Xavier Allard
Arctique
27 octobre
2 novembre 2025
Xavier Allard
Arctique
Certains d’entre nous sont arrivés la veille du début de la croisière afin de profiter un peu de la ville de Tromsø. Entre le centre-ville animé, la cathédrale et les musées, la ville se révèle très intéressante à tous points de vue — son architecture notamment, mêlant maisons en bois colorées et bâtiments modernes tournés vers la mer. Surnommée la porte de l’Arctique, Tromsø vit au rythme des saisons polaires. À cette époque de l’année, les journées raccourcissent rapidement, et la lumière rasante donne à la ville une atmosphère presque irréelle.
C’est en milieu d’après-midi que nous rejoignons le Nanook et notre guide Xavier, accompagné de Valentin, le photographe à bord. Nous découvrons le bateau et, après les briefings de sécurité, nous quittons le quai. Sous un ciel d’aurores boréales, nous voilà partis vers le nord.

Tout au long de la soirée, nous profitons du spectacle du ciel qui danse durant plusieurs heures, ses voiles verts et violets se déployant au-dessus de la mer sombre.
Après le dîner, nous nous installons dans nos cabines tandis que le bateau se met au mouillage pour la nuit.
Après le petit-déjeuner, nous voici en navigation dans le Kvænangen fjord, à la recherche de souffles à l’horizon. Le vent est fort et apporte avec lui une douceur inattendue venue du sud. Soudain, Xavier repère des orques !
Le bateau s’approche lentement : à une dizaine de mètres seulement, les dorsales noires tranchent la surface argentée. Nous pouvons les observer et les photographier dans leur élément naturel. Leurs souffles puissants résonnent comme des soupirs dans le silence du fjord. Les orques se déplacent en groupes familiaux soudés, appelés pods.

Elles communiquent entre elles par des sons complexes, spécifiques à chaque clan — une véritable langue sous-marine. Ces prédateurs fascinants se nourrissent ici principalement de harengs et de lieu noir, qu’ils rassemblent en bancs compacts avant de plonger pour chasser. Leurs mouvements sont à la fois puissants et gracieux, un ballet noir et blanc sous la lumière arctique.
Nous poursuivons ensuite vers le nord. Cette fois, ce sont des cachalots et des baleines à bosse que nous apercevons à la proue du navire. Leurs souffles massifs montent en colonne dans l’air froid, avant que leurs dos immenses ne disparaissent dans les profondeurs.
Après le déjeuner, un autre groupe d’orques croise notre route, accompagné d’une baleine à bosse et de quelques aigles pêcheurs planant au-dessus de la mer. Nous profitons de belles observations sous la lumière dorée de la fin de journée, vers 14 heures, lorsque le soleil effleure l’horizon avant de disparaître.
Nous arrivons enfin au mouillage devant le village de Bergsfjord. Isolé au cœur des montagnes, accessible uniquement par bateau, Bergsfjord compte à peine une centaine d’habitants. Ce petit village de pêcheurs vit au rythme de la mer et des saisons. Les maisons de bois peintes en rouge et jaune contrastent avec la blancheur de la neige et la grisaille du ciel d’automne. Sous les explications de Xavier, nous découvrons l’histoire du lieu et les techniques de pêche traditionnelles : la senne, utilisée pour capturer le lieu noir et le hareng, et la pêche à la ligne, encore pratiquée à la main par certains marins.
Nous visitons ensuite la pêcherie, où les ouvriers trient et préparent les poissons fraîchement débarqués. Puis nous terminons par le séchoir à morue : spectacle saisissant de milliers de poissons suspendus par la queue, séchant lentement dans le vent glacial. D’un côté les corps, de l’autre les têtes, destinées à être exportées — notamment vers l’Afrique, où elles sont très prisées.

De retour au bateau, certains profitent du jacuzzi et du sauna tandis que le froid tombe sur le fjord. Vers 17h, Xavier nous propose une conférence sur la Norvège, évoquant la culture, la vie dans le nord et la relation intime entre les Norvégiens et la mer. Il aborde des sujets variés : la géologie du pays façonné par les glaciers, l’histoire des Vikings, et les différents traités politiques qui ont forgé l’identité norvégienne moderne.
À 19h, un verre de bienvenue est servi avec quelques spécialités locales. Après le dîner, une veille d’aurores est organisée, mais le ciel restera couvert pour la nuit.

Nous quittons notre mouillage en direction de l’Altafjord, vaste fjord du nord de la Norvège situé dans le comté du Finnmark, la région la plus septentrionale du pays. Le soleil commence à illuminer les montagnes et les nuages lenticulaires, donnant au ciel de magnifiques couleurs pastel.

C’est aussi la terre des Samis, peuple autochtone du Grand Nord, présent en Norvège, en Suède, en Finlande et en Russie. Les Samis vivent en harmonie avec la nature arctique depuis des millénaires. Leur culture est profondément liée à l’élevage du renne, aux chants joiks, et à une connaissance fine des saisons.
L’Altafjord est célèbre pour son canyon sous-marin, profond de plus de 400 mètres, qui abrite une biodiversité exceptionnelle. Ses eaux riches attirent de nombreux grands cétacés — orques, baleines à bosse et cachalots — qui viennent ici s’alimenter à la fin de l’été. Les paysages sont d’une beauté brute : montagnes abruptes, lumières changeantes et silence polaire.
C’est juste après le petit-déjeuner que Xavier nous annonce qu’il a repéré des souffles de baleines : un groupe de baleines à bosse et d’orques. Nous les suivons un moment, avant d’être surpris par une baleine à bosse qui bondit hors de l’eau. Elle renouvelle cette figure plusieurs fois. Le bateau s’approche et elle jaillit juste devant le Nanook. Pas le temps de faire de photo, mais l’instant restera gravé dans nos mémoires. Nous les observons ensuite s’alimenter de poissons, leurs nageoires caudales sortant régulièrement de l’eau.
Le bateau reprend sa navigation sous un ciel d’une beauté rare. Les nuages donnent à l’atmosphère une teinte presque irréelle. Puis, c’est un cachalot qui apparaît à la surface de la mer.
Nous observons ensuite plusieurs groupes d’orques et de baleines. C’est un véritable spectacle, l’ambiance à bord est incroyable. Nous sommes au milieu de ces géants marins, au nord de la Norvège, sous un ciel qui se pare de mille nuances dorées.

Après le déjeuner, nous partons en zodiac au fond de l’Olderfjord, un bras de mer situé en face de Skjervoy . Le petit hameau estival d’Olderfjord, entouré de montagnes et de toundra arctique. Nous débarquons dans le lit d’une rivière et découvrons un petit hameau aux maisons rouges et blanches. Nous traversons un pont en bois et disparaissons dans la forêt de bouleaux en direction d’un lac de montagne. Le ciel s’embrase : les nuages se teintent d’orange et de rouge, illuminés par les derniers rayons du soleil avant la nuit, qui tombe dès 16 heures.

De retour à bord, certains partent au sauna ou au jacuzzi. À 20 heures, Xavier nous convie à une conférence sur les aurores boréales. Après cette présentation passionnante sur les flux de plasma, les champs magnétiques et les particules solaires, nous sommes désormais incollables sur le phénomène.
Et pour couronner le tout, le ciel nous offre le plus beau des spectacles : toute la soirée, les aurores boréales dansent au-dessus de nous, dessinant dans la nuit des voiles verts inoubliables.

Nous levons l’ancre après le petit-déjeuner et mettons le cap sur le Kvænangenfjord, un fjord majestueux du nord de la Norvège, situé bien au-delà du cercle polaire. Long d’une soixantaine de kilomètres, il s’enfonce profondément entre des montagnes enneigées. Ses eaux riches en plancton attirent chaque automne une faune marine exceptionnelle : harengs, grands rorquals, baleines à bosse et orques s’y rassemblent pour se nourrir avant la longue nuit polaire.

Xavier repère rapidement des souffles au loin. Le bateau s’en approche lentement. Le ciel est dégagé, le vent souffle encore, mais la température reste étonnamment douce pour la saison. Nous arrivons bientôt tout près : trois grands rorquals nagent ensemble, leurs dos gris acier glissant à la surface. Deux autres soufflent un peu plus loin. le grand rorqual, deuxième plus grand animal du monde, pouvant atteindre 25 mètres de long et se nourrissant d’énormes bancs de harengs.

Nous poursuivons notre route vers le nord. Un groupe d’orques apparaît : toujours un spectacle fascinant. Nous profitons de chaque instant pour les observer et les photographier. Puis, devant l’étrave, une baleine à bosse bondit hors de l’eau un saut magistral avant de recommencer une seconde fois, encore plus proche.
Plus au nord, nous découvrons un immense rassemblement : sans doute plus de quatre-vingts orques dans la baie, accompagnés de plusieurs grands rorquals et de dizaines de baleines à bosse. L’ambiance est magique, presque irréelle — comme dans un documentaire de la BBC.
Pendant le déjeuner, le bateau met le cap sur la baie de Vallanhamn. Vers 14h, nous débarquons sur une petite plage de corail. Xavier nous explique que ce corail n’est pas celui des mers tropicales, mais du corail d’eau froide, du genre Lophelia pertusa. Il pousse lentement dans les profondeurs des fjords, entre 100 et 300 mètres, formant de véritables récifs blanchâtres qui servent d’abri à une multitude d’espèces : étoiles de mer, crustacés, poissons… Un écosystème fragile et précieux.

Nous gravissons ensuite une petite île. Du sommet, la vue à 360° est splendide : la mer, les bras du fjord et les montagnes environnantes, dont celle du Troll, qui culmine à 1300 mètres. À ses pieds, un hameau de maisons rouges contraste avec les roches sombres et la neige des sommets. Nous prenons le temps d’écouter le silence. Sur le chemin du retour, Xavier nous parle du bouleau blanc, cet arbre étonnant capable de survivre aux vents, au gel et à la courte saison estivale du Grand Nord.
À la tombée de la nuit, nous regagnons le Nanook.
À 16h30, Xavier nous invite à une conférence sur les mammifères marins de l’Arctique. Il nous parle de leurs incroyables adaptations à la vie dans ces eaux glacées : la baleine à bosse, capable de plonger jusqu’à 200 mètres et de coordonner des chasses collectives grâce à ses chants complexes. Les orques, véritables super-prédateurs aux structures sociales sophistiquées, communiquant par des dialectes propres à chaque clan.
Il évoque aussi les changements climatiques et leurs effets sur la distribution de ces espèces, qui remontent de plus en plus vers le nord à mesure que la mer se réchauffe.
Vers 17h30, les premières aurores boréales apparaissent. Le ciel s’embrase de vert et de pourpre. Le phénomène est intense ce soir : les lumières ondulent et dansent au-dessus du fjord, en un ballet hypnotique. Silence total, souffle coupé. Un moment suspendu, gravé dans nos mémoires.

Vendredi 31 octobre
Encore une journée sous le signe des cétacés. Ce matin, le navire a quitté le mouillage à 6h30 pour arriver au lever du soleil au nord du Kvænangen, là où, hier, nous avions observé de grands groupes d’orques.
Le temps est plus nuageux, mais les montagnes se parent encore de belles couleurs chaudes, comme chaque matin.
À peine 8h45 lorsque Xavier nous annonce des souffles : trois baleines à bosse devant le navire, dont une qui saute non loin du Nanook !
Nous observons ces grands animaux avant de poursuivre notre recherche. Cette fois, ce sont des orques en pleine chasse sur un banc de poissons, visible sur le sonar du navire.
Nous prenons le temps de les observer, et une baleine à bosse vient également se mêler à la scène. Ailerons, souffles, nageoires… quel beau spectacle !
Nous continuons notre navigation, et Xavier nous annonce qu’à l’avant du bateau se trouvent des baleines à bosse, des orques, et même trois grand rorqual. Encore une matinée incroyable !
Le temps tourne à la pluie et le navire met cap au sud pendant le déjeuner.
Xavier nous informe alors qu’il a modifié le programme : nous allons continuer les recherches de cétacés, car demain il n’y en aura pas. Pari gagné ! Nous repérons à nouveau un groupe d’orques et une baleine. Vers 14h, nous mettons le zodiac à l’eau et approchons un groupe d’orques d’une dizaine d’individus. Nous sommes très proches, la sensation est décuplée : nous voguons parmi les orques et même une baleine à bosse.
Un souvenir qui restera longtemps gravé en nous. Puis un second groupe apparaît, chassant sur un autre banc de poissons.
Des dizaines d’orques nagent autour de notre zodiac, leurs souffles puissants résonnent dans l’air c’est magique.
À la tombée de la nuit, nous regagnons le Nanook. Certains profitent du sauna et du jacuzzi pour débuter la soirée : il est 16h et la nuit est déjà noire.
À 18h, Xavier nous invite au salon pour une conférence sur la circulation thermohaline. Il nous explique que cette « circulation océanique globale », souvent appelée le tapis roulant des océans, est un immense courant qui relie toutes les mers du monde. Elle est mise en mouvement par les différences de température (thermo) et de salinité (haline) de l’eau de mer :
Ce mécanisme joue un rôle essentiel dans la régulation du climat mondial, en transportant la chaleur depuis l’équateur vers les pôles et inversement .
Xavier souligne aussi que ce système est fragile : le réchauffement climatique et la fonte des glaces pourraient perturber cet équilibre millénaire.
Après le dîner, le ciel se dégage et nous assistons au spectacle des aurores boréales. Encore une belle journée dans le nord de la Norvège.
Samedi 1er novembre – Alpes de Lyngen – Hamnnes
Ce matin, la météo est calme, le vent nul, et les montagnes recouvertes de neige nous offrent une vue féérique. Nous nous trouvons devant les îles Follessøya, un archipel impressionnant situé au nord de la Norvège. Ces îles, assez isolées, sont réputées pour leurs paysages sauvages et leur beauté naturelle intacte. Loin des sentiers battus, les Follessøya abritent de nombreuses espèces animales et marines — notamment des oiseaux de mer et des poissons — qui prospèrent dans les eaux froides et riches de la région.
Avec leurs montagnes abruptes, leurs côtes escarpées et leurs plages de sable clair, les îles Follessøya offrent un environnement unique pour les amoureux de la nature. La végétation, dominée par des forêts de conifères et des zones de toundra, compose un décor où la neige recouvre tout, créant une atmosphère presque irréelle. Ces îles sont très peu habitées, ce qui permet de préserver un cadre sauvage et authentique.
Nous partons en zodiac pour débarquer à l’extrémité de l’une des îles. Dès notre arrivée, nous remarquons des traces de loutres dans le sable. Nous suivons Xavier, qui nous guide avec passion à travers différents milieux — de la forêt dense aux plaines aux couleurs de l’automne. Chaque pas nous rapproche un peu plus de la beauté brute de cet endroit, loin de tout.
Du sommet de l’île, la vue est tout simplement spectaculaire : un panorama imprenable sur les Alpes de Lyngen, dont les sommets majestueux culminent à plus de 1800 mètres d’altitude.
Après cette belle exploration, une courte navigation nous mène vers le village historique de Hamnnes, niché au cœur du fjord Lyngen. Ce petit village, qui fait partie de la commune de Lyngen, possède une riche histoire en tant qu’ancien centre de pêche à la morue. Depuis des siècles, les habitants y pratiquent cette activité, qui a profondément marqué la culture locale. Les structures typiques — hangars à poissons et séchoirs à morue — rappellent cette époque révolue. Ces bâtiments en bois, souvent peints de blanc ou de rouge, sont devenus des symboles du patrimoine maritime et de la résilience des habitants face aux rigueurs du climat arctique. Xavier nous fait visiter le bâtiment des poissons séchés et nous testons un morceau de morue.
Le village a su conserver son charme authentique, avec ses maisons traditionnelles en bois, ses petites boutiques et ses paysages d’une beauté saisissante. En se promenant dans ses ruelles, on peut presque entendre les échos des pêcheurs et des explorateurs d’autrefois.
L’atmosphère qui y règne est une véritable invitation au voyage dans le temps — une immersion dans la vie simple mais exigeante du Grand Nord. Pendant la Seconde Guerre mondiale, un message émanant d’un officier allemand aurait demandé à ne pas brûler le village ; cet ordre a été respecté, ce qui fait de Hamnnes le seul village encore préservé actuellement au nord de Tromsø. Aujourd’hui, il est redevenu un havre de paix, où le rythme de la vie est dicté par les marées et les saisons.
Nous faisons également un passage par la petite boutique et le musée, où une série de photos d’Annie Gjsvaer nous plonge dans la Norvège du début du XXᵉ siècle.
Puis nous partons pour une belle marche le long de la côte avec comme toile de fond le massif des Lyngen.
De retour à bord, Xavier nous propose une conférence passionnante sur la mythologie nordique, Thor, Odin et toute cette mythologie est fascinante
À 19h, un verre de l’amitié est servi. Nous regardons ensuite une sélection de superbes photos de Valentin, réalisées tout au long du séjour.
Le ciel, encore une fois dégagé, nous offre nos dernières aurores boréales. Après le dîner, nous embarquons en zodiac pour les admirer et les photographier depuis la terre — un moment magique avant que le bateau ne fasse route vers Tromsø.
Dimanche 2 Novembre Tromso
C’est durant la matinée que nous quittons le bateau et, après encore une immersion dans le centre-ville de Tromsø, nous prenons ensuite la direction de l’aéroport.
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