Explorateur polaire, médecin de profession, Jean-Baptiste Charcot a vécu une vie intéressante à tous les points de vue. Pourtant, rien ne semblait le prédestiner à devenir l’un de ses hommes dont les innombrables histoires continuent aujourd’hui encore, de fasciner. Il faut dire que le palmarès de l’individu parle pour lui. Double médaillé olympique, champion de France de rugby, capitaine de frégate au sein de l’armée, ce dernier a parcouru des milliers de kilomètres à travers les Îles Féroé, le Groenland ou encore l’Islande. Un instinct de voyageur qui le mènera aux quatre coins du monde, aidant par la même occasion la France, à se faire une place au sein de nations scientifiques. Une vie bien remplie, qui se terminera tragiquement le 16 septembre 1936. 

Jean-Baptiste Charcot, une histoire hors du commun 

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Une enfance entre sport et études

Nous sommes le 15 juillet 1867. Ce jour-là, naquît Jean-Baptiste Charcot, fils de Jean-Martin Charcot, médecin émérite, qui aura découvert et par la même occasion, donné son nom à la maladie de Charcot. Un point qui aura son importance puisque ce dernier poussera son fils, durant toute sa jeunesse, à entreprendre des études de médecine. Mais bien avant de se lancer, Jean-Baptiste Charcot se fera un nom grâce au sport. En effet, ce dernier organise en 1880 le tout premier match de rugby scolaire à XV de l’histoire. Une passion pour l’ovalie, qui le poussera à entreprendre un début de carrière en ce sport. Il sera d’ailleurs sacré champion de France de rugby à XV en 1896, avant de quatre années plus tard, être double médaillé d’argent des Jeux olympiques de Paris.

Cette partie de son existence aura été faste. Tout autant que ses premières années d’ailleurs. Féru de voyages, il visite plusieurs pays au contact de son père, qui l’emmène notamment au Pays de Galles, aux Îles Féroé, en Islande, aux Pays-Bas, au Maroc et même en Russie. Il ralentira cependant la cadence en 1891, lorsqu’il entrera en École de médecine. Cette passion pour le voyage, l’exploration le pousse à s’intéresser d’un peu plus près aux régions polaires, régions pour lesquelles il va très vite se passionner. En 1893, à la suite du décès de son père, il décide de faire construire son propre bateau, le « Pourquoi Pas ? ». Un navire qui va devenir l’un des symboles de la recherche polaire en France.

Jean-Baptiste Charcot, l’appel de l’aventure

1840, Dumont d’Urville découvre la terre Adélie. Depuis cette formidable avancée, plus rien, la France présentant un retard certains en matière de grandes découvertes. Il faudra attendre les expéditions de Charcot pour que l’hexagone reprenne une place importante au sein de la communauté scientifique. En effet, en 1903-1905, ce dernier entreprend une première expédition en Antarctique, avant de retenter l’aventure, entre 1908 et 1910. Deux missions au cours desquelles les résultats enregistrés seront tout simplement renversants. En effet, à l’instar de grands explorateurs, tels d’Amundsen, Ernest Shackleton ou encore Scott, Charcot s’inscrit dans cette lignée des hommes ayant passé de nombreuses années de leur vie, entre mer et glace afin de découvrir de nouvelles terres, recueillir des données et permettre de mieux comprendre ces régions du monde.

Charcot, deux expéditions en Antarctique 

1ere expédition en Antarctique (1903-1905)

La première expédition du docteur Charcot débute le 22 août 1903. À cette époque, ce dernier souhaite étudier l’Arctique avant de finalement revoir ses projets afin de se rendre en Antarctique, délaissé par la France. L’expédition elle, se fait à bord du navire « Le Français ». Dans l’idée, cette mission a pour but d’aider à mieux comprendre l’Antarctique. Île ou archipel, la question n’est toujours pas tranchée. Autre point important, Charcot et son équipe vont étudier (zoologie, météorologie et hydrographie) les côtes nord et nord-ouest de la terre de Graham. Enfin, l’explorateur Otto Nordenskjöld serait porté disparu. Un voyage en Antarctique permettrait à Charcot de le retrouver et, possiblement, de lui venir en aide.

Le voyage se déroule relativement bien et l’équipe de Charcot arrive en Terre-de-Feu (Argentine) le 27 janvier 1904. Très vite, l’Antarctique se dévoile alors. Problème, les moteurs du Français ne sont pas assez puissants, poussant Charcot à revoir et adapter son expédition. Les quelques hommes présents à bord passeront le reste de l’hiver au nord de l’île Booth, appartenant à l’archipel Wilhelm. Sur le retour, le navire présente des signes de faiblesse et sera revendu à l’Argentine. La seconde expédition se fera donc à bord du Pourquoi Pas ?, le navire de Charcot, un peu plus puissant.

2nd expédition en Antarctique, à bord du Pourquoi-Pas ?

 

 

 

 

 

 

 

 

La seconde expédition de Charcot en Antarctique, se déroule entre août 1908 et juin 1910. Pour l’occasion, le docteur reçoit des indications de la part de l’Académie des sciences, qui lui fournira un document long de 8 pages dans lequel sa mission est particulièrement détaillée. L’expédition elle, commence réellement en 1909, à la suite de l’hivernage de l’équipage dans une petite grotte de l’île Petermann. Très vite, cependant, les choses vont se gâter, le navire heurtant un rocher, ce qui endommagera sa quille. Heureusement, la situation revient à la normale et très vite, l’équipe se remet en ordre. Le temps passe et Charcot, accompagné d’une dizaine d’hommes, découvrent alors l’île Renaud, la côte Fallières, renommée de la sorte en hommage au président de l’époque, Armand Fallières ainsi que les îles Mikkelsen, l’île Millerand et enfin, l’île Adélaïde.

Une mission couronnée d’un succès certain. En effet, de nombreuses mesures ont été réalisées, océanographiques notamment, ainsi que divers relevés météorologiques. Enfin, l’équipage a pu étudier les marées, la botanique locale ainsi que le magnétisme du pôle. Des relevés de plus de 2.000 km de côtes sont également rapportés par un Charcot qui reviendra très affaibli, touché par le scorbut. Heureusement pour lui, il réussira à rapidement s’en remettre et reprendra certaines de ses activités marines, notamment au compte de l’armée.

Jean-Baptiste Charcot, un décès en pleine mer

Un ultime voyage en mer

C’est en tant que chef de mission qu’il participera à sa dernière expédition. En effet, ce dernier est parti livrer du matériel au Groenland, à destination de Paul-Émile Victor. Cet explorateur et scientifique mène une mission assez rude, qui l’aura poussé à traverser l’inlandsis en 50 jours seulement. Une fois accomplie, Charcot et ses hommes font machine arrière. Le Pourquoi-Pas ? IV fera alors un arrêt express sur le chemin du retour, à Reykjavik, afin de réparer la chaudière. Après quelques jours d’arrêt, le navire reprend la mer afin de rejoindre Saint-Malo. Malheureusement, plusieurs heures après le départ, une tempête va éclater, entrainant le navire au fond de la mer, son équipage avec. 

Cette nuit-là, 23 personnes vont trouver la mort alors que 17 autres seront portées disparues, pour un seul survivant le maître timonier Eugène Gonidec. Récupéré, celui-ci tentera alors d’expliquer ce qui a bien pu se passer, avant de rendre un hommage appuyé à Jean-Baptiste Charcot qui, en comprenant ce qui était en train de se dérouler, a pris la décision de relâcher la mouette Rita, mascotte du navire. En compagnie de ses commandants, il décidera ensuite de se laisser couler, respectant la digne tradition des marins. Son corps sera retrouvé quelques jours plus tard, en pleine mer.

Grand aventurier, Jean-Baptiste Charcot laisse derrière lui un héritage scientifique impressionnant. Sa vie, composée de plusieurs grands chapitres, aura été intéressante à tous les points de vue. Comme un symbole, ce dernier est d’ailleurs décédé au cours d’une ultime aventure, décidant de couler avec son navire et ses hommes. Son parcours, très inspirant, lui aura d’ailleurs valu de somptueuses funérailles nationales. Le corps de Jean-Baptiste Charcot sera ensuite déposé au cimetière de Montmartre, en plein Paris.

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