Frédéric Bouvet
Croisières Polaires au Spitzberg
25 août
3 septembre 2025
Frédéric Bouvet
Croisières Polaires au Spitzberg
À 20h07, avec 24 heures de retard, l’avion qui amène 11 passagers vers une nouvelle découverte groenlandaise, atterrit à l’aéroport de Constable Point, Nerlerit Inaat en groenlandais. Cet aérodrome est un peu particulier, on n’y arrive pas (pour prendre l’avion) en voiture ou en train mais en zodiac, suivi d’un trajet à pied d’environ 1 km dans la toundra. La côte nord-est du Groenland est une des régions les plus isolées du monde mais une des plus belles aussi. Plus qu’ailleurs, nous y sommes soumis aux aléas de la météo : entre celle-ci, la fragilité de la piste très sensible à la pluie et la disponibilité des avions et des équipages, l’accès à cette côte Est est toujours très aléatoire.
Le débarquement de l’avion, puis l’embarquement sur le Nanook est rondement mené et dès 10h nous sommes tous à table pour le dîner. Le moteur est mis en route et le navire mais le cap vers le plus grand parc national du monde mais probablement le moins visité.
Ce matin il fait gris et il y a une légère houle mais le vent est nul et la mer est lisse, nous interrompons donc notre route vers le parc national pour faire une croisière autour de l’île Murray à la géologie intéressante et belle avec ses falaises de gneiss spectaculaires. Nous sommes en zodiac tout près de ces parois parcourues par de grands arabesques des minéraux de différentes couleurs et le mouvement lent de la houle avec la transparence extraordinaire de l’eau nous donnent l’impression que ces roches peintes sont dans le processus d’émerger de l’océan, un peu comme un gigantesque et magnifique monstre en train de s’extraire de sa chrysalide. Nous espérions aussi voir les derniers Mergules nains qui nichent ici en grand nombre mais cet espoir est déçu : la nidification est terminée et les Mergules ont déjà tous regagné la haute mer. Le paysage n’en est pas moins beau et en plus c’est notre première sortie, une interruption bienvenue dans une longue navigation qui nous mène jusqu’aux îles Menander dans le grand fjord du roi Oscar, où nous mouillons l’ancre à 17:45, au moment même où l’un des passagers aperçoit notre premier Bœuf musqué.
Après le dîner, nous proposons une croisière zodiac pour tenter de mieux voir le Bœuf musqué mais il a disparu, alors nous filons vers les îles et avons la chance d’apercevoir un très grand vol, plus de 200, d’Oies à bec court qui volent au ras de l’eau au milieu du fjord. Nous sommes fin août et c’est le début de la migration qui va les mener jusqu’à leurs quartiers d’hiver en Irlande avec une escale en Islande. Fin août aussi, la nuit réapparaît dans ces hautes latitudes et c’est l’obscurité qui nous renvoie vers nos cabines avec leurs lits douillets.
La brume se lève de bonne heure et le soleil fait resplendir les les strates de différentes couleurs des roches sédimentaires qui s’élèvent à plus de 1000 m au-dessus du petit havre calme entre les îles Menander et le “continent” groenlandais, dans lequel le Nanook a passé la nuit.
Ce matin, nous nous divisons deux groupes : l’un qui va faire une promenade dans la belle toundra et l’autre qui part en croisière zodiac. Le groupe toundra aperçoit un lemming et ceux du zodiac ont la grande chance d’apercevoir son prédateur : le Harfang des neiges. C’est une observation tellement exceptionnelle que nous rentrons pour proposer aux marcheurs de venir le voir et prendre la longue vue. Ainsi presque tout le monde a pu bien observer ce magnifique oiseau rare. Le Harfang est une très grosse chouette blanche des régions arctiques qui a une répartition circumpolaire et dans l’on estime la population à 25 000 individus seulement.
Pendant le déjeuner nous traversons le fjord du roi Oscar pour nous rendre à Holmbugt, une grande baie de l’île de Trail où une croisière zodiac nous permet d’apercevoir une petite troupe de Bœufs musqués pas trop lointaine. Nous débarquons pour mieux les observer avec la longue-vue. Le ciel est bleu, la mer très calme, les conditions sont très agréables et nous permettent de profiter au mieux de ces paysages grandioses où nous avons le privilège rare de nous sentir seuls dans ce monde si beau. Sur le chemin du retour, nous observons un autre oiseau peu fréquent au Groenland, le Plongeon imbrin.
Ce matin nous nous réveillons au Paradis, tout au fond du grand fjord de l’empereur François Josef. Il fait beau, quelques nuages mais beaucoup de ciel bleu et la mer, tel un miroir, reflète les cimes de 2000 m dont les parois vertigineuses plongent verticalement dans le fjord où la profondeur dépasse les 600 m.
Le Nanook s’approche du front de glace du grand glacier de Nordenskjöld dont le flot de glace s’écoule sur plus de 40 km depuis la grande calotte, l’inlandsis, du Groenland. Il dépose les zodiacs pour nous permettre d’admirer le front d’un un peu plus près, il fait 4 km de large avec une hauteur moyenne de 30 m. Après cette balade somptueuse, nous rejoignons notre navire qui dérive devant la Vallée du Paradis pour un déjeuner très rapide avant de repartir pour profiter au maximum de ce calme exceptionnel dans un des sites les plus merveilleux qui soit et où nous avons la chance d’être les seuls humains à le partager avec des Bœufs musqués, des ours et des oiseaux…
Nous débarquons d’abord proche d’une petite hutte de trappeur restaurée et entretenue par l’association Nanok qui fait un travail formidable de préservation du patrimoine culturel du nord-est du Groenland. Et surtout, il y a là des vestiges d’habitations inuit de la civilisation de Thulé dont l’occupation la plus récente remonte à plus de deux siècles. Les guides de Grands Espaces ont découvert au fil de nos visites depuis plus de vingt ans, des outils anciens dont le plus remarquable est un racloir en os de baleine. Nous les cachons à nouveau après chaque visite pour en faire bénéficier nos prochaines croisières. Partout autour du campement, il y a des ossements d’animaux dépecés par les Inuits, y compris des bois de Rennes qui ont disparu de l’Est du Groenland à la fin du 19ème siècle. Nous rembarquons pour nous diriger vers le grand cimetière d’Icebergs du Kjerulf fjord et presque immédiatement, nous apercevons notre premier ours polaire allongé au-dessus du rivage. Il semble très maigre mais placide. Nous l’observons d’assez loin pendant quelques minutes, puis il se lève et marche lentement le long du rivage. Nous pouvons voir qu’il n’est pas si maigre que ça, il ne fuit pas mais ne se montre pas curieux non plus, paraît même un peu apathique. Notre interprétation est qu’il est en mode « économie d’énergie » pour passer l’été, période de vaches maigres pendant laquelle il se nourrit d’algues, de baies et d’éventuelles carcasses. Quand la banquise se reformera sur les fjords, il pourra à nouveau chasser les phoques. Après une vingtaine de minutes d’observation à distance, nous repartons vers les nombreux icebergs, aux formes et à la texture aussi variées que celles des nuages mais qui ne cesseront jamais de nous fasciner, peut-être parce qu’ils sont si éloignés de notre quotidien.
Après plus de huit heures de vadrouille dans un décor digne des dieux où la main de l’homme est tellement minuscule qu’elle est invisible, huit heures dont plus de six sur l’eau, nous rejoignons « la main de l’homme » Nanook, qui nous reste nécessaire pour nous réchauffer, nous nourrir, nous reposer, en un mot : nous protéger.
Après notre départ du paradis, hier en fin d’après-midi, nous avons descendu le grand fjord de l’empereur François Josef une partie de la nuit pour mouiller vers 1h du matin dans la Baie des fleurs, sur la côte ouest de l’île Ymer.
Le matin, les conditions météo sont toujours aussi merveilleuses : la mer est telle un miroir, pas la moindre ride à sa surface, pas le moindre petit zéphyr, ni risée pour déformer la belle réflexion du spectaculaire Château du Diable (Teufelschloss) qui s’élève jusqu’à 1340m de l’autre côté du fjord. Nous en profitons pour nous lancer dans un grand raid en zodiac pour poursuivre notre déscente du grand fjord vers l’océan. Le Nanook, notre base, notre refuge si confortable, nous suivra tout au long de la journée, tandis que nous longerons les rives au plus près, à la recherche de faune et de flore intéressantes et de beaux points de vue sur la géologie et la géomorphologie spectaculaires du lieu. Et nous commençons fort : pendant la traversée vers le Teufelschloss, nous rencontrons un gigantesque iceberg qui possède non pas une arche mais un tunnel qui le traverse de part en part. Les deux zodiacs se placent à chaque extrémité du gouffre horizontal pour de nombreuses photos qui montrent bien l’échelle titanesque de cette montagne de glace. Pendant ces opérations, une partie du plafond du tunnel s’effondre en provoquant une détonation sourde : très pédagogique pour refroidir tous ceux qui seraient tentés par le franchissement du tunnel avec nos minuscules embarcations. Tout le long de cette matinée dans la baie d’Éléonore, nous rencontrons successivement, ici un phoque curieux qui s’approche de nous, là une petite troupe de Bœufs musqués un peu en hauteur sur le versant et ainsi se sentir suffisamment en sécurité pour nous observer d’un œil curieux, plutôt que de fuir.
Il y a aussi, dans les endroits bien exposés, des petits jardins luxuriant et multicolores, suspendus juste au-dessus de nous dans les rochers. Régulièrement aussi, nous apercevons des troupes familiales de Bruants des neiges et de Traquets motteux.
Nous rejoignons le Nanook pour un déjeuner rapide avant de continuer notre périple fabuleux. Nous arrivons dans une baie peu profonde au débouché de la Vallée de Grejs (Greijsdalen), là pâture une grande bande d’Oies à bec court et apercevons aussi notre premier Renard polaire. Nous débarquons pour se dégourdir les jambes au cours d’une petite promenade dans la toundra, puis nous dirigeons, à nouveau en zodiac, vers une cabane de l’autre côté de la baie, près de laquelle un beau mâle de bœuf musqué se laisse approcher pendant quelques minutes avant soudainement partir au galop vers ses congénères stationnés un peu plus loin.
L’inconvénient de ces journées très calmes et ensoleillés, au cours desquels la température de l’air s’élève alors que l’eau reste froide, c’est la formation de bancs de brume. Nous avions convenu avec le capitaine d’un rendez-vous au large du Cap Ovibos à la confluence du Geologfjord et de notre grand fjord de l’empereur François Josef mais la brume s’est invitée aussi à ce rendez-vous. Les zodiacs y pénètrent guidés par leur GPS mais nous n’avions pas les coordonnées précises du Nanook, alors celui-ci fait raisonner sa corne de brume pour nous guider à bon port après une deuxième journée de plus de huit heures de navigation en zodiac : vraiment exceptionnel d’avoir de telles conditions deux jours de suite…
Hier soir, alors que nous étions encore dans le fjord de l’empereur, nous avons hésité sur la direction à prendre et donc sur le programme des deux derniers jours avant notre rendez-vous avec Ittoqqortoormiit, la communauté Inuit la plus au nord de la côte Est. La météo et le fait que la piste d’atterrissage soit si sensible à la pluie, nous ont coûté une journée au début de notre croisière, et deux jours pour filer vers le nord et les îles Sabine et Lille Pendulum dans l’espoir de trouver la banquise, c’est court : de nombreuses heures de navigation pour une rencontre hypothétique avec la banquise qui ne pourrait durer au plus que quelques heures. Alors comme la météo prévoit un vent assez fort au large et au nord, la décision est plus facile à prendre : direction Vega Sund, un étroit (comme un fjord) bras de mer entre les îles “Geographical Society”, nommée pour la pour la Société Royale de Géographie du Danemark et Traill, un zoologue écossais. À l’extrémité Est du détroit, il y a un archipel de nombreuses petites îles intéressantes ou nous avons de bonnes chances de voir des ours. Il peut être utile de savoir que des sept croisières dans le parc national en août / septembre sur le Grand Explorer et le Nanook, une seule a atteint Lille Pendulum et la banquise.
Quand nous nous réveillons, le Nanook est au mouillage à l’entrée ouest de l’archipel Scott Keltie (un géographe écossais), tout est calme, trop calme, c’est malheureusement l’effet de l’épais brouillard qui nous entoure : voilà qui met à mal notre projet d’explorer l’archipel toute la journée, le picnic du midi avait même été commandé la veille. Nous programmons une conférence après le petit déjeuner mais voilà que l’espoir renaît : le brouillard est moins épais, le soleil commence à percer, nous décidons d’embarquer dans les zodiacs. Au début nous nous guidons à l’aide du GPS, puis la brume se dissipe partiellement, revient, se relève. Ces bancs de brume créent une ambiance mystérieuse et magique mais qui ne nous empêche pas d’observer de très nombreux oiseaux : des Sternes arctiques, des Labbes, des Eiders à duvet et des Hareldes boréales. Nous naviguons moteurs partiellement relevés dans des eaux peu profondes et nous apercevons des grosses empreintes d’ours parfaitement marquées sur le fond argileux. Plusieurs petits îlots abritent des colonies nicheuses de Sternes arctiques bruyantes, dont le ballet aérien et gracieux nous enchante.
Pour le déjeuner la brume nous entoure à nouveau et dans ce pays d’ours, nous ne pouvons prendre le risque de débarquer sans visibilité. Nous attachons les deux zodiacs ensemble pour partager ce repas du bout du monde. C’est à la fin de celui-ci que presque soudainement, non seulement la brume se lève, mais un beau ciel bleu apparaît : notre exploration prend une autre dimension et débute vraiment. Nous observons des troupes et des vols d’Oies à bec court et de Bernaches nonnettes. Mais rapidement nous apercevons notre premier ours, le deuxième de la croisière. Nous ne suscitons pas sa curiosité, il ne s’approche pas, il est même timide et s’éloigne. Nous le laissons en paix, nous en trouverons d’autres. C’est effectivement le cas mais malheureusement, les deux suivants sont également timides.
Un vent modéré s’est levé et nous prenons le cap du retour vers notre refuge, le Nanook. Toute la journée nous avons progressé plutôt lentement, en furetant dans tous les coins mais la distance qui nous sépare de notre navire s’est accumulée et il nous faut plus d’une demi-heure à pleine vitesse pour arriver à bon port ; c’est une chevauchée assez dynamique car avec la brise, la mer c’est un peu formée.
Une fois à bord, le Nanook lève l’ancre pour une navigation assez exceptionnelle à travers l’archipel vers l’est et la mer du Groenland. C’est une navigation délicate car les fonds sont modestes pour un navire de notre taille avec un tirant d’eau de quatre mètres, la voie est étroite et le moindre écart peut nous échouer. Ce ne sont pas tous les capitaines qui accepteraient de nous mener dans ces eaux mais Gunnar, notre commandant islandais, est intrépide et professionnel et le Nanook est un bon bateau : nous sommes en confiance.
Pendant le dîner, une dernière observation plutôt rarissime : à travers les large baies du salon, nous observons tout à coup un grand oiseau blanc harcelé par un plus petit brun foncé, il s’agit d’un Faucon gerfaut et d’un Labbe parasite. Ils tournent trois fois autour du navire avant de s’éloigner. Le Gerfaut qui est le plus grand Faucon du monde, atteignant 1,30 m d’envergure et c’est un oiseau cantonné aux très hautes latitudes arctiques tout autour du pôle, où ses densités sont faibles. En plus, il passe moins de temps en vol que les autres faucons et il est plus difficile à découvrir quand il est posé dans les immenses parois rocheuses que lorsqu’il parcourt le ciel. Les Gerfauts on a particularité d’être souvent entièrement blanc avec de nombreuses petites taches noires, alors que les autres populations sont plutôt grises. Une très belle conclusion à une déjà riche journée.
Notre navigation délicate d’hier soir n’a pas été longue, après le passage le plus difficile, nous avons vite mouillé l’ancre à nouveau. En effet, au large le vent souffle et la mer est formée, les escales que nous avions prévues sont trop exposées. Nous décidons donc de poursuivre notre exploration de l’archipel Scott Keltie, (rappelez-vous, il s’agit d’un géographe écossais) dans l’espoir de meilleures observations d’ours.
Bien nous en a pris. Pourtant, la journée débute comme celle d’hier dans la brume mais aujourd’hui, elle se dissipe beaucoup plus rapidement et nous embarquons dès neuf heures dans les zodiacs. Au début nous avançons lentement à l’instinct, en jetant un coup d’œil au GPS de temps en temps mais très vite, le plafond se lève, nous apercevons la côte et des oiseaux de toutes sortes, sur la mer (hareldes et eiders) comme sur la terre (bernaches et oies).
Un collègue guide sur le Grand Explorer, nous a indiqué l’emplacement d’une carcasse de Bœuf musqué sur laquelle ils ont vu un ours la semaine passée et nous y voilà. La présence de l’animal mort est trahie par le ballet de plusieurs Grands Corbeaux mais pas de signe d’ours, si ce n’est une tache blanche tellement aplatie, qu’on dirait un petit névé. Soudain, le névé lève la tête : c’est un ours, qui digère son repas de charogne affalé comme une carpette. Nous sommes encore loin et cela doit être le bruit du moteur qui l’a alerté à notre présence, alors il s’éloigne lentement et finit par se mettre à l’eau. Heureusement, nous apercevons un renard polaire qui tourne autour des ossements de l’Ovibos, que de vie autour de cet animal mort. Nous observons cela un petit moment avant de poursuivre notre route. L’ours émerge de l’eau sur un îlot, nous le laissons en paix et à ce moment-là, apercevons un deuxième individu très loin dans la vaste toundra de l’île Traill (où se trouve la carcasse), qui forme la rive sud du Vega Sund.
Il est l’heure de retourner vers le Nanook si nous ne voulons pas être en retard pour le déjeuner. En route, une tache suspecte couleur ivoire est repérée sur la côte et nous nous promettons de revenir l’inspecter après le déjeuner. Celui-ci est rapidement avalé et en moins d’une heure, nous revoici sur l’eau, direction la tache suspecte mais à peine embarqué, voilà un beau et gros ours qui marche sur la grève de l’île Nordenskiold, l’une des plus grande de l’archipel Scott Keltie ; avant de vous parler de cet ours, je fais une petite parenthèse historique et géographique pour évoquer ceux qui ont été parmi les premiers à cartographier et nommer ces lieux :
C’est Alfred Gabriel Nathorst, un géologue et botaniste danois, qui lors d’une expédition de cartographie en 1899 a donné le nom du navire “La Vega” à ce long détroit. C’est à bord de ce navire qu’il était déjà venu dans ces parages en 1882 et 1883, membre de l’expédition d’Adolf Erik Nordenskiold. C’est également à bord de ce bateau qu’en 1879, Nordenskiold avait été le premier à effectuer le passage du Nord-Est.
Revenons à notre ours, le troisième de la journée, il s’agit d’un beau mâle et contrairement aux autres, il ne s’éloigne pas (nous restons à plus de 300 m) mais nous observe longuement, puis se remet en marche d’un pas tranquille le long de la plage. Nous le suivons pendant 20 bonnes minutes, jusqu’à ce qu’il se mette à l’eau à la fin de la plage et nous choisissons ce moment-là pour remettre le cap vers notre tache suspecte. Nous longeons de belles falaises qui paraissent propices au Faucon Gerfaut, nous n’en voyons pas mais avons la chance de trouver une famille de Lagopèdes alpins, sa proie préférée. Puis, un peu plus loin, deux nouveaux ours allongés un peu en hauteur et très placides : ils restent sans bouger et comme nous ne les voyons pas très bien, nous reprenons notre route vers la tache.
Nous approchons doucement, le plus silencieusement possible et la voilà allongée près d’une cabane rouge. Elle nous voit et là, merveilleuse surprise, elle se lève et descend les rochers jusqu’au bord de l’eau : on ne peut rêver plus belle observation, c’est une jeune femelle au pelage immaculé. Elle reste là, de longues minutes sans bouger, simplement à nous observer, puis s’en retourne tranquillement se recoucher à côté de la cabane rouge.
Il est temps de rentrer au navire car la route est longue vers Ittoqqortoormiit que nous devons atteindre demain dans la matinée, dernière escale avant notre envol vers l’Islande. Le vent s’est levé un peu et à la sortie de la baie où nous avons fait cette belle observation, la mer s’est un peu formée et notre retour rapide sera… disons… dynamique.
Sur le Nanook, dès notre sortie du Vega Sund vers le large, le vent forcit et la mer se forme encore plus et le barbecue, qui se tient traditionnellement sur le pont, sera servi dans la salle à manger : il n’en sera pas moins bon.
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