
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
19 septembre
3 octobre 2017
Du 19 septembre au 3 octobre 2017
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
Journal de bord
Partis respectivement de France et de Suisse, nous nous retrouvons, pour la majorité à Amsterdam pour notre vol vers Windhoek, la capitale de la Namibie. Formalités passées rapidement, nous sommes accueillis par Alexandre et Leslie. Bienvenue en Namibie! Nos derniers passagers arrivés, c’est au complet que nous prenons la route vers le Nord. Nous sommes sur les hauts plateaux du centre, entre 1900 et 1700 m d’altitude. Nous traversons d’abord la ville de Windhoek (330 000 h)par son secteur résidentiel. Créée au XIXe siècle par des colons métis venus d’Afrique du Sud, la ville a évolué au gré de l’histoire du pays. Développée par les Allemands pendant les 30 ans de leur occupation du pays, elle a connu une période britannique de 5 ans puis a été gérée de 1920 à 1990 par les Sud-africains. Au plus fort de l’apartheid, les quartiers noirs ont été construits à 10 km du centre-ville. Cela donne aujourd’hui le « township » de Katutura où vivent près de 150 000 personnes. A la sortie de la ville sont vendus des fagots d’herbe et des sacs de gousses d’acacias pour nourrir le bétail. En effet, très vite, nous roulons dans le bush à acacias des premières plaines du Kalahari. C’est la région des vastes propriétés des fermiers blancs. Ils sont environ 4500 à posséder ces terres d’élevage extensif pour la viande. La route devient étonnamment droite, des clôtures à perte de vue délimitent les fermes. De hauteur « classique » s’il s’agit de vaches, chèvres et moutons, du double, pour les antilopes (oryx, koudous, springboks…) et électrifiées en plus s’ils s’y trouvent des félins. Petit arrêt à Okahandja et nous voici de nouveau à chercher les petits phacochères qui se nourrissent au bord de la route dans l’herbe dorée. Soudain, c’est un oryx, des springboks… L’Afrique est bien là… Finalement, nous bifurquons vers la piste menant au Mount Etjo Safari Lodge. Le soleil se couche face à nous et le ciel s’embrase derrière les acacias… Ce soir, nous dormons dans une adresse célèbre, celle où fut signée la déclaration d’Indépendance de la Namibie par les Nations Unies en 1989. Nous dînons dans un cadre idyllique avant que les lions ne fassent de même… Puis regagnons avec satisfaction notre lit en cheminant sous une voie lactée de toute beauté.
Réveil dans un écrin de verdure au style quasi britannique, des flamants roses y commentent le lever du jour. Bientôt le soleil levant se reflète à la surface d’un plan d’eau parsemé de petits îlots où s’activent oies d’Égypte, pélicans blancs, sarcelles du Cap… Pour l’heure, notre guide de la réserve privée nous attend pour notre safari dans un improbable véhicule 4X4. La propriété couvre 40 000 ha ce qui explique la variété que nous pouvons potentiellement y voir. Nous croisons d’abord quelques beaux impalas mâles puis longeons le plan d’eau sur lequel s’activent des oies d’Égypte et leurs petits, des sarcelles du Cap… Les spatules sondent à grands coups de bec circulaires, les pélicans pêchent en bande tandis que quelques chevaliers sylvain arpentent la rive.
Nous prenons la piste dans la savane arbustive et croisons autruches et springboks. Ces derniers nous font une belle démonstration de leur rapidité en filant à toute allure avec démonstration de leurs sauts façon ressort d’où leur nom de springbok, « antilope sauteuse » en afrikaans. De grandes termitières sont disséminées de-ci de-là. Outarde Kori, inséparables, calaos à bec jaune en pleine parade nuptiale, guêpier à queue d’hirondelle, aigles de Bonelli, vautours africains, koudous, cobes à croissant, écureuils terrestres, girafes et un tout petit girafon de 2 mois, babouins, mangoustes rayées animent le paysage. Les flamants roses nous offrent une belle démonstration de leur technique de recherche de nourriture par filtrage de la vase rendue fluide par le piétinement du fond. Le lodge est difficile à quitter mais Etosha nous attend. Nous reprenons la route bordée du grès rouge du Mont Etjo. Les routes sont largement dégagées en Namibie afin d’avoir une meilleure vision des animaux et de servir de coupe-feu. Nous déjeunons à Tsumeb sur fond de jacarandas en fleurs puis faisons un arrêt au lac Ojikoto. Nous sommes dans un secteur calcaire propice à la formation de grottes et lacs souterrains… Là, c’est une doline. Le plafond de la grotte s’est effondré et le trou créé s’est rempli d’eau. Les Allemands y ont jeté leurs armes au moment de leur défaite en 1915. Alex nous fait une présentation générale de la Namibie et de son histoire. Nous arrivons à notre lodge, peu avant le coucher du soleil.
Entrés dans le parc d’Etosha dès son ouverture, nous commençons rapidement notre exploration. Soudain, une petite famille d’éléphants apparait dans le bush. Ils traversent paisiblement juste devant nous. De charmants petits diks-diks prélèvent délicatement leur nourriture dans les buissons au bord de la route. Les volatiles sont aussi présents: outardes à miroir blanc, gangas bi-bande… Soudain, génial! Lesley repère un léopard dans un arbre en train de manger. Il finit un impala chassé pendant la nuit. Il est superbe! En plus, les grands arbres étant rares à Etosha, il change plusieurs fois de position pour tenter de trouver une position plus confortable à la grande joie des photographes et cinéastes. Finalement, il finit par descendre finir son repas dans le bush. Waouhh! Quelques portraits d’impalas à face noire (endémiques) plus loin et nous voici à Namuloti où une famille de mangoustes rayées nous accueille. Nous continuons la piste dans la savane arbustive: gnous accompagnés de hérons gardes-boeufs, troupeaux de zèbres de Burchell, phacochères, impalas, oryx à l’élégant galop. Sur une souche est posé un autour chanteur, plusieurs fois des aigles ravisseurs boivent ou sont posés sur des arbustes. Nous assistons à la parade nuptiale du calao à bec jaune puis du calao Monteiro. Plus la matinée avance et plus les animaux recherchent l’ombre: outardes Kori, springboks par petits groupes, raphycére champêtre… Avant le retour à notre « bush camp », « cerise sur le gâteau », un second léopard se repose dans un arbre non loin du point d’eau. Il surveille de temps à autre les alentours. Ses possibilités de futur repas sont multiples…
Déjeuner, piscine, sieste, selon les goûts et nous repartons, passant d’un point d’eau à un autre. Une petite visite à notre léopard guetteur toujours à son poste. Une famille d’éléphants se repose, les plus jeunes couchés, les adultes en étoile pour mieux surveiller les environs. Les éléphanteaux sont des proies potentielles pour lions et hyènes. Et puis: un caracal, incroyable, vient de traverser devant une voiture. Il s’est couché sous un buisson et nous observe. Ses oreilles bien caractéristiques façon lynx pointent dans les herbes dorées. Quelle chance! Nous sommes maintenant vers le pan, zèbres, gnous, springboks y sont nombreux. La lumière se fait plus douce, les rangées d’animaux en train de boire se reflètent dans l’eau… Après avoir observé un jeune éléphant déraciner un arbuste pour manger de la terre au pied et des racines riches en sels minéraux, nous regagnons le lodge. Quelle journée!
Cette journée est sous le signe des éléphants. Dès l’entrée dans le parc, des éléphants se nourrissent dans le bush, superbement éclairés par le soleil levant. Nous retrouvons nos zèbres sur le pan et assistons au combat de deux étalons. Très spectaculaire… Au point d’eau suivant, 7 élands du Cap arrivent pour boire avec une extrême prudence. C’est la plus grande antilope africaine et également une rareté.
Des vols de travailleurs à bec rouge et des quantités de tourterelles animent les alentours des points d’eau de leurs allées et venues. Dans la savane, un serpentaire est en plein « marché »… Et, hop, un lézard… Arrêtés pour oberver des oryx, nous découvrons un petit raphicére champêtre couché exactement dans l’ombre d’un petit buisson. Il ne bouge pas, l’ombre est précieuse. Zèbres, gnous, springboks, bubales, girafes et éléphants… Nous observons les interactions de 4 beaux mâles. Deux d’entre eux sont manifestement de la même famille et les trompes s’entrelacent fraternellement. Tandis qu’une première famille a fini de boire et en est à la phase bains, bains de boue… Une famille menée avec vigilance par une grande matriarche arrive. Tout le monde boit puis les jeunes rejoignent ceux du bain de boue et l’animation est à son comble. Un éléphanteau court après un vanneau et s’étale dans la boue glissante… Les deux familles partagent manifestement ce moment de détente avec plaisir. Puis une matriarche donne le signal du départ et tout le monde repart sagement, bien aligné. Un éléphanteau en tient un autre par la queue… pour être en ligne, c’est en ligne. Le bestiaire africain continue à s’offrir à nous. Nous arrivons à un autre point d’eau juste au moment du départ d’une famille d’éléphants. Elle passe tout près de nous. Le petit dernier de la matriarche marche fièrement en tête. Sa mère a les yeux rivés sur lui. Les grandes femelles ont placé les éléphanteaux de l’autre côté d’elles. Mais… un petit traine et obtient ce qu’il veut: il se trouve seul face à nous et nous étudie avec soin puis repart vite oreilles déployées comme un grand… Au point d’eau suivant, nous assistons à l’éloignement d’un mâle, trop âgé pour rester dans son groupe familial, par une grande femelle exaspérée par son insistance à rester là. Mais c’est certainement dur de quitter le sein d’une famille aussi unie que celle des éléphants… Nouveau défilé familial dans la lumière dorée… Mais le festival n’était pas fini…
Les stars en sont, cette fois, les lions. Un mâle et deux femelles finissent leur sieste. On se roule d’abord sur le dos, se redresse un peu, baille et une petite toilette pour les femelles. Le lion dort toujours. Une des femelles part vers le point d’eau. La seconde se lève, va vers le lion et lui donne une bourrade de réveil… Il finit par se lever aussi et la suivre. Elle va boire. Lui a une tout autre préoccupation…
La belle semble proche de la période de reproduction. Il l’étudie de près et gueule entrouverte pratique le « flehmen », technique d’aspiration des phéromones souvent prélevées par le biais de l’urine de la femelle pour transmettre les informations concernant la proximité de l’oestrus.
Le soleil se couche sur un couple tout doré de lumière prêt semble-t-il à filer « à l’anglaise » pour 3 jours de reproduction intensive comme les lions la pratiquent… Et la journée n’est pas finie… Notre attente du soir au bord du point d’eau du lodge nous permet de voir se succéder: éléphants, girafes, un rhinocéros noir, une lionne et ses 3 lionceaux turbulents… Encore une bien belle journée!
La nuit s’achève sur un point d’eau paisible. Tandis qu’au loin retentit le puissant rugissement d’un lion, les gangas ouvrent le bal en venant boire bruyamment. Un couple de chacals à chabraque explore méticuleusement les alentours. A certains moments, ils glapissent et des congénères leur répondent. Nul doute, ce sont bien des canidés… Des vols mouvants de tisserins sociaux vont de l’eau à leurs « HLM » de nids accolés. Au fur et à mesure que le jour se lève, les visiteurs se succèdent: héron cendré, outarde Kori, springboks, un oryx mâle à la corne cassée… Ils sont de plus en plus nombreux: zèbres, oryx, gnous, springboks… La progression vers l’eau est lente, d’abord en ligne, puis tout le monde se regroupe et observe attentivement à 360°. Le stress est palpable. Un rocher peut être une tête de lionne immobile attendant sa proie. Le moindre mouvement rapide et c’est la panique, parfois pour le décollage d’une pintade… Un oryx, plus hardi que les autres, pénètre loin dans l’eau pour boire. Son reflet est superbe! Mais sa sortie rapide dans des gerbes d’eau révèle bien son angoisse. Nous laissons avec regrets ce spectacle permanent. Petit arrêt gonolek à ventre rouge, huppe africaine et nous roulons vers un autre point d’eau. Il s’avère très riche. On s’y presse: springboks, koudous, autruches, bubales, zèbres… Et d’autres colonnes de zèbres convergent encore vers l’eau. Finalement, nous sortons du parc. Petit arrêt shopping et c’est la route vers le Damaraland.
La route puis la piste sont incroyablement droites. Nous rentrons dans un secteur de « conservancy », des terres gérées par les communautés locales. Après le déjeuner, nous poursuivons notre route dans les paysages fabuleux du plateau d’Etendeka. Toute cette région illustre concrètement les énormes bouleversements géologiques lié à la formation du Damaraland, constitué de granites intrusifs passés à travers les montagnes du Damara et les dépôts du Karoo le long de vieilles fissures datant de 480 millions d’années, époque de la formation de la chaîne. Ces fissures ont été réactivées lors de la séparation des continents africain et sud-américain et la formation de la grande dorsale atlantique. Ces mouvements liés à la tectonique des plaques et notamment à un phénomène de subduction, une plaque tectonique qui coulisse sous une autre, ont permis l’apparition d’immenses volcans dans cette région du pays et un chaos de roches volcaniques de type basalte, dolérite… et de roches métamorphiques. Des collines de granit étalent leurs blocs éclatés, érodés… Nous nous arrêtons pour voir tout ça de plus près. La végétation s’est adaptée à ce milieu difficile tant par la chaleur intense du soleil que le manque d’eau.
Le Sterculia quinqueloba ou, familièrement, arbre à talc présente un tronc blanc (d’où le nom…) et s’accroche dans la moindre anfractuosité de rocher. L’Euphorbia virosa dresse tout autant ses candélabres que ses épines. Sa structure charnue en forme de colonnes renfoncées sur tous les côtés lui permet de se faire de l’ombre à elle-même… L’érosion délite les blocs de granit en chaos spectaculaires.
Nous atteignons la Grootberg Pass, à 1540 m d’altitude. Les roches environnantes sont ici basaltiques. Le panorama est époustouflant.
Sur les grands escarpements rouges et ocre apparaissent de plus en plus de grandes boules buissonnantes. Ce sont des euphorbes damarana dont la consommation est très toxique sauf pour le rhinocéros et le koudou. Un système de pompage éolien crée soudain un « miracle » vert au milieu de toute cette aridité. Un petit village avec des chèvres entoure le point d’eau. Les cigognes noires ne s’y sont pas trompées. C’est une de leurs escales… Des villageois viennent discuter avec Alex et Lesley. Les nouvelles ne sont pas bonnes: 2 lions qui se sont attaqués au bétail ont été tués la veille… La cohabitation hommes/faunes n’est pas toujours facile… Et ce n’est à nous Français qui n’arrivons pas vivre en harmonie avec quelques malheureux ours et meutes de loups qui pouvons émettre le moindre commentaire désagréable… Nous passons la barrière vétérinaire qui relie Etosha à la côte. Elle sépare le secteur des grandes fermes commerciales des fermes des communautés locales où peut sévir la fièvre aphteuse potentiellement transmise par les buffles. Nous voici arrivés à Palmwag: le lodge est dans un écrin de verdure. Ce soir, le coucher de soleil se fait sur fond d’histoires d’éléphants… Puis la nuit claire et la voie lactée bien visible incitent les amateurs de photos en pose longue à avoir la tête dans les étoiles. Merci à Daniel pour son imparable précision!…
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