Du 10 au 12 Août 2018
Vendredi 10 août
De Roissy à Longyearbyen
Le vol Air Charter nous conduit en 4 heures 30 de l’aéroport Charles de Gaule à celui de Longyearbyen sur l’île du Spitzberg, par 78° de latitude nord. Dès réception des bagages, nous partons en excursion à la découverte de la vallée de l’Advent jusqu’à la mine n°7 et aux antennes d’étude des aurores boréales qui resteront nimbées dans un nuage résolument opaque. En chemin, des troupeaux de Bernaches nonnettes nous coupent la route tandis qu’un rassemblement de pas moins de 10 Plongeons catmarins vient se poser sur le petit lac où niche un couple dont les deux jeunes ne sont pas encore emplumés. Arrêt à l’incontournable panneau routier de l’ours blanc indiquant que cette bête dangereuse hante la totalité de l’archipel, prêt à croquer d’imprudents visiteurs. Arrêt en ville à Taubalen, le centre d’aiguillage des wagonnets suspendus aux câbles, entre les différentes mines et le port charbonnier. Les annexes du superbe yacht de la reine de Norvège font les allers et retours avec le quai et leur chargement de têtes couronnées et de marins en uniforme impeccable.
Installation à l’hôtel Svalbard, bâtiment flambant neuf puis dîner au Kroa, le bar-restaurant des trappeurs et mineurs.
Samedi 11 août
Longyearbyen, la ville de M. Longyear fondée en 1906
La matinée est occupée par la visite de la mine n°3 située au-dessus de l’aéroport. De 1971 à 1996, 3,7 millions de tonnes d’anthracite ont été extraites de la montagne. Après sa fermeture, la mine a été valorisée par le tourisme. Le groupe pris en charge par Wolgang et Camilla, les deux guides spécialisés employés par la compagnie minière, s’équipe des salopettes (lompen en norvégien), des casques et des lampes pour arpenter la galerie principale sur 250 mètres et voir le départ d’une galerie secondaire d’excavation des veines de charbon qui font ici entre 60 cm et 1 mètre d’épaisseur. La technique d’exploitation en trois étapes, entaille à la haveuse, tir de mine, déblaiement du charbon fracturé par la dynamite, effondrement du toit de la galerie sur 1 mètre de largeur par enlèvement manuel des étais. C’est le troisième poste (45 mineurs pour chacun des postes), celui chargé du retrait des étais destiné à l’effondrement en arrière du front de taille, qui était le plus dangereux dans toute la séquence d’extraction du charbon. Un chantier d’excavation reconstitué dans lequel le groupe est invité à ramper donne une idée des conditions de travail des plus pénibles pour les mineurs, recroquevillés pendant 8 heures d’affilée, dans ces veines de charbon de faible épaisseur. Le principal débouché de ce charbon était la sidérurgie allemande pour la fabrication des fameuses BMW et autres Mercédès. Sur la maquette du chantier d’extraction trône une énorme empreinte du mammifère qui rôdait dans les marécages où s’accumulaient les troncs des arbres de l’ère tertiaire qui ont, par transformation en absence d’oxygène, lentement évolué vers la formation de ces couches de houille constituée à plus de 90% de carbone.
Après un frugal snack dans l’immense salle de restaurant de l’hôtel Radisson, suivi de deux heures d’emplettes dans les innombrables magasins du centre bourg, au musée du Svalbard situé dans le bâtiment de l’université. Sous la houlette d’Alain et Philippe, des explications sont données sur les différentes maquettes illustrant l’époque du carnage des baleines au 17e siècle, les reconstitutions de huttes de trappeurs ou la section d’histoire naturelle avec les différentes espèces peuplant l’archipel dont un imposant ours blanc mâle, le seul que nous ne pourrons jamais approcher en toute sécurité à une distance inférieure au mètre !…
À 16 heures 30, nous embarquons sur le Sea Endurance qui nous attend sagement depuis la veille au soir sur le quai principal, tout près d’un autre bateau d’expédition, le Plancius. Après l’obligatoire exercice d’abandon, nous mettons le cap sur l’Ouest par l’Isford et l’étroit passage entre l’Avant Terre du Roi Charles et la côte ouest de la grande île Spitzberg. Quelques minutes après le souper, une gigantesque baleine bleue nous gratifie de ses souffles qui dessinent une colonne de vapeur sur une dizaine de mètres de hauteur.
Dimanche 12 août
Forlandsundet : le détroit de l’Avant Terre
Durant la nuit, le Sea Endurance s’est avancé dans le détroit séparant l’Avant Terre du Prince Charles de la côte ouest du Spitzberg. Nous partons avec les zodiacs explorer l’immense langue de sable qui s’avance en travers de ce détroit au lieu-dit Sarstangen. Un petit groupe de morses mâles se prélasse sur la plage sous un ciel couvert, mais néanmoins très lumineux. Nous contournons ce banc de galets par le Sud vers les bourguignons et petits icebergs qui s’échappent du front du glacier Aavastmarkbreen. Quelques minutes après le signal du retour au bateau lancé par Christophe, le zodiac d’Adrien nous informe d’une tache suspecte sur une glace au loin plus près du glacier. La masse sombre s’avère être un énorme ours blanc mâle en plein festin sur un gros phoque barbu tout fraîchement capturé. Les deux tiers avants de la bête sont dépecés, dépouillés de toute la graisse, objet de la convoitise ursine. Après une lente approche, nous pouvons admirer la puissance de l’animal entouré d’un ballet de goélands bourgmestres impatients d’avoir droit eux aussi à quelques miettes du festin. Au bout d’un moment, l’ours ayant décidé de se mettre à l’eau, nous l’abandonnons à sa digestion.
Après un court positionnement du bateau quelques encablures plus au Nord, nous repartons passer l’après-midi en zodiac pour explorer l’intérieur de la Lagune de Richard, Richardbukta, baptisée du nom de l’ancien directeur du musée océanographique de Monaco, compagnon du Prince Albert 1er dans ses quatre expéditions scientifiques au Spitzberg fin XIXe et tout début du XXe siècle. Quelques rennes pâturent au loin la toundra tandis qu’un petit groupe de phoques veau-marins profite des derniers instants avant la pleine marée haute pour se reposer au sommet du rivage. Un petit débarquement sur la plage au niveau du goulet repassé à marée descendante nous emmène à la découverte des innombrables laisses de mer échouées par les tempêtes : algues, occiput de grande baleine, pontes de buccins, balanes géantes, galets roulés.
Nous terminons l’après-midi par une reconnaissance, avec le Sea Endurance, de la côte du Spitzberg au niveau d’Engelsbukta, la baie des Anglais, connue également sous l’appellation de Comfortlessbukta, la baie sans confort, sans doute en référence à son ouverture sur les vents de l’Ouest qui doivent la rendre souvent impraticable. Un étonnant phoque barbu profite du grand soleil sur une pointe de sable, une observation encore jamais réalisée au cours des croisières expéditions de cette espèce systématiquement associée à la banquise et aux glaces des fronts glaciaires.
Avant le dîner, le pot du capitaine est l’occasion de présenter les officiers du bord, Aarson, Manuel le médecin, Valery le capitaine, Alexander, l’officier de navigation.
Le récapitulatif après le repas permet de revenir sur les phoques veaux-marins avec Alexis, la baleine bleue présentée par Alain, l’Avant Terre du Prince Charles par Adrien et la carte des vents, élément fondamental de la prise de décision du parcours des jours à venir pour Christophe.
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