
Benjamin Dy
Destinations Nordiques et Antarctique
18 juin
26 juin 2025
Benjamin Dy
Destinations Nordiques et Antarctique
Raymond Perrin
Arctique
Vincent Lecomte
Écologie Polaire
Jean-Marie Seveno
Photographe
Élodie Marcheteau
Géologie
Certaines photos photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
C’est en ce mercredi 18 juin à l’aéroport d’Oslo, au matin, après avoir rencontré notre équipe d’expédition, que nous prenons place dans un avion à hélices pour se diriger vers notre destination, le Svalbard, archipel de l’extrême Arctique aux 2100 glaciers, à 60 % couvert de glace, et théâtre de notre expédition. Vers 16h00, après avoir survolé une partie de la Norvège, puis franchi le cercle polaire Arctique, des collines, des sommets et des vallées entièrement vêtues de blanc se déploient à perte de vue par les hublots : notre avion survole le Svalbard !
Notre chef d’expédition, Benjamin, commente cette arrivée ensoleillée et spectaculaire qui nous permet déjà d’observer nos premiers glaciers et fjords arctiques, notamment le Hornsund et le Bellsund, nos premières vallées glaciaires ponctuées de rares tâches de toundra, ainsi que de beaux nunataks.
Après l’atterrissage, notre bus nous conduit en direction de la seule et unique ville de cet archipel du bout du monde, Longyearbyen, fondée en 1906, initialement établie comme une colonie minière par l’Américain John Munro Longyear. Nous apercevons de nombreux vestiges de ce passé minier, tels le port charbonnier et des rails aériens, souvenirs d’un temps glorieux – la « ruée vers l’Or Noir ». Nous sommes transportés en Zodiac vers notre navire d’expédition où nous prenons possession de nos cabines. Après un exercice de sécurité, sans attendre, nous levons l’ancre pour remonter les 105 km de l’Isfjord avant de mettre le cap plein nord.
En soirée, par un temps somptueusement estival, de multiples oiseaux sont observés au cours de la navigation, des fulmars boréaux – lesquels profitent de l’aspiration créée par le navire pour planer à nos côtés –, des macareux moines, des mouettes tridactyles, des mergules nains, ainsi que plusieurs espèces de guillemots. Quelques chanceux, veillant tard, aperçoivent aux loin quelques souffles de furtives baleines, tandis que notre navire vogue vers sa première destination : la Baie du Roi.
Nous nous réveillons au cœur l’un des plus célèbres systèmes de fjords de l’archipel du Svalbard, la baie du Roi (Kongsfjorden). Sur sa rive sud, nous apercevons la base scientifique internationale de Ny Ålesund, qui fut le point de départ de plusieurs tentatives historiques d’atteindre le pôle Nord — il reste, notablement, le mât auquel furent attachés les dirigeables de Nobile et Roald Amundsen.
En début de matinée, notre équipe d’expédition nous conduit en Zodiac sur une petite île, Blomstrandøya, pour notre première excursion pédestre en terre polaire, à la découverte de la toundra. Ce premier contact avec l’univers polaire nous permet d’observer de nombreuses espèces végétales, notamment le Dryade à huit pétales et la Cassiope tétragone, deux sous-arbrisseaux à port rampant aux fleurs à peine écloses en ce début de mois de juin. Des Saxifrages à feuilles opposées, rose vif, égayent cet écosystème si particulier où la flore et la faune se font rares.
Outre le panorama sur le célèbre massif des trois couronnes et ses nombreux glaciers, parfaitement dégagés, le clou du spectacle est certainement constitué par ces Rennes du Svalbard qui paissent paisiblement et dont les poils se dispersent, au gré des vents, sur la toundra. De multiples oiseaux sont observés, notamment des Bernaches nonnettes et des Oies à bec court.
Quelques cabanes en bois attestent du passé industriel de ces lieux reculés, quand un entrepreneur du début du XXe siècle essaya d’extraire et d’exploiter du marbre pour le commercialiser en Angleterre. Nos guides nous présentent les vestiges historiques de cette étonnante exploitation, vestige remarquablement préservé bien que datant d’avant la première guerre mondiale. De retour à bord, notre guide Vincent nous présente des informations sur la formation des nunataks, Elodie nous parle de la physiologie du Renne et Benjamin, notre chef d’expédition, nous présente les dernières cartes de glace à notre disposition ainsi que les objectifs des jours à venir, un programme prometteur.
Dans l’après-midi, sous un grand ciel bleu, nous organisons une croisière en Zodiac devant le front de glace de Lilliehöök. Ce majestueux glacier, situé dans la Baie de la Croix, se déploie d’ouest en est sur près de 11 km, nous offrant le spectacle d’un amphithéâtre de glace une hauteur moyenne d’une quarantaine de mètres (avec certaines sections dépassant même 77 m, d’après les mesures de nos guides). Le glacier fut nommé en l’honneur de Gustaf Bertil Lilliehöök (1836-1899), un capitaine de marine suédois au long cours en expédition au Spitzberg en 1861.
Nos guides nous présentent les stratifications de glace, les moraines, les crevasses, tandis que nous assistons à plusieurs vêlages. De nombreuses espèces d’oiseaux sont observés, des mouettes tridactyles se reposant sur des icebergs, des guillemots à miroir — dont certains, curieux, s’approchent de nos embarcations pour le bonheur des photographes –, des guillemots de Brunnich, mais aussi de plus rares Labbes pomarins.
Cette première expérience de navigation dans la glace nous permet d’en apprendre davantage sur la terminologie glaciologique, entre icebergs, bourguignons, brash et fronts de glace – mais elle nous laisse surtout des sensations fabuleuses d’étrangeté et de dépaysement.
En soirée, le toujours attendu « cocktail du commandant » permis de faire la connaissance de notre capitaine, Alcibiades Barrios, à la barre de l’Ocean Nova, qui met route vers l’extrême nord de l’archipel, à la recherche de la banquise, notre prochain objectif.
Depuis la baie de la Croix, l’Ocean Nova a navigué toute la nuit vers le Nord, dans une mer aussi calme qu’un lac, sous la douce lumière du soleil de minuit. Au petit matin, le paysage dévoile sa blancheur immaculée : ça y est, devant nous, la banquise ! Derrière chaque regard, l’émotion est là: cette première rencontre marque pour beaucoup la réalisation d’un rêve, pour d’autres ce sont des retrouvailles qui font toujours vibrer le cœur tant cette étendue est le symbole de l’extrême polaire. Le ciel est couvert ce matin: la fine couverture nuageuse permet néanmoins une visibilité excellente, avec une vision sur près de 10 kilomètres autour du navire. A la limite entre ce monde des glaces et l’océan, le vol des mergules nains nous rappelle que malgré cette apparence inerte et figée des paysages glaciaires, la vie est là.
Les mergules nains poursuivent notre introduction de la veille de la famille des Alcidés, si représentée en Arctique et sur l’archipel du Svalbard. Ce petit oiseau d’environ 150 grammes, d’une taille comparable à celle du moineau, est l’oiseau marin le plus répandu en l’Arctique, avec une population supérieure à 50 millions, dont plus de 2 millions au Svalbard. Grégaire, le mergule nain vole en groupe d’une dizaine d’individus, parfois plus. Leur changement de direction est d’une rapidité impressionnante, tout comme la vitesse de battement de leurs courtes ailes.
Alors que nous venons de passer le 81° parallèle, nous voici officiellement à moins de 1000 kilomètres du Pôle Nord, un symbole de plus que nous sommes au cœur du monde polaire.
Rapidement après cette première découverte de la banquise, l’Ocean Nova commence son entrée dans la glace qui s’étend à perte de vue. Poussant doucement les floes, ces plaques de banquise de plusieurs dizaines de mètres carrés, le navire semble se perdre dans l’immensité blanche. A mesure de notre progression, les plaques lisses aux formes anguleuses laissent entrevoir des structures plus chaotiques, les hummocks, ces crêtes de compression résultant de la collision des plaques sous l’effet du vent et des courants. Ces structures pouvant atteindre plusieurs mètres de haut témoignent des mouvements permanents de cette banquise annuelle dans laquelle nous nous frayons un chemin. A travers les jumelles, des tâches sombres allongées apparaissent de ci de là: nous apercevons nos premiers phoques ! Ici un annelé, là un barbu, facilement différentiables par leur morphologie : alors que le phoque annelé pèse en moyenne 60 kg pour 1,2 mètres, le phoque barbu est lui beaucoup plus massif, avec ses 200 à 400 kg pour plus de 2 mètres de long.
La présence ici de ces pinnipèdes nous indique une chose : nous sommes plus que jamais sur le territoire et le terrain de chasse de l’ours polaire. Et sa présence se fait à son tour sentir: de belles empreintes de pattes sont régulièrement repérées sur les plaques de banquise, disparaissant brutalement, nous laissant imaginer, rêver d’où il se trouve maintenant.
Après une matinée à explorer ce territoire, celui du seigneur de l’Arctique, nous revenons vers une zone plus navigable afin d’effectuer une sortie en zodiac au plus proche de la glace de mer. La visibilité est toujours excellente, et les conditions de mer nous permettent de vivre une expérience unique : le débarquement sur la banquise! Quelle sensation extraordinaire que celle de fouler cette glace éphémère, symbole des contrées polaires, en pensant que peut-être, dans quelques mois, elle retournera à l’océan. Nous profitons de ce moment mémorable, attentifs à cet environnement qui change en permanence.
Nous terminons la sortie par un zigzag entre les floes, nous arrêtant admirer les « plages » bleu turquoise typiques de certaines plaques. Des guillemots de Brunnich nous survolent avant de se poser à distance sur l’eau. L’atmosphère est paisible, calme et enchanteresse.
Il ne manque qu’un invité d’honneur pour parfaire ce tableau déjà somptueux de la journée. Et en début de soirée, l’effort collectif de recherche de la part de notre équipe d’expédition finit par payer: un ours polaire est repéré à plus de quatre kilomètres de distance devant le navire. Ardemment désiré toute la journée, cet ours nous joue des tours alors qu’il alterne entre marche sur les floes et plongées dans l’océan. L’approche du navire se fait en douceur, nous permettant de découvrir un ours adulte bien portant, certainement une femelle, se détachant de plus en plus nettement par sa couleur légèrement jaunâtre sur le blanc pur. Maintenant bien établi sur une immense plaque, ce sont plusieurs scènes et comportements typiques de l’ours polaire que nous avons la chance d’observer pendant une vingtaine de minutes : ses essais inaboutis pour attraper un phoque par un trou de respiration, son nez dressé pour sentir son environnement, et ses roulades dans la neige pour sécher ses poils après ses tours dans l’eau froide.
Un spectacle fabuleux, clôturé par l’arrivée subtile d’une brume de mer enveloppant la scène subrepticement, marquant ainsi la fin de cette journée de découvertes et de contemplation de la Nature. Cette rencontre a marqué tous les esprits, les cœurs remplis après parfois une attente de toute une vie, chacun prend congé le sourire aux lèvres, conscient que demain nous réserve encore son lot de surprises, dans la poursuite de l’exploration de la banquise.
Après la journée d’hier consacrée à la recherche de l’ours en banquise, nous réitérons en ce jour le plus long de l’année… encore qu’ici, comme depuis quelques semaines et ce jusque courant août, l’astre solaire ne se couche jamais derrière l’horizon! Chaque opportunité est à saisir, les conditions d’observation sont optimales: la visibilité est excellente, les plaques de banquise sont illuminées et de nombreux hummocks (des amoncellements de blocs de glace provoqués par les mouvements de plaques) jalonnent ces étendues glacées. Ce n’est pas ce qui était prévu initialement au programme, c’est une dérive dont nous profitons, et nous apprécions cette flexibilité et la capacité de s’adapter aux conditions météorologiques changeantes. À ce propos, malgré toute cette glace qui nous entoure, la température reste clémente : nous nous réveillons par plus de 81° de latitude Nord… Dans l’après-midi nous sommes tout simplement le bateau le plus au Nord du monde et ressentons l’euphorie des explorateurs à la conquête du Pôle.
Les traces d’ursidés sont régulières autour de l’Ocean Nova, chacun d’entre nous scrute l’étendue de part et d’autre du navire. En cette matinée, seuls des guillemots de Brünnich, des guillemots à miroir, des fulmars ou encore des mergules croisent notre route. Vincent en profite pour nous présenter une conférence passionnante sur l’ours polaire qui nous permet d’en connaître davantage sur la vie de cet extraordinaire animal.
En début d’après-midi, nous effectuons une sortie en zodiac au milieu des glaces et remettons comme hier le pied sur une plaque de banquise, à la différence que celle-ci est énorme, au point où nous effectuons une petite marche; sensation garantie.
Au retour sur l’Ocean Nova, c’est Jean-Marie qui intervient avec un atelier photo qui permet à chacun de perfectionner ses prise de vue, que l’on soit muni d’un smartphone, d’un appareil compact ou d’un hybride de dernière génération. Savoir que la technique est secondaire et que le plus important est l’émotion que l’on transmet dans chaque cliché nous conforte tous.
Au sortir de cette présentation, nous avons l’occasion de mettre en pratique les nombreux conseils brigués par notre photographe de bord avec l’observation d’un magnifique phoque barbu depuis les ponts extérieurs.
La surprise du jour est de se voir offrir un cocktail par notre équipe de guides pour célébrer notre rencontre mémorable avec l’ours d’hier, cocktail que nous apprécions d’autant plus
qu’il est conjugué à la bienveillance permanente de nos guides conférenciers. Puis arrive l’inattendu: le diner qui se prend sous forme de barbecue polaire sur le pont extérieur; un repas on ne peut plus original et festif entouré de banquise; nous n’espérions pas tant pour clôturer cette journée des glaces.
Apres avoir quitté la banquise et navigué durant la nuit, nous nous réveillons dans le fjord de Murchison à l’extrême nord du Svalbard par 80°02’’ de latitude Nord. Nous débarquons sur le site de Kinnvika, ancienne base scientifique suédo-finlandaise établie pendant l’année internationale de géophysique, en 1957. Cette base a ensuite été réutilisée au cours de l’année 2007-2008 dans le cadre, cette fois-ci, de l’année internationale polaire.
Notre aire de débarquement est jonchée de troncs, de bois flottés, charriés depuis les fleuves russes de Sibérie par le courant circumpolaire. Nous nous dirigeons vers les bâtiments et visitons certains. S’ensuit une randonnée.Nous nous divisons en deux groupes. Le 1er reste à proximité du centre de recherche tandis que le second se dirige vers les hauteurs.
Le site de Kinnvika a la particularité de présenter des plages surélevées, on parle de rebond isostatique. Ce phénomène correspondant à une remontée progressive des terres par fonte des masses glaciaires, laquelle laisse dans le paysage les marques des anciens niveaux marins. Sous nos pieds, illustrant ce phénomène, des galets roulés, ainsi que des morceaux de stromatolites, organismes typiques de mers peu profondes. Dans ce désert polaire minéral, quelques saxifrages à feuilles opposées égaient l’atmosphère par leur couleur pourpre, utilisant parfois les pierres éclatées, que l’on appelle également gélifraction, comme hôte protecteur.
Le second groupe se dirige vers le sommet. Malheureusement, nos guides interrompent notre progression car 2 ours sont aperçus à distance. Malgré les 2 km qui nous séparent, les 2 groupes se réunissent et regagnent la plage pour embarquer sur les zodiacs. Tout se fait dans le calme et nous observons cette mère et son ourson rapidement, et ce depuis l’Ocean Nova resté à distance. Nous sommes ainsi certains de ne pas déranger leur progression.
Dans l’après-midi Élodie présente une conférence sur la banquise, puis c’est Benjamin qui nous résume sous forme de récapitulatif la notion de circulation thermohaline. Pour finir, Vincent aborde le sujet des stromatolithes. C’est en soirée que nous effectuons une ultime activité avec une sortie en zodiac face au glacier flottant Frazen nommé en l’honneur de Robert Frazen, un géologue d’une expédition britannique qui s’est tenue en 1921.
Cette journée pleine de rebondissements se termine à 22h; elle aura tenu toutes ses promesses.
Un jour nouveau se dessine; au cours de ces derniers jours, après toutes ces observations à répétition riches en diversité, à quoi pouvons-nous nous attendre?
Hier, Benjamin, notre chef d’expédition, nous a évoqué ses intentions pour ce 23 juin, en l’occurence nous rendre dans le détroit d’Hinlopen, situé entre l’île du Spitzberg et la Terre du Nord-Est. Au réveil, nous nous trouvons face au site d’Alkefjellet dont les coordonnées sont 79°36 de latitude Nord et 18°26 de longitude Est. Aujourd’hui encore, la visibilité est excellente malgré un temps gris. Quant à la température, elle est de +6°C.
Nous sortons en zodiac vers 8h30. De loin, les falaises semblent similaires à toute autre paroi rocheuse. Alkefjellet signifie la falaise aux alcidés… à mesure que nous nous en approchons, nous sommes survolés par de nombreux groupes d’oiseaux, en l’occurence des guillemots de Brünnich. D’autres forment des radeaux que nous évitons pour ne pas les déranger.
Alkefjellet présente des pics qui culminent à 120m tandis que sa longueur est de plusieurs kilomètres. Les guillemots de Brünnich sont les plus abondants mais ils ne sont pas les seuls sur ce site: les mouettes tridactyles sont très nombreuses, elles sont accompagnées de goélands bourgmestres mais aussi de quelques bernaches nonnettes et bruants des neiges. Instant insolite, nous apercevons brièvement un bélouga puis un renard polaire durant une quinzaine de minutes. Il prospecte sur le littoral à la recherche de nourriture; nous le voyons d’ailleurs récupérer un guillemot mort et remonter dans la falaise, peut-être en direction de sa tanière et de ses jeunes.
Plus loin en direction du sud, nous sommes à proximité immédiate d’une quantité incroyable de guillemots; nous pouvons apprécier la délicatesse de leur plumage. Nos guides respectifs nous en apprennent beaucoup sur cette espèce. Pélagique, il passe sa vie en haute mer et ne vient à terre que pour la période de reproduction et l’élevage de l’unique poussin. À ce propos, la femelle pond son oeuf à même la roche, sans le moindre artifice. Cet oeuf a la particularité d’être en forme de poire, on le dit piriforme, c’est-à-dire qu’il tourne sur lui-même, ce qui l’évite de tomber en cas de coup de patte ou autre.
Dans l’après-midi, nous poursuivons notre navigation vers le sud, direction Torelneset, un site qui abrite une échouerie (autrement dit une colonie) de morses, des colosses pouvant atteindre 1200 kg pour les mâles et 900 kg pour les femelles. Nous effectuons une approche lente qui nous permet de les observer dans d’excellentes conditions à seulement quelques 50 mètres. À terre ils semblent empotés mais à l’eau ce sont de vraies ogives. Nous apprenons par nos guides que les morses se nourrissent essentiellement de bivalves style palourdes, et ce jusque 80 kg par jour. Impressionnant.
S’ensuit une marche sur les plages sur-élevées, laquelle se répartie en 2 groupes. Nous découvrons les adaptations des plantes dans ce milieu ultra minéral et trouvons une vertèbre de baleine, vestige des temps anciens lorsque la plage était au niveau de la mer.
C’est en soirée que l’on revient sur les observations marquantes du jour, à savoir le renard polaire (présenté par Benjamin), la dolérite (par Élodie) et le guillemot de Brünnich (par Vincent). La journée a été tout aussi riche et passionnante que les précédentes; rdv demain pour la suite des évènements.
Nous nous réveillons ce matin alors que l’Ocean Nova est ancré à la lisière de la baie d’Hamilton, théâtre de nos activités. Sous des lumières changeantes et chatoyantes, se dévoile un paysage minéral et enneigé, noir, blanc et bleu, typique de l’archipel du Svalbard.
Au cours de notre excursion en zodiac, la faune ne se fait pas attendre : un renne du Svalbard, aux bois majestueux, est observé près d’une hutte en bois ayant servi autrefois aux trappeurs et aux baleiniers. Benjamin, notre chef d’expédition, nous signale un renard polaire, jappant et galopant sur la toundra, dans sa robe étrangement foncée : il s’agit du morphe brun foncé du renard bleu, une variation génétique du renard polaire habituel.
Un lagopède est aperçu, faisant la vigie perché sur son rocher, tandis que les chants flûtés du bruant des neiges, seul passereau du Svalbard, enchantent les pierriers. À quelques encablures, notre photographe Jean-Marie nous signale un phoque annelé se reposant sur la banquise de fjord, offrant une belle occasion d’approche animalière.
L’excursion se poursuit par l’exploration du front du glacier d’Hamilton, alimenté par la calotte de la Terre Albert Ier, puis par la visite d’une impressionnante et verticale colonie de mouettes tridactyles et de guillemots. Nous terminons cette sortie par une contemplation silencieuse de l’embouchure du Raudfjord, le « fjord rouge », ainsi nommé en raison de la couleur de ses grès datant du Dévonien.
Ce vaste fjord est l’un des premiers à avoir été observés et cartographiés au cours de la légendaire expédition de Willem Barents, navigateur hollandais ayant découvert l’île du Spitzberg en 1596, alors qu’il cherchait à rallier l’Asie en passant par le nord de notre globe terrestre.
L’après-midi, notre équipe d’expédition nous offre un nouvel aperçu de l’histoire tragique — mais héroïque — de l’archipel, avec l’ascension de l’île d’Ytre Norskøya : une marche vigoureuse qui révèle d’émouvantes tombes de baleiniers, enterrés là il y a plusieurs siècles, dans la solitude des hautes latitudes.
Cette randonnée nous permet d’observer une colonie de macareux, le fameux « perroquet des mers », reconnaissable à son bec bariolé de rouge et de jaune. Nous contemplons également des nuées de mergules nains, le plus petit des alcidés, allant et venant vers leurs colonies. De multiples autres espèces sont observées : des phoques — dont certains s’amusent à tourner autour des zodiacs —, des bernaches nonnettes, des guillemots à miroir, ainsi que quelques splendides fleurs arctiques, telles que la saxifrage à feuilles opposées.
Le soir vient, ponctué d’interventions illustrées de nos guides au salon, qui nous permettent d’en apprendre davantage sur l’épopée de Willem Barents, sur la biologie des morses et de la sterne arctique. La nuit tombe alors que nous faisons route vers le sud, au large de la côte des Sept Glaciers.
Après avoir contourné durant la nuit Prins Karl Forland, cette île étroite allongée sur 86 kilomètres, la plus occidentale de l’archipel du Svalbard, l’Ocean Nova arrive au petit matin dans St. Jonsfjord. Long d’une vingtaine de kilomètres, ce fjord est entouré de montagnes enneigées culminant à des altitudes variant de 700 à 800 mètres, auréolés pour certains par un léger voile brumeux en ce début de journée.
A l’image de tout notre séjour, le ciel est aujourd’hui encore très clément : d’abord timide, le soleil se fraye rapidement un chemin à travers les nuages pour éclairer le premier glacier que nous découvrons ce matin depuis les ponts du navire. Sous cette délicate lueur, le relief déchiré des glaces est toujours un spectacle fascinant.
Notre première activité de la journée est une invitation à admirer cette splendeur glacée de plus près : à travers une croisière zodiac pour certains, depuis un point de vue après une marche dans la toundra pour d’autres.
A bord des zodiacs, nous avons rapidement la surprise de distinguer plusieurs phoques barbus, bien installés sur leur glaçon. Ce phoque massif pouvant atteindre plus de 300 kilos est un habitué de ces temps de repos sur des morceaux de glace, lui permettant de se délasser après un repas ou d’emmagasiner de la chaleur. Certains individus que nous admirons ce matin présentent une face rougeâtre à marron, typique de cette espèce. En effet, le phoque barbu s’alimente principalement sur le fond marin, à la recherche de mollusques, crustacés qu’il doit parfois débusquer en remuant les sédiments pouvant être chargés d’oxydes de fer, à l’origine de la coloration « rouille » de son visage. Ses vibrisses bien fournies, organes sensoriels très sensibles, ont tendance à se retrousser à l’air libre quand elles sèchent, et sont à l’origine de son appellation de « barbu ». Un phoque annelé est vu au cours de la croisière, dans l’eau cette fois, curieux mais restant à bonne distance du zodiac. Sa proximité permet néanmoins de comparer les deux espèces en termes de taille, le phoque annelé étant deux à trois fois plus léger que son cousin.
Pendant ce temps, une ascension rythmée par l’observation de la flore arctique s’achemine sur les pentes abruptes d’un massif séparant les deux fronts glaciaires du St Jonsfjord. Sur ces flancs bien exposés, les dryades à huit pétales s’épanouissent aux côtés de la cassiope tétragone et de l’oxyria à deux carpelles, bien connue des baleiniers pour son apport en vitamine C. Les lichens multicolores décorent les roches plissées il y a plus de 400 millions d’années, alors que ceux affectionnés par les rennes, du type « cladonia », se distinguent par leur forme de petit buisson blanchâtre. Nous avons d’ailleurs l’occasion d’en observer un, broutant avidement à flanc de colline. L’arrivée au sommet est magistrale : la vue sur le glacier Osbornbreen, avec ses moraines médianes et son enchevêtrement de séracs est à couper le souffle. Ici, nous avons juste envie de goûter au silence de cette nature brute, perturbé seulement par un vêlage dont le bruit résonne dans la baie.
Alors que les nuages épaississent, le retour au navire se fait pour chaque groupe. Déjà l’Ocean Nova repart vers son ultime escale, Poolepynten, sur Prins Karl Forland. Là, une échouerie d’une quinzaine de morses, des jeunes avec quelques femelles et un mâle se reposent sur cette plage de sable. Ce pinnipède, le plus grand de l’Arctique, impressionne par sa masse imposante pouvant dépasser les 1,8 tonnes pour un mâle adulte. Quelques grognements se font entendre quand un nouvel individu arrive depuis la mer, cherchant à faire sa place dans le groupe. Certains utilisent leurs pattes antérieures pour se gratter, l’échouerie étant en effet un lieu de mue et d’alimentation pour les colonies de morses.
Alors que nous nous éloignons de ce spectacle fascinant, la beauté de cette plage bordée de lagunes nous émerveille: ici, la vie aviaire a établi ses quartiers. Les bécasseaux violets arpentent les bords de plage, se confondant avec les algues séchées, les sternes gardent férocement l’ancienne hutte de trappeur, alors que phalaropes, oies à bec court et tournepierres se distinguent sur les bords de l’eau lagunaire. Plongés dans cette ambiance bucolique, en sachant bien qu’il s’agit là de notre dernier contact avec cette terre du Spitzberg, nous n’avons qu’une envie : s’asseoir, et contempler, encore.
Toutefois la soirée d’au revoir nous attend, animée par l’équipe d’expédition avec un retour en images sur notre fabuleux séjour, et par le cocktail du commandant.
Notre séjour touche à sa fin, et même si nous profiterons de quelques heures à Longyearbyen demain, ce sont bien ces magnifiques paysages, cette faune majestueuse et ces ambiances uniques que nous garderons dans le cœur.
Désormais, l’Arctique vit en nous, et dans chaque esprit, un seul espoir, celui de revenir un jour.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Pour une meilleure expérience, nous vous conseillons de tourner votre tablette en paysage
Messages
Nous attendions avec impatiente le résumé de vos premières journées d’expédition, nous avons lu que tout se passe bien, le temps est de la partie et les ours sont présents, profitez bien de votre fin de voyage, vous êtes bien au frais là bas car ici c’est canicule .
Bisous à vous 2
de Sébastien, Sylvie et les 2 enfants
Coucou à nos amis belges Marie-Christine et Anne-Marie.
Enfin nous avons pu accéder au carnet de voyage. Depuis que vous êtes partis nous ne pouvions accéder à vos aventures. Aujourd’hui nous découvrons vos aventures et au joie un bel ours.
Nous pensons à vous tous les jours. Vous faites vraiment un superbe voyage.
Ici il fait très chaud…….. n oubliez pas de retirer vos doudoune en rentrant.
Bonne fin de voyage. Profitez bien des derniers jours.
Gros bisous mon petit pingouin 🐧
Gros bisous Anne-Marie
Votre petit pingouin 🐧 et Jean-René 😘😘
Je vais tout relire ça ce soir
Quelle belle expédition, c’est extraordinaire de pourvoir contempler cette région:C’est l’ Aventure avec vos supers guides.