Xavier Allard
Arctique
Péninsule Antarctique à bord du Hans Hanson
28 janvier
12 février 2023
Le guide et chef d’expédition
CROISIÈRE EN PÉNINSULE ANTARCTIQUE,
À BORD DU HANS HANSSON
Toutes nos photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Samedi 28 janvier – Punta Arenas
C’est à 16h30 que nous retrouvons Xavier à la réception de l’hôtel Almasur, il sera notre guide durant le séjour en Antarctique. Après les présentations, nous partons pour notre briefing dans l’ancien consulat norvégien et finlandais. Nous avons des explications sur notre journée de transfert en avion jusqu’à la base d’Eduardo Frei sur l’archipel des Shetland du Sud, ainsi qu’un briefing de biosécurité obligatoire pour protéger au maximum ce lieu encore intact qu’est l’Antarctique. Vers 18h nous apprenons que le vol du lendemain est annulé à cause du brouillard sur la piste d’atterrissage, il faut être patient !
Dimanche 29 janvier – Punta Arenas
Le petit déjeuner avalé, nous partons en taxi en direction d’un musée où se trouvent des répliques de différents bateaux de légende. Il y a celui de Ferdinand de Magellan ainsi que celui du fameux naturaliste Charles Darwin et le dernier, qui nous plonge directement dans l’histoire de l’Antarctique, le canot qu’utilisa Ernest Shackleton pour rallier l’île éléphant à l’île de la Géorgie du Sud.
Après cette matinée nous déjeunons dans un restaurant typique de la ville dans lequel nous goûtons au guanaco, espèce cousine du Lama, un régal !
Pour digérer nous gravissons jusqu’à un point de vue qui domine la ville. L’itinéraire nous fait passer par la place des Armes et dans le quartier historique. Depuis le point de vue, la vue est superbe, nous dominons le centre ville et le détroit de Magellan. Certains terminerons l’après midi au cimetière municipal qui est joliment agencé !
A 20h la nouvelle tombe, demain nous partons pour l’Antarctique ! Le vol est prévu à 8h00 du matin «GÉNIAL »!
Lundi 30 janvier – Île George et détroit de Bransfield
C’est aux aurores que nous prenons notre bus, il est 4h45. C’est parti, il est 8h00 et le quadri réacteurs pousse les gaz à fond pour rallier les Shetland du Sud en 2 h de vol au dessus du Cap Horn et du passage de Drake où les vagues moutonnent fortement.
A notre arrivée nous embarquons sur les zodiacs avec comme accueil un manchot Adélie. Sur le bateau nous faisons connaissance de l’équipage. Ensuite nous assistons au briefing sécurité. A 12h30 il est l’heure de déjeuner.
A 14h30, le Hans Hansson lève l’ancre et prend cap vers le Sud. Nous profitons des paysages de l’île George sous de beaux rayons de soleil. Ce début de navigation est accompagné par nos premiers oiseaux tels que les albatros à sourcil noir, pétrels géantes et quelques Océanites de Wilson. Mais la mer s’agite et nous oblige à rejoindre l’intérieur du bateau.
Nous serons ballottés toute la nuit durant la traversée du détroit de Bransfield.
Mardi 31 janvier Rocher de Hydrurga- Passage de Graham
La nuit fut bien mouvementée, nous tentons de prendre un petit déjeuner et c’est seulement vers 11h que les conditions se calment franchement. Nous arrivons dans le chenal de Gerlache.
Vers 14h nous arrivons vers le rocher de Hydrurga, c’est sur ce minuscule îlot que nous partons débarquer pour mettre le pied en Antarctique. Nous pouvons observer une multitude de faune dont des manchots à jugulaire avec leurs jeunes encore en duvet mais presque aussi gros que leurs parents. Nous pouvons facilement les voir prendre la becquée composée en majorité de krills. Puis ce sont les chionis qui viennent manger les derniers bouts de krills dans les déjections des manchots.
Nous continuons le tour de cette île mystérieuse et arrivons sur une plage où plusieurs otaries à fourrure se reposent. A notre arrivée certaines otaries poussent des grognements. Il y a aussi un phoque de Weddell qui se prélasse sur un névé de neige. Xavier nous donne quelques explications sur les différentes espèces que nous observons. Puis nous continuons sur un gros névé sur lequel il y a plusieurs phoques de Weddell et d’autres otaries à fourrure. Il y a également des pétrels géantes qui se reposent et d’autres partent en
courant pour prendre leur envol. Nous faisons le tour du névé de neige pour rejoindre une autre colonie de manchots à jugulaire.
Puis il est déjà temps de retourner au bateau. Nous prenons un bon dîner et après cela le capitaine nous annonce que nous sommes à l’entrée du passage de Graham, un chenal entre l’île bluff et le continent Antarctique. Le plafond nuageux s’est bien relevé et nous laisse admirer les glaciers aux alentours. Nous croisons plusieurs icebergs géants et soudain Xavier annonce » baleines ! » Il y a trois baleines à bosse qui nagent dans notre direction. A plusieurs reprises nous pouvons voir leur nageoire caudale, c’est un spectacle MAGIQUE. Nous continuons à zigzaguer entre les icebergs et continuons notre route jusqu’à Foyn harbour qui sera notre mouillage pour la nuit.
Mercredi 1 février Île Cuverville et Danco
Il est 8 h et le petit déjeuner est servi. Il faut compter 4 h de navigation pour rejoindre le chenal Errera et l’île de Cuverville. Durant ce temps Xavier nous propose une conférence sur la circulation thermohaline. Il nous explique le fonctionnement des courants marins et leur
rôle majeur dans la biodiversité et l’équilibre des températures dans les océans. Il nous parle également de la zone de convergence, ligne séparant les eaux des océans Atlantique, Pacifique et Indien.
En début d’après midi nous partons pour débarquer sur l’île de Cuverville connue pour sa colonie de manchots papou. Nous suivons Xavier qui nous guide jusqu’à un point de vue sur cette fameuse colonie de manchots, tout en nous donnant un tas d’explications sur cette
espèce.
Nous croisons également un phoque de Weddell assoupi au milieu du chemin. Après cela nous partons pour une croisière zodiac autour de l’île. Nous observons de nouveau des manchots papou, des labbes antarctiques et des cormorans impériaux. Il y a aussi un peu de végétation comme des lichens qui colorent la montagne en orange et de luxuriantes mousses vertes. Xavier nous explique également l’étonnante algue nommée chlamydomonas nivalis très bien adaptée au milieu enneigé.
De retour au bateau nous prenons un bon café chaud avant notre sortie suivante. A 16h30 nous repartons en zodiac pour découvrir le cimetière d’icebergs et le front glaciaire de l’île Rogé. C’est un paysage incroyable ! Des icebergs de plusieurs dizaines de mètres de haut nous entourent, puis nous progressons dans un brash très dense, ce qui rend la sortie encore plus intense. Nous observons également des manchots qui marsouinent autour du bateau. Nous retournons sur le Hans Hansson et prenons cap vers l’île de Danco.
Nous partions pour débarquer sur l’île quand le capitaine nous annonce qu’il y a une baleine devant le bateau ! C’est un petit rorqual. Nous prenons sa direction et soudain il sort non loin du zodiac, nous pouvons bien voir son aileron dorsal à plusieurs reprises, il est en pêche car il fait des ronds dans l’eau !
Nous débarquons sur l’ile Danco et partons gravir son sommet. Nous longeons plusieurs colonies de manchots papou et admirons le paysage au fur et à mesure que nous gravissons la pente ! Du sommet la vue est à 360° sur le chenal Errera et les glaciers alentour,
c’est incroyable.
De retour au bateau vers 20h30 nous dînons un bon repas bien mérité ! En début de nuit le capitaine est obligé de changer de mouillage car un énorme iceberg vient dans notre direction !!! Nous passerons la nuit dans une autre baie bien protégée.
Jeudi 2 février Baie du paradis – Port Lockroy
Le bateau lève l’ancre à 8h direction toujours plus au Sud. Nous naviguons dans le chenal Errera au milieu d’icebergs géants. Des souffles de baleines sont observés au loin, les paysages alentour sont incroyables, d’un blanc immaculé par la glace et la neige. Nous entrons dans le fjord Andvord, cette fois les baleines sont proches du bateau, ce sont des baleines à bosse qui s’alimentent, elles plongent en sortant leurs caudales et remontent bouche ouverte à la surface pour
engloutir des krills. Il y en a énormément !! Certainement une dizaine dans ce fjord qui navigue plus ou moins proche du bateau.
Nous arrivons à l’entrée de la baie du paradis par un étroit chenal sur lequel en rive gauche une station chilienne a été implantée, celle ci a le nom de Videla, l’un des présidents du Chili. Nous partons pour une croisière zodiac dans cette baie. Xavier repère un phoque léopard sur un iceberg, nous pouvons l’approcher à quelques mètres. Il est paisible et lève la tête pour nous regarder avant de se rendormir !
Nous allons longer la station chilienne pour observer l’ambiance de celle-ci, il y a un bateau militaire qui livre du matériel, les employés de la base s’affairent à transporter tout cela dans les bâtiments. Nous continuons notre balade en longeant un front glaciaire de plusieurs km de long, les montagnes et pics environnants sont impressionnants. Nous photographons des manchots papou sur un iceberg et nous terminons cette navigation par une traversée d’une mer recouverte de petits icebergs bien denses.
De retour au bateau nous prenons le cap vers l’Ouest et l’île Anvers. Sur le chemin nous croisons des baleines à bosse qui s’alimentent, nous pouvons voir les bouches engloutir des litres d’eau et de krills… La traversée du détroit de Gerlache est un peu mouvementée mais cela se calme rapidement à notre arrivée dans le chenal de Neumayer. C’est un long boyau entre des falaises de roche et de glace qui tombent à pic dans l’eau. Le bateau navigue à travers un brash bien dense, la navigation est superbe !
Nous arrivons vers 17h30 à Port Lockroy, nous partons avec les zodiacs débarquer sur l’île Goudier où nous visitons la poste et la petite boutique de souvenirs ainsi qu’un musée qui retrace la vie des scientifiques qui étaient là de 1948 a 1962. Nous retournons au bateau et passerons la nuit dans cette baie…
Vendredi 3 février Canal Lemaire – Port Charcot – Île Yalour
C’est à 8h que le bateau lève l’ancre, nous allons en direction du sud, il y a une traversée de 2h pour rejoindre Cap Renard et le canal Lemaire. Durant ce temps Xavier nous fait une conférence sur l’adaptation au froid. Il nous explique comment les animaux et les plantes ont évolué pour vivre dans les zones les plus froides du monde. Vers 10h30 nous arrivons à l’entrée du canal Lemaire, la visibilité est bonne, nous naviguons dans le chenal qui est de plus en plus étroit, au minimum les deux montagnes sont séparées de seulement 500 m de largeur !
A la sortie nous tournons à droite et le bateau mouille l’ancre devant le site où Jean Baptiste Charcot a hiverné en 1904… Nous partons en croisière zodiac dans un champ d’icebergs plus beaux les uns que les autres. Un phoque crabier est repéré, nous l’approchons à quelques mètres, il est sur un iceberg, il lève la tête à plusieurs reprises. Il y a un second phoque dans l’eau, il est attiré par notre présence. Il nage non loin de nos zodiacs et sort la tête de l’eau pour nous observer.
Nous continuons notre balade dans les icebergs dont certains atteignent plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Nous observons également une baleine à bosse qui sort à plusieurs reprises non loin de nos zodiacs. Nous continuons notre balade le long de la côte et nous observons une joyeuse scène de vie des manchots papou : la toilette ! C’est par dizaines voire centaines qu’ils nous font ce spectacle aquatique !
Nous arrivons ensuite dans la baie où a hiverné le Français, bateau qui a servi à l’hivernage de Mr Charcot ainsi qu’à son équipage. Il y a aussi la cabane utilisée pour réaliser les relevés du géomagnétisme. Après cette sortie riche en découverte nous reprenons le bateau et partons encore plus au sud. Nous naviguons dans le canal Penola et le long de l’île Petermann.
A 18h30 nous arrivons devant l’île Yalour, il y a un peu de houle mais cela ne nous gène pas pour notre prochain débarquement. A notre arrivée nous sommes accueillis par des manchots Adélie. Nous parcourons l’île en long et en travers et observons les mœurs des manchots Adélie ainsi que des pétrels géantes et Skua qui attendent l’occasion pour attraper de jeunes manchots Adélie !
De retour après cette balade dans ce paysage très particulier de mousses vertes et d’algues qui colorent la neige en rouge et vert, avec des pics et des glaciers en arrière plan, il est temps de retourner au bateau.
Samedi 4 février Port Charcot- Canal Lemaire – Damoy – Jougla Point
Xavier nous annonce que le site de Port Charcot est libre, ce qui nous permet de débarquer sur l’île Booth pour nous balader sur les traces de cette expédition française de 1904. Arrivés à terre, certains en profitent, avec Sam le marin, pour observer la colonie mixte de manchots papou et Adélie ainsi qu’un groupe de cinq otaries à fourrure. D’autres partent avec Xavier gravir le sommet de la colline pour découvrir un cairn, vestige de l’expédition de Charcot. Du sommet la vue est grandiose, nous avons une vue à 360 ° sur les montagnes et bras de mer alentour.
De retour au bateau nous remontons le canal Lemaire. A son entrée il y a un phoque léopard qui se prélasse sur un glaçon, nous passons proche de lui et il nous regarde avec son sourire machiavélique. Les conditions sont encore plus belles que la veille, les montagnes et glaciers sont d’une clarté incroyable. Nous passons un long moment à profiter de cette belle navigation entre les montagnes et arrivons au fameux cap renard facilement reconnaissable avec ses pics très caractéristiques.
Nous rejoignons Damoy après 3h de navigation. Ce site est sur l’île Wiencke qui autrefois était un camp de base ravitaillé par avion twin-otter. Ces avions se posaient sur le glacier. Nous débarquons sur la plage et nous sommes accueillis par deux charpentiers
et un guide du UK héritage muséum qui rénove la cabane, il nous explique l’histoire locale et leurs occupations durant plusieurs semaines de travaux de rénovation de la cabane.
Nous faisons une belle marche pour rejoindre un point de vue et une colonie de manchots papou où nous pouvons observer des jeunes juste sortis de l’œuf. De retour à la plage nous faisons un crochet par un iceberg où un phoque de weddell se repose. Le bateau se repositionne de l’autre coté de la presqu’île et nous repartons en zodiac car un phoque léopard a été vu sur un iceberg. Nous faisons le tour de celui ci et pouvons voir l’animal bien installé sur son sommet.
Nous débarquons ensuite à Point Jougla qui est un lieu riche : entre sa colonie de papou et celle de cormorans impériaux nous prenons le temps de bien les observer et terminons notre balade par la plage où il y a a des os de baleine datant le l’époque des grandes chasses à la baleine pour son huile jusqu’en 1931 pour ce site. Après cette journée riche, il est temps d’aller se restaurer…
Dimanche 5 février Canal Neumayer- Île Useful – Canal Gerlache
Ce matin comme à notre habitude nous quittons notre mouillage à 8h et à peine partis nous croisons des icebergs avec sur l’un un phoque crabier et sur le second un phoque léopard ! Nous remontons en direction du Nord et remontons tout le canal Neumayer, la navigation est très calme, pas de vent depuis déjà 3 jours et la météo est très belle ! Nous arrivons ensuite dans le canal de Gerlache. Durant cette seconde partie de navigation Xavier nous propose un récapitulatif sur les Patagons (tribu mythique sud amérindienne) et une conférence sur la nivologie, ce qui nous permet de mieux comprendre la neige.
Soudain des baleines sont repérées devant le bateau ! Tout le monde dehors ! Il y en a cinq qui s’alimentent. Nous prenons le temps de profiter de ce beau moment. Après le déjeuner nous partons débarquer sur l’île Useful ,deux îlots rocheux au milieu du chenal de Gerlache mais non moins habités par une foule d’espèces : manchots papou et jugulaire, skua, pétrel géante, et otarie à fourrure. Nous faisons le tour du propriétaire et observons toutes ces espèces dans leur milieu sans interactions avec elles.
Certains d’entre nous restent vers le bord de côte pendant que d’autres gravissent le sommet de l’île. Du sommet la vue est incroyable à 360° nous pouvons voir L’île Anvers et Brabant, la baie paradis et l’entrée du canal Errera, le continent Antarctique dans toute sa splendeur !
Il y a aussi des jeunes papou bien gras qui se reposent. Certains adultes commencent la mue . De retour au zodiac Xavier attrape un krill et Hervé ne résiste pas à le goûter, excellent selon lui.
Pas de mot pour d’écrire la magie de cette après midi et ce n’est pas fini ! Nous remontons à bord et continuons notre navigation en direction du Nord et sur le chemin encore des baleines, cette fois elles sont trois. Durant plus d’une heure nous les observons manger, ce qui nous permet de voir la tête, la queue et les nageoires pectorales, c’est incroyable ! Tout cela sous un radieux soleil.
Les paysages plus beaux les uns que les autres défilent lors de notre navigation en direction de Foyn harbour. Soudain une baleine saute non loin du bateau, elle fait plusieurs fois des sauts, elle sort à moitié de sa longueur hors de l’eau et retombe dans un
splash énorme !!!
La navigation se poursuit jusqu’à 21h30 sous des lumières du soir de plus en plus orangées, la soirée fut magique.
Lundi 6 février Foyn – baie de Wilhelmina
Nous partons à 9h pour une découverte de l’île de Foyn et celle de Nansen. Nous faisons le tour d’une épave datant de 1950, vestige de l’époque de la chasse à la baleine. Ce vieux bateau baleinier prit feu le jour de Noël et termina au fond de la baie!
Nous longeons ensuite la côte et nous observons une colonie de sternes qui niche dans un petit éboulis, leur cri est très caractéristique ainsi que leur silhouette, nous permettant de facilement les reconnaître. A une centaine de mètres c’est une colonie de cormorans impériaux qui niche également sur le bord de côte. Nous les observons et photographions. Nous
continuons en direction du sud de l’Île. Un phoque de Weddell nous observe, il nage devant le zodiac. Nous débarquons sur un mini îlot rocheux avec une belle plage de galets. Nous marchons sur ce bout de caillou et profitons du calme au milieu des fronts glaciaires.
La sortie se poursuit dans le chenal de Foyn où plusieurs otaries à fourrure sont observées. Nous découvrons une petite baie où des goélands dominicains et des sternes antarctiques ont colonisé les rochers pour nidifier. Il y a plusieurs dizaines de sternes et seulement un couple de goéland dominicain et leur jeune de l’année encore en plumage brun.
Xavier nous fait débarquer sur un deuxième îlot où trois otaries à fourrure ont élu domicile et cinq phoques de Weddell se prélassent sur un névé de neige. Nous sommes accueillis par les otaries qui se chamaillent devant nous ! Puis nous gravissons le névé de neige en suivant la trace d’un phoque de Weddell. Ils sont plusieurs à nous regarder, intrigués par notre présence. L’ambiance est incroyable, il y a une richesse d’animaux dans ce milieu si extrême !
De retour au zodiac Xavier annone « baleine droit devant ! », il y en a trois ! Elles viennent vers nous ! Nous sommes à quelques mètres d’elles, soudain elles sortent devant le
zodiac avec la bouche grande ouverte puis sondent, sortent leur caudale et disparaissent. Nous les suivons, elles sont en pêche, durant une heure nous serons aux premières loges pour admirer ce spectacle. Parfois elles sont à cinq mètres de nous, c’est fabuleux ! Un spectacle unique ! Elles sortent bouche ouverte et avalent des kilos de nourriture avant de sonder de nouveau et nous prenons parfois les embruns de leur souffle en plein visage !
Après ce moment unique, nous prenons la direction du continent. Nous naviguons dans le chenal qui sépare l’île de Foyn de la terre de Graham. Nous débarquons sur une plage de galets, tels des explorateurs, nous foulons le continent Antarctique ! Nous sommes sur le septième continent. Si nous prenons cap au sud nous pouvons rejoindre le pôle sud à pied. La matinée fut encore une fois riche de découvertes et de rencontres incroyables.
Après le déjeuner nous naviguons dans la baie Wilhelmina, nous zigzaguons entre les icebergs et atteignons le front du glacier Léonard. La mer est d’huile, les paysages se reflètent à la surface de l’eau, c’est une vraie carte postale. La navigation est très belle, le temps change, il commence à neiger, c’est un peu l’hiver avant l’heure car ici nous sommes en pleine été ! Il y un petit rorqual qui passe plusieurs fois devant le bateau.
Vers 15h nous prenons cap vers le Nord, il faut compter 8h de navigation pour rejoindre l’île de la Trinité. A 17h Xavier nous réunit au salon pour une conférence sur les mammifères
marins et des explications sur les cétacés, cela nous permet de mieux comprendre l’adaptation et la biologie de cette famille de mammifère.
Après le dîner nous visionnons un documentaire sur la vie de Jean Baptiste Charcot.
Mardi 7 février Île de la Trinité
Ce matin nous partons en zodiac pour une découverte d’un site un peu particulier, les îlots de Spert. Nous arrivons dans des failles rocheuses où il n’y a que la place pour passer avec un petit bateau ! Le site est incroyable : de hautes falaises de presque cent mètres de hauteur tombent à pic dans la mer qui est agitée par une houle du large.
Nous nous faufilons à travers ce long boyau jusqu’à atteindre un tunnel creusé par la nature dans la falaise, nous pénétrons à l’intérieur, il fait une quarantaine de mètres de hauteur et une centaine de mètres de longueur.
Nous sommes comme dans une cathédrale, l’ambiance est un peu effrayante ! Nous retournons par le même itinéraire pour rejoindre la baie Trinity, une baie plus calme.
Nous nous arrêtons sur une petite plage dans un chenal où quelques icebergs sont venus s’échouer. Il y a beaucoup de résidents sur ce débarquement ! Au moins une quinzaine d’otaries à fourrure et cinq phoques de Weddell qui se prélassent de toute leur longueur, nous assistons au déplacement de l’un d’entre eux qui se meut tel un serpent en ondulant de tout son corps.
Il y a également les otaries qui se grognent les unes sur les autres en se montrant parfois leur dentition bien redoutable.
De retour au bateau nous prenons un petit café et thé et trente minutes plus tard nous voilà de nouveau sur l’eau. Cette fois nous longeons un grand glacier chaotique et arrivons proche d’une colonie de 2400 manchots à jugulaire. Nous pouvons les observer se déplacer à la queue leu leu pour se jeter dans la mer…
Nous terminons notre balade par un débarquement sur une plage car nous avons repéré un éléphant de mer, espèce que nous n’avons pas encore vu du séjour car plus présente dans les Shetlands du Sud.
Nous pouvons le voir de près, en plus le site est magnifique, un dédale d’icebergs remplit une petite baie en arrière plan. De retour sur le Hans Hansson nous passons à table après cette matinée bien remplie ! A 14h nous prenons le cap de l’île de la Déception, il faut compter 8h pour traverser le chenal de Bransfield.
Durant la traversée des albatros à sourcil noir sont observés ainsi que des Petrels geant… A 16h30 Xavier nous invite au salon pour une présentation chronologique des expéditions en Antarctique, cela nous permet de mieux comprendre la découverte de ce continent.
Mercredi 8 février Île de la Déception
C’est à 22h45 que nous entrons par le soufflet de Neptune dans la caldeira de l’île de la Déception, le bateau jette l’ancre à Telefon bay pour la nuit. Nous partons pour une belle balade sur les pentes du volcan qui entra en éruption pour la dernière fois en 1969. Nous débarquons sur une belle plage de scories, la roche volcanique par excellence !
Nous partons en direction d’une crête d’où le paysage s’ouvre sur Port Foster qui est le nom de la caldeira du volcan. Nous continuons jusqu’à un point de vue sur un lac et les montagnes alentour. Le vent souffle mais le temps tourne au soleil, nous gravissons un second point de vue qui domine ce beau paysage de fin du monde et la baie dans
laquelle le bateau est ancré.
De retour à la plage deux otaries se chamaillent et nous passent à quelques mètres. Nous embarquons et retournons au bateau. A notre retour nous sommes sensibilisés par Skyla, membre de l’équipage, qui nous parle du programme auquel le bateau a adhéré sur l’étude du phytoplancton. Elle nous explique l’importance de ce végétal qui prolifère en abondance dans les mers froides.
Nous partons ensuite pour récolter des échantillons à l’aide de filtre et épuisette.
Le bateau se repositionne durant le déjeuner devant Whalers bay. Nous partons en zodiac pour aller découvrir une plage à l’entrée du soufflet de Neptune. Quand nous arrivons nous sommes surpris par la présence de centaine d’otaries à fourrure qui ont élu domicile sur cette plage de cinq cents mètres de longueur.
Il y a une telle densité que nous ne pouvons pas passer à travers leur colonie, nous longeons donc la plage à pied et profitons de cette rencontre avec tous ces animaux qui, pour certains, viennent en grognant et sortant les dents tout proche de nous ! Nous observons également un grand nombre de pétrels géants. Il y a aussi un éléphant de mer qui s’est perdu au milieu de toutes ces otaries !
Nous retournons en direction de la baie des baleiniers et débarquons pour aller jusqu’à la fenêtre de Neptune, un col qui nous permet d’avoir un beau point de vue sur les paysages du large et de l’intérieur du volcan. De belles falaises colorées tombent à pic sur des plages de sable noir où viennent déferler les vagues du large.
Nous partons en direction de l’ancienne station baleinière qui fut abandonnée en 1931 et qui fut ensuite utilisée par l’armée anglaise comme base B pour des opérations de présence en Antarctique. Nous visitons ce lieu chargé d’histoire qui est en ruine suite à l’éruption du volcan, l’ambiance est très apocalyptique.
Sur la plage il y a des fumerolles, signe de l’activité encore actuelle du volcan qui est surveillé de très près grâce à l’étude des secousses sismiques.
Après cette journée bien chargée, le temps change, le vent se lève, la nuit sera tempétueuse, il y a des rafales à 70 nœuds, nous sommes contents d’être bien à l’abri dans cette baie.
Le dîner ce soir est un peu particulier, c’est un BBQ organisé par l’équipage du bateau : saucisse et burger sont au menu. Nous trinquons avec un verre sur le pont arrière sous une tempête de neige avant de passer à table. Bon
appétit !
Jeudi 9 février Half Moon
Nous quittons notre havre de paix et les conditions sont bien meilleures, le vent a bien diminué et nous partons en direction de l’île de Half Moon. Il y a encore un peu de houle de la tempête d’hier, le soleil brille et illumine l’île de Livingston. Durant la traversée, des damiers du cap, albatros à sourcil noir et pétrels sont observés planant au dessus des vagues et du bateau.
A 15h30 nous partons en zodiac et débarquons sur l’île de Half Moon. Il y a beaucoup de ressac mais tel un commando il ne nous faut pas longtemps pour mettre pied à terre dans les éléments en furie !
C’est une île où des centaines d’otaries à fourrure viennent se reproduire, nous déambulons entre les otaries en essayant de nous tenir à bonne distance…
Nous continuons vers la partie sud de l’île, nous arrivons vers des pinacles rocheux et au niveau d’une colonie à jugulaire, nous prenons le temps de les observer se trémousser et profitons encore de toute cette faune qui n’est pas gênée de notre présence.
Nous rembarquons et prenons la direction de Yankee Harbour sur l’île de Greenwich, lieu de mouillage pour la nuit. Nous préférons attendre demain matin pour débarquer sur la plage où des phoques et manchots ont élu domicile car le vent souffle à plus de trente nœuds.
A 19h Xavier nous invite pour une conférence sur la banquise, il nous explique comment se forme cette glace et l’importance de celle ci pour les écosystèmes polaires.
Vendredi 10 février Yankee Harbour – Base Eduardo Frei
Comme prévu le vent est tombé dans la nuit, il ne souffle plus qu’à 10 nœuds. Nous partons plus tôt que d’habitude pour optimiser la journée. A 8h nous sommes tous prêts pour embarquer sur les zodiacs. Nous débarquons sur un isthme formé par une moraine frontale du glacier qui s’est retiré sur plusieurs kilomètres. Il y a plusieurs phoques de Weddell qui nous accueillent sur la plage, nous les observons et ils nous regardent également. C’est avec une ribambelle d’otaries que nous faisons notre balade tout le long de la plage. Des dizaines d’otaries sont regroupées en petits groupes gardés par un mâle dominant.
Il y aussi des pétrels géants et skua qui nous survolent. La météo est partiellement ensoleillée ce qui nous permet d’avoir de beaux points de vue sur l’île Greenwich et Livingston. Nous approchons une grande colonie de manchots papous, la plupart des jeunes sont en crèche, ils attendent le retour de leurs parents en nous faisant de beaux spectacles, de vraies peluches ! Le clou du spectacle est un groupe de 5 éléphants de mer assoupis sur la plage : Il y a deux gros mâles facilement reconnaissables avec leur nez en forme de trompe et trois femelles. La différence de taille est flagrante, les mâles pouvant peser jusqu’à 4 tonnes et les femelles seulement 600 kg. Ils nous regardent d’un œil songeur et se dandinent pour se gratter les démangeaisons dues à leur mue annuelle.
La colonie de manchots est très active : il y a de l’activité partout ! Des jeunes viennent nous observer de plus près, il y a également des otaries qui mettent la pagaille et effraient des jeunes papous. Après ce beau spectacle il est temps de retourner au bateau et de prendre le petit déjeuner.
La navigation va durer 5 h pour rejoindre l’île du roi George et la base Frei. A notre arrivée le temps est au brouillard, nous décidons d’aller visiter l’église orthodoxe de la base russe Von Bellingshausen nommée en l’honneur de l’explorateur russe ayant vu pour la première fois le continent Antarctique le 27 janvier 1820. Nous faisons quelques photos du monument en son honneur ainsi que de l’arbre à direction.
Non loin de là, il y a aussi la base chilienne Frei comptant 60 personnes qui y travaillent. Nous arrivons devant la petite église en rondin, l’intérieur est très chaleureux, l’odeur nous fait penser à un sauna ! Nous retournons au bateau où nous visitons la salle des machines et Skyla nous montre au microscope des planctons collectés dans la baie.
Après le dîner nous visionnons un petit film de notre voyage réalisé par l’équipage et le diaporama photo de Xavier. Puis la nouvelle tombe, le vol retour est confirmé pour le lendemain à 10h.
Dimanche 12 février Base Eduardo Frei – Punta Arenas
Après le petit déjeuner, il est temps de dire au revoir à l’équipage et au Hans Hansson. Nous prenons la direction de la piste aérienne et c’est à 10h40 que le quadri réacteur décolle de l’Antarctique en direction de Punta Arenas.
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Quelle chance de faire ce voyage extraordinaire, surtout avec Xavier mon guide préféré !