À bord de l'Amazon Dream, juin 2018

Le guide et chef d’expédition

Marianne Duruel

Coordination et Photographie

Journal de bord

Jour 1

Du 12 au 17 Juin 2018

mardi 12 juin

Nous quittons nos régions soumises à des conditions climatiques quelque peu humides… pour converger d’abord vers Lisbonne.
C’est le premier contact pour la majorité du groupe. L’ambiance est rapidement chaleureuse. Après le vol transatlantique très calme, nous atterrissons à Belém où Ruth nous attend. Premier contact avec la chaleur amazonienne au propre comme au figuré…
Bienvenue au Brésil !
Vingt minutes après, nous arrivons à notre charmant hôtel : la Quinta Da Pedras. Nous traversons le secteur portuaire de la ville avec ses marchés encore ouverts… et passons le petit port de pêche où les pêcheurs attendent l’ouverture de la criée. Tout est très animé, car nous arrivons le soir de la « Saint Valentin » brésilienne. Dans le patio central, des amoureux dînent dans une ambiance festive. Après avoir récupéré chambres et bagages, nous grignotons dans le patio avant de profiter d’une nuit bien méritée.

Grands Espaces - Amazonie

mercredi 13 juin

Nous sommes réveillés par les chants des oiseaux. Les tyrans quiquivi s’en donnent à coeur joie… Certains vont boire à la piscine…
Après un copieux petit-déjeuner, nous quittons notre belle oasis à pied pour aller découvrir le parc Mangal das Garças. Les « garças » sont les aigrettes en portugais. Son vaste plan d’eau et son organisation de récupération des animaux confisqués aux braconniers et, pour une raison ou une autre, impossible à relâcher dans leur milieu naturel, nous offrent un premier contact de proximité avec la faune locale. Des iguanes à l’allure préhistorique nous accueillent. Aigrettes et hérons sont en nombre. Une grande aigrette nous fait une belle démonstration de pêche. Un ascenseur nous permet une belle vue sur Belém, la baie de Guajara d’un côté, le rio Guama et l’île aux perroquets de l’autre. Plus loin, nous rencontrons des ibis rouges, des dendrocygnes à ventre noir et des canards amazonettes. Nous passons devant un rassemblement de tortues en face de la « volière » aux papillons. On nous montre les chenilles de papillons qui sont relâchés devant nous : la Julia et ses ailes orange et noir, « l’oeil de chouette » cousin du morpho… La chenille de ce dernier est très étrange, avec une sorte de tête cornue… Un ara bleu sort de son dortoir pour répondre aux sollicitations de Ruth, une habituée du lieu. Enfin, un ponton nous permet d’accéder au bord de la baie. Il est cerné par des anhingas dont les feuilles lancéolées sont une des parures de l’Amazonie. Leurs fleurs ressemblent à de grandes fleurs d’arums. Les fruits étaient utilisés par les Indiens pour faire des appâts pour la pêche.

Après un petit passage à l’hôtel, nous retrouvons notre bus pour gagner l’aéroport et voler vers Santarem. Passant en une heure et vingt minutes, d’une ville de 3,5 millions d’habitants à une de 350 000 habitants, nous débarquons au coeur de l’Amazonie, à mi-chemin entre Belém et Manaus. Peu de temps après, c’est l’accueil souriant à bord de notre charmant petit Amazon Dream.

 

Grands Espaces - Amazon Dream
Photo © Amazon Dream

Bientôt, nous naviguons sur le fleuve Tapajos qui baigne la ville. Nous suivons la « rencontre des eaux »entre celles du. Fort de son vaste bassin fluvial et de ses 6992 à 7025 km, selon les dernières études sur sa source. Mais tous s’accordent pour la situer au Pérou à plus de 5000 m d’altitude. Les eaux claires, acides et chaudes tardent à se perdre dans les eaux « blanches », lourdement chargées en limon et plus rapides du géant. Tandis que des volutes ocres de plus en plus nombreuses se déploient autour du bateau, nous cherchons les dauphins : dauphins roses et petits tucuxis venus profiter de la richesse de ce milieu pour pêcher.

Grands Espaces - Amazonie

Finalement, nous nous retrouvons sur un Amazon très ocre, large et dont le puissant courant entraîne de nombreux îlots flottants squattés par des aigrettes ou des sternes d’Amazonie. Sur la rive que nous suivons, la forêt de Varzea (celle des zones inondées tous les ans par les hautes eaux) déroule ses palmiers, cécropias et autres. Tous ces arbres ont les pieds dans l’eau en cette saison de hautes eaux. L’Amazon Dream s’amarre à l’entrée du canal d’Ituqui, un bras de l’Amazone qui contourne l’île éponyme. Le soleil se couche en apothéose sur le miroir flamboyant. Karim nous présente le programme du lendemain en compagnie de lucioles et des commentaires de notre voisin l’engoulevent bavard, mais moins que Karim…

jeudi 14 juin

Debout dès le lever du soleil, nous nous lançons dans l’exploration de la rive sud de l’Amazone pour rejoindre l’inextricable enchevêtrement de marais et chenaux du lac Maica. C’est un enchantement ! Nous nous éloignons du reflet doré de l’Amazon Dream dans le paisible canal d’Ituqui. Quelques petites embarcations familiales glissent sur l’eau. Sur les rives, du bétail pâture près des maisons sur pilotis des éleveurs cabocles (descendants du métissage de Portugais et d’Indiens).

Grands Espaces - Amazonie

Un héron cocoï décolle non loin de nous. Très vite, nous sommes survolés par des couples ou des groupes d’aras macavouanne ou aras nobles aux couleurs chatoyantes. Un peu plus petit que le grand ara rouge, son dos est vert, ses ailes et sa queue y ajoutent du bleu et du rouge. Il porte un beau masque blanc. Vu de dessous, les ailes déployées sont rouges et vertes, la queue rouge. Ce perroquet n’est visible dans cette région que pendant deux mois d’environ mi-mai à mi-juillet quand les fleurs violettes des tarumas s’ouvrent. Pour l’heure, ils dégustent bruyamment les fruits des cécropias. Les photographes se régalent aussi… Plus loin, les martins-pêcheurs à ventre roux scrutent l’eau. Timides, ils sont beaucoup moins coopératifs que les aras. Les silhouettes dénudées de certains arbres portent de beaux « fruits » rouges. Les « arbres de noël » de la Varzea sont des cousins du kapokier de la grande forêt de « terra firma » (jamais inondée). La coque rouge s’ouvre sur une superbe inflorescence blanche. Certains Indiens utilisent la fibre en guise de coton, mais il est cassant. Ces arbres font la joie des petits perroquets verts : les touis été qui s’y nourrissent. Là, certains servent de dortoir aux aigrettes. Un caracara huppé nous survole. Un anhinga fait sécher ses ailes après la pêche… C’est un vrai festival : caracara à tête jaune, ibis vert, hirondelles à ailes blanches, urubus à tête rouge, sternes d’Amazonie, caracara huppé, tyran mélancolique, pic ouentou… Dans un cécropia, un jeune paresseux à 3 griffes est bien visible.

Proche, il nous permet de bien pouvoir le détailler. Un peu plus loin, un hoazin est posé parfaitement exposé au soleil. L’étrange oiseau huppé à l’oeil rouge sur fond bleu est d’habitude dur à photographier. Leur vol maladroit les incite à se cacher rapidement dans la végétation.

En effet, il se nourrit de feuilles difficilement assimilables. Un jabot musculeux et un système de fermentation bactérienne équivalent à celui des vaches font de lui un « semi-ruminant »… Ce système digestif volumineux se fait au détriment des muscles pour voler. Là, nous sommes chanceux. Il s’agite dans le soleil, révélant son plumage fauve et noir. Nous bifurquons dans un premier chenal : buse à tête blanche, canards amazonettes, martins-pêcheurs à gorge rousse, touis été, tyrans des savanes, hirondelles à ailes blanches, buse roussâtre…

La végétation se reflète dans l’eau, quelques maisons de Cabocles et pêcheurs illustrent la vie locale. Un pittoresque arrêt technique version pilotis restera mémorable… Il faut dire que le niveau des eaux est très élevé. À perte de vue, de l’eau de l’eau, chenaux, lacs, marécages ne forment plus qu’un dans une inextricable mosaïque. Retour au bateau où un excellent déjeuner nous attend. Nous naviguons jusqu’à l’embouchure de la rivière Curua Una d’où se fait la sortie du coucher du soleil. Autour de nous, les dauphins sont en pleine pêche et les photographes sont concentrés… La sortie de l’eau pour la respiration est rarement là où la mise au point est faite…

La lumière est superbe et les oiseaux nombreux : milans des marais, paroare rougecap, martins-pêcheurs d’Amazonie, jacanas… Un singe hurleur en rajoute pour l’ambiance avec son puissant cri. Le soleil descend, le ciel se drape de chaudes couleurs tandis que nous observons le dortoir des ibis mandores. Un couple en est au début de la confection du nid. Le soleil se couche et nous rentrons au bateau sous le charme de cette belle nature… en compagnie des dauphins roses d’Amazonie…

vendredi 15 juin

6h, le bateau lève l’ancre pour Pacoval, un petit village de « Quilombos », descendants du métissage d’esclaves noirs et de Portugais. Nous commençons par une exploration de la forêt qui domine une petite falaise ocre. Bien nous en a pris : sur un arbre, toute une famille de singes hurleurs noirs commence tranquillement sa journée. La lumière est parfaite, les singes paisibles… Nous en profitons largement. Un bébé sur le dos de sa mère ne nous quitte pas des yeux… Un couple de matins-pêcheurs à gorge rousse va et vient fébrilement : il faut garder le bon emplacement pour le nid à venir… Un petit troupeau de buffles s’avance en longeant la berge près d’une petite maison où la vie suit son cours : on écope dans la pirogue, on emmène le troupeau, on part à la pêche… D’ailleurs, c’est ce que nous faisons…

Mais, d’abord nous passons devant le village pour nous enfoncer dans les méandres de la Curua Una. Quelle richesse ! Les terres inondées offrent un paysage lacustre de toute beauté. Les rencontres se succèdent : buse à gros bec, urubus à tête rouge, nombreux anis à bec lisse, carouges loriots… Des iguanes prennent le soleil sur des buissons de anhingas. Des kamichis cornus discutent étrangement (un peu façon âne qui brait… pour certains…). D’autres singes hurleurs croisent notre route. Des hoazins sont aussi au rendez-vous. Une fois un lieu ombragé trouvé près des herbes et les pêcheurs s’équipent. Les piranhas sont bien nourris… Mais notre capitaine sort 2 piranhas rouges et notre spécialiste, Patricia : 2 piranhas blancs. Au retour, nous faisons un petit détour pour aller voir les nénuphars géants, les célèbres Victoria Regia aux feuilles géantes pouvant supporter 40 kg… Karim nous arrête chez un ami pêcheur pur acheter la friture pour l’apéritif du soir. Petit retour au bateau et nous continuons la visite par Pacoval. Débarqués près du petit chantier naval, Karim nous explique la technique pour réaliser les petites pirogues individuelles en itauba. En montant vers le coeur du village, on nous demande à faire une photo tous ensemble avec des villageois… Au Brésil, les situations sont parfois inversées… Dans la maison de notre guide local, sa femme confectionne un filet. C’est l’entreprise familiale. Les filets les plus prisés sont en coton. Ils peuvent faire jusqu’à 100 m. Il faut 2 mois pour le réaliser.

Dans le jardin, manguiers, papayers, orangers (à oranges vertes) produisent les fruits. Manioc, piments, échalotes poussent au sol ou cultivés sur des jardinets sur pilotis. De retour sur l’Amazon Dream, c’est l’heure du déjeuner puis de 5 h de navigation pour arriver dans la région de Tapara. Nous évoquons les questions de l’agriculture au Brésil et des aléas économiques… Un orage déverse, au loin sur l’Amazone, ses torrents d’eau tandis que nous suivons les évolutions des botos près du bateau. Les grands dauphins jouissent d’un grand succès… Nous embarquons pour pénétrer dans un chenal entre les plantations de bananiers, papayers croulants sous les fruits, maisons du « peuple de l’eau », les cabocles. Les oiseaux sont partout. Les tyrans d’espèces variées dominent vraiment dans ce secteur. Nous croisons aussi des milans des marais, buses roussâtres, hérons striés… fugaces et de multiples aigrettes. Les belles dames convergent vers leurs dortoirs.

Et nous aussi, poussés par un incroyable courant, le moteur devient inutile…
Le coucher de soleil est fabuleux. Moteur coupé sur une petite mer intérieure ponctuée de radeaux herbeux et îlots, nous profitons des bavardages d’un grand dortoir aux aigrettes… L’ambiance est on ne peut plus apaisante… Avant de rentrer au bateau, nous faisons une petite visite au bar-salle communale du coin et achetons des bananes à un ami de Karim…

samedi 16 juin

Ce matin, comme d’habitude, le lever du soleil nous trouve en plein petit-déjeuner. Nous embarquons sur l’annexe pour explorer la région de Tapara. Quelques dauphins roses pêchent près du bateau. Nous nous enfilons dans un petit chenal pour rejoindre le lac de Monte Allegre. Sur les ilots de riche limon poussent en abondance bananes et papayes. De place en place, nous rencontrons de paisibles troupeaux de bovins.

Dans le ciel aux couleurs pastel, des vols d’aigrettes quittent leurs dortoirs pour aller « faire leur marché »… Sur les poteaux des enclos, des tyrans recherchent des proies potentielles. Tyrans quiquivis, tyrans mélancoliques, tyrans des savanes ne manquent pas. Les anis sortent d’un peu partout de manière souvent très bruyante… Dans une pâture, des ibis mandores sont en plein petit-déjeuner. Tels des sentinelles, des caracaras, divers rapaces et aigrettes dominent la situation. C’est l’heure où la rosée nocturne doit sécher…

Dans ce calme paysage, c’est, d’abord l’agitation des photographes avec les iguanes. Endormies sur des branches pattes bien rangées ou crispées dans des positions un peu acrobatiques, il faut les repérer… Certaines se laissent tomber dans l’eau… On n’est jamais trop prudent. Soudain, au détour d’un méandre, nous surprenons un groupe d’aigrettes, un cheval et des bovins partis barboter et boire. Tout ce petit monde surpris se rue sur la berge dans de belles gerbes d’eau… Arrivés au lac, nous nous encapuchonnons pour traverser le lac. L’équipement s’avère quasi inutile. La forêt sur les berges vers lesquelles nous approchons se détache superbement sur un sublime ciel d’orage. Nous rentrons dans l’étroit chenal, silencieux et à l’affût.

Des chants d’oiseaux sortent de partout, sur tous les tons. La forêt se reflète dans l’eau. Quelle belle région ! Soudain, un son rauque s’élève au-dessus des voix, c’est le cri du singe hurleur. L’étrange mélopée s’intensifie au fur et à mesure que nous approchons du groupe. C’est très impressionnant. Il s’agit de singes hurleurs roux. Malgré une approche lente et silencieuse sous les arbres, ils disparaissent dans la canopée. Quel moment ! Puis, au fil de nos rencontres, c’est un petit saïmiri ou singe-écureuil qui s’avère plus coopératif. Et, et, et… Le superbe ciel d’orage… nous arrive dessus avec des trombes d’eau… Nous battons en retraite dans des bourrasques d’eau et de vent qui passent en vagues sur les vastes surfaces planes de la crue. Finalement, une petite épicerie locale nous accueille. Café chaud, quelques petits gâteaux et nous partageons un bon moment convivial. Karim nous explique tous les secrets du mode de vie quotidienne dans cette région. La pluie cesse, mais le canal de Tapara passe par le jardin de la maison pour rejoindre le petit chenal sur lequel nous sommes. Tout cela nous donne une idée de la période des pluies en Amazonie… Nous repartons pour profiter tranquillement de notre parcours fait un peu… plus rapidement que d’habitude. Bien nous en a pris : nous pouvons observer des singes capucins, des saïmiris, des paresseux, des toucans toco… Un petit saïmiri est en plein repas et ne compte pas se laisser déstabiliser par ces étranges étrangers que nous sommes dans ce milieu. La bouche pleine, il nous observe un peu avant de continuer son chemin. Nous rentrons déjeuner un peu en retard…

L’après-midi, première visite de Santarem. Le musée nous entraîne dans l’histoire de la région. Nous montons jusqu’à l’ancienne forteresse. La rencontre des eaux est particulièrement visible de là. Puis l’Amazon Dream, provisions faites, continue sa route vers le canal de Jari.
Nous commençons notre navigation sur le fleuve Tapajos. Bientôt, l’entrée du canal de Jari s’ouvre devant nous. Sa configuration est bien différente de celle en période de basses eaux. Là, seule une rangée d’arbres de chaque côté marque le chenal… Le grand figuier étrangleur est toujours aussi accueillant. Nous faisons un petit tour au coucher du soleil pour regarder toute la gent ailée s’organiser pour la nuit… Après le dîner, nous repartons pour une dernière exploration, nocturne cette fois. Petits caïmans, chouettes, engoulevents, grenouilles et d’innombrables lucioles sont au rendez-vous sous la belle voûte céleste étoilée.

dimanche 17 juin

Ce matin, début un peu humide… La sortie au lever du soleil prévue s’est vite transformée en observation des spectaculaires précipitations amazoniennes… C’est donc un peu plus tard, après avoir bien profité du petit-déjeuner plus longuement qu’à l’accoutumée, que nous embarquons pour découvrir ce haut lieu de nature. Ce matin, nous allons explorer une belle réussite de l’écotourisme. En effet, la propriétaire du lieu, Rosangela, contre l’avis de toute sa famille, a pris la décision de protéger son domaine. Ici, on ne pratique ni la déforestation, ni la chasse, ni l’élevage… Une buse à gros bec, deux charmants petits perroquets et quelques anis nous accueillent sur l’autre rive.

Suivant la saison, sa forêt de varzea se visite à pied ou en pirogue. Elle n’a pas son pareil pour repérer les nombreux habitants qui y vivent. Dès l’arrivée, un couple de sicales à béret (ou canaris) sautillent sur la passerelle. La vaste maison sur pilotis est largement ouverte sur son environnement. D’une ruche traditionnelle (en tronc), des abeilles vont et viennent. Ici, la spécialité est le petit sablé à la noix de sapucaï. Nous découvrons l’énorme coque d’où, une fois l’opercule ouvert, la trentaine de noix peut s’extraire. Décortiquées avec dextérité au… coupe-coupe, elles sont excellentes. Puis nous montons à bord des pirogues. L’embarcation, menée à la pagaie, glisse doucement sur l’eau. Nous passons sous un gigantesque noyer de sapucaï de plus de 200 ans. Silencieux et concentrés, nous scrutons arbres et buissons. Très rapidement un premier puis un second paresseux sont repérés par Rosangela évidemment… La forêt aux pieds dans l’eau bruisse de toutes parts… Bientôt, c’est l’étrange babillage des hoazins que nous identifions. Sur un nid, un adulte couve consciencieusement deux oisillons. Une attaque de caracara est repoussée par tout le groupe à grand renfort d’effets d’ailes et de huppe… leur seule arme : la dissuasion, et ça marche… À la fourche d’un grand arbre entouré de grosses branches, un étrange amas repose… Il s’agit d’un boa constrictor de belle taille… Il y a 3 semaines, ils étaient 5… C’était la période de reproduction… Pour la photo… Ça n’est pas gagné entre les branches, les feuilles… mais tout le monde s’applique… D’autres paresseux sont découverts au cours de la balade. Une petite chauve-souris, accrochée sur un tronc, nous observe. Finalement, l’apothéose est une femelle paresseux avec son petit sur le ventre. Elle se déplace, tranquillement, mais sûrement, pour accéder à un endroit confortable et sécurisé pour faire la sieste, après un bon petit-déjeuner de feuilles de cécropia… Quel beau spectacle ! Quel bel endroit que cette « forêt aux paresseux » ! Notre visite mérite réflexion : c’est une initiative privée qui a permis de sauver un peu de biodiversité dans un secteur voué à l’élevage, donc à la destruction. N’avons-nous pas tous un rôle à jouer dans la préservation des richesses de la nature à notre échelle ? Si chaque personne sensibilisée et qui en a les moyens protège un peu de terrain… la nature gagne au moins ça…

Le bateau appareille maintenant pour Urucurea sur le fleuve Arapiuns. Nous remontons doucement le canal de Jari, passant devant certaines maisons cabocles dont les pilotis sont parfois tellement dans l’eau qu’elles semblent flotter… Puis, nous rejoignons une immense surface d’eau qui ressemble furieusement à une mer : là où se mêlent les eaux du fleuve Tapajos, du fleuve Arapiuns et du canal de Jari. Pendant la navigation, nous évoquons la mer Pebas, la symbiose entre le cécropia et les fourmis azteca, les singes d’Amérique du Sud. Arrivé dans une sublime petite crique, le bateau s’amarre. C’est l’heure du bain, fort apprécié… Au coucher du soleil, nous explorons en annexe la limite des terres. Elles sont couvertes de forêt de « terra firma » avec des arbres de 15 à 20 m de haut. Aujourd’hui, c’est la soirée « singes hurleurs noirs ». Nous en croisons plusieurs familles dont une avec un dominant particulièrement paisible… Des petits saïmiris sont aussi présents. Le ciel est de toute beauté, de celle qui laisse présager un repli stratégique très rapide. Mais, le ciel est clément et notre belle soirée se finit au sec…

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Messages

  • FOLLOPPE CELINE

    Superbe récit Marianne, on s’y croirait et on en rêve!

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