Croisière au Spitzberg

La vidéo et photos du voyage, par David et Stéphanie Allemand

Du 28 Juillet au 2 Août 2015

mardi 28 juillet

Nous voilà arrivés au Svalbard ! Après un vol de 4h30 au dessus des nuages, nous découvrons enfin le Spitzberg qui a su garder ses secrets jusqu’au bout. Le temps « arctique » de l’arrivée est là pour nous rappeler que nous sommes bien par 78°N. Du vent et un froid saisissant qui ne découragent pas nos deux groupes qui partent en bus à la découverte de Longyearbyen, sous le guidage avisé d’Alain et Bruno. Nous passons devant la banque internationale des semences, puis direction la vallée de l’Adventalen jusqu’à la mine de charbon N°7 qui reste la seule encore en fonctionnement dans Longyearbyen. Suivent enfin la visite de la ville et de son musée. Puis, c’est vers 16h30 que le Sea Spirit accueille à bord ses 110 passagers qui se réconfortent avec le pot de bienvenue et se familiarisent avec ses 90 mètres de long et ses 15 mètres de large ! S’en suivent alors la routine d’exercice de l’abandon du navire, et des consignes de sécurité: dans le grand Nord, ce n’est pas un sujet de plaisanterie. Puis, c’est avec ces premiers paysages de montagnes pointues et la lente houle de cette navigation vers le nord que cette longue journée se finira. Les paupières lourdes, mais les yeux chargés des premières images de Grand Nord.

mercredi 29 juillet

C’est sous 15 degrés que nous débarquons pour notre premier contact avec le Spitzberg. Au programme: Macareux moines, Guillemots de Brunnïch, Guillemots à Miroir. Les alcidés paradent, le tout sous le regard bienveillant du glacier du 14 Juillet. Un premier groupe débarque dans la toundra, et c’est alors Louis et Nicolas, deux glaciologues du bord, qui les accueillent pour leur parler du monde des glaces, de la formation d’un glacier jusqu’au vêlage des icebergs. Puis Christian et Alain tournent les yeux de leur groupe vers leurs pieds qui foulent la toundra pour la première fois. À cette période de l’année, les silènes acaules et les saxifrages se parent de couleur flamboyantes. Un groupe de Rennes passe au loin, et un renard polaire se cache dans son terrier. Les groupes s’échangent, et rembarquent dans les zodiacs pour découvrir les Macareux moines qui nichent à flan de falaise avec leurs voisins les Guillemots. Nous admirons leurs allées et venues pataudes et leur vol frénétique jusqu’à ce que le cuisinier nous rappelle à son bord pour un déjeuner qui se passera à l’intérieur et en terrasse ! Dans l’après-midi, nous découvrons le glacier de Lilliehöök et ses 7km de front de glace. La glace s’étend devant le paysage, que ce soit devant ou autour de nous, en naviguant et zigzaguant dans le brash et les bourguignons. En fin d’après-midi nous revenons sur cette journée faite d’oiseaux et de glaciers, au travers des récapitulatifs. C’est vers 21h45 que nous arrivons en baie de la Madeleine pour finir cette journée « englacée » par le superbe spectacle du célèbre glacier Waggonway.

jeudi 30 juillet

Croisière en zodiac et visite de la Hutte de Worsleyhamna sont au programme de cette matinée dans le Liefdefjord, un des bras du Woodfjord. Christian nous parle de l’époque des trappeurs devant cette cabane rebaptisée « Villa-Oxford » et de son piège à ours. Puis, nous continuons notre promenade dans ces paysages de toundra au milieu des saxifrages et des dryas en fleur. Alain nous régale de géologie avant de rencontrer un reste de renne croqué par un ours. Ils sont bien présents dans le fjord, mais ne se montrent toujours pas. Puis les groupes de zodiacs s’échangent et 50 personnes embarquent avec le reste de l’équipe pour une croisière en zodiac autour des îles. Nous croisons alors un petit rorqual, qui sonde rapidement, et un phoque barbu qui vient taquiner l’équipe.

Le Sea Spirit continue sa navigation jusqu’au fond du fjord pour nous offrir une vue de plus près du glacier de Monaco. Mais avant de le découvrir, un premier groupe vient se dégourdir les jambes lors d’une grande marche vers le glacier d’Erik, guidée par Louis, Nicolas et Lydie, nos glaciologues du bord. Un second groupe remonte tranquillement la moraine pour découvrir le lac pro-glaciaire formé lors du dernier petit âge glaciaire pendant que les derniers se promènent en zodiac autour des îles. Nous re-croisons des traces d’ours: c’est la bonne piste, nous continuons de suivre sa trace…

À notre retour, l’équipe d’hôtellerie du Poseidon nous accueille un verre de champagne à la main, et c’est ainsi les verres et les yeux qui pétillent !

Et comme trois débarquements dans la journée valent mieux que deux, c’est dans les environ de 18h30 qui nous ressortons nos vestes pour embarquer vers une croisière zodiac le long du front du glacier de Monaco. Un très grand moment de cette croisière ! Le soleil nous fait le cadeau de se lever et d’illuminer ce champ de glace pendant que les mouettes tridactyles s’envolent par milliers. Nous finissons cette journée riche en couleurs avec le pourpre du Woodfjord et une navigation vers l’île de Moffen. À minuit, nous passons les 80°N !

vendredi 31 juillet

Ce matin, première heure, nous voilà partis vers la falaise à oiseaux – Alkefjellet, le long du détroit d’Hinlopen. C’est notre dernier contact avec l’ile du Spitzberg pour cette partie du voyage. Cette falaise abrite plus de 60 000 couples de guillemots de Brunnich et quelques couples de guillemots à miroir et de mouettes tridactyles. Un nuage de guillemot faisant des aller-retours de la mer vers la falaise vole au-dessus de nos têtes, car à cette période de l’année les petits prennent leur envol pour la première fois. Ils sont ensuite suivis par leurs pères qui les nourriront tout l’hiver lors de leur migration à la nage. Pendant ce temps, les goélands et grands labbes patrouillent les environs en quête de petits guillemots égarés. Une belle observation s’offre à nous lorsqu’un goéland Bourgmestre s’empare de la pitance de notre grand labbe. Pendant ce temps, deux phoques barbus curieux nous regardent du coin de l’oeil.

À notre retour à bord, le Sea Spirit reprend sa navigation en traversant le détroit de Hinlopen et nous quittons les montagnes pointues pour arriver vers la Terre du Nord-Est et ses paysages de calottes glaciaires et de grands plateaux. Nous entrons dans le fjord de Palander qui nous fait la surprise d’être encore chargé de banquise de fjord : nous décidons alors de changer le programme et de nous détourner vers le Valenbergfjord qui permettra au navire de se frayer un chemin. Mais entre temps, un morse est repéré à la passerelle et nous embarquons dans les zodiacs pour la deuxième fois de la journée afin de l’observer de plus près. Il s’agit d’un jeune mâle plutôt coopératif ! Nous finissons notre premier contact avec la banquise avec une ballade entre les « floes » et les icebergs parés de couleurs turquoises et bleutées.

Nous reprenons notre navigation vers le détroit de Hinlopen toujours en quête de nos ours. Quelques traces sont aperçues dans la banquise…

samedi 1er août

Nous partons à la première heure pour observer un groupe de morse qui a été repéré tôt le matin le long de l’île de Walbergoya. Ce groupe d’une cinquantaine d’individus est composé essentiellement de mâles, ainsi que d’un jeune de 2 ans et demi. Trois morses se mettent à l’eau et naviguent gracieusement autour des zodiacs qui les observent. Un beau début de journée sans compter que ce magnifique soleil est toujours au rendez-vous !

Lors de notre retour à 11h30, Fabrice et Sylvain nous préparent un double « one man show » dont le thème du jour sera le morse. Une veille studieuse s’est mise en place à la passerelle et permet à l’équipe de guides de repérer un melon blanc qui louvoie entre les plaques de banquise. Après vérification il s’agit bien d’un béluga ! Mais étonnamment cet individu est solitaire.

C’est vers 16h que nous sortons du détroit de Hinlopen, et arrivons en Terre du Nord-Est dans le fjord de Murchison. Un premier groupe débarque à Terre à Kinnvika, et Alain nous ouvre les portes de cette station Finno-Suédoise mise en place en 1957-1958 lors de l’année géophysique internationale. Ce groupe se divise en deux et continue sa progression vers la toundra ou vers les sommets ! Nous observons des sols polygonaux, forgés par le gel. Un dernier groupe préfère rester sur l’eau et progresse entre les îles, toujours sur la trace de notre géant blanc à 4 pattes… Mais phoques marbrés et sternes arctiques seront au rendez-vous de cette excursion.

Et comme trois sorties valent mieux que deux (je pense vous l’avoir déjà dit, non ?) nous repartons vers 22h, dans les couleurs plus chaudes du soir naviguer entre les îles et les lagunes du fjord. Le géant blanc se cache toujours, mais un groupe de 5 morses nous fait le plaisir de se montrer.

dimanche 2 août

C’est dans la banquise que nous nous réveillerons ce matin, plus précisément à 50 milles nautiques des 7 îles. Déjà tôt le matin, les mégaptères nous faisaient le plaisir de parader devant le Sea Spirit avec une première baleine à bosse aperçue vers 7h30. Puis, un peu plus tard dans la matinée, ce n’est pas une mais 5 ou 6 baleines franches du Groënland qui se montrent ! Cette baleine mythique qui avait été quasiment exterminée par les baleiniers. En plus de nous faire l’honneur de se montrer, cette baleine paradera devant nous et donnera l’opportunité à tous de pouvoir l’observer.

Cette arrivée dans la banquise soulève des questions auxquelles Nicolas s’exerce à répondre à travers une conférence sur sa formation, ses caractéristiques et son devenir. Dans l’après-midi, Bruno nous parle de l’histoire du Spitzberg puis Sylvain et Alain nous parlent plus précisément des baleines en revenant sur l’observation exceptionnelle de la matinée.

En fin de repas, nous arrivons dans l’archipel des 7 îles. L’île de Ross est la première aperçue, avec ses falaises acérées et ses sommets de 300-400 mètres et nous nous arrêtons dans la baie nommée Iceflabukta de l’île de Phipps. Aux alentours de 23h30, 2 zodiacs sont mis à l’eau et nous partons en prospection sur les traces de l’ours. Deux empreintes fraîches sont aperçues ce qui nous montre une fois de plus que nous ne sommes pas très loin…