À bord du Polaris, du 4 au 15 août 2017

Le guide et chef d’expédition

Nicolas Vogel

Le monde des Glaces

Journal de bord

Jour 1

Du 4 au 6 Août 2017

Grands Espaces - Polaris

Vendredi 4 août

Après un départ de bonne heure de Paris CDG, nous atterrissons en terre polaire. Nous voici à Longyearbyen, par plus de 78°N, dans l’archipel du Svalbard. Le soleil joue avec les nuages, la lumière est douce, quel bonheur de sentir la fraicheur sur nos visages. Nous découvrons la ville grâce à un tour de bus mené par Bruno, l’un des guide qui partira sur l’Ocean Nova. Cette bourgade de 2200 âmes est au pic de son activité touristique. Les rues sont animées… pour le plus grand bonheur des locaux. Notre petit groupe de 12 se retrouve à 17h30 pour embarquer à bord du Polaris. En l’espace de quelques minutes, tout le monde se sent comme à la maison au carré. Nos guides, Rémi et Nicolas, Benoit le capitaine nous exposent les points de sécurité qu’il nous faudra suivre dans cet environnement isolé et hostile. A 18h15, nous appareillons, cap au Nord vers la baie du Roi.

Samedi 5 août : Krossfjorden

Après une nuit de sommeil bien méritée, nous arrivons en Baie du Roi sous l’œil d’un paisible phoque barbu, pour effectuer notre première sortie zodiac devant les fronts glaciaires du Kronebreen et du Kongsbreen : nous sommes de suite accueillis par un second phoque barbu aux longues moustaches frisées devant le mur de glace. Arrivés devant l’imposant front de glace du Kongsvegen, nous assistons à de nombreux et bruyants vêlages d’icebergs qui alimentent un brash dense. De retour au bateau, nous prenons la route pendant le repas en direction de Raudevika, la Baie Rouge, en prévision d’une marche dans la toundra d’Ossian Sarsfjellet. La chance nous sourit à nouveau : un premier renard polaire nous accueille près de la plage. Au total, nous en verrons six, dont une bande de quatre jeunes en train de jouer ! Nous observons quelques rennes totalement indifférents à notre présence, des bruants des neiges et bien sûr, la colonie de mouettes tridactyles nichant sur le site. Nous faisons route en zodiac, passons à nouveau devant un phoque et atteignons Bloomstranhalvoya. Un ours blanc est là, massif, bien portant, allongé sur la toundra et bien visible. Magnifique ! Une première journée bien remplie !

Dimanche 6 août : Magdalenfjorden  – Smeerenburgfjorden

78°56’N – 12°27’E

Nous nous réveillons à Trinityhamna, dans la Baie de la Madeleine. Le plafond est bas mais la visibilité horizontale excellente. Après un bon petit déjeuner, nous partons en zodiac sur l’autre rive du fjord. Le brash est dense et nous impose une progression lente. Une fois à terre, nous nous dirigeons vers une colonie de mergules nains. La montée dans la toundra moussue est très agréable, nous avons l’impression de marcher sur un tapis bien moelleux. Arrivés dans les blocs, nous nous installons confortablement… Le spectacle se prépare. Des centaines de mergules passent au-dessus de nos têtes. Le tout avec le glacier du Wagonway en toile de fond. Quelle ambiance ! Nous observons ainsi, pendant plus de 30 minutes, les mergules posés sur leur bloc de granit. Ces alcidés, les plus petits de cette famille d’oiseaux marins (130 à 200g), sont les plus abondants au Spitzberg : on dénombre au minimum 1 million de couples nicheurs. Leur cri nous fait penser à celui d’un clown. Rient-ils de nous, observateurs immobiles dans le froid ?

Retour au zodiac, nous déposons nos deux marins, Hugo et Hadrien, au Polaris. Départ pour Gullybukta et son beau glacier. La chance nous sourit, le soleil perce entre les montagnes et nous chauffe le dos avec bonheur.

Autour de 13h, le bateau lève l’ancre, cap au Nord. Une heure plus tard, nous pénétrons le Smeerenburgfjorden, le soleil est toujours de la partie. Nos guides sont à la jumelle et scrutent les côtes à la recherche de l’Ours ! Une pause-café est prise dans la baie, devant le Smeerenburgbreen, impressionnant.
En fin d’après-midi, nous jetons l’ancre entre Danskoya et Amsterdamoya. Les zodiacs sont de nouveau mis à l’eau. Nous prospectons une petite baie très sympathique, et là, cachés de tous, nous découvrons un groupe d’une quinzaine de phoques veaux marins. Allongés sur leur pierre, ils profitent de la marée descendante pour se réchauffer le poil. Notre présence ne semble absolument pas les déranger. Nous filons direction Smeerenburg. En chemin, nous passons au large de Virgohamna, un lieu chargé d’histoire. C’est là qu’en 1896, un explorateur suédois dénommé Andrée partit avec son ballon et ses deux comparses en direction du Pôle. Personne ne les revit pendant plus de 33 ans. On retrouva leur corps en 1930 sur Kvitoya, l’île blanche, à l’extrême Est de l’archipel.

À Smeerenburg, Rémi nous parle des baleiniers et de cette « ville » hollandaise du XVIIe siècle. Les restes de fours sont la seule trace de leur présence. À l’est de l’île, une colonie de morses se prélasse sur la plage. Une tonne de graisse, deux grosses canines en ivoire et un fumet bien odorant, c’et le spectacle vivant de la Nature. Le groupe observé est uniquement composé de mâles. Nous apprenons que ces animaux font ce que l’on appelle une « ségrégation sexuelle ». Les femelles restent généralement avec les jeunes, plus à l’est, sur Nordaustlandet.

Le repas se passe devant Danskoya, Nicolas a repéré un ours qui dort sur un névé. Nous attendons patiemment qu’il décide venir manger sur la carcasse de cachalot échouée sur la grève. Un deuxième dormeur est repéré plus haut…

C’est à 23h que le spectacle recommence. L’individu du névé se dirige vers la côte. Nous sautons dans les zodiacs. Certains seront passés du lit aux embarcations en moins de 10 minutes. L’ours est bien là, serein, imposant, occupé à manger. Des chercheurs norvégiens nous rejoignent en zodiac, nous partageons cette excellente observation… et une info toute fraiche.
Une mère et un jeune ont été aperçus tout près de là. Nous tentons notre chance, les yeux dans les jumelles, la quête est difficile. Du Polaris, Benoit les voit. Il nous guide. Vu ! Ils sont là ! Le jeune joue tandis que sa mère tente désespérément une sieste. Ils nous regardent, chahutent, se roulent… fantastique ! Les mots s’arrêtent là, place aux émotions…

C’est heureux que nous glissons paisiblement sous la couette, le soleil nous illumine, il est 1h du matin !

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