Le tourisme polaire et les opérateurs

Le tourisme polaire a débuté avec les premières croisières vers 1890. Le Spitzberg notamment était alors une destination en vogue pour les gens aisés. Plus tard, de 1930 à 1960 des groupes de chasseurs partaient en bateau polaire pour tuer 20 à 30 ours blancs par voyage. Puis les temps ont heureusement changé.

Depuis, l’ours blanc est largement protégé, il est devenu le symbole de la conservation des milieux polaires qui voient le tourisme se développer.

Croisière Polaire Spitzberg Ours

Le concept de croisière expédition amenant grâce à des bateaux adaptés les touristes aux confins du monde s’est développé avec Salen Linblad aux USA vers 1970. En France Grands Espaces est le pionnier depuis 1987. Dans les divers cas, la découverte de régions exceptionnelles et fragiles vouées à la conservation de l’environnement ont été la motivation de ces croisières expédition.

Dès 1899 le Prince Albert 1er de Monaco visitant le Spitzberg, avait lui aussi souhaité la mise en place de parcs nationaux.

La protection de la nature par des voyages et croisières forgeant de véritables ambassadeurs de la protection de ces régions fut, à ne pas en douter, la motivation première des opérateurs historiques tels Grands Espaces fondé par ailleurs par l’un des leaders de la protection de la nature dans les années 1970 – 1990, Christian Kempf.

Le développement du tourisme polaire

La recherche de nouveaux horizons, l’ouverture d’infrastructures autrefois gelées par la Guerre Froide et les possibilités financières de la classe des baby-boomers ont amené de plus en plus de compagnies commerciales telles le Ponant ©, Hurtigruten © (en France) à se diriger vers le pays de l’ours blanc. Si le tourisme de croisière connait un développement mondial de 5 à 7% par an, celui des croisières expédition devrait connaître un développement de 10 à 15% par an, selon les études des cabinets spécialisés (Roland Berger). Cette augmentation sera moins le fait des pays européens et américains que de la clientèle chinoise qui voit un nouveau milliardaire toutes les semaines. Ainsi la moitié des croisières vers le Pôle Nord sont actuellement affrétées par la clientèle chinoise.

En 1992 le 1er colloque sur le tourisme polaire montrait une fréquentation d’environ 100 000 personnes dans le haut arctique (C. Kempf et L. Girard 1992). 25 ans plus tard, ces mêmes régions voient environ 150 000 personnes venir chaque été (AECO, 2018). Il y a donc une augmentation récente de ce tourisme qui reste cependant limité en nombre.

Un développement fortement encadré

Au vu de la fragilité des régions polaires et de leur dangerosité (éloignement, conditions extrêmes), le tourisme polaire est l’un des plus encadrés au monde.

  • Peu de sites sont fréquentés (environ 500 sur l‘ensemble de la couronne arctique). Au Spitzberg 65% des terres sont protégées par des réserves et parcs nationaux, le Grand Nord russe est très difficile d’accès pour des raisons administratives, pour naviguer dans l‘arctique canadien, les gouvernements provinciaux et nationaux exigent 17 autorisations et de nouveaux pays comme le Groenland ont mis en place des règles de navigation drastiques.
  • Une interdiction des bateaux à fuel lourd va prochainement s’étendre à tout l’Arctique, interdisant ainsi les grands bateaux. Pour des raisons de sécurité, plusieurs régions sont interdites pour des bateaux de plus de 200 passagers. Ainsi, comme aux Galápagos, ou en d’autres sites sensibles la fréquentation des sites est limitée en nombre.
  • Depuis 2007 l’AECO (Association des Opérateurs de Croisières Expédition en Arctique) a mis en place des directives strictes, générales et par sites. Les contrevenants sont exclus de l’association avec renfort de publicité.
  • Pour des raisons évidentes, l’Arctique n’est accessible aux croisiéristes que quelques mois par an.
  • Le tourisme est fortement encadré par des guides spécialement formés avec des tests de connaissances et de pratique. Il y a en général 1 guide pour 10 passagers ce qui est un ratio très élevé par rapport aux standards internationaux de 1 pour 50.

Écrit par Christian Kempf, président fondateur de Grands Espaces.

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