
Benjamin Dy
Destinations Nordiques et Antarctique
26 juin
4 juillet 2025
Benjamin Dy
Destinations Nordiques et Antarctique
Vincent Lecomte
Écologie Polaire
Jean-Marie Seveno
Photographe
Élodie Marcheteau
Géologie
Antoine Lochin
Guide naturaliste
Hélène Le Berre
Ethologue
Rémi Suchowierch
Guide naturaliste
Justine Forest
Conseillère voyage
Woldek Mucko
Médecin à bord
Certaines photos photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Notre grande aventure polaire a débuté aujourd’hui ! Nous sommes partis de Paris en début de matinée, pour rejoindre Oslo où nous avons passé la nuit. Des participants en provenance de diverses régions du globe ont rejoint le groupe, partageant tous le même désir d’exploration arctique.
Tôt ce matin, nous avons quitté Oslo en direction du Grand Nord, avec une escale à Andenes, en Norvège, petit village au bord de l’océan connu pour ses observations de baleines. Puis, en début d’après-midi, nous avons enfin atteint Longyearbyen, principale localité de l’archipel du Svalbard.
Située à 78° nord, Longyearbyen est l’une des villes les plus septentrionales du monde. Ancienne ville minière reconvertie en point d’entrée vers les territoires glacés, elle surprend par son ambiance arctique à la fois rustique et moderne. Entourée de montagnes et de toundra, elle est un témoignage vivant de l’histoire humaine dans ces terres extrêmes.
Avant d’embarquer, nous avons eu quelques heures pour découvrir cette ville étonnante : flâner dans les rues, faire quelques emplettes, ou visiter certains lieux culturels emblématiques tels que le Svalbard Museum (qui retrace l’histoire naturelle et humaine de l’archipel) ou le North Pole Expedition Museum, dédié aux grandes expéditions polaires.
En fin de journée, nous avons rejoint notre navire, l’Ocean Nova, qui était au mouillage dans l’Isfjord. L’embarquement s’est donc fait en zodiac, offrant une première immersion dans l’ambiance polaire et une belle entrée en matière pour cette croisière d’expédition.
Une fois à bord, la soirée a été consacrée à plusieurs temps forts :
– Briefing de sécurité,
– Exercice d’abandon du navire,
– Présentation de l’équipe d’expédition,
– Présentation du programme prévisionnel de la croisière,
– Et bien sûr, un dîner convivial pour faire connaissance et commencer à prendre nos marques à bord.
Chacun s’installe peu à peu dans sa cabine, tandis que l’Ocean Nova nous promet déjà les premières heures d’une exploration exceptionnelle au cœur de l’Arctique.
Il aura fallu plusieurs heures à l’Ocean Nova pour traverser l’Isfjord, au fond duquel fut établie en 1906 la ville de Longyearbyen, la localité territoriale la plus septentrionale au monde. Durant la « nuit », éclairée par ce soleil qui ne passera sous la ligne d’horizon que le 23 août prochain, notre navire entame sa remontée vers le nord, longeant l’île de Prins Karl Forland, longue langue de terre battue par les vagues de la mer du Groenland.
Après une nuit calme et reposante, nous nous réveillons dans Krossfjorden, aussi appelée baie de la Croix, nom hérité de l’un des premiers baleiniers opérant dans la région dès 1610, Jonas Poole. Ce fjord est en effet l’un des symboles de la chasse intensive à la baleine qui suivit la découverte de l’archipel par le navigateur hollandais Willem Barentsz. Lors de son arrivée, le 22 avril 1596, dans le Magdalenefjord — la baie de la Madeleine — les pics et arêtes s’élevant brutalement jusqu’à 900 mètres depuis la côte l’amenèrent à nommer cette terre Spitzberg, signifiant littéralement « montagnes pointues », nom qui désigne aujourd’hui l’île principale de l’archipel du Svalbard.
Les rares survivants de l’expédition de Barentsz, qui se termina tragiquement sur la Terre François-Joseph, regagnèrent l’Europe avec cette vision saisissante des mers du Svalbard, dans lesquelles les baleines « s’ébattent comme carpes en vivier ». Quelques années plus tard, dès 1610, l’exploitation massive des baleines franches — espèce emblématique des eaux froides de l’Arctique — débuta sous l’impulsion de plusieurs nations européennes, notamment dans les fjords de l’ouest, adoucis par le Gulf Stream. De nombreux vestiges de cette époque sont encore visibles aujourd’hui.
Ce matin pourtant, ce n’est pas cette histoire que nous allons explorer lors de notre premier débarquement à Signehamna, mais celle de la guerre météorologique qui marqua les côtes ouest du Svalbard et est du Groenland entre 1941 et 1943. Durant cette période, l’Allemagne nazie établit des bases secrètes afin de collecter des données météorologiques arctiques cruciales pour la planification militaire et la navigation des convois dans l’Atlantique Nord. À Signehamna, les vestiges que nous observons témoignent de cette période de tensions entre Norvégiens et Allemands, qui s’acheva par le bombardement de la station en 1943.
Cette première marche dans la toundra arctique est aussi l’occasion d’observer l’adaptation de la flore à un climat extrême. Le froid, la neige, la nuit polaire contraignent les végétaux à pousser au plus près du sol : en coussinets, comme la saxifrage à feuilles opposées, ou en buissons rampants, tels le saule polaire. Cette végétation rase constitue l’essentiel de l’alimentation du renne du Svalbard, espèce endémique de l’archipel, en particulier les lichens du genre Cladonia. D’ailleurs, nous apercevons trois individus — des mâles d’âges différents — broutant avidement. Pendant cette brève saison estivale, ils accumulent les réserves nécessaires à leur survie durant les longs mois d’hiver. Leurs silhouettes se détachent sur la baie, bois majestueux encore recouverts du duvet de croissance, et regard curieux mais distrait.
Après cette première excursion sous un soleil généreux, l’Ocean Nova se déplace vers le fond de la baie et s’immobilise face au splendide glacier de Lilliehöök. Long de plus de onze kilomètres, son front impressionne par ses teintes intenses de bleu, cicatrices de vêlages récents, comme en témoigne aussi la présence abondante de brash ice, ces fragments flottants dans lesquels nos zodiacs évoluent à faible allure. Dans cette ambiance féerique, les bulles d’air emprisonnées dans les glaçons éclatent avec un claquement subtil, tandis que les premiers guillemots à miroir et mouettes tridactyles nagent et virevoltent autour de nous. Soudain, un bloc entier se détache du front glaciaire, provoquant une vague rapidement amortie.
Ce tumulte n’ébranle en rien les deux phoques barbus installés sur leurs glaçons, paisibles. Ce pinnipède typique de l’Arctique doit son nom à ses longues vibrisses blanches, sortes de moustaches hypersensibles qui lui permettent de détecter les moindres vibrations dans l’eau. Leur visage, évoquant celui d’un chat, contraste avec leur corps massif pouvant peser jusqu’à 400 kilos.
Alors que le soleil continue de briller avec éclat, une seule envie nous anime : prolonger encore ces instants magiques, symboles pour certains de la réalisation d’un rêve. Mais le commandant nous attend à bord pour célébrer ensemble le début de cette aventure, qui se poursuivra dès ce soir vers une autre étape très attendue : la banquise.
Après avoir navigué toute la nuit, nous nous réveillons au cœur de la banquise, par 80°40’ de latitude Nord et 10°40’ de longitude Est. L’ambiance est surréaliste : la brume de mer enveloppe les éléments, et le temps semble suspendu, comme figé. Les plaques de glace frottent contre la coque de l’Ocean Nova. Parfois compacte, parfois disloquée, la banquise (c’est-à-dire l’eau de mer gelée, à la différence des glaciers constitués d’eau douce gelée) nous invite au chuchotement, voire même au silence.
De temps à autre, nous contemplons un arc-en-brume. Également appelé arc blanc ou arc-en-ciel blanc, il s’agit d’un phénomène optique lumineux et météorologique, dû à la réfraction, à la réflexion et, dans une moindre mesure, à la diffraction de la lumière par de très fines gouttelettes d’eau contenues dans la brume. Il se manifeste sous la forme d’une bande blanche, généralement bordée d’une fine frange rouge à l’extérieur et d’une frange bleue à l’intérieur.
En fin de matinée, afin d’optimiser nos images durant le séjour, Jean-Marie, notre photographe, nous prodigue des conseils élémentaires pour sublimer nos souvenirs. La météo étant de notre côté, nous profitons d’un soleil azur pour sortir en zodiac dans ce dédale de glace. Sitôt sur l’eau, nous nous dirigeons vers un phoque barbu au repos. À proximité, des mergules (petits oiseaux pélagiques de la famille des alcidés, cousins des macareux moines) s’activent en quête de nourriture.
Ensuite, nos guides nous réservent une surprise : nous débarquons sur une large plaque de banquise et vivons une expérience unique en marchant sur la glace de mer. Nous regagnons l’Ocean Nova avant que la brume ne nous empêche de progresser, et notre navire profite de la pause déjeuner pour sortir de cet enchevêtrement glacé.
L’après-midi est radieux, la mer d’huile. Quelques traces d’ours apparaissent sur les plaques.
Vincent, notre guide écologue, nous présente une conférence sur la banquise et les changements climatiques globaux, nous permettant de mieux comprendre ce milieu fragile et l’évolution de notre climat.
Pendant ce temps, et jusqu’en fin de soirée, nous profitons sans relâche de cette tempête de ciel bleu et de la magie de la banquise. Comme à l’accoutumée, cette journée se conclut par la présentation du programme du lendemain par Benjamin, notre chef d’expédition, accompagnée d’un récapitulatif des moments forts du jour, notamment l’arc-en-brume et le phoque barbu.
Ce matin, nous sommes sortis en zodiac plus tôt que d’habitude, vers 8h30, devant l’île de Phippsøya, à l’entrée de la baie d’Isflakbukta, la baie des glaçons. Malheureusement, la sortie a été écourtée : le vent soufflait fort, avec des rafales deux à trois fois plus puissantes que prévu, et la mer était très formée. Nous avons donc été contraints de rentrer à bord de l’Ocean Nova.
À 10h15, notre guide Antoine a donné une conférence passionnante sur le thème « Introduction à l’histoire du Svalbard ». Il y a abordé la découverte du Spitzberg par Willem Barents en 1596, l’époque des baleiniers, celle des trappeurs Pomors puis norvégiens, ainsi que la période d’exploitation minière, jusqu’à l’histoire contemporaine de l’archipel.
Dans l’après-midi, nous avons mis le cap vers le sud pour notre seconde sortie. Nous avons débarqué à l’extrême pointe sud de l’île, sur un site historique remarquable. Sur place, nous avons pu observer plusieurs géoglyphes, ces figures faites de pierres alignées au sol, qui commémorent des dates, des noms de bateaux ou des événements marquants.
Le plus ancien date de 1898. Il a été laissé par une expédition suédo-russe dont l’objectif était de prolonger vers le nord les mesures géodésiques réalisées en Laponie au XVIIIe siècle. Le choix du Svalbard s’expliquait par sa haute latitude (80° Nord), idéale pour étudier l’aplatissement de la Terre aux pôles. Cette expédition a démontré que la Terre est encore plus aplatie aux pôles qu’on ne le pensait à l’époque, posant ainsi les bases de la géodésie moderne. Ces résultats ont permis d’affiner les cartes mondiales et de fournir des repères essentiels aux systèmes de navigation actuels.
Le deuxième géoglyphe date de 1928. Il a été réalisé par deux navires, le Krassin et le Red Bear, partis à la recherche de l’Italia, le dirigeable d’Umberto Nobile disparu dans l’Arctique. Le troisième est une croix gammée, triste reflet de la Seconde Guerre mondiale, qui n’a pas épargné le Svalbard.
Nous avons ensuite repris les zodiacs pour rejoindre une petite baie. La plupart d’entre nous ont débarqué pour une belle marche menant à un superbe point de vue sur les îles Castrénøyane. Plusieurs options de randonnée étaient proposées : certains ont choisi un itinéraire plus court ou sont restés près de la plage, tandis que d’autres ont préféré une sortie en zodiac autour de l’île.
Notre journée s’est achevée par une troisième sortie en zodiac, cette fois dans l’Ekstremfjorden, où nous avons pu longer la glace de fjord encore formée. Dans une atmosphère paisible et sous une lumière douce de fin de journée, nous avons eu la chance d’observer de nombreux guillemots à miroir, posés ou en vol, évoluant dans un décor d’une grande quiétude. La mer était d’un calme absolu, un véritable miroir.
Au loin, sur le fjord encore partiellement gelé, plusieurs phoques étaient visibles, se reposant sur la glace. En toile de fond, le glacier Mikkel Revbreen complétait cette scène arctique majestueuse. Une sortie magnifique pour conclure une très belle journée.
Après une magnifique sortie hier soir devant la banquise du fjord de la Terre du Nord-Est, nous nous réveillons ce matin bien au-delà du 80e parallèle nord, face à une banquise hauturière, extrêmement dense et lumineuse. Une fois de plus, la météo est exceptionnelle : pas de vent, une visibilité quasi infinie.
Alors que nous sommes encore tous réunis pour le petit-déjeuner, notre équipe d’expédition nous informe qu’un ours a été aperçu, endormi sur un floe de banquise ! Ni une, ni deux, nous nous équipons chaudement et sortons sur les ponts extérieurs.
Le navire progresse prudemment à travers ce pack resserré. L’ours semble paisible. Au bout d’un moment, le plantigrade se lève et commence à marcher sur la glace. Mais rapidement, nous remarquons qu’un deuxième ours s’approche, apparemment bien décidé à le rejoindre. Nous observons la scène, bouche bée. Les deux ours finissent par se retrouver au cœur de cette étendue infinie de glace. Ils jouent, se dressent sur leurs pattes arrière et plongent dans l’eau pendant de longues minutes.
Un spectacle de nature d’une rare intensité, profondément émouvant. À travers ces rencontres privilégiées avec les seigneurs de la banquise, nous prenons pleinement conscience de la beauté saisissante de ce monde encore préservé.
Nous poursuivons ensuite notre navigation et repérons un troisième ours ! Lui aussi se repose sur une plaque de glace, plus loin, dans un pack très dense. Nous l’observons un moment aux jumelles avant de reprendre notre route, toujours sous un ciel aussi radieux.
En fin de matinée, Vincent nous propose une conférence passionnante, en deux parties (avant et après le déjeuner), consacrée à l’ours polaire et à son mode de vie. Pendant ce temps, notre navire d’expédition longe la banquise à la recherche d’autres rencontres. Et en milieu d’après-midi, nous avons la chance d’observer un quatrième, puis un cinquième ours, visibles aux jumelles. Ils sont assez éloignés, mais facilement repérables car en mouvement.
En fin de journée, nos guides nous réunissent dans le grand salon pour le briefing quotidien et le récapitulatif de cette incroyable journée. Ils évoquent notamment les géoglyphes aperçus hier à Chermsideøya, ainsi que les oiseaux de l’archipel, dont la célèbre mouette ivoire.
Ce soir, nous mettons cap au sud, en direction de Texas Bar, que nous atteindrons demain matin. Nous profitons encore de cette mer d’huile et de ce soleil éclatant… pour clore en beauté cette merveilleuse journée en Arctique.
En ce premier jour de juillet, nous nous réveillons dans le Liefdefjord, le fjord de l’amour. Notre équipe d’expédition nous invite à un débarquement à terre pour une marche sur le site de Texas Bar. Cette cabane construite par le célèbre trappeur Hilmar Nøis en 1927 (il y passera 35 hivers) est une curiosité dans ce paysage minéral. Nos guides nous expliquent l’histoire de ces trappeurs, aventuriers des temps passés, qui venaient en ces lieux pour capturer la faune locale et vendre les peaux de retour sur le continent.
Nous progressons sur une toundra resplendissante, la driade à huit pétales, d’un jaune bouton d’or, apporte de la gaieté et de la couleur au sol.
Notre guide Vincent nous propose une lecture de paysage, une histoire des temps géologiques se dévoile devant nous. Les roches granitiques vieilles de plus d’un milliard d’années côtoient des grès rouges de la période du Dévonien, âgés de 500 millions d’années. Cette rencontre est possible grâce aux mouvements tectoniques et à la présence d’une faille qui a fait remonter le bloc ancien du sous-bassement. Nous comprenons alors toute la puissance de la nature face à ce paysage magnifique, séparé par le glacier d’Ana qui est spectaculaire.
Pour couronner cette sortie passionnante, un furtif renard polaire nous fait l’honneur de sa présence ainsi qu’un couple de lagopèdes alpins, ces oiseaux mimétiques qui changent de couleur en hiver, seuls à ne pas migrer et à rester sur ces territoires en plein hiver arctique. Sur le retour vers l’Ocean Nova, un petit rorqual, baleine de petite taille, jaillit de l’océan pour se nourrir à deux reprises, voilà une superbe matinée polaire !
Pour le programme de l’après-midi, notre équipe d’expédition nous propose deux options : la première sera une marche dans la toundra du Bockfjord, le paysage qui nous entoure est saisissant, avec ce grès rouge du Dévonien qui est omniprésent, colorant les alentours d’un camailleu écarlate. Nous sommes au début de l’été et les fleurs se développent à grande vitesse pour un éclat de couleurs diverses et variées. Parmi lesquelles le violet de la silène acaule et de la saxifrage à feuilles opposées, le jaune des draves, le doré de la drïade à huit pétales et le blanc délicat de la cassiope tétragone, la bruyère de l’Arctique.
Nous cheminons jusqu’à des sources d’eau chaude, révélatrices de l’activité volcanique, la seule présente encore dans l’archipel.
L’ambiance est paisible, le temps radieux et le silence n’est interrompu que par les chants mélodieux des bruants des neiges qui nichent dans cette toundra à l’abri des pierriers. Un dernier groupe de courageux marcheurs atteint finalement un superbe point de vue après une centaine de mètres de dénivelé, pour une vue à 360° de ce Woodfjord et des glaciers alentours.
Un second groupe ne souhaitant pas marcher effectue une croisière en zodiac dans le Bockfjord. La quiétude et la tranquillité de cette flânerie sont propices à l’observation des différents groupes d’oiseaux marins, eiders à duvet, sternes arctiques et autres goélands bourgmestres.
La soirée se déroulera en face du glacier de Monaco, célèbre front de glace de l’archipel, qui tient son nom du Prince Albert Ier de Monaco qui a exploré la région en 1906-1907. Quel endroit rêver pour nous offrir sous un temps radieux, notre barbecue polaire. Tout le monde est réuni sur le pont extérieur pour une soirée en compagnie de ce majestueux glacier et de ses phoques qui se prélassent sur les glaçons dérivants ici et là. Un souvenir qui restera gravé dans nos mémoires.
Suite à notre barbecue polaire face au prestigieux glacier de Monaco, nous avons navigué de nuit et nous nous sommes réveillés dans le Raudfjorden, autrement dit le « fjord rouge ». C’est Willem Barents qui, en 1596, découvrit le Svalbard en arrivant par ce fjord, qu’il nomma ainsi en raison des nombreux oxydes de fer colorant les flancs des montagnes, offrant de saisissantes teintes rouge-bordeaux.
La première activité de la journée consistait en un débarquement sur le site d’Alicehamna, où se trouve une ancienne cabane de trappeur. Malgré les premières gouttes matinales, qui auraient pu nous décourager, nous nous sommes répartis en deux groupes pour partir à la découverte de la toundra. La balade qui a suivi fut exceptionnelle : une lumière fabuleuse baignait le paysage, et un panorama grandiose s’ouvrait devant nous, avec, au fond de la baie, l’Ocean Nova. Le ciel, légèrement assombri, faisait ressortir le bleu profond des glaciers. Tandis qu’un groupe restait à proximité de la plage, l’autre explorait les hauteurs. De nombreuses espèces d’oiseaux ont été observées : lagopède alpin, bruant des neiges, eider à duvet, harelde boréale et plongeon catmarin.
Cette exploration a occupé toute la matinée, tant il y avait à voir, à observer et à photographier.
L’après-midi, l’Ocean Nova est au mouillage à l’entrée de la baie d’Hamilton, dans un décor arctique saisissant. Sous une lumière toujours changeante, les tons sombres des montagnes, les neiges persistantes et les glaces bleu pâle composent un tableau typique du Spitzberg, à la fois brut et silencieux.
Nous partons en zodiacs et apercevons rapidement deux rennes sur une zone de toundra ; l’un d’eux avance lentement dans le relief. Leurs bois sont encore recouverts de velours.
Nous mettons ensuite le cap sur le glacier d’Hamilton, alimenté par la calotte glaciaire de la Terre Albert Ier. Le front du glacier, haut de 40 à 70 mètres, forme un impressionnant mur de glace, strié et fissuré, d’où se détachent parfois d’imposants blocs dans un grondement sourd. C’est face à cette majesté silencieuse, depuis nos zodiacs, que l’équipe d’expédition nous offre un toast au champagne : un moment d’émotion, de beauté et de communion avec le lieu, gravé à jamais dans nos mémoires.
En longeant la côte, nous arrivons à une falaise animée par la vie : guillemots de Brünnich, guillemots à miroir et mouettes tridactyles y nichent par milliers. Leurs cris résonnent contre la roche, et le va-et-vient incessant entre la mer et la falaise témoigne de la vitalité de cette colonie.
Alors que nous scrutons les pentes à la recherche d’un éventuel renard arctique, Benjamin nous signale un ours polaire, visible sur un flanc de falaise, dans la toundra. L’animal avance lentement dans notre direction. Nous l’observons durant une trentaine de minutes, le voyant passer de la roche à un névé, manifestement en quête de nourriture. Il semble attiré par les odeurs émanant de la colonie d’oiseaux. Cette observation, à la fois forte et totalement inattendue, restera l’un des grands moments de la journée.
De retour à bord, nous assistons à un briefing sur le programme du lendemain, suivi d’une conférence d’Élodie sur la géomorphologie du Spitzberg. Elle nous permet de mieux comprendre la formation de ces paysages : un territoire sculpté par les glaciations, les soulèvements tectoniques et l’érosion, où chaque vallée, chaque strate, raconte une histoire géologique de plusieurs centaines de millions d’années.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
ça a l’air super et magnifique, c’est chouette d’avoir de vos nouvelles! ici tout va bien
gros becs à tout le monde,
Elena
Profitez et vivement le retour pour pouvoir profitez des photos et résumés. Bises. Noëlle
Mille mercis pour vos partages quotidiens. C’est fantastique de pouvoir suivre l’expedition de mon pere (Rene) et de sa femme (Silvia) avant qu’ils nous racontent leur aventure au Spitzberg.
Bonne fin de voyage a tous,
Patrick
Super! Ça a l’air magnifique! Bonjour de New York où il fait légèrement plus chaud 🤣
Merci pour ces récits documentés. L’aventure a l’air extraordinaire. Salutations de la Suisse où les températures caniculaires nous font fondre….
Un grand merci à tous
Et félicitations aux guides pour leur implication
Et bravo Benjamin d’avoir fait de ce voyage une expérience exceptionnelle.
À bientôt
Voyage absolument extraordinaire ! Avec une équipe accueillante, dévouée et qualifiée. On ne s’est pas ennuyé une minute, on a vu des paysages et des animaux merveilleux. Tout était parfait.
Le voyage d’une vie !