Ny-Ålesund : ville historique de la conquête polaire

Symbole d’aventure, la ville de Ny-Ålesund jouit d’une place particulière au sein de l’histoire de l’exploration. D’abord attrayante économiquement, celle qui se trouve à l’Ouest du Spitbzerg est désormais reconnue pour avoir été l’un des fers de lance de la conquête du pôle Nord. Si certains explorateurs ont réussi, d’autres s’y sont cassés les dents. L’occasion pour nous de revenir sur l’histoire invraisemblable, de ces hommes extraordinaires.

Localisée à l’extrême-ouest du Spitzberg, la petite ville de Ny-Ålesund a, dès le début de son existence, été considérée comme l’un des centres névralgiques de l’économie du Svalbard. Industrie minière, chasse puis tourisme, cette petite localité s’est rapidement forgée une belle réputation que les grands explorateurs ne viendront que confirmer. En effet, au cours du XXe siècle, bon nombre d’entre eux ont décidé d’explorer le Pôle Nord depuis Ny-Ålesund. Aujourd’hui, son destin a radicalement changé et l’aventure a laissé place à la science.

Découverte de la ville de Ny Alesund et de sa station Scientifique au Groenland

I- Histoire

L’histoire de Ny-Ålesund débute en 1610. À l’époque, un certain Jonas Pool, chasseur britannique de baleines remarquera la présence de charbon sur le sol. Il ne se doutait pas que trois siècles plus tard, l’endroit même où il posait les pieds allait devenir une ville active et attrayante. Officiellement fondée en 1916, celle qui se fait d’abord appeler Kongsfjorden peut très vite compter sur les investissements de Peter S. Brandal, capitaine de navire, qui lui aussi remarquera la présence de matières premières. Sera alors créée la société minière, Kings Bay Kull Compani AS. L’idée de Brandal est de sortir le plus de charbon possible afin de répondre aux besoins des navires engagés dans la Première Guerre mondiale.

Industrie minière, tourisme et tragédies

Problème, l’économie de la ‘Nouvelle Alesund’ ne repose que sur cette matière, le charbon. Les prix fluctuent et le marché s’effondre à cause de la crise économique de 29. L’entreprise est alors rachetée par la Norvège qui continuera d’exploiter les mines jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. En 1941, la société est fermée une première fois. Entre temps, Ny-Ålesund a su diversifier son économie et le tourisme polaire attirant de plus en plus de monde, le premier hôtel de la ville y ouvre ses portes en 1937. Le filon perdure, la guerre se termine et la ville décide de rouvrir ses mines de charbon. Entre 1945 et 1948, la période est prospère. Toutefois, cet équilibre tout relatif va être mis à mal par un événement tragique, le premier d’une longue série.

En 1948, un accident minier cause la mort de 15 ouvriers. En 1952 puis en 1953, 28 autres personnes décèdent dans des circonstances similaires. L’activité stagne puis baisse d’année en année, jusqu’à ce qu’un nouvel accident survenu en 1963, provoque la mort de 21 employés. Un destin tragique pour ces hommes et pour cette ville, qui verra dès lors la totalité de ses exploitations être abandonnée. La vie elle, reprendra son cours et malgré ces mauvaises publicités, Ny-Ålesund pourra compter sur les exploits de Roald Amunsen, Lincoln Ellsworth ou encore Umberto Nobile afin de garder une belle image.

Ny-Ålesund, un centre scientifique reconnu

Aujourd’hui, les années ont passé et si la mémoire de ces ouvriers reste présente, la ville elle, a su se renouveler. Ny-Ålesund est ainsi devenue l’un des principaux centres pour la recherche scientifique. Sur place, les experts étudient principalement les effets du réchauffement climatique. Sa situation géographique permet d’avoir un accès rapide au pôle Nord, mais aussi d’étudier d’autres endroits, comme l’archipel du Svalbard dans sa globalité. L’été, ils sont plus d’une centaine de chercheurs à se donner rendez-vous, et ce, même si l’accès à Ny-Ålesund est plutôt compliqué. Une liaison aérienne existe bien entre la ville et Longyearbyen, capitale de l’archipel, mais celle-ci n’est pas fiable et les vols sont organisés de manière plutôt aléatoire, les conditions météorologiques n’étant pas forcément des plus adaptées.

II – Les explorations

Floyd Bennet et Richard E. Byrd

Très vite, la ville de Ny-Ålesund jouit d’une belle réputation. Activité économique intéressante, proximité géographique avec certains des objectifs avoués et rêvés des scientifiques, celle-ci attire forcément les regards d’explorateurs avides de découvertes. Entre 1925 et 1928, plusieurs expéditions ont ainsi lieu au départ de Ny-Ålesund, avec toujours le même objectif : le pôle Nord. Floyd Bennet et Richard E. Byrd, deux aviateurs américains, seront les premiers à faire les gros titres. Les deux hommes ont en effet décollé un jour de mai 1926, à bord de leur Fokker triple-moteur, avec pour mission, de survoler le Pôle.

S’ils affirment avoir réussi, de nombreux doutes ont été émis quant à la véracité de leurs propos. Tout d’abord, leur mission a été rapide, 16 heures en tout et pour tout. Selon certaines sources, une fuite d’huile moteur les aurait poussé à revoir leurs plans et à rentrer bien plus vite que prévu. Trop vite ?Aux dires de certains experts, il est tout simplement impossible que les deux hommes aient réussi à décoller, atteindre le pôle Nord et rentrer en aussi peu de temps. Qu’importe cependant, les deux campent sur leur position et seront célébrés aux États-Unis. Les Européens eux, décident de leur tourner le dos.

Roald Amundsen et Lincoln Ellsworth, âmes de Ny-Alesund

Roald Amundsen

L’histoire d’Amundsen avec le Spitbzerg et Ny-Ålesund, est particulière. En 1925, l’explorateur norvégien décide avec son compère américain Lincoln Ellsworth, de rejoindre le 88° de latitude Nord. Problème, les deux hommes partent à bord de deux hydravions, deux Dornier-Wal. Apercevant un trou d’eau dans la banquise, ils s’y posent, mais ne pourront repartir. 24 jours durant, ils vont alors lutter avec les moyens du bord, allant jusqu’à créer une piste de décollage pour leurs avions. 

L’objectif sera atteint le 15 juin, lorsqu’un des deux hydravions réussira à repartir. Allégé au maximum, l’équipage craint pour sa vie alors que le kérosène lui, commence à manquer. Heureusement, l’avion parcourt 850 km sans rencontrer la moindre difficulté, avant de finalement se poser en mer, tout près du Sjöliv, un bateau qui naviguait dans ces eaux voisines et qui a finalement accepté de les récupérer. L’expérience, folle, difficile, ne les a toutefois pas découragé et les deux hommes repartiront ensemble, un an plus tard.

Roald Amundsen, Umberto Nobile et Lincoln Ellsworth

Quelques jours après le supposé exploit de Bennet et Byrd, une nouvelle expédition est organisée au départ de Ny-Ålesund. L’explorateur norvégien Roald Amundsen, l’ingénieur italien Umberto Nobile et l’explorateur polaire américain Lincoln Ellsworth décollent depuis un ballon dirigeable. Leur objectif est de rejoindre l’Alaska, en passant par le pôle Nord. Afin de mener à bien cette mission, Amundsen a fait appel à toutes les ressources nécessaires et s’est logiquement tourné vers le talentueux Nobile qui aura créé ce ballon spécialement pour l’occasion. C’est donc à bord du ‘Norge’ que tous décollent, le 11 mai 1926. Un jour et demi plus tard, le 13 mai, à 1h30 du matin, l’équipage réussit l’exploit de survoler le pôle Nord. Leur expédition les mènera ensuite jusqu’à la ville de Teller, en Alaska.

Pour de nombreux historiens, cette mission est la première à avoir réussi à survoler et, par la même occasion, franchie le pôle Nord. Malheureusement, si l’exploit est retentissant, la guerre des egos fait rage, notamment entre Amundsen et Nobile qui s’accusent mutuellement de vouloir s’accaparer la lumière et les lauriers de cette réussite. Les relations entre les deux hommes se dégradent, donnant à cet exploit un goût d’inachevé, sauf pour l’Italie de Mussolini qui profitera de l’occasion afin de mettre en avant l’image d’une Italie qui se veut conquérante, prête à relever les défis les plus osés, les plus imaginés.

Nobile repart en 1928

En 1928, loin d’être rassasié, Umberto Nobile décide de repartir à l’aventure. Son nouveau dirigeable, long de 115 mètres, rend directement hommage à son pays d’origine et participera à la propagande fasciste du dictateur italien. Baptisé l’Italia, ce dernier permet au pays à la botte, de voler au-dessus du reste du monde. Le 23 mai, l’expédition démarre, mais, quelques jours plus tard, alors que Nobile et son équipe sont sur le retour, la situation se tend subitement. En effet, les conditions météorologiques sont dantesques, le froid redouble d’intensité et le givre vient bloquer le gouvernail du ballon dirigeable qui va alors se bloquer.

L’Italia n’est plus navigable, la panique monte et le ballon lui, pique du nez. Dix hommes se retrouvent à terre alors que le dirigeable s’écrase . Nous sommes le 28 mai 1928, l’opération est un échec et le ballon lui, dérive lentement dans les eaux glacées. Heureusement, dans leur malheur, la dizaine d’hommes à terre réussira à récupérer des denrées alimentaires, une tente ainsi qu’une petite radio. Un nécessaire à survie qui se révélera être très utile. Le calvaire ne fait alors que débuter et un mois durant, tous vont lutter pour leur survie. Le Krassine, brise-glace de l’URSS viendra récupérer les survivants, tous sauf Nobile qui lui, montera à bord d’un avion suédois.

Amundsen, une disparition inattendue

Entre temps, Amundsen lui, a eu vent de l’accident de son ancien ami. Mettant ses rancœurs de côté, l’explorateur décide alors d’entreprendre une mission de sauvetage. Afin de l’organiser le plus rapidement possible, il réclame de l’aide à toutes les personnes susceptibles de répondre favorablement à sa demande. Mussolini, sollicité, refusera, mettant en avant ses vieilles querelles avec le héros de la nation. Il pourra toutefois compter sur le soutien de l’exécutif français qui lui fournira un hydravion de type Latham 47. Le 18 juin 1928, cinq hommes partent alors à la recherche de Nobile et son équipe, perdus sur la banquise. Là encore, jamais l’appareil ne reviendra. Nul ne sait réellement ce qui a bien pu se passer même si certains experts affirment que l’avion se serait écrasé en mer. 

Ville historique, partie intégrante des grandes conquêtes polaires, Ny-Alesund aura été la maison de bon nombre d’aventuriers. Parmi eux, quelques-uns des plus célèbres de leur génération. Si certains s’en sont miraculeusement sortis, d’autres en revanche, n’ont jamais eu la chance de rentrer chez eux. C’est à ce titre que Ny-Ålesund a décidé de leur rendre hommage. Le meilleur des exemples ? Une statue de Roald Amundsen trône non loin du centre de la ville, le visage tourné vers le lointain, là où tous se sentaient probablement le mieux.

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