 colons d’Ammassalik, future Tassilaq, pour créer le village d’Ittoqqortoormiit à l’embouchure du Scoresby sund. Il bénéficie d’une immense polynie garantissant l’accès à la mer et donc la pêche indispensable à la vie de la population.
Après une adaptation qui ne fut pas sans mal, le petit village commença à se développer, jusqu’à atteindre plus de 550 personnes dans les années 2000. Avec 325 habitants aujourd’hui, la population décroît, la culture inuite ayant de la difficulté à trouver sa place chez les jeunes générations.
Notre visite se fait dans un temps maussade mais nous permet cependant d’apercevoir les sommets. Maisons colorées, église, nous montons vers le haut de la ville où se trouve une piste pour d’hélicoptère, et, chose plus surprenante dans ce décor, un petit terrain de foot en gazon synthétique où plusieurs enfants s’amusent.
Plus loin, une stèle commémore le naufrage, au large de l’Islande en 1936, du médecin explorateur français Jean-Baptiste Charcot. À l’époque, Ittoqqortoormiit fut la base du français au Groenland, lors de l’année polaire scientifique internationale en 1930. Des liens durables se sont tissés ici avec les Inuit. Mais Charcot est surtout très respecté parce qu’il a aidé les Inuit à se soigner en finançant la construction du premier dispensaire de la ville, bien avant l’hôpital actuel.
Nous allons aussi voir les chiens de traineaux près de la rivière. Les chiots de quelques mois à peine sont la mignonnerie à photographier.
Retour à bord puis il est temps de partir en mer, vers le détroit du Danemark pour notre traversée retour vers l’Islande. Nous laissons le Groenland du Nord-Est avec de merveilleuses images plein la tête et des etoiles pleins les yeux. Nous arriverons les lendemain soir à Isafjordur, dans le nord-ouest de l’Islande.
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