À bord de l’Ocean Nova, juillet 2014

Le guide et chef d’expédition

Christian Kempf

Président Fondateur de Grands Espaces

Journal de bord

Jour 1

Du 15 au 20 Juillet 2014

15 juillet 2014

Le réveil a sonné tôt dans les chaumières ce matin. Nous avions, en effet, rendez-vous dès 6 heures du matin au comptoir d’enregistrement de notre vol charter. Un peu plus de 4 heures plus tard, nous survolions le Spitzberg avec les commentaires de Christian en direct du cockpit. Pratique le vol privé ! Il faut dire que la météo était avec nous et nous avons pu profiter des somptueux paysages du « Spitzberg vu d’en haut » jusqu’à notre arrivée à Longyearbyen.

C’est là que les choses ont commencé à s’accélérer. À peine descendus de l’avion, nous embarquions dans un bus en direction de la vallée de l’Advental et avons fait connaissance avec la toundra arctique et ses habitants : rennes, oies, sternes et autres individus à 4 ou 2 pattes. Puis, vers 17h, nous touchions au but : embarquement sur l’Ocean Nova. Après quelques discours et un exercice d’abandon rondement mené, nous levions l’ancre. Enfin, nous allions rencontrer le Grand Nord !

16 juillet 2014

Première journée au Spitzberg, mais quelle journée ! Tout a commencé au réveil, un ciel bleu et un soleil radieux étaient là pour nous accueillir en Baie du 14 juillet. Première croisière en zodiac devant une falaise où nichent, entre autres, des macareux moines au bec coloré. Les cris des mouettes tridactyles mêlés au pétillement du brash (cette glace pilée provenant du vêlage du glacier) nous prouvaient bien que nous étions dans le Grand Nord. Puis nous avons débarqué sur une plage, les oies bernaches nonnettes et les rennes nous observaient du coin de l’oeil, mais nous ont bien laissé approcher à une distance raisonnable.

Dans l’après-midi, nous repartions à bord de nos petites embarcations. Alors que nous nous trouvions devant le fabuleux glacier de Lilliehook et ses 7 kilomètres de front, voilà que le zodiac de Fabrice aperçoit un ours sur la berge. Un ours ! ! Dès le premier jour ! Quand les derniers sont arrivés, l’animal nous tournait le dos, pas vraiment décidé aujourd’hui à cohabiter quelques heures avec les humains. Nous avons tout de même pu l’observer grimpant doucement mais sûrement jusque sur la crête d’une moraine. Et là, nouvelle surprise.

Dans l’eau, des phoques communs se prélassaient sur leurs rochers. Nouveau spectacle encore que d’observer des phoques de si près ! Puis nous avons longé le front du glacier, naviguant dans la glace entre les petits icebergs… Et il y aurait encore beaucoup à dire : les sternes arctiques, les vêlages du glacier, le cadavre de phoque… mais c’est trop pour aujourd’hui. Et, nous avons fêté cette belle journée avec le pot de bienvenue du commandant du navire. Pour ceux qui en doutaient encore, il s’en passe des choses au Spitzberg !

17 juillet 2014

Difficile d’aller se coucher avant 23 heures sur l’Ocean Nova. Ici au Spitzberg, au mois de juillet, le jour est permanent, la nuit n’existe plus. Donc, forcément, ça nous joue des tours… à 23h, on se sent une forme olympique et le lendemain on fait moins le malin. Surtout que, même si on est en vacances, on ne chôme pas…

Ce matin, 9h, Alexandre aperçoit un ours -au loin- depuis la fenêtre de sa cabine. Il court prévenir l’équipe de guides. Et c’est le branle-bas de combat. Les zodiacs étaient déjà descendus et tout le monde saute alors dans les embarcations. L’ours, une femelle âgée, est au premier abord ennuyée de notre venue. Elle nous regarde et part tranquillement plus loin. Puis, le temps passant, elle finit par accepter notre présence et nous offre un spectacle plutôt sympathique, préparant un trou dans la neige pour s’y lover, s’y frotter le museau et enfin s’y endormir. Nous la laissons dormir après une très belle observation. Nous rentrons au bateau pour ressortir en début d’après-midi.

Nous débarquons sur une plage dans le Liefdefjord et partons marcher sur la moraine frontale du glacier d’Erik. En haut de la moraine, nous avons une vue à 360° sur le paysage alentour : d’un côté le glacier d’Erik et son lac de fonte retenu par la moraine puis de l’autre côté, au loin, la mer et le glacier de Monaco au fond du fjord. C’est aussi l’occasion de nous pencher sur les fleurs de la toundra. Nous retournons ensuite au bateau pour une heure puis repartons en zodiac pour une croisière le long des 5 kilomètres de front de glace du glacier de Monaco. Nous rentrons enfin sur l’Ocean Nova, il est 19h et nous avons encore de la route. Nous prenons immédiatement la direction du Nord.

Et demain ? La BANQUISE !

18 juillet 2014

Au réveil, la glace nous entourait. Dès 8 heures, le microphone du bord retentit. La voix de Christian annonce un ours. La journée commence encore sur les chapeaux de roues. Puis, quelques minutes plus tard, alors que nous interrompons notre petit déjeuner, ce sont 2, puis 3, puis 4 ours qui sont annoncés. Une carcasse de phoque bien nettoyée était l’objet de toutes les convoitises. Nous nous approchons avec l’Ocean Nova et nous nous apercevons très vite que ce sont en fait 6 ours qui sont autour du reste de phoque. Observation exceptionnelle. Nous voyons certains des ours interagir entre eux. Deux des ours sont visiblement des jeunes, l’un semble vouloir faire son téméraire, provoquant l’autre. Puis ils se roulent, courent, reviennent, vivent sur cette banquise… et nous comprenons à quel point l’ours blanc est ici chez lui, dans son milieu.

Quelques heures plus tard, une autre repas est interrompu. Au moment du déjeuner, un nouvel ours est aperçu, dormant sur la glace. Le capitaine nous fait alors une approche incroyable. Nous sommes à quelques dizaines de mètres seulement de l’animal ! Puis nous continuons notre route. Le long de la banquise.

Dans l’après-midi, alors que nous longeons la côte de l’île Lagoya et que Christian nous fait une conférence sur l’ours, ce sont cette fois des morses qui sont aperçus sur la glace. Puis un autre ours. Décidément, la banquise est pleine de vie… Nous approchons les mastodontes, dont 3 femelles et 2 jeunes. Encore une fois, le capitaine manie son bateau avec habileté, permettant à tout le monde d’admirer le spectacle.

Puis, dès le début de la soirée nous quittons cette banquise, des étoiles plein les yeux. Mais pas de panique, nous y retournerons dans quelques jours pour encore mieux l’apprécier.

19 juillet 2014

La journée a été tellement chargée qu’on pourrait dire qu’on a quitté nos bottes vers 23 heures seulement. Nous avons commencé la journée dans le fjord de Murchinson. Certains ont débarqué près de la station scientifique suédoise de Kinnvaka construite pour l’année géophysique internationale de 1957-58. Cette station est maintenant inoccupée. Puis, nous sommes partis observer les fleurs et grimper sur une colline environnante qui offrait un point de vue sur le désert de pierre et de glace qui nous entourait. D’autres ont préféré le zodiac, et sont donc partis pour 2 heures de balade.

Les plus chanceux ont pu voir des phoques de très près, ou — devrions nous dire — ont été observés de très près par des phoques curieux qui n’hésitaient pas à inspecter le zodiac sous toutes les coutures !

Dans l’après-midi, nous ré-enfilons nos blousons direction Alkefjellet, la grande falaise où des dizaines de milliers de guillemots de Brünnich se reproduisent. L’endroit est tout simplement fantastique. C’est sous un ciel et une mer remplis d’oiseaux que nos zodiacs avançaient lentement. Nous avons même pu observer un renard polaire en quête de quelques restes tombés de la falaise. Toujours en mouvement à grimper, descendre, il s’approche du bord de la côte pour regarder nos zodiacs. On pourrait parler des heures de cet endroit incroyable…

Enfin, nous rentrons juste avant le dîner, mais pour peu de temps… 21 heures, beau soleil, des morses à l’horizon se prélassant sur une plage et un ours endormi en haut de la falaise. Nous ressortons les zodiacs. Un des morses, un gros mâle, se frotte le dos et se gratte avant de se lever pour se mettre à l’eau. Les morses ont tellement de comportements et d’attitudes différentes que c’est un régal à observer. Et c’est vers 23 heures que nous rentrons au bateau…

Faudrait-il une semaine de vacances pour se remettre de ses vacances ?

20 juillet 2014

Dès 8 heures, nous étions devant le front de la grande barrière de glace de la Terre du Nord-Est; le paysage ne ressemblant en rien à ce qu’on avait pu voir jusqu’à présent. Fini, les montagnes pointues : ici c’est un paysage de calotte, blanc à perte de vue. C’est dans ce paysage, entre mer et glace que nous observons notre première baleine. Une baleine à bosse ! Les baleines les plus démonstratives en règle générale !

Après quelques manœuvres du bateau, chacun reprend son chemin et nous continuons vers le Nord-Est direction l’île Blanche. Alain Desbrosse nous présente une conférence sur les baleines. Cela nous permet de souffler un peu. Puis, dans l’après-midi, Christian Clot nous conte de manière très intéressante l’histoire des baleiniers dans le monde et plus particulièrement au Spitzberg.

Quelques temps plus tard ou quelques plaques de banquise plus loin, Marie nous présente également une conférence, cette fois sur Andrée et son expédition partie pour le pôle Nord en 1897 à bord d’un ballon à hydrogène. En début de soirée nous sommes aux îles Isis.

Nous sortons en zodiac après le dîner pour une fabuleuse croisière zodiac au milieu des glaces et des morses s’y reposant dessus, avec en arrière-plan le front de glace de la calotte de la Terre du Nord-Est. Une jolie soirée aux couleurs de l’Arctique.

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