Xavier Allard
Arctique
15 octobre
24 octobre 2025
Xavier Allard
Arctique
Aujourd’hui, c’est le grand départ pour la Norvège ! Nous prenons l’avion en direction d’Ålesund, où l’aventure commence enfin. Nous arrivons en fin d’après-midi et sommes accueillis par notre guide, Xavier, à bord du bateau le Nanook. Peu après notre installation, nous partons pour une première visite de cette charmante petite ville norvégienne, réputée pour son architecture Art nouveau.
Nous suivons Xavier à la découverte des principaux monuments et bâtiments richement décorés. En remontant Kongens gate, il nous apprend qu’un terrible incendie a ravagé la ville en 1904 : près de 850 maisons ont brûlé. C’est à la suite de cette tragédie que la ville a été entièrement reconstruite dans un style Art nouveau, très en vogue à l’époque.
Fait surprenant : cette reconstruction a été en partie soutenue par l’empereur allemand Guillaume II (Kaiser Wilhelm II), grand admirateur des paysages norvégiens, qu’il visitait régulièrement à bord de son yacht impérial. Très attaché à la Norvège, il envoya une aide financière et technique après l’incendie. En remerciement, plusieurs bâtiments et rues lui rendent encore hommage aujourd’hui. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles l’Art nouveau allemand a fortement influencé l’esthétique de la ville. Xavier nous parle également de la vie actuelle à Ålesund, qui compte environ 58 000 habitants.

Certains du groupe, arrivés plus tôt, sont montés jusqu’au point de vue qui domine la ville et les îlots alentour. Dans le parc, nous découvrons la statue de Rollon, un célèbre chef viking originaire de cette région. C’est lui qui, après avoir mené plusieurs expéditions en France, obtint en 911 le duché de Normandie, devenant ainsi le premier duc de Normandie.
Fait passionnant : Rollon est l’ancêtre de Guillaume le Conquérant, le célèbre duc de Normandie qui devint roi d’Angleterre en 1066 après la bataille de Hastings. À ne pas confondre avec Guillaume II, le Kaiser allemand, évoqué plus tôt !

Après cette belle introduction à Ålesund, entre histoire locale et héritages européens, nous nous retrouvons tous à bord du Nanook pour une présentation de l’équipage et plusieurs briefings en vue de notre départ vers le fjord de Geiranger.
Nous passons à table, puis profitons de la soirée pour nous installer tranquillement dans nos cabines.
Ce matin, nous nous réveillons au cœur du fjord de Geiranger, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le paysage est saisissant : un calme absolu règne sur l’eau, dominée par les montagnes aux sommets fraîchement saupoudrés de neige.
Après le petit-déjeuner à bord du Nanook, nous débarquons pour partir à la découverte de ce petit village isolé. En longeant la côte, nous découvrons d’anciens hangars de pêche, témoins d’un passé rude. Ils évoquent la vie difficile des familles qui vivaient ici au XIXe siècle, dans un isolement profond et soumis aux forces de la nature.
Nous entamons ensuite une randonnée le long de la rivière, tumultueuse de Sorfossen. Les points de vue se succèdent, dévoilant à chaque détour des panoramas exceptionnels sur le fjord et les sommets alentours, blanchis par les premières neiges de l’automne. Arrivés au sommet, c’est un tableau grandiose qui s’offre à nous. En contrebas, le Nanook paraît minuscule, flottant paisiblement au cœur de cet immense fjord.

En chemin, Xavier attire notre attention sur quelques petites fermes d’altitude encore en activité, perchées sur les versants. Ces exploitations traditionnelles, souvent tenues par la même famille depuis des générations, élèvent principalement des chèvres. Leur lait est utilisé pour fabriquer un fromage très typique de la région : le Brunost, littéralement « fromage brun ».
Ce fromage, à la couleur caramel et au goût légèrement sucré, est produit en faisant cuire lentement le petit-lait jusqu’à ce qu’il caramélise. Le résultat est un fromage dense, au goût unique, que les Norvégiens dégustent souvent en fines tranches sur du pain ou des gaufres.
Nous visitons ensuite le centre d’interprétation du Geirangerfjord, où un petit film nous présente la richesse de ce site naturel unique, classé à l’UNESCO. Sous les explications de Xavier, notre guide, nous parcourons plusieurs salles retraçant l’histoire humaine et naturelle du fjord sur près de 200 ans. On y découvre également des expositions sur la géologie locale, la faune, et la manière dont les habitants se sont adaptés à ce territoire spectaculaire mais exigeant.
Sur le chemin du retour, nous faisons un arrêt près de la petite église en bois, simple et paisible, avant de rejoindre le bateau pour le déjeuner.
L’après-midi, le soleil tant attendu perce enfin les nuages, révélant toute la beauté automnale des pentes du fjord : les teintes rougeoyantes, dorées et cuivrées illuminent le paysage.
Nous embarquons à bord des zodiacs pour une sortie au plus près des falaises. C’est un moment magique : les cascades se succèdent le long des parois, dévalant des hauteurs vertigineuses. Parmi elles, les célèbres chutes du Prétendant et les Sept Sœurs, qui scintillent sous les rayons du soleil, parfois couronnées d’un arc-en-ciel. Un spectacle naturel à couper le souffle.

Nous zigzaguons entre les cascades, admirant de tous côtés l’incroyable relief du fjord de Geiranger, sculpté par les glaciers il y a des milliers d’années.
De retour sur le Nanook, nous profitons d’un moment de détente dans le salon panoramique ou sur la passerelle extérieure, entourés des sommets enneigés qui se reflètent dans l’eau sombre et calme du fjord. Nous passons devant le village de Hellesylt, blotti au pied des montagnes, qui semble tout droit sorti d’un conte nordique.
À 18 h, Xavier nous retrouve pour une conférence passionnante sur la Norvège. Il aborde des sujets variés : la géologie du pays façonné par les glaciers, l’histoire des Vikings, et les différents traités politiques qui ont forgé l’identité norvégienne moderne.
La journée se termine dans une ambiance chaleureuse : nous célébrons le début de cette aventure avec un verre de bienvenue, avant de passer à table pour le dîner. Nous naviguerons toute la nuit en direction de l’ile de Grip.
Après une nuit bien agitée par la tempête au large, nous atteignons les abords de l’île de Grip. Malheureusement, les conditions météorologiques difficiles empêchent le Nanook de s’en approcher : la houle est trop forte, et l’accès n’est pas sécurisé.
Le Nanook poursuit donc sa route vers le nord en empruntant le passage intérieur, un itinéraire protégé qui serpente entre les îles côtières. Ce passage, abrité des vents et des vagues du large, est aussi utilisé par l’Hurtigruten, le célèbre express côtier qui relie quotidiennement les villes du littoral norvégien depuis plus d’un siècle. Naviguer dans ce réseau d’îlots et de fjords nous offre une traversée plus paisible et des paysages spectaculaires.
Après un bon petit-déjeuner, nous profitons de cette navigation tranquille, alors que quelques rayons de soleil percent à travers les nuages, illuminant les îles environnantes avec douceur.
En milieu de matinée, Xavier nous convie à une conférence passionnante sur les courants marins, en particulier sur la circulation thermohaline. Ce phénomène global, parfois surnommé le « tapis roulant de l’océan », est un moteur essentiel du climat terrestre. Il s’agit d’un immense système de courants océaniques qui transporte chaleur, sel, nutriments et carbone à travers tous les océans du globe. La Norvège est directement influencée par ces courants, notamment par la dérive nord-atlantique, qui adoucit son climat malgré sa latitude élevée. Nous découvrons ainsi comment les mouvements de l’eau à l’échelle planétaire jouent un rôle crucial dans la régulation des écosystèmes marins et du climat mondial.
Après le déjeuner, nous débarquons pour une visite de Trondheim, troisième plus grande ville de Norvège, fondée en 997 par le roi viking Olaf Tryggvason. Ancienne capitale du pays jusqu’au Moyen Âge, Trondheim reste un haut lieu culturel et spirituel.
Nous remontons la rivière Nidelva en zodiac et accostons directement au cœur du centre-ville. Xavier nous guide dans les ruelles historiques, puis le long des quais colorés, bordés d’anciens entrepôts en bois, aujourd’hui réhabilités en logements et cafés. Ces bâtiments sur pilotis, aux teintes rouges, jaunes et ocres, offrent un cadre très photogénique. Nous visitons le quartier de Bakklandet qui nous plonge dans une atmosphère pittoresque avec ses ruelles pavées et ses maisons en bois colorées.

Nous poursuivons notre balade jusqu’aux jardins de la cathédrale de Nidaros, puis admirons cette impressionnante cathédrale gothique, construite en pierre — une rareté en Norvège, où le bois domine traditionnellement. Haut lieu de pèlerinage, elle abrite le tombeau de Saint Olaf, roi et saint patron du pays.

En fin d’après-midi, après avoir découvert encore quelques bâtiments typiques et points de vue sur la ville et la rivière, nous regagnons le Nanook. Le navire met ensuite le cap vers le nord, poursuivant sa route dans les eaux abritées du passage intérieur, à la manière des bateaux de l’Hurtigruten, vers de nouvelles découvertes le long de la côte norvégienne.
Après une nuit encore bien agitée par la houle venue du large, c’est à 8h que Xavier, notre guide, nous transmet les conditions météo du jour. Le navire poursuit sa route à travers les eaux norvégiennes, et ce matin, nous naviguons devant Torghatten, une montagne emblématique percée d’un trou naturel de part en part. Cette formation géologique spectaculaire a été sculptée par les glaciers pendant l’ère glaciaire. Elle semble irréelle, telle une porte dans la roche.
Nous passons une bonne partie de la journée à naviguer dans le passage intérieur, un itinéraire maritime protégé qui serpente entre les îles. Les paysages défilent lentement : forêts denses, fjords profonds, montagnes aux sommets arrondis. À l’abri de la houle du large, notre progression est paisible, presque méditative. La lumière automnale filtre à travers les nuages, créant des reflets dorés sur l’eau.

En fin de matinée, Xavier nous propose une conférence passionnante sur l’adaptation de la vie au froid, dans les milieux polaires et alpins.Nous apprenons que de nombreux animaux ont développé des stratégies incroyables pour survivre dans ces environnements extrêmes. Le renard polaire possède une fourrure dense et change de couleur selon les saisons, passant du brun au blanc pour se camoufler. L’ours polaire, véritable géant du Nord, est protégé par une épaisse couche de graisse et une peau noire sous son pelage blanc, qui capte la chaleur solaire. Certains poissons arctiques produisent des protéines antigel qui empêchent leur sang de geler, même dans des eaux à température négative.
En poursuivant notre route vers le nord, nous passons au pied de la célèbre montagne des Sept Sœurs, située près de la ville de Sandnessjøen. Ce massif est composé de sept sommets alignés, dont le plus haut culmine à 1 072 mètres. Selon la légende norvégienne, ces montagnes représentent sept sœurs trolls qui, tentant de fuir un prétendant, furent transformées en pierre au lever du soleil.
Vers 16h30, nous franchissons un moment symbolique : le cercle polaire arctique, situé précisément à la latitude 66° 33′ 48″ Nord. Ce parallèle marque la limite au-delà de laquelle, au solstice d’été, le soleil ne se couche pas, et au solstice d’hiver, il ne se lève pas. Une sphère installée sur une petite île, que l’on appelle parfois l’île des Vikings, marque ce point mythique. Nous prenons le temps d’admirer ce repère géographique, dans le calme et le vent frais du large. C’est une étape marquante, qui renforce l’impression de voyager vers un monde à part, aux confins du Nord.

En fin d’après-midi, le navire jette l’ancre pour permettre une excursion à terre. Nous partons pour une balade en direction du glacier de Svartisen, l’un des plus célèbres de Norvège. Le sentier nous conduit d’abord le long de la côte, puis à travers une forêt dense et mystérieuse, où les troncs recouverts de mousse semblent sortis d’un conte nordique. Nous débouchons ensuite devant un grand lac glaciaire aux eaux vert-gris, dont la surface est partiellement agitée par le vent. Sur l’autre rive, se dresse le glacier Engabreen, l’une des langues du Svartisen, deuxième plus grande masse glaciaire du pays avec ses 370 km². Ce glacier est unique : il descend jusqu’à seulement 20 mètres au-dessus du niveau de la mer, un record pour un glacier continental en Europe.

Son bleu profond, ses crevasses marquées, et le contraste avec les roches sombres environnantes créent un tableau saisissant. Le glacier émet parfois des craquements sourds, rappelant qu’il est bien vivant. Témoin silencieux du passé glaciaire de la planète, mais aussi du réchauffement climatique actuel, sa lente fonte interpelle.
À la nuit tombée, nous regagnons le navire. La lumière s’éteint sur les montagnes et les fjords, tandis que les étoiles commencent à poindre. Nous partageons un dîner chaleureux à bord, évoquant les paysages du jour, la force des éléments, et la beauté brute du Nord. Le navire met ensuite le cap vers les îles Lofoten, archipel sauvage que nous atteindrons demain matin. La promesse d’une nouvelle journée d’exploration dans les terres boréales.
Après le petit-déjeuner, nous partons pour découvrir l’un des plus beaux endroits des îles Lofoten : la région de Reine. Le ciel est couvert, mais les nuages restent au-dessus des sommets, et un vent léger souffle par rafales, dégageant parfois le paysage. Nous embarquons à bord des zodiacs, cap vers Reine.
À l’approche du village, nous découvrons les rorbuer, ces anciennes cabanes de pêcheurs sur pilotis, aujourd’hui souvent transformées en hébergements traditionnels. Leurs façades rouges, jaunes ou blanches tranchent magnifiquement avec les eaux sombres du fjord et les montagnes abruptes qui les encerclent. Reine est souvent qualifié de plus beau village de Norvège, et à juste titre : il est situé sur une langue de terre entourée de pics spectaculaires, au cœur de paysages marins parmi les plus photogéniques du pays. Depuis plus d’un siècle, il attire peintres, photographes et voyageurs venus chercher l’essence du Grand Nord norvégien.

Nous poursuivons notre navigation vers le Kirkefjord. En plein cœur du fjord, le spectacle est saisissant. De hautes montagnes abruptes plongent dans la mer sombre, comme si elles jaillissaient tout droit des profondeurs. Ici et là, quelques hameaux isolés sont blottis contre les roches, défiant les éléments. Dans le calme du fjord, nous avons la chance d’observer deux aigles pêcheurs qui planent au-dessus de l’eau, tout proches de notre zodiac. Leur envergure, leur majesté, ajoutent encore à la magie du lieu.
Nous accostons ensuite sur un petit quai flottant de l’île d’Olenilsøya. De là, une randonnée nous mène au sommet de l’île. Rapidement, nous prenons de l’altitude, et peu à peu, les paysages environnants se révèlent. Arrivés au sommet, l’effort est largement récompensé : une vue à couper le souffle s’ouvre devant nous. Les montagnes tombent à pic dans les fjords, des îlots parsèment l’eau, chacun portant un petit village ou quelques rorbuer colorées. Derrière nous, le Vestfjord s’étend à l’infini, avec en toile de fond les Alpes de Bodø, blanches, lointaines, presque irréelles. Nous restons là un moment, à profiter du silence, du vent, de la beauté brute du lieu.
La descente nous ramène aux zodiacs, et nous reprenons la mer en direction du village de Hamnøy. Le fjord devient plus étroit, bordé de falaises et de maisons en bois, et chaque virage dévoile un nouveau décor digne d’une carte postale. Il est déjà temps de retourner au navire, le temps a filé sans que nous nous en rendions compte.
Après une courte navigation, nous accostons dans le Nusfjord. Le village, classé monument historique norvégien, est figé dans le temps. Nous partons à pied à sa découverte. Les maisons, toutes en bois, conservent l’âme des anciens pêcheurs de morue. Le village semble encore habité par leur mémoire. Nous faisons halte à plusieurs points de vue d’où nous pouvons admirer le port, les rorbuer, les bateaux traditionnels. Chaque recoin raconte une histoire.

Nous flânons dans les petites rues du village jusqu’à un second promontoire, d’où nous découvrons d’autres cabanes de pêcheurs, certaines sur pilotis, posées au bord de l’eau. À proximité, un petit musée retrace la vie des pêcheurs de Nusfjord, leur quotidien rude et rythmé par la mer et les saisons. Certains d’entre nous s’attardent dans le café du village, où règne une ambiance chaleureuse. L’odeur des pâtisseries à la cannelle emplit la pièce, et on se laisse volontiers tenter par un moment de douceur.
À la nuit tombée, nous remontons à bord du Nanook. Le navire met le cap vers Henningsvær. Xavier nous convie à une conférence sur la mythologie nordique. Nous plongeons dans l’univers d’Odin, Thor, Loki et des légendes anciennes qui peuplent encore l’imaginaire scandinave. Le panthéon nordique, avec ses dieux puissants et ses créatures fantastiques, nous captive.
Après le dîner, un dernier moment magique vient clore cette journée déjà bien remplie. Le ciel se couvre peu à peu d’une lumière verte, mouvante. Une aurore boréale danse au-dessus de nous. Par vagues, elle s’intensifie, s’étire, se transforme. C’est une chorégraphie silencieuse, hypnotique, comme un chant de lumière dans la nuit arctique. Nous restons là, immobiles, à contempler ce spectacle venu d’un autre monde.
Après le petit déjeuner, nous embarquons en zodiac pour découvrir le village d’Henningsvær, surnommé la Venise des Lofoten. Ce charmant village de pêcheurs est réparti sur plusieurs petites îles reliées entre elles par des ponts. Nous pénétrons dans un chenal étroit bordé de maisons et de hangars en bois perchés sur pilotis, semblant flotter entre mer et montagne. Nous débarquons sur le quai et partons à la découverte du village, guidés par les explications de Xavier. En zigzaguant entre les bâtiments, nous observons la vie locale : un pêcheur s’affaire à réparer son bateau avant la saison de la morue, tandis que des ouvrières préparent les longues lignes de pêche. Le village vit toujours au rythme du stockfish, cette morue séchée suspendue sur de grands séchoirs en bois à ciel ouvert, une tradition ancienne qui perdure et fait la renommée des Lofoten dans toute l’Europe.

Notre promenade nous mène jusqu’au célèbre terrain de football d’Henningsvær, perché sur un minuscule îlot rocheux au bord de l’océan. Ce stade atypique est devenu une icône visuelle, souvent photographié par drone. Nous montons ensuite jusqu’au point de vue qui nous offre un magnifique panorama sur les montagnes escarpées, les eaux turquoise et les îlots environnants. En redescendant vers le centre du village, nous savourons la quiétude du lieu, bercés par la lumière douce de l’automne et l’odeur saline de la mer.
De retour sur le Nanook, nous déjeunons à bord tandis que le navire met le cap vers Skrova, toujours sous un beau soleil automnal. À notre arrivée, nous repartons en zodiac pour explorer cette petite île de 180 habitants. Autrefois un haut lieu de la chasse à la baleine en Norvège, Skrova conserve encore quelques vestiges de cette époque révolue : on aperçoit d’anciens lances-harpons rouillés exposés sur des terrasses. Xavier nous explique qu’aujourd’hui, l’économie locale repose essentiellement sur l’élevage de saumon. Une usine de transformation expédie chaque semaine des tonnes de poisson vers l’Europe et l’Asie, en camions ou avion frigorifiques. Nous poursuivons notre navigation au pied du phare de Skrova, construit en 1922, toujours actif et perché sur un promontoire rocheux battu par les vents. Le cadre est idyllique, presque irréel. En glissant entre les îlots, nous avons la chance d’observer plusieurs aigles pêcheurs planer lentement au-dessus des flots.

Nous débarquons ensuite sur une superbe plage au sable blanc et fin. Ce sable n’est pas du sable ordinaire : il s’agit de fragments de corail arrachés au large des Lofoten par les tempêtes, puis transportés et déposés ici par les courants marins. Le site dégage une atmosphère sauvage et poétique, accentuée par la lumière rasante du soleil déclinant.

Alors que le ciel se pare de teintes roses et orangées, le Nanook reprend la mer en direction de Svolvær. Située sur l’île d’Austvågøya, Svolvær est la plus grande ville de l’archipel avec environ 5 000 habitants. C’est le cœur économique et culturel des Lofoten, et le contraste avec les villages visités précédemment est saisissant. Ici, l’architecture est moderne, épurée, parfois audacieuse, avec des bâtiments en bois sombre, des façades vitrées et des hôtels design qui bordent les quais. Nous flânons dans les rues de la ville, longeons le port. En fin de journée, nous nous installons dans un petit pub aux couleurs des pêcheurs locaux, pour boire un verre dans une ambiance chaleureuse et conviviale. La ville semble plus animée que les villages traversés jusque-là, mais conserve malgré tout une certaine douceur de vivre nordique. Il est temps de regagner le bateau pour le dîner, la tête pleine d’images et le cœur déjà nostalgique de ces lieux hors du temps.

Ce matin, nous quittons le port de Svolvær et mettons le cap sur le Rafsundet, un long et étroit chenal qui coupe l’archipel des Lofoten en deux. Ce passage spectaculaire, aux eaux calmes bordées de montagnes abruptes, est un exemple parfait de la géographie tourmentée et sauvage du Nord de la Norvège. En naviguant, nous croisons plusieurs élevages de saumons — une activité essentielle pour l’économie locale. Peu à peu, la lumière du jour monte à l’horizon et commence à colorer les reliefs d’une douce lumière dorée.
Après un petit déjeuner copieux, nous embarquons à bord du zodiac pour explorer le célèbre Trollfjord, un bras latéral du Raftsundet, réputé pour sa beauté spectaculaire. Long de seulement 2 km et large de 100 mètres à son entrée, il est bordé de falaises vertigineuses atteignant plus de 300 mètres. C’est un fjord étroit et impressionnant, souvent inaccessible aux grands navires. Son nom évoque la mythologie nordique : on raconte que des trolls vivraient dans ces montagnes. Certains pêcheurs disent encore entendre des bruits étranges provenant des profondeurs du fjord…
En longeant les parois rocheuses, nous avons la chance d’apercevoir plusieurs aigles pêcheur (ou pygargues à queue blanche), dont l’envergure peut dépasser 2,40 mètres. Nous débarquons ensuite sur un petit quai et grimpons en hauteur pour contempler le panorama exceptionnel.
Nous poursuivons notre navigation vers une petite baie sauvage, où la forêt de conifères descend jusqu’aux rives. Les sommets environnants, déjà enneigés, accentuent le contraste saisissant entre mer, bois et montagne. Nous débarquons sur une plage de galets, puis montons jusqu’à un lac partiellement gelé, niché entre les crêtes.

Sur le retour, nous avons la surprise de rencontrer plusieurs phoques communs. Ces mammifères marins, aussi appelés phoques veaux-marins, vivent souvent en petits groupes. Curieux, certains s’approchent des zodiacs et jouent à tourner autour de nous. Leur tête ronde aux grands yeux sombres semble nous observer avec amusement.
La balade se termine par la découverte d’un hameau traditionnel, blotti au pied des montagnes. Les maisons rouges et blanches, typiques de la Norvège, reflètent une harmonie parfaite avec le paysage. Une véritable carte postale vivante.

De retour à bord, notre navire reprend sa route vers le nord du Rafsundet, offrant une navigation spectaculaire dans ce couloir étroit, parfois réduit à quelques centaines de mètres de chaque côté. Le contraste entre l’immensité des montagnes et l’étroitesse du passage crée une atmosphère à la fois majestueuse et intime.
L’après-midi est consacré à la découverte de l’Ingelfjord. Nous débarquons sur l’île de Sandøy, surnommée l’île de sable pour ses magnifiques plages blanches. Après une courte ascension, nous découvrons un superbe panorama sur les archipels de Lofoten et de Vesterålen.

En reprenant les zodiacs, nous croisons un groupe de marsouins communs, petits cétacés discrets souvent confondus avec les dauphins. Moins joueurs, ils nagent par deux ou trois, faisant de brefs sauts. On distingue leur nageoire dorsale triangulaire lorsqu’ils percent la surface, et on entend parfois leur souffle, discret et rapide.
Nous poursuivons vers le fond du fjord, recouvert d’une fine couche de banquise. Nous coupons les moteurs pour écouter le silence et les craquements de la glace sous le zodiac. L’instant est hors du temps. Nous atteignons ensuite une baie tranquille où la mer est un véritable miroir. Les montagnes, les maisons, et même les nuages s’y reflètent si nettement qu’il devient difficile de distinguer le ciel de l’eau.

De retour sur le bateau, Xavier nous invite à assister à une conférence passionnante sur les aurores boréales. Ces phénomènes lumineux, provoqués par la collision entre des particules solaires et l’atmosphère terrestre, peignent le ciel de voiles verts, violets et parfois rouges. Les Lofoten, situées bien au nord du cercle polaire, sont un des meilleurs endroits pour les observer entre septembre et avril.
Avant le dîner, nous trinquons à cette journée exceptionnelle passée sous le soleil, au cœur de la magie des Lofoten, entre fjords, glace, faune marine et paysages de rêve.
Mercredi 22 octobre – Fosse de Bleik – Andenes
Durant toute la nuit, le bateau a été bercé par la houle du large pendant notre navigation vers le nord des Vesterålen.
Au petit matin, nous nous trouvons au large, au-dessus de la fosse de Bleik, une impressionnante dépression sous-marine qui plonge jusqu’à plus de 1000 mètres de profondeur. C’est l’une des fosses les plus profondes de la Norvège, connue pour sa richesse en nutriments et sa biodiversité exceptionnelle. Ces eaux froides et profondes abritent notamment les cachalots, qui viennent ici se nourrir de calmars géants, ainsi que d’autres mammifères marins comme les orques, les dauphins à bec blanc et parfois les baleines à bosse.
Nous scrutons la surface de l’eau à la recherche d’un souffle. Le vent est fort, les rafales blanchissent la mer et les vagues rendent l’observation difficile.
Soudain, Xavier annonce : « Souffle à bâbord ! » — c’est un cachalot ! Nous avons à peine le temps de sortir que le colosse d’environ 15 mètres sonde lentement avant de disparaître dans les abysses. Sa queue, massive et sombre, s’élève un instant avant de s’engloutir dans la mer.
Un second souffle est signalé, le bateau manœuvre, mais le scénario se répète : l’animal disparaît rapidement. Nous poursuivons nos recherches, mais les conditions sont rudes et les géants des mers préfèrent rester invisibles aujourd’hui.
Nous mettons ensuite le cap sur Andenes, à l’extrême nord de l’île d’Andøya. Ce petit port de pêche d’un peu plus de 2 000 habitants vit au rythme de la mer et du vent. Jadis entièrement tourné vers la pêche, Andenes est aujourd’hui aussi connue pour son Whale Center, dédié à l’étude et à la protection des cétacés. Après une matinée agitée, nous profitons du calme du port pour déjeuner à bord.
L’après-midi, nous partons visiter la ville.
Nous découvrons la vie quotidienne des Norvégiens, loin des grands circuits touristiques. Le centre est paisible, bordé de maisons en bois colorées, et nous visitons une église typiquement norvégienne, au style sobre et chaleureux, toute en bois clair.
Nous marchons ensuite jusqu’au grand phare d’Andenes, construit en 1859, qui domine la côte de ses 40 mètres. De là-haut, la vue sur la mer de Norvège est saisissante. Nous marchons sur une belle plage le long de la cote déchiquetée sous les lumières du soir maintenant La lumière décroît rapidement à cette saison : ici, on perd environ quinze minutes de soleil par jour à l’approche de la nuit polaire.
De retour au bateau, Xavier nous invite à une conférence sur les mammifères marins. Il nous parle de leur incroyable adaptation à la vie aquatique : leurs poumons capables de supporter la pression, leurs réserves d’oxygène, et leurs techniques de chasse en profondeur. Nous apprenons que le cachalot peut plonger à plus de 2000 mètres et rester en apnée plus d’une heure à la recherche de calmars géants.
En soirée, nous partageons un moment convivial autour de produits typiquement norvégiens : du kaviar, une pâte de poisson salée au goût puissant, souvent dégustée sur du pain beurré ; du brunost, un fromage brun légèrement sucré, à base de petit-lait caramélisé, emblème de la Norvège de la morue séchée (tørrfisk), héritage ancestral des pêcheurs des Lofoten et même de la réglisse au sel, une friandise surprenante très appréciée des Norvégiens.
C’est à 21h que le bateau reprend sa route, glissant dans la nuit arctique en direction de Tromsø.
Nous voici arrivés à Tromsø, la « capitale de l’Arctique ». Située à 350 km au nord du cercle polaire, la ville s’étend sur plusieurs îles reliées entre elles par des ponts et des tunnels sous-marins. Entourée de montagnes aux sommets enneigés et bordée par le fjord, Tromsø est à la fois un centre culturel animé, un point de départ des expéditions polaires historiques, et un haut lieu de la recherche scientifique.
Après le petit déjeuner, nous partons en direction du téléphérique Fjellheisen, qui nous conduit au sommet du mont Storsteinen, à environ 421 mètres d’altitude. De là-haut, la vue est spectaculaire : le chapelet d’îles, les chenaux, les montagnes qui plongent dans la mer, et l’île principale de Tromsøya, où s’étend la ville. On distingue les deux ponts qui relient l’île au continent et à l’île de Kvaloya — dont le grand pont de Tromsø, long d’un kilomètre — ainsi que l’aéroport, que nous utiliserons demain pour notre retour.
Nous redescendons ensuite pour visiter la célèbre Cathédrale Arctique, située dans le quartier de Tromsdalen. Construite en 1965 par l’architecte Jan Inge Hovig, elle est considérée comme un chef-d’œuvre de l’architecture moderne norvégienne. Sa forme triangulaire évoque à la fois les icebergs et les montagnes arctiques. À l’intérieur, la lumière traverse d’immenses vitraux bleutés qui symbolisent la foi et la pureté du Grand Nord. Son grand vitrail, ajouté en 1972, représente le Christ ressuscité et baigne le chœur d’une lumière presque mystique.
Nous regagnons le navire à pied en traversant le grand pont de Tromsø : une belle promenade aérienne d’un kilomètre, suspendue entre mer et ciel, avec en contrebas le fjord.
L’après-midi, nous retrouvons Xavier pour une visite guidée du centre-ville. Tromsø séduit par son mélange unique de maisons en bois colorées du XIXe siècle et de bâtiments contemporains. Nous passons devant la statue de Roald Amundsen, célèbre explorateur polaire norvégien, le premier à atteindre le pôle Sud en 1911, dont Tromsø fut souvent le port de départ. Nous découvrons également la bibliothèque municipale, à la toiture en verre inspirée des aurores boréales, la cathédrale en bois de 1861 – la seule cathédrale protestante en bois de Norvège – et la rue piétonne Storgata, où les trottoirs sont chauffés pour éviter la formation de glace en hiver.
Notre promenade se termine au monument des baleiniers, souvenir de l’époque où Tromsø vivait en grande partie de la chasse à la baleine, puis nous visitons le Polarmuseet.
Installé dans un ancien entrepôt en bois datant de 1830, sur le vieux port, ce musée retrace l’histoire fascinante de la chasse arctique et des expéditions polaires. On y découvre la vie rude des trappeurs, les expéditions d’Amundsen et de Nansen, les instruments de navigation anciens, et même les traîneaux et équipements utilisés lors des explorations du Spitzberg et du Groenland. Sous les explications passionnées de Xavier, ces récits d’aventure prennent vie : on imagine les explorateurs affrontant le froid, les tempêtes et la banquise dans leur quête du Nord extrême.
Nous profitons ensuite d’un peu de temps libre pour flâner dans les boutiques du centre, entre pulls en laine, artisanat sami et spécialités nordiques.
À 19h30, nous nous retrouvons pour un verre d’au revoir, accompagné d’une projection de photos préparée par Xavier, retraçant notre magnifique périple dans les Vesterålen et les fjords du Nord. Les images de baleines, de lumières dorées et de paysages glacés éveillent une douce nostalgie.
La soirée se termine autour d’un excellent dîner à bord, dans une ambiance chaleureuse et amicale.
C’est avec un pincement au cœur que nous quittons le Nanook, après cette belle croisière le long des côtes norvégiennes.
Nous remercions l’équipage pour leur gentillesse et notre guide pour sa passion communicative.
Un dernier regard vers Tromsø, ses lumières blanches se reflétant sur le fjord, avant de prendre la route de l’aéroport.
Le voyage s’achève, mais les images du Grand Nord resteront longtemps gravées dans nos mémoires : la mer, les montagnes, les villages de pêcheurs et cette lumière arctique si unique.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Quel plaisir de lire ce compte rendu journalier !
Merci à Xavier pour ce beau reportage.
Quel plaisir de voir que tout se passe bien et que vous bénéficiez de conditions idéales pour découvrir les Lofoten
On voyage avec vous à travers le carnet de bord
Notre retour à la maison s’est avéré judicieux et justifié
En effet, après avoir été chez le médecin, il s’avère que Jean-Pierre souffre d’un tassement de vertèbres et d’une fissure du bassin suite à sa chute à Bergen et sa rechute sur le bateau pendant la nuit agitée 🥴
Pas de regrets donc
On vous souhaite de belles aurores boréales et une toute belle fin de voyage
Avec toute notre amitié
Merci de nous faire voyager et partager ce merveilleux voyage. Les Lofoten sont un de mes rêves..
Bonjour à tout les passagers mais spécialement Nicole et Jean 😘