Les guides et chefs d’expéditions

Xavier Allard

Arctique

Hélène Le Berre

Ethologue

Le printemps polaire

Du 25 avril  au 3 mai 2025

Certaines photos photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.

Samedi 26 avril

Notre première journée fût placée sous le signe de l’exploration et de la contemplation. La glace de fjord étant encore bien formée à notre arrivée dans le Jonsfjorden, l’Explorer à jeter l’ancre à environ 6 km des glaciers de Konowbreen et de Osbornbreen. Ce matin, nous avons chaussé nos raquettes pour une marche sur la rive sud de ce fjord de 20 km de long. Notre objectif : approcher un groupe de rennes que nos guides ont repéré depuis la passerelle du bateau. A travers un paysage immaculé, nous avons eu la chance d’observer plusieurs individus assez proches, dans une atmosphère calme et respectueuse.

Observation des rennes lors d'une croisière au Spitzberg

Nous sommes ensuite remontés sur les zodiacs et avons navigué jusqu’à la banquise de fjord. Celle-ci étant assez épaisse pour supporter notre poids, nous avons marché, sur une même trace afin de nous rapprocher des glaciers.

Baie du Roi Spitzberg

Cette matinée ayant déjà été bien remplie il est déjà l’heure de réembarquer à bord de l’Explorer pour le déjeuner. Cet après-midi, une nouvelle sortie en raquettes nous a menés jusqu’à la cabane construite en 1962 par Per Johnson qui fût l’un des derniers trappeurs d’ours polaire. En chemin, nous avons traversé de remarquables terrasses marines, formées par l’action successive de la mer et du soulèvement progressif des terres après la fonte des grandes glaces. Ces formations témoignent de l’histoire mouvementée de l’archipel, où le paysage actuel résulte d’un équilibre fragile entre la mer, la glace et la terre.

A proximité de la cabane, nous avons de nouveau eu la chance d’observer plusieurs rennes évoluant paisiblement dans cet environnement spectaculaire. Le temps était particulièrement clément avec une lumière douce qui sublimait les reliefs et nous a permis de profiter de panoramas exceptionnels tout au long de la journée.

En fin de journée, nous avons regagné le navire vers 16h30. Pendant la navigation en direction de l’île du Prince Charles, certains ont pu savourer un moment de détente bien mérité dans le jacuzzi à bord. A 18h, notre guide Xavier nous donne, pour bien finir cette journée, une conférence passionnante sur le Svalbard.

Le bateau est au mouillage dans le Forlandsundet, à l’abri dans Grimaldibukta avec une magnifique vue sur le Monacofjellet qui culmine à 1084m d’altitude. L’Explorer reprendra sa route vers le nord de l’archipel sous le soleil de minuit, à la recherche de la banquise de mer.

Dimanche 27 avril – Banquise, Smeerenburgfjord

Les plus passionnés sont restés sur le pont hier tard dans la nuit pour admirer les belles lumières du soir qui ont coloré le ciel et les montagnes de teintes chaudes. Au petit matin, le bateau est au large du Spitzberg et longe la côte en direction de la banquise. C’est après le petit-déjeuner que les premières plaques commencent à être observées. Peu à peu, l’océan se transforme : les plaques flottantes se multiplient, signe que nous approchons de la banquise proprement dite.
Nous atteignons plus de 80 degrés nord, et c’est un véritable océan de glace qui s’étend devant nous. La banquise que nous découvrons ici est de la banquise dérivante, formée d’eau de mer gelée. Elle évolue constamment au gré des vents et des courants, se morcelle, se reforme, parfois en quelques heures seulement.

Il existe en réalité deux grands types de banquise de mer :
– La banquise annuelle, qui se forme chaque hiver et fond presque entièrement en été. Elle est relativement fine, entre 30 cm et 1 mètre d’épaisseur, et reste fragile.
– La banquise pluriannuelle, beaucoup plus ancienne, qui a survécu à plusieurs étés sans fondre. Elle est plus épaisse, parfois plusieurs mètres, plus compacte, et de teinte souvent bleutée. Elle représente une réserve de glace essentielle pour l’écosystème arctique.
Ici, dans cette zone nord du Spitzberg, nous observons un mélange des deux : des plaques récentes, encore jeunes, et parfois des fragments plus anciens, plus solides, venus du cœur de l’océan Arctique.
Le bateau met son étrave dans la glace et s’enfonce lentement à l’intérieur : nous sommes désormais cernés par les glaces. Le silence est impressionnant, seulement rompu par le bruit sourd de la glace qui frotte la coque.

Après cela, Xavier nous annonce que nous allons partir en zodiac pour aller marcher sur une de ces grandes plaques de glace. Nous embarquons dans le zodiac. Le vent est froid, mais le grand soleil de la journée nous réchauffe le cœur. Nous arrivons devant une belle plaque ; Xavier prend de l’élan et nous voilà accostés. Nous débarquons aidé par Hélène, prudemment. La glace bouge doucement par l’effet du vent et des courants sous nos pas, mais elle est suffisamment épaisse pour nous porter. Sous nos pieds, entre 50 cm et plus d’un mètre de glace, puis l’océan profond. Nous profitons de cet instant hors du temps.
Ici, seul le bruit de la glace qui travaille et le clapotis des vagues vient troubler le silence de l’Arctique.

Débarquement banquise Spitzberg

Dans ce décor figé, tout semble éternel. Et pourtant, nous savons que cette banquise, aujourd’hui si majestueuse, est aussi fragile que précieuse. Marcher dessus, c’est comme fouler un monde en sursis. Ce moment restera gravé en nous, comme un rappel de la beauté brute de l’Arctique – et de l’urgence de la préserver. Nous poursuivons notre découverte de la banquise, cette fois à bord de l’Explorer.
Le capitaine nous offre une magnifique navigation au milieu des glaces. Les plaques de banquise cognent contre la coque, mais le bateau parvient à se frayer un chemin jusqu’aux îles du Nord-Ouest.

Le soleil, très haut sur l’horizon, éclaire les glaciers, et les montagnes enneigées révélant toutes leurs nuances de bleu et de blanc. C’est en début d’après-midi que nous approchons du Fluglefjord. Nous longeons la côte, admirant ces paysages spectaculaires de montagnes abruptes, de fjords entaillés, et de flots de banquise qui s’engouffrent lentement dans les fjords.

En milieu d’après-midi, le bateau jette l’ancre dans le Danskegattet, entre l’île d’Amsterdamoya et l’île de Danskoya. Nous partons en zodiacs et faisons une belle approche de deux morses qui se prélassent sur une plaque de banquise. Nous observons également des eiders à duvet ainsi que les majestueux eiders à tête grise.

Nos guides nous donnent des explications devant le site historique de Virgohamna, sur l’île aux Danois, un lieu lié à l’expédition de Salomon Andrée, qui a tenté de rejoindre le pôle Nord en ballon en 1897.
Cette aventure audacieuse mais tragique est restée célèbre dans l’histoire de l’exploration arctique. L’expédition, menée par Andrée et ses deux compagnons, Nils Strindberg et Knut Fraenkel, a pris un tournant dramatique après un vol malheureux en ballon. Pris dans des conditions extrêmes, ils n’ont jamais atteint leur objectif et ont péri dans l’immensité glacée de l’Arctique. Leurs carnets retrouvés bien plus tard racontent les derniers moments poignants de leur périple, inscrivant leurs noms à jamais dans les annales de l’exploration.

Nous continuons notre route en zigzaguant entre les plaques de banquise au milieu du fjord de Smeerenburg, totalement bouché par la glace de mer. Le paysage est irréel : le ciel d’un bleu profond contraste avec le blanc omniprésent de la glace et de la neige. Nos guides nous expliquent l’histoire de Smeerenburg, un site historique et vestige de la grande époque de la chasse à la baleine au Spitzberg. Cette station, autrefois surnommée la ville des baleiniers, était un centre névralgique de l’industrie baleinière européenne au XVIIe siècle. Les Néerlandais, qui avaient établi des bases ici, chassaient les baleines pour leur huile précieuse, utilisée pour l’éclairage et la fabrication de produits de l’époque. C’est à partir de ce site que de nombreux baleiniers partaient explorer les eaux froides de l’Arctique à la recherche de leurs proies, dans des conditions extrêmement difficiles. Mais au fur et à mesure que les baleines se faisaient de plus en plus rares, les installations furent abandonnées. Aujourd’hui, Smeerenburg est un lieu de mémoire, rappelant la brutalité de cette époque d’exploitation.

Au fur et à mesure, nous apercevons également quelques phoques veaux-marins, allongés sur les rocher en marée basse. Il est déjà presque 19h lorsque nous rentrons au navire, prêts à passer à table.
Après le programme et les explications de la journée du lendemain, présentés par Xavier, Hélène nous propose une conférence passionnante sur le morse, cet emblématique mammifère du Haut-Arctique.
Xavier nous propose de faire une sortie sous le soleil de minuit en zodiac et c’est durant plus d’une heure que nos guides nous conduisent entre les plaques de banquise et iceberg dans le fjord de Smeerenburg sous des lumières magnifiques.

Lundi 28 avril

Nous partons après le petit déjeuner observer plusieurs morses installés sur des floes de glace, parmi lesquels une mère et son jeune d’environ deux ans. Le spectacle était magnifié par une vue splendide sur le glacier de Smeerenburg, qui se jette dans le Bjornfjorden, une branche intérieure du Smeerenburgfjorden. Ce glacier majestueux, encadré par des paysages arctiques spectaculaires faits de montagnes escarpées et de fjords profonds, présente une façade impressionnante d’environ 60 mètres de hauteur.

Morses floes Spitzberg

Nous avons ensuite navigué en zodiac jusqu’à Bjornhamna, nichée dans une petite baie protégée. Une fois à terre, nous avons entrepris une marche jusqu’à une petite cabane historique, construite en 1925 par Georg Bjornnes, un célèbre chasseur norvégien. Cette cabane servait autrefois de base pour la chasse et la pêche dans la région ; elle est aujourd’hui utilisée par les équipes du Sysselmann pour assurer la surveillance du territoire, notamment en matière d’environnement, de faune et d’activités humaines.

En milieu d’après-midi, nous avons approché en zodiac un groupe de morses mâles, que nous avons pu observer de près dans l’eau. Curieux de notre présence, ces géants marins nous ont offert un moment privilégié.

Morses Spitzberg

Nous avons ensuite débarqué dans la baie de Gullybukta pour entreprendre une randonnée sur les hauteurs, à l’ouest de la baie. Munis de nos raquettes, nous avons gravi les pentes jusqu’à un point de vue surplombant le glacier de Gully, ou Gullybreen en norvégien.

De là, nous avons profité d’une vue spectaculaire sur le Magdalenefjorden. Ce moment magique était bercé par le vol et les cris d’une multitude de mergules nains, nichant dans les éboulis des montagnes environnantes, notamment ceux de la célèbre Alkokongen.

Spitzberg printemps polaire

À la suite de ces observations exceptionnelles, nous avons repris la navigation en direction de la baie de la Croix, longeant la spectaculaire « côte des sept glaciers ». Ce nom fut donné en 1675 par Martens à cette région d’environ 300 km², où sept glaciers venaient alors se jeter en mer. Aujourd’hui encore, ces glaciers sont simplement numérotés : glacier 1, 2, 3,etc.

À 18h30, Xavier nous a proposé une conférence passionnante sur l’histoire de l’exploitation baleinière au Spitzberg, évoquant des lieux emblématiques de cette époque, tel que
Smeerenburg et la baie de la Madeleine. Ce soir, nous jetterons l’ancre à Camp Zoé, avant de nous positionner demain matin devant le Lillehookbreen pour de nouvelles aventures arctiques.

Mardi 29 avril – Lilliehöökbreen – Baie du 14 Juillet

Après une belle navigation sous les lumières du soir, nous avons passé la nuit devant le camp Zoé, qui est le lieu où le fameux trappeur Hilmar Nøis est venu trapper durant plusieurs hivers. Ce matin, nous sommes au fond de la baie de Lacroix, devant le grand front du glacier de Lilliehöök, qui mesure 7 km de large. Le temps est parfait : pas de vent et un beau soleil.

Nous partons en zodiac découvrir la beauté des glaces, entre icebergs bleus et brash qui recouvre la surface de l’eau. Notre zodiac zigzague au milieu de cette étendue de glace. Nous observons différents oiseaux tels que des eiders, des grands labbes et des guillemots.

Lillihook Spitzberg glacier

Après une heure de navigation, nous débarquons sur une petite île au milieu du fjord, avec une vue à couper le souffle sur le grand front glaciaire. Il y a des icebergs échoués sur la plage autour de l’île, nous profitons de ce moment hors du temps. Puis nous continuons notre découverte, cette fois au plus près du glacier, pour admirer ses falaises de glace qui tombent à pic dans le fjord.

Soudain, un énorme vêlage — c’est la rupture d’un pan entier du glacier — se produit. C’est un spectacle incroyable : des tonnes de glace sont évacuées et forment un nouvel iceberg. Nous observons avec plaisir des tours de glace et d’autres formes le long du front glaciaire. Après cette matinée de 3h de découvertes et d’explications, nous partons rejoindre l’Explorer pour le déjeuner.

En début d’après-midi, le navire jette l’ancre dans la baie du 14 Juillet, et nous repartons pour une seconde sortie de la journée à la découverte de ce monde de glace. Nous observons un morse sur un bel iceberg bleu, et de grands groupes de canards eiders et de guillemots de Brünnich qui forment d’immenses radeaux à la surface de l’eau. Nous longeons le front glaciaire du glacier du 14 Juillet, et le ciel gris fait ressortir le bleu de la glace. Nous passons dans de longs chenaux au milieu de la banquise. Les oiseaux commencent à coloniser les falaises pour la reproduction.

Guillemots de brunnich

Nous pouvons voir des guillemots de Brünnich et un macareux posés sur les vires rocheuses, alignés les uns à côté des autres. Il est temps de retourner au navire. À notre arrivée, celui-ci met le cap sur la baie du Roi pour passer la nuit devant la banquise du fjord. Xavier nous invite à 18h30 à une conférence sur la banquise, ce qui nous permet de mieux comprendre ce milieu unique. Nous passerons le début de la nuit à observer la faune et les montagnes se teinter de couleurs dorées sous la lumière du soir.

Mercredi 30 avril 2025

L’Explorer quitte son mouillage aux premières lueurs du jour pour une navigation paisible dans le Kongsfjorden, en direction de la baie de Blomstrandhamna. Au programme ce matin : une randonnée sur l’île de Blomstrandhalvøya. Raquettes aux pieds, nous entamons notre ascension à travers une neige fraîche, immaculée, dans un paysage hivernal d’une pureté saisissante.

Tout au long de la montée, nous croisons des traces de lagopèdes, de rennes et de renards, témoins discrets de la vie sauvage du Svalbard. Parvenus sur les hauteurs, la vue qui s’offre à nous est à couper le souffle : la Baie du Roi s’étend en contrebas, bordée par une banquise qui semble s’étirer à l’infini. Les glaciers de Blomstrandbreen, de Kongsbreen et de Kongsvegen dominent l’horizon, majestueux. Nous sommes tous saisis par la grandeur du lieu, cette sensation vertigineuse d’être seuls au sommet du monde.

Baie du roi SPitzberg

Le ciel dégagé nous permet également d’admirer les « Trois Couronnes » — trois sommets emblématiques baptisés Svea, Dana et Nora, symbolisant respectivement la Suède, le Danemark et la Norvège. Le plus élevé culmine à 1 225 mètres. Alors que nous entamons la descente, un lagopède, vêtu de son manteau d’hiver, apparaît brièvement. C’est le seul oiseau à résider au Svalbard tout au long de l’année. La descente se fait aisément et nous regagnons le navire pour le déjeuner.

L’après-midi, nous avions prévu une visite de la base scientifique de Ny-Ålesund. Hélas, à notre arrivée, un vent fort et soudainement levé nous contraints d’écourter notre passage et de reprendre rapidement la mer. Nos guides décident alors de mettre le cap sur le Möllerfjord, en direction du site de Regardneset, où se trouve une petite cabane emblématique : le Lloyds Hotel. Durant cette navigation, Hélène, notre guide nous donne une conférence sur les rennes, cette sous-espèce endémique du Svalbard. Située à Möllerhamna, à l’extrémité orientale du Möllerfjorden, cette cabane fut construite en 1912 (ou 1925 selon les sources) par la compagnie maritime allemande Norddeutscher Lloyd. Elle marquait la volonté de maintenir une présence dans la région après l’expédition Zeppelin de 1910. Le surnom Lloyds Hôtel est une touche d’ironie, soulignant le contraste entre le confort spartiate de la cabane et les standards d’un véritable hôtel.

Lloyds Hotel Spitzberg

Nous levons l’ancre vers 19h, cap sur les impressionnantes falaises de Tinayrebukta. A l’arrivée, tout le monde est subjugué par la beauté du glacier le plus vertical du Svalbard, le Tinayrebreen qui nous offre même un vêlage. Nous resterons sur le site pour le dîner. En soirée, vers 22h, nous entamerons notre navigation vers l’Isfjord, afin d’y être dès le lendemain matin pour la suite de nos activités.

Jeudi 1er mai – Alkhornet – Navigation Nord de l’Isfjord

Après une belle observation d’un renard lors de notre départ hier soir de notre mouillage dans le Tinayrebukta et une nuit de navigation un peu houleuse, nous arrivons ce matin dans l’Isfjord et nous passerons la matinée dans la baie de Trygghamna. Le temps est gris avec quelques précipitations neigeuses. Les montagnes se dégagent à notre départ en zodiac pour la falaise d’Alkhornet.

Nous partons dans les pas de nos guides sur une belle neige fraîche. Nous déambulons sur différents plateaux pour découvrir de beaux points de vue sur la grande falaise d’Alkhornet, qui abrite une colonie de mouettes tridactyles et de guillemots de Brünnich qui compte 10 000 couples. Puis nous observons également quelques rennes qui se nourrissent d’une faible végétation. Nous zigzaguons entre des éboulis, tel un labyrinthe, il y a une dizaine de bruants des neiges famille de passereaux qui sont sédentaire au Spitzberg. Le temps passe au grand soleil, les montagnes sont immaculées de blanc : c’est une belle météo pour le reste de la journée.

Alkhornet Spitzberg

De retour au bateau, nos guides repèrent deux renards polaires le long de la plage, à côté du bateau, et nous revoilà sur le zodiac pour les approcher de plus près. C’est certainement un couple formé pour la reproduction. Ils sont revêtus d’un magnifique pelage blanc, parfaitement adapté à leur environnement. Le renard polaire (Vulpes lagopus) est un prédateur discret mais opportuniste, capable de survivre dans des conditions extrêmes. Il est l’un des rares mammifères terrestres présents toute l’année au Svalbard.

L’un des deux renards s’approche à quelques mètres seulement de notre embarcation. Nous avons la chance de les voir interagir, flairer, se déplacer ensemble, et s’alimenter de restes d’oiseaux morts laissés par les goélands ou tombés des falaises. Leur comportement est calme, curieux, presque joueur. Ils se déplacent avec une aisance incroyable sur la neige et entre les rochers. C’est un moment rare et fascinant, une véritable rencontre avec la vie sauvage arctique.

Renard polaire Spitzberg

Après cette belle matinée, nous passons à table. Xavier nous annonce que cet après-midi sera consacré à une belle navigation le long des différents fjords de la côte nord de l’Isfjord. Nous passons devant plusieurs fronts glaciaires et banquises de fjords, tels que Ymerbukta, Borebukta, Yoldiabukta et le Diksonfjord. Durant cette navigation, nous observons des centaines de rennes sur la côte et des phoques au loin sur la banquise. Les paysages sont incroyables : une belle navigation arctique au milieu des glaces.

Banquise de fjord - Isfjord Spitzberg

Xavier nous propose ensuite une conférence sur la période des trappeurs au Spitzberg. Il nous raconte comment, à partir de la fin du XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe, des hommes — souvent norvégiens, mais aussi russes ou pomors — venaient passer l’hiver dans ces terres hostiles pour chasser et piéger des animaux à fourrure : renards polaires, ours, morses, phoques et même rennes. Ils vivaient dans des cabanes rudimentaires, isolés pendant des mois, avec des conditions de vie extrêmes. Le commerce des peaux, notamment celles des renards polaires et des ours blancs, était très lucratif, mais il a eu un impact dramatique sur la faune locale. Xavier évoque aussi les récits poignants laissés dans les journaux de ces trappeurs : solitude, courage, mais aussi cruauté et exploitation. C’est une page sombre mais fascinante de l’histoire du Svalbard, où la survie humaine s’est parfois faite au prix de celle des animaux.

Après le dîner, nous arrivons pour la nuit dans la baie de Skansbukta. Le ciel se colore de belles lumières dorées et contraste avec les nuages lenticulaires dans le ciel.

Isfjord Spitzberg

Vendredi 2 mai

La journée commence paisiblement, le bateau étant au mouillage dans la baie isolée de Skansbukta. Sous un ciel ensoleillé mais dans un air encore frais, nous embarquons à bord des zodiacs pour aller observer un groupe de rennes que nos guides ont repéré depuis la passerelle de l’Explorer. Nous passons un moment à observer plusieurs individus, dont une femelle et son petit, qui paissent tranquillement. Nous débarquons ensuite de l’autre côté de la baie pour explorer les lieux. En longeant la côte, nous découvrons les vestiges d’une ancienne mine de gypse : rails étroits, rampes en bois, et une barge échouée sur la plage. L’exploitation du gypse à Skansbukta a débuté au début du XXe siècle, principalement entre 1918 et 1919. Une société minière norvégienne, De Norske Spitsbergen Kulkompani, avait tenté d’y exploiter les gisements en vue d’une exportation vers l’Europe. L’activité fut rapidement abandonnée, ne laissant derrière elle que quelques traces, témoins silencieux de ce passé.

Au-dessus de nos têtes, une colonie de pétrels fulmars niche dans les immenses falaises qui nous dominent, leurs cris perçant le silence minéral de la baie. Après cette immersion dans la nature et l’histoire, nous regagnons le bord pour le déjeuner. Sitôt le repas terminé, le bateau reprend doucement sa route. L’après-midi, nous restons à bord pour profiter d’une croisière panoramique à travers les fjords. Les vents soufflant à 60 km/h rendent impossible toute sortie en zodiac. L’Explorer s’enfonce d’abord dans le Billefjorden. Sur notre bâbord, la silhouette fantomatique de Pyramiden se dessine à l’horizon, vestige figé d’une époque soviétique révolue. Le bateau entre ensuite dans le Sassenfjorden, où la lumière rasante du nord sublime les reliefs environnants.

Notre guide Xavier repère alors un phoque barbu accompagné de son petit. Le capitaine s’approche avec précaution, nous permettant de profiter pleinement de ce moment rare. Ce pinnipède tire son nom de ses longues moustaches frisées en séchant, qui lui servent à détecter ses proies sur les fonds marins.

Ça y est, l’Explorer fait route vers Longyearbyen. À bord, l’heure est peu à peu au retour. En fin de journée, un pot de l’amitié réunit passagers, guides et capitaine. Puis vient le moment du retour photo, où les images défilent comme autant d’échos d’un voyage inoubliable.

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