Les guides et chefs d’expéditions

Nicolas Hanuise

Biologiste

Antoine Lochin

Guide naturaliste

Croisière Spitzberg et Svalbard, à bord de l’Explorer

JOUR 1 – Vendredi 28 juin – Embarquement sur l’Explorer

Ce matin, nous débutons notre aventure polaire à l’aéroport de Roissy ! Après un vol agréable, nous atterrissons en début d’après-midi à Longyearbyen, sous un soleil inattendu. Un bus nous conduit ensuite à travers l’Adventdalen, la vallée qui abrite la ville, où nos guides de Grands Espaces nous fournissent des informations précieuses.

Après avoir exploré les rues de la petite capitale du Spitzberg et fait quelques achats, nous embarquons sur l’Explorer en fin d’après-midi et retrouvons nos guides Nicolas et Antoine. Nous nous installons confortablement dans nos cabines, assistons à l’instruction de sécurité obligatoire avant l’appareillage, ainsi qu’à une présentation de la vie à bord et des consignes de sécurité.

Après dîner, nos guides nous prêtent les différents équipements indispensables pour la bonne réussite de la croisière : combinaisons intégrales pour rester au chaud lors des longues sorties en zodiac, peignoirs pour profiter pleinement du sauna et du jacuzzi, jumelles pour observer au mieux la faune sauvage, ou encore sacs étanches pour transporter au sec notre matériel photo. Pendant ce temps, l’Explorer poursuit sa navigation vers la sortie de l’Isfjord, et tandis que la légère houle commence à faire tanguer le navire, nous rejoignons prudemment nos cabines pour la nuit.

JOUR 2 – Samedi 29 juin

Après une nuit quelque peu houleuse, nous arrivons ce matin dans la baie du 14-Juillet, dans le fjord de la Croix. Après un copieux petit déjeuner et un briefing de nos guides à propos des zodiacs, nous embarquons. La météo est exceptionnelle, le soleil brille, peu de vent et une température douce.

Nous nous approchons d’abord d’une petite falaise et rapidement nous apercevons nos premiers animaux. Devant nous, des dizaines de macareux et guillemots de Brünnich ainsi qu’un goéland bourgmestre avec ses petits, nés récemment. Plus tard, nous apercevons même un pingouin torda ! Grâce à nos zodiacs, placés au pied de la falaise, nous pouvons profiter de longues minutes d’observation de cette faune incroyable.

Nos guides décident ensuite de poser le pied à terre afin de s’approcher d’un groupe de rennes présents sur la partie nord de la baie. Avant de débarquer, un phoque commun vient nous saluer.

À terre, la vie est partout, végétale avec de nombreuses fleurs telles que des silènes acaules et des dryades à huit pétales. Et animale, avec l’observation d’une dizaine de rennes et même un renard, haut sur la falaise, à la recherche d’œufs pour se nourrir ! Nous repartons bientôt en zodiac, et c’est un morse qui, par curiosité, tourne autour de nos embarcations pendant de longues minutes. Nos guides coupent les moteurs des zodiacs, ainsi nous pouvons entendre souffler et siffler ce puissant pinnipède.

De retour à bord de notre yacht polaire pour le déjeuner, nous mettons à présent le cap vers le glacier de Lilliehöök. Nous y sommes en début d’après-midi, et rapidement nous prenons les zodiacs, d’abord en direction d’une colonie de phoques veaux marins. Sur le chemin, nous apercevons un phoque barbu se reposant sur une plaque de glace… en silence, nous approchons pour l’observer. Quel animal impressionnant, il peut peser jusqu’à 400 kg ! Nous observons ensuite un groupe d’une vingtaine de phoques communs (ou veaux marins) dans une petite baie ; ils aiment se reposer, échoués sur des rochers à fleur d’eau, au soleil.

Phoques veaux marin

Nous continuons nos pérégrinations vers le glacier de Lilliehöök, impressionnante masse de glace de 7 km de longueur ! Pendant un long moment, nous longeons ce front, le zodiac se frayant un chemin entre les blocs de glace récemment détachés du glacier lors de précédents vêlages.

Zodiac Lilliehook

Le vent se lève à la fin de la sortie, nous rentrons à bord après plus de trois heures d’excursion, un vrai bonheur, au royaume des glaces.

Nos guides nous rassemblent en début de soirée pour nous faire le briefing du lendemain : point carte, météo et cartes des glaces. Suite à cela, nous prenons un verre tous ensemble, le pot de bienvenue officiel. C’est aussi le moment pour nous de rencontrer l’ensemble des huit membres d’équipage de ce navire : le Capitaine Kai, June le second, Joebele et Gerald les matelots, Edwin et Erwin les mécaniciens, ainsi que Lenie la stewardess et Warrel le chef cuisinier.

Nous restons ainsi au mouillage jusqu’en début de nuit, l’occasion pour certains de profiter encore du soleil dans le jacuzzi. Puis nous mettons le cap vers le nord, demain matin nous serons en baie de la Madeleine.

Dimanche 30 juin – Baies de la Madeleine et de Hamilton

Toute la seconde partie de la nuit, nous avons navigué vers le nord le long de la côte occidentale du Spitzberg. La mer, longtemps, nous a bercés ; et nous sommes arrivés au petit matin à l’entrée de la baie de la Madeleine. Nous étions déjà nombreux à être levés pour contempler les sommets enneigés qui bordent ce fjord long de plus d’une dizaine de kilomètres. À l’intérieur, le vent et la houle du large disparaissent presque, et l’Explorer gagne son mouillage abrité sur la rive nord.

Après le petit-déjeuner, les zodiacs sont mis à l’eau, et nous embarquons avec nos guides en direction du fond de la baie. De magnifiques icebergs bleutés, d’une taille impressionnante, y sont échoués. Nous en faisons le tour tandis qu’un vent frais dévale les pentes du glacier voisin. Il est temps alors de rejoindre la rive, et nous débarquons au fond d’une petite crique, au pied d’une montagne qui porte un nom d’oiseau : Alkekongen. Les mergules nains, petits alcidés qui nichent par milliers sous les éboulis, font entendre leurs cris dès notre arrivée. Par un sentier pentu, nous prenons de l’altitude pour approcher de la colonie : leurs silhouettes noires et blanches se découpent sur les rochers, tandis que des vols de dizaines d’individus nous survolent en continu ! Le spectacle est tout autour de nous, et le point de vue sur la baie de la Madeleine ensoleillée est splendide !

Après de longues minutes de contemplation visuelle (et sonore), nous redescendons doucement vers les zodiacs et rejoignons l’Explorer. La navigation reprend en direction du nord, le long des côtes et dans les détroits qui entourent les îles du nord-ouest. Ces quelques heures de mer nous permettent d’apprécier les paysages de montagnes, de neige et de glace, autrefois fréquentés par les explorateurs et les chasseurs de baleines.

Dans l’après-midi, nous pénétrons dans le Raudfjord. Le « fjord rouge » tient son nom des collines qui le bordent à l’est, constituées principalement de vieux grès rouges du Dévonien. L’Explorer s’immobilise devant la petite baie de Hamilton, où nous partons sans tarder pour une excursion en zodiac. Une impressionnante falaise à oiseaux se dresse comme une corne à l’entrée, et nous observons longuement le ballet aérien des guillemots de Brünnich et des mouettes tridactyles, va-et-vient permanent entre la mer et les corniches rocheuses où ils viennent nidifier ! Plus loin, nous nous attardons à la découverte de ce paysage sculpté par les glaces : brash, front de glace, roches moutonnées longuement polies par l’action du glacier… Des sternes et des eiders à duvet sont installés sur les îlots voisins.

De retour sur l’Explorer, Antoine nous réunit au salon pour nous présenter le vocabulaire de la glace ; les subtilités des glaciers et de la banquise ne nous échapperont désormais plus… Dans la soirée, notre yacht polaire met le cap plein nord vers le large : direction la banquise, justement !

Lundi 1er juillet

Nous sommes ce matin au nord du 80e parallèle nord ! Après avoir quitté le Raudfjord dans la nuit et vogué quelques heures en direction du nord, nous avons à notre réveil un sublime spectacle : la mer, aux reflets huileux, recouverte par des plaques de banquise dérivantes, le tout baigné par une douce lumière… l’instant est magique et suspendu !

Notre navire longe ainsi, pendant tout le début de matinée, la lisière de la banquise sur notre bâbord ; l’immensité blanche s’étend ainsi jusqu’au pôle Nord. Puis, petit à petit, le navire entre dans ce dédale de glace en mouvement, tantôt très resserré, tantôt plus épars ; la banquise vit et respire au gré des vents et des courants.

Vers la mi-journée, le navire s’immobilise et coupe ses moteurs. Nous sommes à présent au milieu du pack, entourés par les floes de glace. Le silence est maintenant absolu ; seuls les vols de quelques guillemots ou fulmars viennent briser ce calme.

Puis, nos guides, accompagnés par Lenie, nous invitent sur le pont extérieur pour prendre ensemble, devant ce somptueux paysage glacé, un cocktail en compagnie du commandant.

Après le repas, l’équipage met les zodiacs à l’eau, et rapidement nous embarquons pour une sortie à travers le pack !

Le brouillard est maintenant de la partie, mais cela rajoute à cette ambiance polaire tout à fait incomparable. La clarté de l’eau met en valeur la glace, parfois blanche, parfois extrêmement bleutée. Bientôt, nos guides choisissent un joli floe de banquise de plusieurs dizaines de mètres de long pour y échouer les zodiacs et débarquer ! Nous sommes tous à nous tenir sur ce morceau de glace dérivante au milieu de l’océan Arctique, et c’est avec beaucoup d’émotion et de joie que nous vivons ce moment hors du temps !

Et comme si ce moment n’était pas encore assez magique, deux phoques du Groenland viennent maintenant tourner autour de nous. Curieux, ils se laisseront photographier pendant de longues minutes !

Nous continuons ensuite notre route en zodiac, toujours vigilants au mouvement des glaces pour éviter que nos zodiacs ne se retrouvent bloqués. La vigilance doit être optimale ici, surtout avec une visibilité aussi faible, comme aujourd’hui… moins de 500 mètres. Jamais loin de nous, la silhouette de l’Explorer apparaît comme celle d’un vaisseau fantôme dans la brume !

De retour sur notre yacht polaire, nous appareillons en direction du sud pour quitter la banquise, puis bientôt nous prenons la direction de l’est, en direction de l’archipel des Sept Îles ! Pendant cette navigation, nos guides repèrent un phoque barbu sur la banquise, l’occasion de faire une nouvelle observation animalière de qualité !

Avant le repas, Nicolas nous réunit dans le salon pour nous présenter une conférence sur l’explorateur Fridtjof Nansen et son expédition du Fram, bloqué dans la banquise entre 1893 et 1896 ! L’occasion de se rendre compte à quel point certains explorateurs ont enduré et souffert dans leur quête du pôle Nord.

Mardi 2 juillet 2024 – Sept-Îles et Chermsideøya

Toute la nuit, l’Explorer a navigué en direction de l’archipel des Sept-Îles, véritable slalom pour éviter les zones denses en plaques de glace et les régions mal cartographiées. Les Sjuøyane – leur nom en norvégien – sont situées à l’extrême nord du Svalbard et constituent ainsi l’extrémité du bout du monde, les dernières terres avant le pôle Nord !

C’est au petit matin que nous jetons l’ancre dans la baie abritée d’Isflakbukta, au sud de l’île de Phippsøya, la plus grande de l’archipel. Le vent est faible, mais d’épaisses nappes de brouillard dissimulent les sommets et masquent les contours de la côte.

Chaudement vêtus de nos combinaisons étanches, nous embarquons dans les zodiacs pour une reconnaissance le long des plages de galets. Des groupes d’eiders à duvet nous survolent, tandis que des mouettes tridactyles s’alimentent dans le ressac des vagues. Une amélioration de la visibilité nous permet d’effectuer un petit débarquement sur le sable. Quelques mètres plus haut, une cabane en bois, construite en 1936, détient toujours le titre de construction la plus septentrionale du Svalbard ! Équipée d’un poêle pour le chauffage et protégée de la curiosité des ours par d’épais renforts en bois, elle peut toujours servir d’abri et reste entretenue régulièrement. Une courte marche nous permet de prendre un peu de hauteur pour contempler la grande plaine enneigée de l’île, constituée d’anciennes plages surélevées, et une petite baie jonchée de bois flottés.

Nous rejoignons les zodiacs pour une navigation vers l’île voisine de Parryøya et sa grande baie aux fonds de sable clair, au milieu de laquelle nous nous laissons dériver. Moteurs coupés, seuls le bruit du vent et des vagues nous parviennent d’abord. Puis le chant d’un bruant des neiges, les cris de quelques mouettes et guillemots à miroir se font aussi entendre, seuls signes de vie animale. À terre, des parcelles de végétation, taches verdoyantes sur le socle minéral, témoignent des incroyables facultés d’adaptation de la flore au milieu de ce désert polaire.

Retour sur l’Explorer juste à temps pour l’excellent déjeuner du chef Warel, et notre yacht polaire reprend sa navigation vers l’île voisine de Chermsideøya. Nous débarquons en zodiac sur une petite plage et montons en direction de vestiges très particuliers : des géoglyphes ! Des visiteurs de passage ont laissé ici les traces de leur débarquement, sous la forme d’entassements de pierres traçant le nom de leur navire et l’année de leur passage : géomètres suédois venus mesurer un arc de méridien terrestre en 1898, marins du brise-glace soviétique Krassine participant aux opérations de secours du dirigeable Italia en 1928, ou encore soldats allemands en 1939. Nouvelle traversée en zodiac pour débarquer un peu plus au sud vers le promontoire d’Ursinodden : de là, une petite ascension vers les hauteurs permet d’atteindre un point de vue qui offre un magnifique panorama sur les fjords et les reliefs alentour. C’est aussi l’occasion de débarquer sur la Terre du Nord-Est, deuxième grande île de l’archipel du Svalbard ! Entre les roches, les fleurs jaunes nouvellement écloses de pavot arctique égayent la maigre végétation de leurs touches de couleur.

Nous revenons à bord en fin d’après-midi, et Antoine nous invite au salon panoramique pour assister à sa conférence sur l’histoire du Spitzberg, de sa découverte en 1596 à l’essor du tourisme ces dernières années. Quant à l’Explorer, il poursuit sa navigation vers le détroit d’Hinlopen pour nous mener vers de nouvelles découvertes !

Mercredi 3 juillet

À la suite d’une nuit de navigation à travers le détroit d’Hinlopen, nous sommes à l’aube devant la pointe de sable de Torellneset.

Après notre copieux petit-déjeuner, nous partons en direction de la plage. Les conditions météorologiques sont rudes aujourd’hui, le vent souffle à 20 nœuds et abaisse considérablement la température ressentie. Mais comme disent les Scandinaves : « Il n’y a pas de mauvais temps, seulement du mauvais équipement ! » Ainsi, nous nous équipons de nos chaudes combinaisons et partons pour l’aventure.

À terre, un groupe de morses se repose sur le sable. Nos guides nous donnent les consignes d’approche pour ces animaux, puis nous avançons lentement et en silence vers eux.

Durant cette marche, certains d’entre nous scrutent le sol à la recherche de fossiles… En effet, cette plage regorge de nombreuses pierres ayant la trace d’organismes vivants qui se sont minéralisés dans une roche sédimentaire. Ce processus se nomme « la diagenèse ».

Ensuite, nous approchons le groupe de pinnipèdes. Ils se reposent tranquillement et semblent peu actifs, mais bientôt nous apercevons plusieurs individus dans l’eau en bord de plage. Ces derniers semblent très curieux à notre égard. Ainsi, pendant une grande partie de la matinée, nous aurons le privilège d’observer ces animaux aussi bien sur terre que dans l’eau.

De retour à bord, notre yacht polaire met le cap à l’est : direction la mythique barrière de glace du Bråsvellbreen. Cet impressionnant front de glace de 160 km de long est un paysage absolument unique au Spitzberg !

Ainsi, en début d’après-midi, nous arrivons devant ce front de glace. Des dizaines d’icebergs entravent notre route, mais l’habileté de notre commandant nous permet de nous frayer un chemin et ainsi longer la barrière de glace au plus près !

Le brouillard, assez présent en ce début d’après-midi, laisse vite place à un ciel bleu azur, éclairant ainsi de mille lumières ces paysages glacés.

L’émotion est encore plus forte quand nous apercevons nos premières bédières ! En effet, la fonte de la calotte forme des torrents en surface, qui se terminent en impressionnantes cascades au niveau du front… C’est absolument incroyable de voir un tel débit d’eau. La puissance de la nature, à l’état brut !

Après plusieurs heures de contemplation, nous quittons la barrière de glace pour traverser le détroit d’Hinlopen vers l’ouest. Nicolas nous rassemble au salon pour nous détailler l’ensemble des espèces d’oiseaux que nous avons observées depuis notre départ de Longyearbyen, et nous donner des informations sur leurs modes de vie. Il revient également sur les différents pinnipèdes que nous avons vus : les phoques, et les morses de ce matin bien sûr !

À présent, le navire met le cap sur l’île de Wilhelmeøya, à l’ouest du détroit. Nous y trouvons un abri confortable, protégé des puissants vents qui soufflent à l’extérieur.

Jeudi 4 juillet 2024 – Un ours et des guillemots !

Le vent a molli pendant la nuit, et nous avons passé une nuit bien abrités dans notre petite baie au sud de l’île de Wilhelmøya. Nous appareillons sur une mer calme pour naviguer dans les archipels voisins, connus pour accueillir une faune riche et diversifiée. Des centaines de guillemots de Brünnich sont posés sur l’eau autour de nous, tandis que nous prenons la direction des Bastianøyane, véritable chapelet d’îles et d’îlots qui s’étire sur une vingtaine de kilomètres.

L’Explorer s’immobilise devant Geograføya, et nous partons avec nos guides en reconnaissance, contournant les rochers pour en scruter les moindres falaises et les plus petites baies. Sur celles-ci nichent des guillemots à miroir dont les plaques alaires blanches se découpent sur la roche sombre, et des goélands bourgmestres dont les poussins récemment éclos ressemblent encore à de grosses boules de duvet ! Dans une autre baie, des groupes de morses nagent paisiblement et viennent souffler entre les plaques de banquise toujours présentes.

Revenant vers notre yacht polaire, une surprise nous attend : en haut de la falaise, une ourse se déplace avec puissance et agilité. En quelques pas d’escalade, elle descend vers les nids des bernaches nonnettes, qui s’envolent en poussant des cris indignés, et s’empare de leurs œufs… Puis voici notre plantigrade qui descend en pente douce vers la rive et continue son pillage sur les nids d’eiders à duvet. Tapies au sol, les femelles comptent sur leur plumage mimétique pour passer inaperçues, et ne fuient qu’à la dernière seconde : adieu couvée de l’année ! Les cris lancinants de deux plongeons catmarins font office de lamentations… Un couple de labbes parasites installé dans les parages harcèle l’ourse sans grand effet ; elle continue sa récolte, traverse une plaque de neige sur laquelle elle se laisse doucement glisser : les appareils photo crépitent ! S’avançant sur les rochers, elle descend jusqu’à la mer et traverse tranquillement à la nage un petit chenal jusqu’à l’îlot voisin, s’ébroue et poursuit son repas, cette fois à base d’œufs de sternes. Il est temps de laisser l’ourse à ses occupations et de rejoindre l’Explorer pour déjeuner, non sans avoir observé au passage deux phalaropes au joli plumage rouge virevoltant au-dessus des vagues. Quelle matinée !

Toute l’après-midi, nous allons naviguer vers le nord dans le détroit d’Hinlopen. Du salon panoramique ou de la passerelle, nous contemplons sous le soleil les paysages enneigés de l’île du Spitzberg à bâbord et la calotte glaciaire de la Terre du Nord-Est à tribord. Nos guides prennent le temps de revenir sur notre fabuleuse rencontre du matin avec le seigneur de l’Arctique, et de nous donner de nombreuses informations sur l’ours polaire. Antoine nous présente ensuite la tragique expédition en ballon du Suédois Andrée en direction du Pôle, qu’il n’atteindra pas et dont il ne reviendra jamais.

Après un dîner avancé pour l’occasion, nous embarquons en zodiac pour aller approcher Alkefjellet, la falaise aux alcidés. Sur ces colonnes de dolérite érodées en nombreuses corniches nichent des dizaines de milliers de guillemots de Brünnich, et un grand nombre d’entre eux sont aussi posés sur l’eau en immenses radeaux.
Mais c’est un renard polaire en maraude qui retient d’abord notre attention : en contrebas des falaises, il furète à la recherche de nourriture, et en particulier d’œufs tombés au sol en cette période de nidification ! Nous nous focalisons ensuite sur l’avifaune : guillemots bien sûr, mais aussi mouettes tridactyles et goélands bourgmestres installés ici au milieu de leur garde-manger. Le bruit est continu, comme le sont les vols au-dessus de nos têtes de centaines d’oiseaux. Leur spectacle permanent associé à la grandeur du décor de ces hautes falaises découpées est impressionnant !

Nous rejoignons enfin l’Explorer après cette journée bien remplie, mais pas encore terminée. Sur la table du salon, nous attend en effet la surprise préparée par le chef Warel pour célébrer l’anniversaire de mariage de Thierry et Véronique, deux des passagers : un superbe gâteau au chocolat dont nous nous régalons avant de finalement retrouver nos cabines !

Vendredi 5 juillet.

Lors de notre réveil ce matin, notre navire vogue dans les eaux du Liefdefjord. Nous avons navigué toute la nuit depuis la falaise d’Alkefjellet.

Nous apercevons au loin l’impressionnant glacier de Monaco ; ainsi, après notre petit-déjeuner, nous partons en zodiac pour découvrir ce front de glace, réputé pour être l’un des plus spectaculaires de l’archipel !

Après seulement quelques minutes de navigation, nous apercevons un phoque barbu se reposant sur un bourguignon. Cet animal fait partie de la famille des phocidés, la seule du genre Erignathus.

Moteur éteint, au milieu du brash, nous avons l’immense plaisir de profiter de cette rencontre animalière pendant de longues minutes, dans un décor de glace immaculé… un moment fort de cette matinée !

Nous continuons ensuite nos pérégrinations devant le glacier. Autour de nous volent en nombre des mouettes tridactyles, des goélands bourgmestres et des labbes parasites ! La contemplation est à son comble devant cette masse de glace aux reflets bleutés. Mais bientôt, un impressionnant vêlage a lieu non loin de nous, laissant place à la subjugation et à l’émotion ! Un énorme sérac s’est en effet détaché du glacier, donnant naissance à un impressionnant iceberg.

De retour au navire, nous mettons le cap non loin de là, toujours dans le Liefdefjord, puisque nous débarquons à proximité de la cabane de trappeur de Texas Bar !

Avant de visiter cette cabane, nous débarquons dans la petite anse abritée de Hornbækpollen et commençons notre randonnée à terre. Sur le sol, de nombreuses fleurs sont présentes : des tapis de silènes acaules et des milliers de dryades parsèment la toundra ! Nous marchons ainsi, de point de vue en point de vue, jusqu’à atteindre la fameuse cabane du trappeur Hilmar Nøis, emblématique personnage de cette époque, qui fit 38 hivernages au Spitzberg entre 1909 et 1963 !

Après avoir visité cette cabane et bu un petit verre au Texas Bar, nous rentrons sur notre yacht polaire. Rapidement, l’ancre est remontée et nous repartons, cette fois-ci, en direction de la fameuse Baie du Roi !

En fin d’après-midi, Nicolas nous réunit au salon pour nous parler de cartographie maritime et nous expliquer l’origine du mot « arctique » et ses différentes significations.

Il est à présent temps pour nous d’aller nous coucher après cette merveilleuse journée.

Samedi 6 juillet 2024 – La baie du Roi

L’Explorer a navigué toute la nuit pour contourner la pointe nord-ouest du Spitzberg, puis fait route vers le sud le long de sa côte occidentale, avant de pénétrer ce matin dans le Kongsfjord, la baie du Roi. Après avoir laissé sur tribord les constructions de la base scientifique de Ny Ålesund, nous nous dirigeons vers le fond de la baie, avec en point de mire les nombreux glaciers qui dévalent vers la mer et les sommets rocheux qui en émergent. Trois montagnes se distinguent particulièrement : ce sont les Trois Couronnes, Dana, Svea et Nora, ainsi nommées en l’honneur des trois royaumes scandinaves.

Nous nous approchons en zodiac du front du glacier qui descend de ces reliefs remarquables. L’eau est ici rouge des sédiments transportés par les rivières glaciaires ; et le fond de la baie est encombré de morceaux de glace, témoignages de l’activité du Kronebreen, le glacier des Couronnes. Tout au long de la matinée, nous aurons l’occasion d’entendre les craquements de la glace crevassée, de voir les effondrements de séracs dans le fjord, et de ressentir les trains de houle ainsi générés. À chaque vêlage, les icebergs se mettent à danser sur l’eau au gré des ondes, en un ballet bruyant qui va s’atténuant doucement.

Ces avalanches ne gênent en rien la vie animale. Les mouettes tridactyles et les sternes profitent même de cette agitation pour capturer des proies ainsi ramenées en surface ! Sur leurs bourguignons – de petits morceaux d’icebergs – des phoques barbus somnolent paisiblement, doucement bercés par les vagues, et se laissent observer longuement. Ravis de ces nombreuses rencontres, nous regagnons notre yacht polaire avec de grands sourires. Avant le déjeuner, nos guides ont organisé avec le chef mécanicien Edwin une visite de la salle des machines, et nous découvrons avec admiration générateurs, propulseurs, système de barre ou encore osmoseurs.

Dans l’après-midi, nous avons rejoint à proximité la falaise d’Ossian Sarsfjellet, nichée entre deux bras du glacier du Roi. Grâce à notre barge de débarquement, nous arrivons directement sur la plage voisine sans nous mouiller les pieds, et partons pour une belle randonnée vers le sommet sous un ciel qui s’est dégagé. Un renne nous attend au creux d’un vallon. D’abord couché, il nous gratifie ensuite de comportements intéressants en venant s’abreuver à la rivière puis en s’attaquant à vigoureux coups de dents aux fleurs pourpres qui ont poussé sur les coussins de silène acaule. Un léger vent estival emporte en longs filaments son épaisse toison d’hiver.

Plus haut, nous surprenons la course d’un renard polaire : sur la ligne de crête, il semble poursuivre des bruants des neiges qui virevoltent autour de lui en poussant des cris d’alerte ! Nous continuons notre ascension, laissant derrière nous les glapissements du renard et un deuxième renne occupé à brouter, pour approcher le sommet de la falaise.

Nous grimpons dans un beau paysage de toundra riche et verdoyante, dans laquelle les clochettes de cassiope tétragone, les fleurs de céraiste arctique et de dryade à huit pétales offrent de bienvenues notes de couleur. Sous un ciel azur, un splendide panorama s’offre sur 360 degrés : à nos pieds s’ouvre la baie du Roi parsemée d’îlots et d’icebergs bleutés, et de l’autre côté les glaciers et les montagnes de l’intérieur. En contrebas, les mouettes tridactyles couvent sur leurs nids accrochés à la paroi, tandis que quelques guillemots de Brünnich ont réussi à s’installer sur de minuscules vires. Sur la plage, nous observons même deux rennes et deux renards, tous quatre en quête de nourriture, mais chacune des deux espèces indifférente à l’autre.

Nous redescendons vers la rive où un marin de l’Explorer vient nous rechercher. Un renard bleu – peut-être celui aperçu d’en haut – vient nous saluer tandis que nous nous éloignons pour rejoindre notre yacht polaire. À bord, certains prennent un moment de détente dans le jacuzzi, puis nous nous retrouvons tous au salon pour deux quiz présentés par Antoine : l’un sur les oiseaux du Svalbard, et le second sur les explorateurs polaires. Une façon ludique de tester nos connaissances et de continuer à apprendre ! Après dîner, notre navire polaire appareille pour quitter la baie du Roi et prendre la direction de l’Isfjord. Pendant la nuit, nous naviguerons à l’abri dans le détroit qui sépare l’île du Prince Charles de l’île principale du Spitzberg, de belles montagnes escarpées et enneigées à admirer des deux côtés sous le soleil de minuit !

Dimanche 7 juillet 2024

Nous sommes arrivés vers 6h du matin à notre lieu de mouillage à Ymerbukta, à l’entrée nord de l’Isfjord. Nous passons la matinée ici et partons en excursion après un copieux petit-déjeuner. Nous débarquons ensuite au pied de la langue morte du glacier, sur la côte est du fjord. Dans notre dos, nous apercevons un renard polaire, qui ne se laisse observer que durant quelques secondes !

Nous grimpons ensuite en longeant cette immensité de glace. Bientôt, nous avons un superbe point de vue sur une rivière alimentée par la fonte du glacier, qui s’enfonce au cœur même de la glace : cela s’appelle un « moulin ». Nous prenons toujours plus d’altitude et avons à présent un point de vue exceptionnel sur le glacier d’Esmarkbreen et sur le fjord ! La météo est capricieuse aujourd’hui avec un frais, mais cela ne nous empêche pas de rester de longues minutes au sommet pour apprécier cette vue !

Nous rembarquons en fin de matinée sur l’Explorer et mettons le cap au sud de l’Isfjord, en direction de la baie de Colesbukta. Après une traversée du fjord quelque peu houleuse, nous débarquons près des restes de la ville minière russe de Grumantbyen. Construite au début des années 1910, elle fut à une époque aussi puissante que Longyearbyen. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville fut complètement rasée lors de bombardements. Reconstruite après la guerre, l’exploitation se poursuivit jusqu’en 1961. Depuis, la ville est laissée à l’abandon. Nous déambulons entre ces bâtiments et apercevons quelques rennes se déplaçant paisiblement entre les décombres ainsi qu’un autre renard, se nourrissant sur une carcasse de rennes ! Une véritable émotion ressort de cette visite, nous imaginons la vie de ces mineurs venus de Russie, exploitant la montagne à la recherche du précieux charbon, souvent au péril de leur vie.

De retour à bord, nous mettons le cap vers Longyearbyen ! Il est temps de rendre le matériel que nos guides nous avaient fourni, et en fin de soirée, alors que le navire arrive à quai, nous portons un toast à ce voyage ! C’est l’occasion de se remémorer les meilleurs moments de cette croisière exceptionnelle, notamment grâce aux photos de Thierry et à la projection des images de drone réalisées par Antoine.

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