Une fois arrivé en Géorgie du Sud, c’est toute notre nature d’aventurier qui se mêle aux âmes des explorateurs ayant posé les pieds sur cette petite île. L’occasion pour nous, visiteurs, de découvrir de superbes paysages tout en apprenant d’innombrables choses sur cette région que nous ne sommes finalement, que très peu à connaître.

Non, la Géorgie du Sud n’est pas située aux confins de l’Europe et de l’Asie. Bien au contraire même puisque cette petite île au nord de l’Antarctique n’a absolument rien à avoir avec celle dont Tbilissi est la capitale. Localisée à 2.150 kilomètres de la Terre de Feu en Argentine et à près de 1.500 kilomètres des Malouines, l’île fait partie de l’archipel des îles Sandwich. Méconnue, elle a été découverte pour la toute première fois en 1675 par un explorateur britannique, Anthony de la Roche avant qu’un espagnol, Antonio de la Roca, ne retombe dessus à son tour, en 1756.

Géorgie du Sud, une histoire récente

James Cook, l’explorateur qui rend hommage à la Géorgie du Sud

Cook Georgie du Sud

Toutefois, c’est bien James Cook, explorateur britannique, qui la traversera pour la toute première fois en 1775. Alors qu’il tentait de découvrir l’Antarctique, ce voyageur hors pair décide de s’arrêter du côté de celle qui est alors appelée « Isle de San Pedro ». Sûr de lui, il en proclamera l’appartenance britannique, avant de la renommer « Géorgie du Sud » en hommage au porteur de la couronne d’Angleterre, le roi George III. 

La suite elle, laisse songeur. Évoquant dans ses écrits des otaries à la fourrure affriolante, Cook lance malgré lui une véritable période de chasse au cours de laquelle des navires américains et britanniques vont se ruer dans la région afin de massacrer de nombreux animaux. Malgré tout, cette période sanglante aura pour conséquence d’amener sur place quelques scientifiques. Dès 1882, un groupe d’Allemands attiré par la localisation un peu particulière de l’île, entame d’ailleurs ses premières recherches. Recherches qui se poursuivent aujourd’hui encore.

Après deux périodes sanglantes, la science prend le pas

20 ans plus tard, en 1902, le navire du capitaine Carl Larsen longe les côtes. Curieux, ce dernier remarque la présence de nombreuses baleines. C’est décidé, c’est sur ces terres, à Grytviken, qu’il installera sa première station baleinière, lançant alors la seconde campagne de chasse intensive. Très vite, le succès est au rendez-vous et entre 1904 et 1965, date à laquelle la chasse à la baleine sera définitivement interdite, pas moins de 175.000 mammifères seront abattus. Conscients d’avoir laissé un peu trop de libertés, les Anglais tentent alors de reprendre la main et entament une nouvelle période de recherches. Cette fois-ci, ils étudieront et tenteront de comprendre la nature avoisinante.

Partie intégrante de l’archipel des îles Sandwich, la Géorgie du Sud est la seule à être habitée. En fonction des saisons, entre 200 et 1400 personnes y vivent, principalement du personnel militaire et scientifique, mais également des personnes qui ont pour mission d’assurer la maintenance au sein de l’île. Une petite communauté s’est donc installée, preuve que malgré les conditions géographiques difficiles, la vie a su s’acclimater. Désormais partie intégrante des territoires d’outre-mer britanniques, la Géorgie du Sud est sous la garde d’un officier du gouvernement britannique. C’est donc lui qui a le pouvoir de décision sur de nombreux sujets, notamment en ce qui concerne les questions liées au tourisme, au respect de l’environnement (quotas de pêche) et enfin, à la bonne tenue de missions scientifiques.

La Géorgie du Sud et ses spécificités touristiques

Le gouvernement souhaite protéger l’environnement

La Géorgie du Sud et les Îles Sandwich de manière générale, sont difficilement accessibles. En effet, il n’y a sur place absolument aucun aéroport. Résultat, la seule solution afin de s’y rendre reste le bateau. Second point à prendre en compte, l’absence totale d’hôtels, chambres et autres auberges, ce qui empêche tout naturellement les touristes de rester la nuit venue. Seuls quelques tours opérateurs sont en mesure d’organiser des voyages dans la région, au plus près des côtes de Géorgie du Sud. Grands Espaces fait d’ailleurs partie de ces spécialistes capables de proposer aux touristes une expérience inoubliable, grâce notamment à une croisière expédition de 21 jours qui vous fera passer par les Malouines et la Géorgie du Sud.

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La biosécurité, au cœur de la stratégie 

Avant de débarquer et de profiter des paysages, chaque visiteur devra se plier aux règles de biosécurité actuellement en vigueur. Depuis cette année, ce sont les Malouines qui ont repris la main et gèrent l’afflux de touristes se rendant en Géorgie du Sud. Des experts grimpent ainsi à bord des bateaux et effectuent toute une série de vérifications visant à confirmer que les voyageurs n’apportent pas avec ou sur eux, des espèces dites indigènes, non-natives, qui pourraient se développer sur le territoire et compromettre l’équilibre de la faune et de la flore locale. 

En outre, ces derniers inspectent avec des chiens spécialement entraînés, les cales des bateaux. L’idée ici, est de repérer la trace de rats et rongeurs qui, il y a quelques années, ont réussi à coloniser la Géorgie du Sud avant de s’en faire chasser. Il convient donc de bien noter et comprendre l’importance des règles énoncées par les autorités locales afin de les assimiler du mieux possible, et ce, même si les guides touristiques feront toujours en sorte d’aider les passagers à nettoyer leurs vêtements afin de retirer graines et autres herbes. Dans le cas d’un manquement aux obligations, c’est la loi britannique qui prendra le dessus, la biodiversité de la Géorgie du Sud étant considérée comme un véritable trésor.

Un renouvellement quasi-annuel

Tous les ans, l’exécutif dévoile d’ailleurs un manuel dans lequel les nouvelles menaces à la nature sont énoncées et présentées en détails. Les bonnes pratiques touristiques sont décrites, permettant aux autorités de rester à jour et de contrôler au mieux les visiteurs. L’idée est avant tout de permettre à celles et ceux qui effectuent les contrôles, ainsi qu’aux organisateurs, d’avoir un point de repérage quant à la stratégie à adopter afin de répondre aux nouvelles normes définies et de contrer les menaces qui pourraient peser sur la nature.
Georgie du SudStrict, ce protocole a permis aux autorités de mener pas moins de 431 opérations de vérification entre juin 2018 et mai 2019. Au cours de ces opérations, navires, passagers et bagages ont été étudiés, permettant ainsi de s’assurer que personne n’ait transporté quoi que ce soit de prohibé. Sur cette même période, 1.714 objets ont ainsi été étudiés, 10 de ces derniers ayant présenté un risque aux yeux des autorités. Il convient enfin de noter que les navires gouvernementaux bénéficient d’une petite exemption puisqu’ils ont le droit de directement accoster sur l’île, à condition de passer divers tests, notamment celui des fouilles et de la fumigation.

Faune et flore en Géorgie du Sud

En 2011, entre en vigueur le Wildlife and Protected Areas Ordinance (WPA), un traité qui rend illégales toutes les tentatives de faire entrer en Géorgie du Sud des espèces non désirées, susceptibles de menacer l’équilibre de l’écosystème local. En outre, cette loi rend également illégales toutes les activités pouvant avoir un impact négatif sur la faune et la flore, ainsi que sur l’habitat naturel des espèces protégées. Une preuve supplémentaire que les représentants locaux semblent déterminés à tout faire afin de protéger la région, ses trésors et ses habitants.

Une flore bien spécifique

Selon les décomptes effectués par certains experts, près de 200 espèces vivraient actuellement en Géorgie du Sud. Une diversité relativement faible comparée à certaines îles du Pacifique. Cependant, ce constat s’explique assez facilement. En effet, la géolocalisation de l’île ainsi que ses conditions météorologiques assez extrêmes, n’incitent pas vraiment à la colonisation qu’elle soit animale ou végétale. Résultat, de nombreuses espèces ont quitté les lieux où ont tout simplement disparu après ne pas avoir été en mesure de créer ou recréer les conditions nécessaires à leur survie. À titre d’exemple, il n’existe à ce jour que 25 espèces différentes de plantes vasculaires natives. Un chiffre relativement bas comparé aux 125 formes de mousses différentes qui ont pu se développer grâce à des conditions qui elles, leurs sont favorables. Les experts ont également été en mesure de dénombrer pas moins de 200 espèces différentes de lichen.

Une faune marine bien développée

Mais plus que la flore, c’est bien la faune qui attire les regards. À ce jour, la Géorgie du Sud est la terre d’accueil de sept des 30 espèces protégées par l’ACAP, l’accord sur la conservation des albatros et des pétrels, signé en 2004. Sur ces sept espèces, quatre d’entre elles y sont les plus représentées au monde, à savoir l’albatros fuligineux, l’albatros à tête grise, le pétrel de Hall et le puffin à menton blanc. Une terre accueillante pour ces volatiles, d’autant que les eaux abondent de nourriture, de quoi pousser les colonies à s’y poser et s’y développer.

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Ainsi, les eaux de l’île jouissent d’un statut bien particulier. En 2012, le gouvernement britannique annonce la mise en place d’une protection spécifique à une large partie des côtes de Géorgie du Sud. Résultat, la vie marine est protégée, la pêche y est régulée et les processus écologiques en vue de conserver et préserver cette flamboyante nature y sont favorisés. Une décision qui permet par exemple aux baleines migratoires de traverser le coin tranquillement alors que les poissons pullulent et les crustacés s’y développent sans rencontrer le moindre problème.

Manchots royaux, papous et gorfous dorés en étendard

Enfin, impossible de passer sous silence les incroyables colonies de manchots royaux qui vivent et se reproduisent en Géorgie du Sud. En tout et pour tout, près de 400.000 manchots ont été décomptés, avec d’immenses colonies répertoriées un peu partout sur l’île, notamment du côté de Salisbury où il est possible d’en voir près de 60.000. Il s’agit ici du seul et unique endroit au monde où il est possible d’en apercevoir autant. 
Manchot Royaux Georgie du SudD’immenses colonies de manchots royaux

De très belles et immenses colonies de manchots royaux sont également à observer du côté de Gold Harbour, au sud-est de l’île, tout près de la baie Cooper. Pittoresque à souhait, cette région de Géorgie du Sud est appréciée pour sa végétation mais surtout pour ses habitants ailés qui, fut un temps, étaient près de 800.000 sur place. Un chiffre qui, malheureusement, ne cesse de diminuer. Autre endroit mythique permettant de témoigner de la présence de manchots royaux, la baie de Saint Andrew, au nord de la Géorgie du Sud. Une expérience unique, même si les manchots royaux ne sont pas les seuls à avoir coloniser les côtes de l’île, bien au contraire même puisque bon nombre de leurs cousins ont décidé de faire de même.

Manchots papous et gorfous dorés 

En regardant cette fois-ci, du côté de l’île Bird, elle aussi située au nord de la Géorgie du Sud, ce sont des manchots papous qu’il sera possible d’observer. Petits par la taille, ces oiseaux mesurent moins d’une mère de haut. La population totale de est estimée à quelque 250.000 même si, à cause des effets du réchauffement climatique et la surpêche les privant de nourriture, cette population a tendance à décroître. 

Un constat similaire que celui apposé aux gorfous, ces manchots un peu spéciaux, puisque disposant d’une aigrette jaune sur tout son front, qui viennent le plus souvent se reproduire en Géorgie du Sud. En effet, face au manque de nourriture, (poissons, calmars et crustacés), ces derniers désertent de plus en plus d’endroits historiquement fréquentés. Selon les derniers chiffrages, ils seraient toutefois encore près de 3 millions à y vivre et s’y rendre chaque année.

Croisière Géorgie du Sud - Gorfou Malouines

Une harmonie naturelle

Enfin, c’est à Fortuna Bay qu’il sera possible de croiser le chemin d‘immenses colonies d’éléphants de mer. Selon certains décomptes, ils seraient prêts de 400.000 à venir se reproduire sur les côtes de Géorgie du Sud. Enfin, des rennes, jadis importés par des explorateurs norvégiens, ont réussi à survivre et à s’implanter du côté de la baie de Saint Andrew, vivant en parfaite harmonie avec les milliers de couples de manchots royaux.

Peu visitée, 10 000 personnes ayant été accueillies en 2018, la Géorgie du Sud reste à l’écart du tumulte du tourisme de masse. Mettant en avant son écosystème, profitant de sa situation géographique afin de favoriser la recherche, l’île reste méconnue et semble totalement se satisfaire de sa situation. Ne revendiquant absolument rien, la région et l’archipel des îles Sandwich restent un havre de paix dans lequel la nature semble avoir tous ses droits.

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