Vers la fin de la grande faune ?

Les éléphants africains, estimés à 19 millions au début du XIXe, seraient aujourd’hui 300 000, maintenus dans des territoires souvent trop étroits face aux aléas climatiques.

Les rhinocéros noirs sont représentés par environ 3350 individus et les blancs par 11 320, sur toute l’Afrique
Les lions, réduits en 20 ans de près de 100 000 à 23 000, sont presque partout en Afrique en danger. Quand il ne reste que 50 lions en Ouganda ou 20 au Sénégal l’issue est fatalement la disparition de ces groupes à très court terme.

Le guépard illustre bien les risques encourus par une espèce quand sa population est en chute libre. Estimée au début du 20e siècle à 100 000 individus, elle n’est plus que de 13 000 aujourd’hui. En Tanzanie, dans le Parc du Serengeti, quelques 300 guépards tentent de survivre sur des territoires 10 fois plus petits que la normale. Ils y subissent la concurrence de hyènes et de lions, 10 fois plus nombreux. Il s’ajoute un appauvrissement génétique des guépards, en trop petit nombre, qui les fragilisent et les rend plus sensibles aux maladies…

Il ne reste plus qu’une centaine d’ocelots en Amérique du Nord.
Le jaguar, vénéré par les civilisations anciennes d’Amérique du Sud et symbole de sa nature sauvage, recule peu à peu, victime d’abord des trafiquants de peau puis de la déforestation et de l’intensification de l’élevage du bétail. Il est considéré comme une espèce susceptible d’extinction dans un avenir très proche. Tout comme la loutre géante, le tapir, le boto ou dauphin rose, le caïman, le paresseux…

Les grues antigone, si chères aux sages asiatiques sont passées de 20 000 à 200 individus en un demi-siècle.
À Sumatra et Bornéo, la population des orangs-outans (« hommes de la forêt », en Malais) a chuté de 50 % depuis 1990…
Les tigres, depuis 1945, sont passés de près de 100 000 à 5000.

Mais pouvons-nous donner des leçons ? En France, ours, loups ou lynx sont intensément braconnés…
L’un des éléments majeurs de l’emballement du recul de la grande faune est la déforestation : 60 % des jungles ont disparu. 13 millions d’ha de forêts disparaissent chaque année (selon la FAO) : les forêts d’Amazonie sont détruites pour le soja, l’élevage, le pétrole ; celles de Guyane pour l’or ; celles d’Asie au nom du palmier à huile, au rythme actuel, 98 % auront disparu en 2022… Les enjeux financiers sont souvent colossaux et la perte de l’habitat du tigre, pourtant diminué de 40 % en 10 ans, et de bien d’autres espèces, pèse fort peu dans la balance.

Le commerce international d’animaux sauvages est le 3e négoce illégal après la drogue et les armes. Les demandeurs sont nombreux : laboratoires, industrie du vêtement (fourrures par piégeage…), établissements de divertissements (cirques, seaquariums…), collectionneurs privés, marché des souvenirs touristiques (objets en carapaces de tortues…)… Il rapporterait plus de 15 milliards d’euros par an !

L’inexorable croissance de la population mondiale apporte sa cohorte de conséquences : augmentation des surfaces cultivées, urbanisation galopante, forêts morcelées par les infrastructures routières, constructions de barrages hydroélectriques…
Face à la difficulté des chefs d’états à s’accorder, illustrée par le récent échec de Copenhague, peut-être est-ce à chacun d’entre nous de faire pression par notre prise de conscience collective.

75 millions de m3 de bois sont extraits des forêts amazoniennes (dont les 2/3 illégalement) pour alimenter les marchés mondiaux de bois exotiques, la production de contreplaqué, de papier…

L’énorme marché de l’huile de palme, présente dans près de 50 % des produits vendus dans nos supermarchés (paquets de biscuits, margarines, sauces, mayonnaises, chocolat, viennoiseries, glaces, cosmétiques…) détruit les forêts d’Asie du Sud-est. Or, l’habitat de nos proches cousins les orangs-outans, comme en Malaisie, est le territoire de peuples premiers comme les Penans vivant en symbiose parfaite dans ces « cathédrales » de la biodiversité depuis des générations… de plus en plus de voix s’élèvent…
25 « points chauds » de la biodiversité ont été identifiés, ils renferment plus de 50 %de toutes les espèces terrestres sur à peine 2 % de la planète. De plus en plus d’entreprises, d’organisations internationales, d’associations, de régions, ont des projets ambitieux pour préserver, éduquer, chercher des solutions… Les parcs nationaux sont, pour des organismes comme le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), l’une des pierres angulaires de réduction de perte de biodiversité, précieux pour le développement de l’écotourisme et la création de nouvelles ressources pour les populations locales.

Marianne Duruel
Marianne Duruel accompagne nos voyages en Inde, aux Galapagos et en Croisière Amazonie, ainsi que nos destinations africaines.

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