LES CULTURES DU GROENLAND

L’histoire du peuplement du Groenland s’étend sur plus de quatre mille ans. Les flux migratoires originaires de l’Arctique nord-américain et pour certains de Sibérie, sont arrivés en plusieurs vagues sur la grande ile. Après avoir traversé le détroit de Smith, tous sont entrés au Groenland par un même point : la région de Etah au nord de Qaanaaq. La côte groenlandaise n’est, là, distante que de quelques kilomètres de l’île Ellesmere à laquelle elle est reliée par un pont de glace saisonnier.

La succession des migrations, porteuses de différentes cultures, montre une certaine concomitance avec des variations climatiques entrainant l’alternance de périodes de réchauffement ou de refroidissement, auxquelles les ressources de subsistance étaient très sensibles.

SAQQAQ, INDÉPENDANCE I ET II

De 2500 avant J.C. au début de l’ère chrétienne, les premiers migrants, dits de culture Saqqaq, Indépendance I et II, s’établirent les uns tout au long de la côte ouest du Groenland. À cet endroit, ils chassaient les caribous avec des arcs et des flèches. Tandis que les autres sur la côte Nord-Est, en Terre de Peary, où, armés de lances, ils pourchassaient les bœufs musqués. L’habitat des communautés d’Indépendance consistait en de simples tentes de peau, alors que les Saqqaq édifiaient des maisons longues, dotées de charpentes, capables d’accueillir plusieurs familles.

Expédition Peary - Thulé - Culture Groenland

DORSET I ET DORSET II

Après avoir, eux aussi, traversé le détroit de Smith, les Dorset I puis les Dorset II s’installèrent sur les rivages de l’ouest du Groenland. En plus des caribous, ils chassaient les phoques et les morses depuis le bord de la banquise, avec des armes à pointe en pierre polie. Ils développèrent la technique de construction des maisons de neige : les igloos.

THULÉ

La culture thuléenne, dont le kayak de chasse est l’un des éléments remarquables, est le fruit de deux cultures distinctes, fusionnées vers 900 : les Birnirk du nord de l’Alaska, et les Punuk du détroit de Behring.

Kayak - Culture Groenland

À partir du XIIe siècle, les premiers migrants thuléens, en poursuivant vers l’Est les mammifères marins, pénétrèrent au Groenland par la même route que leurs prédécesseurs. Après avoir traversé le détroit de Smith, une partie d’entre eux poursuivit sa migration vers le sud, tandis que d’autres s’installèrent au nord, dans la région de Etah, à proximité de la vaste polynie du nord, Pikialasorsuaq, qui, en se formant chaque hiver entre l’île Ellesmere et le nord-ouest du Groenland, attire d’importantes populations de mammifères marins. Les Thuléens étaient spécialisés dans la chasse aux baleines, aux narvals, aux bélugas, aux morses et aux phoques, en eau libre. Ils apportèrent de nouveaux équipements de chasse perfectionnés comme les harpons à propulseur et tête amovible, les kayaks équipés, les flotteurs, les umiak* dédiés à la chasse aux grands mammifères marins et les traîneaux à chiens.

Jusqu’au début du XXe siècle, dans le nord, leurs habitations d’hiver étaient construites en terre, en tourbe et en pierres avec des charpentes en côtes de baleines. Comme les igloos des Dorsets, elles possédaient un tunnel d’entrée piégeant le froid. L’été les familles s’abritaient sous des tentes de peaux dont l’armature était constituée de bois flotté. Très mobiles et déployant une ingéniosité remarquable, les Thuléens s’adaptèrent parfaitement à leur environnement.

Igloo - Culture Groenland

Dans le sud, les premiers contacts avec la civilisation occidentale à partir du XVIIe siècle et l’introduction des armes à feu, entraînèrent une évolution considérable du mode de vie.

De nos jours, encore, au nord-ouest du Groenland, dans le fjord Inglefield, les Inughuit de la région de Qaanaaq-Thulé, perpétuent les techniques et les stratégies de chasse en kayak de leurs ancêtres thuléens. Mais ils y intègrent des éléments modernes dans la poursuite des mammifères marins : canots à moteur, fusils, matériaux synthétiques.

ESQUIMAUX ? INUIT ? INUGHUIT ? GROENLANDAIS ?

Esquimaux est le terme qui, traditionnellement, désigne les peuples occupant le circumpolaire du détroit de Béring au Groenland, en passant par l’Alaska, le Canada et le Nunavut. La dénomination « Inuit », adoptée en 1977, réfère à la période contemporaine. Les termes : Paléoesquimaux, Esquimaux, Inuit, Groenlandais, Inughuit, correspondent donc à des populations, des époques et des localisations spécifiques.

Article extrait de l’ABCDaire des Esquimaux Polaires de Christiane Drieux, Spécialiste Groenland et Culture Inuit, et guide polaire chez Grands Espaces.

 

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