
Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
11 mai
23 mai 2025
Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
Grégory Pol
Arctique
Certaines photos photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Ce 11 mai, nous sommes prêts pour la grande aventure polaire : nous atterrissons à Longyearbyen au Spitzberg à 78°13′ de latitude Nord après un acheminement sans encombres. Cette ancienne ville minière, fondée par M. Longyear en 1906 pour l’exploitation du charbon s’est maintenant tournée vers le tourisme.
Pendant que nos guides, Gregory et Rémi chargent nos bagages à bord de l’Explorer, nous visitons la petite bourgade : ses maisons colorées, son église, son université, ses magasins et hôtels, dont certains bâtiments sont flambant neufs. Nous observons même quelques oies et eiders : premières observations de la faune arctique.
A 17h, nous embarquons sur notre navire d’exploration : l’Explorer. Après une visite guidée des différents ponts, nous découvrons nos très belles cabines avant le traditionnel briefing d’abandon du navire et de sécurité à bord. S’en suit un briefing sur la sécurité des opérations avant de pouvoir passer à table pour dîner.
Nous avons déjà traversé l’Isfjord et nous prenons quelques minutes pour nous mettre à l’abri à Trygghamna le temps de la distribution des bottes, combinaisons et jumelles. En fin de soirée, l’embouchure de l’Isfjord est un peu agitée et nous regagnons vite nos cabines tout en faisant route vers le Nord pour démarrer nos aventures.
Après une nuit de navigation agitée dans sa première partie due à une mer un peu formée , nous nous sommes réveillés dans la « Baie de la Croix ». Nous avons pris notre petit déjeuner au mouillage devant le majestueux glacier de Lilihookbreen. A 09h30 il était temps pour nous d’étrenner nos combinaisons pour effectuer notre première balade en zodiac.
Nous nous sommes d’abord dirigés vers le Nord-Est de la baie où nous avons pu observer une demi-douzaine de phoques communs (ou veaux marins) et quelques eiders. Puis nous avons longé le glacier vers l’ouest sous les nuages mais avec une belle visibilité et avec un vent quasi nul. En chemin nous nous sommes arrêtés près d’un petit iceberg servant de reposoir à quelques mouettes tridactyles.
Toujours vers l’ouest nous sommes entrés dans un petit champ de glace pour aller observer un jeune morse installé sur la banquise, puis un autre plus vieux et plus imposant, qui s’est laissé approcher nonchalamment. Un phoque barbu repéré de loin s’est mis à l’eau et nous a fait la surprise de réapparaître à quelques mètres de nous. Une observation rare et précieuse… Cette promenade dans la glace nous a fait ressentir l’ambiance « arctique ».
Revenus à bord, il était temps de prendre notre déjeuner tout en reprenant calmement la navigation pour Mollerfjorden.
Vers 15h nous sommes repartis en zodiac sous la neige pour un petit repérage côtier avant de débarquer sur le site de Hotel Lloyds. Un peu de vent conjugué à une neige fine nous a permis de comprendre l’importance de cette cabane orange vif qui peut rapidement servir d’abri. Elle aurait été construite en 1912 (selon certaines sources) par la compagnie maritime North German Lloyd. Elle fut baptisée plus tard «Lloyds Hotel» avec au niveau de sa porte d’entrée un petit panneau portant 5 étoiles pour désigner de façon humoristique un hôtel luxueux…
Cette cabane en réalité au confort limité est devenue une destination prisée pour les visiteurs du Svalbard qui ont laissé quelques souvenirs de leur passage (plaques, inscriptions, livre d’or et même un échiquier). Après une visite approfondie de ce luxueux hôtel de 5 mètres carrés (!), nous sommes partis marcher vers l’intérieur des terres où nous attendait un petit groupe de rennes curieux.
Un peu plus tard, le groupe s’est scindé en deux. Le premier groupe a continué sa marche avec les rennes, sous la neige, vers un petit tumulus étonnant. Le second groupe est retourné vers la cabane profitant ainsi de l’observation d’un morse qui nageait le long de la plage et de nombreux eiders qui dérivaient sur une large plaque de glace.
Après s’être rejoints à la cabane nous sommes repartis à bord du navire pour profiter du traditionnel apéritif d’accueil. Après le dîner et le récapitulatif de la journée présenté par Rémy et Grégory, il fut temps d’aller dans nos cabines pour un repos bien mérité.
Ce matin nous nous réveillons à l’entrée du Fjord de la Madeleine (Magdalenafjorden) devant la baie de Gully où un morse apparaît déjà en train de nager à côté du bateau lors du petit-déjeuner. Une surprise nous attend : la visite du site d’échouerie de morses de Gullybukta.
Nous commençons par traverser les hauts-fonds de la moraine immergée barrant l’entrée de la baie et nous nous dirigeons vers la lisière des restes de banquise de fjord encore présente devant le petit front glaciaire du Gullybreen : le paysage est magnifique, le ciel couvert faisant nettement ressortir le bleu des séracs.
Nous rebroussons chemin pour observer depuis la mer la petite colonie de morses établie ici depuis quelques années seulement. Ils sont répartis aujourd’hui en deux groupes séparés d’une centaine de mètres. Quatre jeunes mâles curieux s’approchent de nos zodiacs en formation serrée avant de repartir, nos appareils photo crépitent.
Nous débarquons ensuite à l’abri des vues et du vent, chaussons nos paires de raquettes puis contournons les groupes de morses dans la neige encore bien présente afin de les approcher sans les déranger. Après quelques arrêts, nous stoppons en une seule ligne à 30m de ces imposantes créatures, pêle-mêle de nageoires, défenses, vibrisses et cuir de morse ! Nous approchons ensuite le deuxième groupe où une autre dimension sensorielle nous heurte de plein fouet avec la brise : l’odeur très caractéristique d’une colonie de morses !
Après cette très belle expérience d’approche animalière, nous regagnons le navire pour une navigation au fond du Fjord de la Madeleine en lisière de banquise de fjord où de nombreux eiders communs et quelques eiders à tête grise stationnent en ligne.
Nous reprenons la navigation vers le Nord et à l’embouchure de la Baie de la Madeleine, une baleine de Minke fait une fugace apparition, montrant son aileron en faucille et son dos noir.
Nous croisons dans le Sørgattet en scrutant les rives et sommes témoins des forts courants qui agitent ce détroit hérissé de haut-fonds. Nous gagnons rapidement le Bjornfjorden, où apparaît le magnifique glacier Smeerenburgbreen : le ciel se dégage, le soleil illumine les versants enneigés et les nuages encore présents renforcent le bleu de la glace. Nous sortons à nouveau les zodiacs pour une croisière très douce devant la banquise de fjord disloquée par la débâcle. Nous admirons quelques petits icebergs et rencontrons un phoque qui « bouchonne » (un phoque du Groenland ?) ainsi que de magnifiques guillemots à miroir.
De retour au navire, certains profitent du sauna tandis qu’une baleine de Minke fait quelques brèves apparitions autour du navire pour les yeux de rares chanceux. Viens l’heure du diner suivi d’un petit récap sur la journée et les projets du lendemain, après une bonne nuit de repos à l’ancre, bien méritée après cette très belle journée.
Après une nuit calme, nous nous réveillons à proximité des célèbres sites historiques de Virgohamna et Smeerenburg. Nous prenons notre temps pour le petit déjeuner, savourant la tranquillité du matin, avant de nous préparer pour une première excursion en zodiac. Cap sur Virgohamna, sous une neige légère qui tombe silencieusement.
La « Baie de la Vierge » (Virgohamna) est une petite anse située au large de la côte nord-ouest du Spitzberg. Au XVIIe siècle, les Hollandais furent les premiers à utiliser ce lieu comme base pour la chasse à la baleine. Plus tard, en 1896, l’explorateur suédois Salomon August Andrée y construisit un hangar à ballons dans le cadre de ses tentatives d’atteindre le pôle Nord par les airs. Des vents défavorables l’obligèrent à renoncer lors de sa première expédition. Il revint à Virgohamna à l’été 1897 et lança, début juillet, une ultime tentative qui lui fut fatale. On peut encore y observer les vestiges de ces épisodes marquants de l’histoire polaire. Après une brève reconnaissance côtière en zodiac, nous avons pu débarquer. Les vestiges, recouverts de neige, se devinaient sous le manteau blanc : ruines de bâtiments, structures anciennes et fours doubles utilisés autrefois pour fondre la graisse de baleine.
De retour à bord des embarcations, nous avons mis le cap sur l’anse voisine, où vit une petite colonie de phoques communs. Ils étaient bien là, allongés sur les rochers, et quelques individus curieux sont venus à notre rencontre, sortant la tête de l’eau tout près de nous, comme pour nous saluer.
Nous avons ensuite poursuivi notre exploration en zodiac jusqu’au site voisin de Smeerenburg – littéralement « la ville de la graisse de baleine » en néerlandais. Des morses s’y étaient installés. L’un d’eux, en véritable sentinelle, s’est approché de notre embarcation pour souffler bruyamment, apportant une touche d’animation à cette sortie. En longeant la côte, Rémi nous a fait un bref rappel historique du lieu, tout en nous montrant quelques vestiges encore visibles.
De retour à bord, nous avons déjeuné et profité d’un moment de repos Dans l’après-midi, l’Explorer a repris sa route en direction de Sallyhamna, tandis que Grégory, notre guide photographe, nous présentait une partie de son travail consacré à la faune arctique.
À notre arrivée à Sallyhamna, les zodiacs ont de nouveau été mis à l’eau pour nous permettre de nous approcher du site. Un jeune morse nous attendait à proximité, immobile dans l’eau. Le rivage est parsemé de fours à graisse et de tombes anciennes. Une cabane de trappeur, construite en 1937, se dresse encore dans les environs.
Non loin de là, dans les eaux peu profondes de Holmiabukta, Rémi nous a raconté l’histoire d’un squelette de baleine, éparpillé sur le fond marin tel un puzzle englouti.
De retour à bord, nous avons levé l’ancre pour nous aventurer jusqu’à l’entrée du Raudfjorden, où nous avons pu approcher la banquise sous quelques éclaircies. De nombreuses espèces d’oiseaux se trouvaient en bordure de glace : guillemots de Brünnich, mergules nains, guillemots à miroir et eiders à tête grise. En passerelle, tout le monde s’est mobilisé pour tenter d’apercevoir un éventuel ours polaire. Pendant ce temps, Rémi expliquait à certains les différents types de glaces et de banquises, tandis que Grégory initiait d’autres passagers à la lecture de cartes de navigation.
Après le dîner, nous avons mouillé pour la nuit dans la baie abritée de Breibogen. Le soleil, moins timide qu’à l’accoutumée, semblait vouloir nous accompagner encore un peu. Espérons qu’il se montrera en pleine forme demain ! »
Ce matin, nous naviguons dans le grand blanc : une brume épaisse entoure le bateau et les rives du Wijdefjorden, large de 10 km nous sont invisibles. Portant la carte annonçait un paysage prometteur ! Nous arrivons vers 7h20 en lisière de banquise de fjord et quelques minutes plus tard, alors que nous émergeons tranquillement, nous sommes appelés par Rémi qui a repéré un ours ! Nous montons en passerelle à grands pas pour cette première observation : nos zooms montrent qu’il s’agit d’une femelle qui porte un collier GPS. Celle-ci est bien portante et marche sur la banquise en se rapprochant à une distance de 800m à 500m du navire.
Sortie de la brume dans son habitat emblématique avec quelques flocons, c’est une première observation magnifique. Nous passons ensuite au petit-déjeuner où nous continuons d’admirer la maîtresse des lieux depuis le salon !
Nous remettons ensuite cap au Nord pour remonter ce long fjord, la visibilité s’étant légèrement améliorée, nous pouvons apercevoir les cimes enneigées aux alentours. Rémi nous propose alors une conférence présentant les généralités sur l’Arctique et le milieu polaire pendant que Grégory ajuste quelques réglages sur nos appareils photo.
A l’embouchure du fjord nous croisons la route d’un iceberg tabulaire, chose rare ici : il semblerait provenir d’une des calottes glaciaires de la Terre du Nord-Est.
La mer se forme et nous passons le déjeuner en compagnie de la houle, dont nous nous serions bien passés…
Nous entrons enfin dans le Woodfjorden, qui tire son nom des nombreux tronc de bois flottés en provenance des grands fleuves de Sibérie, qui s’échouent ici par le jeu des courants. Cette région est riche d’histoire : très fréquentée et prisée par les trappeurs pomors puis norvégiens pour sa faune et théâtre d’un des épisodes de la guerre météorologique du Spitzberg lors de la Seconde Guerre Mondiale.
La mer est bien plus calme et nous sortons prendre l’air pour prospecter près de Villa Oxford, une des cabanes du célèbre trappeur Hilmar Nøis construite en 1924 puis rénovée. Nous observons de très photogéniques guillemots à miroir sur les restes de banquise attenants à la côte avant de revenir au bateau.
En fin d’après-midi, nous rejoignons la lisière de banquise de fjord barrant l’entrée du Bockfjorden et la branche Sud du Woodfjorden : 4 morses paraissent sur d’épais floes de banquise dérivante et de nombreux guillemots de Brünnich et à miroir s’ébattent près de la glace. La lumière donne au reliefs enneigés de très jolis tons pastels.
Nous mouillons l’ancre non loin pour une soirée au calme : Rémi nous présente la deuxième partie de la conférence à propos du Svalbard et du Spitzberg avant de dîner, puis nous présente le récap avec les prévisions pour le lendemain et les journées à venir.
Nous poursuivons calmement la soirée par la projection du film Antarctica de Laurent Ballesta et Vincent Munier, interrompue positivement par la découverte de deux phoques barbus sur une bande de glaces dérivantes par Grégory.
Il est temps d’aller se reposer avant nous futures aventures près de la Terre du Nord-Est.
À 9h, nous avons embarqué à bord des zodiacs pour débarquer, raquettes aux pieds, sur le site d’Eolusneset. Ce site est dominé par une croix érigée par le capitaine C. Holmgren, de la goélette Eolus de Bergen, prise dans les glaces ici-même en 1855. Deux hypothèses s’opposent quant à l’origine de cette croix.
La première suggère qu’elle aurait été dressée à la mémoire des baleiniers tombés lors de la célèbre bataille navale du Sorgfjorden, qui opposa en 1693 des corsaires français à des baleiniers hollandais. À cette époque, la France de Louis XIV était en guerre contre la Hollande, et les corsaires cherchaient à s’emparer de toutes les richesses ennemies possibles.
La seconde hypothèse, probablement la plus crédible, est que cette croix — tout comme les trente tombes présentes sur le site — n’aurait aucun lien avec la bataille. Il s’agirait plutôt d’un cimetière de baleiniers datant des XVIIe et XVIIIe siècles.
Après cette marche sur un lieu chargé d’histoire, nous sommes remontés à bord pour débuter une exploration de la banquise à bord de l’Explorer. Au loin, la silhouette de la Terre du Nord-Est a commencé à se dessiner…
Après le déjeuner, Grégory, notre guide photographe, nous a proposé un petit cours sur les bases de la photographie, pendant que Rémi, en passerelle, peaufinait le programme de navigation avec le capitaine.
Un labbe parasite, poursuivant un fulmar boréal, est venu perturber l’atelier photo en frôlant les larges fenêtres du navire.
Plus tard, vers Fosterneset, sur la banquise, Rémi nous a repéré un « grain de riz » aux reflets jaunâtres… qui s’est révélé être un bel ours polaire. Nous ne saurons jamais s’il s’agissait d’un mâle ou d’une femelle, l’observation étant restée très (très) lointaine. Mais avec de la patience et un peu d’efforts, nous l’avons tous aperçu aux jumelles !
Nous avons clôturé cette belle journée par une sortie en zodiac au pied des impressionnantes falaises de basalte et de calcaire d’Alkefjellet. Ces falaises, réputées pour sa colonie d’oiseaux, abritent jusqu’à 120 000 guillemots de Brünnich. Le spectacle sonore, visuel (et olfactif !) était grandiose, nous plongeant au cœur de la vie sauvage en pleine période de nidification. Scènes de reproduction atypiques, vols en formation serrée… tout était réuni pour graver ce moment dans nos mémoires.
De retour à bord, le navire a jeté l’ancre non loin d’Alkefjellet, nous permettant de profiter, jusqu’au « coucher du soleil » (qui ne se couchera pas), de la majesté de ces falaises.
Ce matin, nous quittons l’îlot de Losen et la côte Est du Spitzberg pour nous diriger vers la mystérieuse Terre du Nord-Est et ses immenses calottes glaciaires. Nous entrons dans le Whalenbergfjorden par la rive Sud et ses montagnes tabulaires dont les strates forment de belles lignes dans le relief. L’embouchure est bien encombrée de banquise dérivante que nos guident scannent avec attention : quelques morses apparaissent au loin.
Nous traversons le fjord pour rejoindre la calotte Vestfonna et le glacier émissaire Bragebreen où nous sortons les zodiacs pour une très belle excursion devant un impressionnant front de glace éclairé par le soleil – enfin du beau temps !!! –
Un très beau phoque barbu nous surprend et passe de longues minutes à jouer autour de nos zodiacs, témoignant sa curiosité par différentes postures et cabrioles : un instant magique pour le plus grand bonheur de tous.
Nous poursuivons notre chemin et débarquons dans une petite anse sur un reste de banquise de fjord qui s’y accroche encore, devant le regard de nombreux eiders à duvet et quelques eiders à tête grise. La banquise est immaculée et bien solide pour ce moment insolite, puisque nous marchons littéralement sur l’eau !
Nous poursuivons notre petite balade sur une petite pointe de terre libre de glace, qui marque notre premier débarquement symbolique sur la Terre du Nord-Est : nous comprenons bien maintenant ce qu’est le désert polaire et le phénomène de la gélifraction, omniprésent sur cette terre reculée.
Il est temps de rentrer car le Chef nous attend pour le déjeuner ! De retour au navire, nous reprenons la route vers le Murchisonfjorden, plus au Nord, que nous atteignons à 16h30. La météo splendide,les paysages englacés et le plan d’eau couvert de glaces tourmentées issues de la débâcle offrent un tableau magnifique.
Nous partons en zodiac pour le tour de l’île de Krossøya, célèbre pour sa croix orthodoxe en bois d’origine pomor, l’une des deux seul restante au Svalbard, témoin des aventures de ces trappeurs du passé.
Après cette reconnaissance, nous débarquons dans une encoche percée dans la banquette côtière pour atteindre la croix où quatre rennes du Svalbard repérés avant viennent progressivement à notre rencontre, peut-être curieux de notre visite inopinée. Depuis les hauteurs, nous admirons les lieux et découvrons une vieille vertèbre de baleine à plusieurs mètres d’altitude, peut-être par le phénomène de rebond isostatique très représenté ici, ou par les trappeurs d’antan.
Il est déjà 19h30 et nous rentrons dîner au navire, qui reprend sa route vers le Nord pour de futures découvertes : les glaces flottantes sont de plus en plus présentes…
Ce matin, nous nous sommes réveillés à proximité de l’île de Lagoya, située au nord de la Terre du Nord-Est. La veille, une large portion de la banquise s’était déplacée, rendant accessible cette zone habituellement difficile d’accès. Quel plaisir de prendre le petit déjeuner en admirant ces paysages glacés, à nouveau baignés par les rayons du soleil !
L’île de Lagoya est réputée pour être un site de reproduction des mouettes de Sabine. En raison d’une réglementation stricte sur une partie de l’île et de la présence d’une épaisse banquise de fjord sur l’autre, nous ne pouvions pas y débarquer. Qu’à cela ne tienne : à 9h00, nous avons mis les zodiacs à l’eau pour une magnifique excursion au cœur de la banquise, entre hummocks (monticules de glace), bummocks (parties immergées de ces blocs) et superbes crêtes de compression.
Parmi ces blocs parfois teintés de bleu, l’atmosphère était paisible, contemplative, presque méditative. Nous nous sommes approchés d’un petit iceberg au relief tourmenté. Il s’est mis à craquer, rompant le silence de cette ambiance glaciale.
Un peu plus loin, un morse, puis un second, se sont laissés approcher sans crainte, nous offrant une belle opportunité de portraits photographiques. Nous avons ensuite quitté les monticules de glace pour accoster sur la banquise du fjord. L’expérience de marcher sur cette étendue gelée était impressionnante : elle supportait pleinement notre poids tout en ondulant légèrement sous nos pas.
Rémi nous a alors proposé un moment de silence pour écouter « le chant de la banquise « . Les sons émis ressemblaient à des plaintes animales, comme si la glace était vivante. Un instant fort et inoubliable. Pendant ce temps, un phoque barbu est venu à notre rencontre, pour le plus grand bonheur des photographes.
Sur le chemin du retour vers le navire, les eiders et les goélands se sont également laissés approcher, totalement indifférents à notre présence.
Après le déjeuner, cap vers Chemideoya. En route, au beau milieu de nulle part, une femelle morse et son petit étaient allongés sur un bloc de glace isolé. Nous avons alors modifié notre trajectoire afin de respecter la réglementation et leur accorder un peu de tranquillité.
À notre arrivée à Chemideoya, nous sommes repartis en croisière en zodiac, sous un soleil radieux, déambulant comme dans un labyrinthe entre les blocs de glace et l’eau limpide.
De retour à bord, nous avons mis le cap un peu plus au nord-est, en direction des Sept Îles. Depuis la passerelle, Grégory nous a confié qu’il était assez rare de naviguer aussi haut dans l’archipel du Svalbard. Quand il nous a proposé de photographier l’écran du GPS, nous avons compris que les coordonnées 80°31’N et 020°15’E n’étaient pas souvent atteintes, du fait des glaces et des conditions météorologiques souvent capricieuses.
Et pour finir cette journée en beauté, nous avons navigué dans le « pack » près des Sept Îles. Tandis que certains profitaient du jacuzzi extérieur avec vue sur la banquise, d’autres étaient au poste d’observation, immortalisant ces moments exceptionnels en photos. Pendant le dîner, le Vestland Explorer a repris sa route vers le sud-ouest, amorçant ainsi le début du voyage retour. Mais cette route ne marquera pas la fin de l’aventure, car d’autres lieux fascinants nous attendent encore…
Ce matin la visibilité horizontale est excellente, mais déjà, les nuages commencent à fermer le ciel, heureusement sans contraindre nos activités. Nous sommes mouillés sur la Rive Est du Wijdefjord, au Nord de Vassfarbukta.
Après un repérage effectué par nos guides, Grégory revient nous chercher pour la visite insolite d’un canyon issu du lac glaciaire de Femmilsjøen : nous entrons même dans le canyon, moteur relevé pour éviter les haut-fonds. Nous sommes surplombés par les hautes corniches de neige sculptées par le cumul de transport de neige par le vent durant l’hiver : c’est impressionnant ! La voie est close par des plaques de banquise et nous sortons pour débarquer dans une belle anse. De belles traces d’ours sortent de l’eau et montent vers la berge…
Rémi, resté sur place, a aménagé la zone pour faciliter notre débarquement. 10 d’entre nous le rejoignent pour une belle marche, d’abord au dessus du canyon, puis vers le complexe de lacs du Femmilsjøe, qui ouvre l‘accès vers la calotte glaciaire d’Åsgardfonna. Lors de notre excursion, nous croisons de très nombreuses traces d’ours, déjà bien travaillées par le vent et les transformations de la neige.
Nous apercevons au loin quelques rennes, puis Rémi nous déniche à vue un couple de très beaux lagopèdes alpin, le mâle veillant perché sur son rocher.
Il est déjà midi douze et il faut songer à regagner le navire pour le déjeuner. Nous partons pour une longue navigation vers l’Ouest et le Raudfjord, que nous atteignons vers 17h30. Quelques macareux moines et grands labbes sont observés pendant la traversée.
Après une petite sieste bien méritée, Grégory nous présente l’archipel français méconnu de Saint-Pierre et Miquelon, puis celui des Kerguelen : ces lieux sont de véritables joyaux !
C’est ensuite au tour de Nicolas, notre passionné de photo animalière et d’ornithologie de nous émerveiller avec ses superbes clichés pris lors de ses croisières au Spitzberg : nous comprenons mieux les différences de paysage et d’observations été/hiver avec un bel aperçu de la faune locale.
Arrivés dans le Raudfjord, accompagnés par la houle venant du large, nous mouillons à l’abri à l’intérieur d’Hamiltonbukta pour une sortie zodiac de fin d’après-midi. Malgré le clapot marqué, nous observons 6 rennes sur un ilot avant de longer la banquise de fjord puis la falaise aux oiseaux où nichent de nombreuses espèces telles que le guillemot de Brünnich, le guillemot à miroir, la mouette tridactyle, le goéland bourgmestre, l’oie à bec court et l’oie bernache nonnette.
Dans la neige près du rivage, nous observons de très belles traces d’ours toutes fraiches ! Nous dépassons la pointe Sud de la baie d’Hamilton pour une courte session sportive dans la houe qui s’engouffre dans le fjord jusqu’à la lisière de la banquise disloquée et compactée par les vagues. De retour dans la baie, nous observons un renard polaire en mue en train de courir dans les névés sous les falaises avant de rentrer au bateau.
De retour à bord et près pour passer à table, nous sommes de nouveau interrompus par Rémi qui nous a trouvé une anomalie beige sur la banquise sous le front de glace du Hamiltonbreen : un mouvement nous confirme qu’il s’agit de 2 ours ! Nicolas les appelle judicieusement des pixelbears : en effet, à 2 km couchés sur les hummocks, nous ne distinguons qu’un point beige.
Nous restons en veille durant le dîner puis jusqu’à notre heure de départ vers la Baie du Roi à 22h30.
Grégory repère un renard bleu très actif qui prospecte sur la banquise, les pentes et les rives, tentant même de capturer 2 oies… qui s’envolent.
Une très belle journée d’excursion et d’observations malgré les distances importantes !
Ce matin, nous sommes arrivés à Konsfjorden (la Baie du Roi), avec une vue imprenable sur « Les Trois Couronnes ». Ces trois sommets culminant à 1231 mètres portent respectivement les noms de Svea, symbolisant la Suède, Nora pour la Norvège, et Dana pour le Danemark.
Dans cette baie se trouve Ny-Ålesund, l’une des quatre localités habitées de l’archipel, et la plus septentrionale au monde ! Depuis 1966, elle abrite un centre international de recherche sur l’Arctique et un site de surveillance environnementale. Le cadre est unique, mais les règles sont strictes : pas de Wi-Fi, pas de téléphone, aucune émission d’ondes, afin de ne pas perturber les instruments scientifiques.
À 9h, les zodiacs ont été mis à l’eau pour un débarquement à Ny London. Cette ancienne carrière de marbre est intéressante tant pour son histoire que pour ses vestiges encore bien présents : deux cabanes, un petit train, une grue, des chariots… Malheureusement pour M. Mansfield, qui avait tenté d’y exploiter le marbre, celui-ci s’est révélé de mauvaise qualité une fois arrivé en Europe. Le gel infiltré dans la roche avait fragilisé les plaques, les rendant friables.
Après une brève visite de l’une des cabanes, accompagnée d’un rappel historique de Rémi, nous avons entamé une marche sur l’île. Marcher sur du marbre brut reste une expérience étonnante. Le groupe s’est ensuite scindé : une partie a poursuivi la randonnée avec Grégory, permettant de magnifiques observations de rennes et de lagopèdes alpins ; l’autre partie est partie en zodiac avec Rémi pour faire le tour de l’île au milieu des blocs de glace bleutés. Une belle occasion de photographier la nature et d’observer plusieurs espèces d’oiseaux, dont le rare Harelde boréale.
Après ces balades ensoleillées, retour à bord pour déjeuner au mouillage. Peu après, le Vestland Explorer a levé l’ancre pour s’approcher du splendide glacier de Kongsbreen. Tout au long du trajet, nous avons croisé de nombreux petits icebergs bleus, pour notre plus grand émerveillement.
Arrivés au fond de la baie, le spectacle était grandiose : le glacier est tout simplement magnifique. Une nouvelle fois, les zodiacs ont été mis à l’eau pour une longue croisière parmi les glaces, en s’approchant prudemment du front du glacier. Kongsbreen est connu pour être un glacier « actif », et il nous l’a confirmé avec un impressionnant vêlage. Une énorme masse de glace s’est détachée, provoquant une puissante vague qui a projeté des morceaux de glace jusqu’à plus d’un kilomètre en cinq minutes… Nous étions bien sûr à bonne distance, mais même ainsi, le moment restera inoubliable.
En fin d’après-midi, nous avons jeté l’ancre près du glacier de Blomstrandbreen. Toujours sous un beau soleil, certains en ont profité pour se détendre au sauna ou au jacuzzi avec vue sur les glaces. L’eau y est très chaude, mais il est recommandé de porter un bonnet : dehors, il fait à peine 3°C. Pendant ce temps, nos guides Rémi et Grégory, aidés de quelques volontaires, scrutaient la banquise aux jumelles à la recherche d’ours. De nombreuses traces dans la neige, des rennes, des phoques, des morses et des lagopèdes en pleine parade ont été repérés… mais toujours pas d’ours.
Après le dîner, Rémi nous a proposé une conférence captivante sur les phoques. Grégory, lui, poursuivait inlassablement ses observations. Et enfin, la silhouette tant attendue est finalement apparue très brièvement vers 22h30, tout en haut d’une crête : un ours, majestueux et insaisissable…
Ce matin nous terminons notre navigation en provenance de la Baie du Roi pour ancrer devant Dahlbreen, un beau front glaciaire en face du Sud de l’Avant-Terre du Prince Charles. Nous débarquons pour une très belle balade sur la morraine terminale de ce glacier, qui surplombe une lagune glaciaire ouverte sur la mer, encombrée de brash. Si le ciel se couvre, c’est pour mieux faire ressortir les tons bleus !
Nous descendons de la crête pour atteindre la berge côté glacier, afin d’exprimer notre composition photographique des milliers de glaçons échoués sur la berge : quel décor magnifique ! Un phoque barbu se prélasse au loin sur un bourguignon. Nous découvrons aussi un nouveau mot dans notre vocabulaire polaire, associé aussi pour certain.e.s à de nouvelles sensations : le mollisol… !
Nous poursuivons notre ballade et regagnons nos zodiacs, pendant que 2 groupes de skieurs gravissent les pentes alentours. Nous reprenons ensuite la navigation plus au Sud et entrons dans le fjord de Saint John, nous guides surveillant attentivement les alentours pour déceler la faune sauvage, les yeux encastrés dans leurs jumelles. Tantôt une annonce nous indique la présence de rennes, d’oies bernaches nonettes et même d’un renard invisible…
Arrivés au fond du fjord, la banquise encore présente compte de nombreux phoques au loin. Soudain, Grégory repère des belougas qui sondent en lisière de banque côtière ! Nous enfilons vite nos vestes pour admirer ces curieuses baleines blanches surnommées canaris des mers du fait de leurs riches vocalises.
Nous prenons l’autre rive en direction de la sortie pour clore ce beau panoramique et nous dirigeons vers l’Avant-Terre du Prince Charles oour le site de Poolepynten, bien connu pour son échouerie de morses : nous avons de la chance, un bel attroupement se prélasse sur le sable, près des balises de navigation.
Après avoir accosté à bonne distance, nous nous approchons de ces curieux animaux : si certains dorment profondément, d’autres sont particulièrement actifs et cherchent à grand renfort de coups de défense à gagner le centre du groupe, place la plus prisée, dans un concert de grognements rauques.
Après ce spectacle nous regagnons les zodiacs et l’Explorer pour faire route vers l’Isfjord. Sur le trajet, Rémi nous présente une sélection de photos du Parc National du Nord-Est du Groenland et Grégory une vidéo sur la jungle luxuriante de la Guyane Française : des paysages exceptionnels qui nous font rêver.