Le guide et chef d’expédition

Serge Guiraud

Anthropologie visuelle

Au coeur du Pantanal, sur les traces du Jaguar

Du 13 au 20 juin 2025

1er jour – Le Pantanal un monde en amphibie

À l’entrée du Pantanal, un grand portique de bois marque symboliquement le passage vers un autre monde. Au-delà de cette arche, c’est une mer intérieure de verdure et d’eau qui s’ouvre à nous.

 

PANTANAL ENTRÉE

En cette fin de saison des pluies, le paysage est à son apogée : les rivières débordent encore largement de leur lit, et des lacs temporaires se sont formés un peu partout, reflétant le ciel dans une lumière laiteuse. La piste de terre rouge marque de son emprunte cette immensité, et partout où le regard se pose, la vie fourmille. Des cabiais broutent paisiblement, les caïmans somnolent au bord des berges, et au-dessus de nous, des nuées d’oiseaux s’élèvent, portées par la chaleur de mi-journée.

ARA JACINTHE PANTANAL

Mais ce qui frappe le plus en ce moment, ce sont les ipês. Ces arbres emblématiques du Brésil sont en pleine floraison, et leurs fleurs d’un rose fuchsia éclatant ponctuent le vert profond des forêts galeries comme des feux d’artifice figés. C’est une vision presque irréelle, une touche poétique dans cet écosystème d’une richesse biologique hors du commun.
Le Pantanal n’est pas seulement une région, c’est un rythme, une respiration lente dictée par l’eau. Chaque saison transforme le territoire, chaque inondation redessine les chemins. Et en ce moment précis, tout semble suspendu, gorgé de vie et de beauté. En fin d’après-midi nous arrivons au bout de la route. C’est ici que se trouve l’hôtel Porto Jofre, fréquenté par les pêcheurs et les photographes du monde entier venus ici à la recherche du plus grand félin d’Amérique : le jaguar.

Du 2ème au 5ème jour – Sur les traces du jaguar

Chaque matin, le réveil sonne à 5 h. L’air est frais, presque froid, et le ciel hésite entre rouge vermillon et nuages gris. Seuls les cris des oiseaux, installés dans les grands arbres de l’hôtel, rompent le silence. À 6 h, nous montons dans notre petit bateau en aluminium. Le soleil se lève lentement. Quelques minutes après l’entrée dans le parc, la surprise : un jaguar surgit dans l’herbe, furtif et puissant. Ce n’est que le premier ; nous en verrons cinq dans la journée. Au total, nous aurons le privilège d’observer les jaguars à quatorze reprises durant le séjour.

JAGUAR PANTANAL
Le jaguar est une énigme vivante. Seul représentant du genre Panthera en Amérique, il partage pourtant plus de liens génétiques avec le léopard d’Asie qu’avec le puma local. Ce félin solitaire possède des griffes rétractiles ultra-tranchantes, cachées dans une gaine protectrice lorsqu’il ne s’en sert pas. Longues de 5 cm chez l’adulte, elles sont des outils redoutables : il peut grimper, lacérer, maintenir ou marquer son territoire en un seul geste précis.
Tout ici est langage silencieux. Il urine sur les troncs, griffe les écorces, dépose ses crottes en hauteur. Ces messages invisibles racontent son histoire, définissent son territoire, préviennent ses rivaux. Dans ce monde dense et humide, l’odeur est plus puissante que le cri.

Jaguar Pantanal repas

Nos guides connaissent chaque félin par son nom, son territoire et ses habitudes. Les heures défilent et d’autres merveilles apparaissent. Des loutres géantes chassent en groupe, criant pour se coordonner. Dans les hautes herbes flottantes, un jabiru – grande cigogne au cou rouge et noir– reste immobile comme une statue.

Jabiru

Au-dessus de nous, aras, toucans, hérons et spatules tissent un concert de couleurs et de battements d’ailes. Chaque jour finit comme il a commencé : dans la lumière douce, avec la promesse d’une nouvelle rencontre. Lors du deuxième jour, nous avons la surprise de croiser un anaconda jaune de deux mètres sur la pelouse de l’hôtel, rappelant que, dans le Pantanal, la vie sauvage n’a pas de frontière. Le séjour à Porto Joffre a été un festin pour les yeux, un souffle de nature brute que l’on n’oubliera pas.

Spatule Pantanal

6 et 7 jour rendez vous avec le tamanoir

Derrière les clôtures de bois de la Pousada Piuval, l’aube s’étire en silence sur les plaines inondables du Pantanal. Les cris rauques des aras bleus percent à peine la brume. En ce début de saison sèche, les pistes sont praticables et la faune, rassemblée autour des points d’eau, s’offre aux regards patients. C’est là, dans une clairière silencieuse, qu’une forme massive émerge lentement des hautes herbes. C’est un tamanoir – ou fourmilier géant (Myrmecophaga tridactyla) – parmi les créatures les plus étranges d’Amérique du Sud. Hauts d’un mètre, longs de plus de deux, ils semblent issus d’un autre temps. Leur long museau tubulaire, dénué de dents, renferme une langue étonnante : collante, fine comme un spaghetti, elle peut atteindre 60 cm et se projette jusqu’à 150 fois par minute pour capturer fourmis et termites.
L’absence de dents est palliée par un estomac musclé, tapissé de graviers qui broie les insectes avalés tout entiers. Leur démarche, raide et balancée, trahit une particularité rare : ils marchent sur les poings pour protéger leurs griffes, aussi puissantes que tranchantes, capables d’ouvrir une termitière en quelques coups. Leur pelage noir et gris, prolongé par une queue en panache, complète leur silhouette singulière, presque préhistorique. L’animal est solitaire, discret, inoffensif — mais vulnérable. Classé « en danger » par l’UICN, le tamanoir paie le prix de sa spécialisation alimentaire et des menaces humaines : collisions routières, feux agricoles, disparition de son habitat.

Un peu plus loin, des capucins bruns s’attaquent à un figuier mûr. Grands acrobates de la canopée, ces primates dévalisent l’arbre avec une efficacité joyeuse. Tandis que les fruits tombent en cascade, coatis et cerfs profitent du banquet improvisé.

Proche de la pousada, une mère caïman menace tout intrus qui s’approche de trop prêt de ses progénitures. Elle n’hésite pas à repousser un mâle de deux fois sa taille. Le Pantanal se dévoile ainsi : refuge d’espèces rares, théâtre discret d’équilibres millénaires que l’œil attentif ne peut qu’admirer — et espérer préserver.

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