Controversé, Frederick A. Cook est un médecin et explorateur polaire qui aura passé une grande partie de sa vie à défendre bon nombre de ses projets et réalisations. Se présentant comme le premier homme à avoir atteint le Pôle Nord, en 1908, il est finalement désavoué par le Congrès américain qui attribue la paternité de cet exploit à Robert Peary. Toutefois, malgré quelques écarts, ce dernier est entré dans l’histoire de l’aventure polaire, prenant part à de multiples expéditions. Retour en détails sur la vie d’un homme qui aura dévoué son existence, à l’aventure.

Frederik Albert Cook est né le 10 juin 1865. Fils d’immigrés allemands, il grandit à Hortonville, dans les montagnes de Catskill, dans l’État de New York. Très jeune, il perd son père et déménage alors avec sa famille, afin de se rendre du côté de New York City. Sur place, il enchaîne les petits boulots dans le but de subvenir aux besoins de ses proches, mais aussi et surtout, dans le but de mettre de l’argent de côté afin de se payer des études de médecine. Un projet qui lui tient à cœur et qu’il mène avec brio, devenant diplômé de médecine en 1889. Ce diplôme en poche, il se tourne alors vers ce qui l’intéresse le plus, l’aventure polaire.

Frederick A. Cook, premiers pas en milieu polaire

Frederick A. Cook, le Groenland et l’Antarctique

Frederick A Cook - Explorateur polaire

Médecin de formation, Frederick A. Cook intéresse de nombreux aventuriers de renom qui voient en lui un homme dont les connaissances pourraient être utiles. En milieu hostile, un médecin, de par son calme et ses connaissances peut sauver des vies. Résultat, il décroche un poste lors de l’expédition de Robert Peary au Groenland, en 1891-1892. Il s’agit là de sa toute première aventure. En 1897, il part cette fois-ci en Antarctique, lorsqu’il remplace au pied levé le docteur Taquin, membre de l’Expédition Antarctique Belge. Lors de l’hivernage du navire, ses connaissances médicales et ses expériences passées lui permettent de rapidement s’imposer comme un homme de confiance. Il s’impose comme un médecin de renom en sauvant une grande partie de l’équipage, alors frappé par le scorbut. En effet, en conseillant la viande de phoque ainsi que la viande de manchot, plusieurs hommes se remettent rapidement sur pieds.

C’est également au cours de cette période qu’il se lie d’amitié avec un certain Roald Amundsen. Les deux hommes échangent des heures durant au sujet de la survie en milieu polaire, débattent de l’intérêt des chiens de traîneau et évoquent sans détour les avancées en matière de recherche et d’expédition polaire. Impressionné, Amundsen prend note des nombreux conseils prodigués par Cook et les appliquera lui-même lors de ses multiples expéditions, au Pôle Sud notamment. L’aventure avec l’Expédition Antarctique Belge, dure deux années et prend fin en 1899.

L’affaire du Mont Denali

Après un passage au Groenland et en Antarctique, Frederick A. Cook s’imagine escalader le Mont Denali, appelé à l’époque le Mont McKinley, en Alaska. Il tente une première approche en 1903, avant de retenter l’expérience, en 1906. Une expédition qu’il affirmera être une réussite. En effet, celui-ci assure avoir atteint le sommet du Mont McKinley. Malheureusement, certains de ses hommes émettent des doutes. Ces doutes, émis en privés, sont révélés au grand public en 1909 lorsque éclate l’affaire Cook – Peary, visant à déterminer qui des deux individus a atteint en premier le Pôle Nord. Les détracteurs de Cook mettent effectivement en avant certaines de ses mensonges dans le but de le discréditer.

Affaire Peary - Cook - Explorateurs

Mais Frederick A. Cook a-t-il vraiment menti au sujet de son ascension du mont McKinley ? Aujourd’hui, la réponse semble pencher en faveur du oui. Plus de 90 ans après ses revendications, des experts alpinistes ont tenté de trancher une bonne fois pour toute. Bradford Washburn, alpiniste, a regroupé l’ensemble des preuves rapportées par Cook et ses hommes, afin de définir si oui ou non, le Mont McKinley a été dompté. Selon ses dires, l’ensemble des photographies prises démontre que non, Cook n’a pas été en mesure d’atteindre le sommet. En effet, les lieux des photos ont été identifiés et il apparaît clair que jamais l’équipe n’y est arrivée. La photo présentant Cook sur un sommet, aurait été prise sur ce qui est désormais appelé le Fake Peak (le « Faux pic »), qui culmine à 1 567 mètres de hauteur, contre 6 190 mètres pour le mont Denali. En outre, ses données enregistrées et transposées, ses cartes et le reste de ses preuves tendent à confirmer ces soupçons.

Des mensonges que l’équipe de Robert Peary va tenter d’appuyer. En effet, alors que le débat fait rage entre les deux hommes au sujet de l’affaire du Pôle Nord, Ed Barrill, l’un des compagnons de l’équipe du mont Denali signe sur l’honneur une déclaration selon laquelle Cook aurait menti et n’aurait jamais atteint le sommet. Il s’avérera plus tard qu’il s’agissait, là encore, d’une manière de discréditer Cook auprès de l’opinion. En effet, les supporteurs de Peary auraient payé Barrill afin que celui-ci mente. Dans tous les cas, le travail de sape effectué sur l’opinion fonctionne et Frederick A. Cook est pointé du doigt et ses allégations sont rapidement remises en cause.

L’affaire Cook et le Pôle Nord

Frederick Cook et l’expédition de 1908

Peu après avoir tenté de vaincre le mont McKinley, Frederick A. Cook décide de se tourner vers ses premières amours, l’exploration polaire. Délaissant l’alpinisme, il décide, en 1907, de monter une nouvelle expédition dont l’objectif final est l’arrivée au Pôle Nord. Le départ de son aventure aura lieu depuis Annoatok. Cet endroit, situé à l’extrême nord du Groenland, lui servira de base principale. L’aventure elle, se veut relativement longue, de plus de 1.000 kilomètres, et se fait en direction du grand Nord. Pour se donner plus de chances de réussir, Frederick Cook décide, contre toute attente, d’opter pour un voyage simple et léger. Accompagné de deux inuits, Ahpellah et Etukishook, qui connaissent bien la région, il part avec deux traîneaux et 26 chiens.

Traîneaux à chiens - Expédition Thulé

Le voyage lui, est rugueux, mais il assure avoir touché du doigt son objectif, le 21 avril 1908. Sur le retour, la situation va alors se tendre. À diverses reprises, Cook et ses compagnons sont piégés par les eaux montantes. Il passe une grande partie de l’hiver sur l’île Devon, avant de reprendre sa route et de traverser le détroit de Nares. Il réussit finalement à le traverser afin de revenir sur Annoatok. Nous sommes alors en plein printemps 1909. Soucieux de faire part de son exploit, il tente de prévenir les autorités. Si son récit est, de manière générale, crue par une majorité de citoyens et d’experts, Robert Peary vient contrecarrer ses plans en affirmant lui aussi avoir réussi à poser le pied au Pôle Nord.

Une réussite à nuancer

En effet, c’est à peu près au même moment que les deux hommes confirment leur exploit. Malheureusement, manquant de preuves, Cook se fera désavouer. Ses données devaient embarquer à bord du Roosevelt, le navire de Peary, mais ce dernier en l’apprenant décide de refuser cette embarcation. Résultat, c’est par 4 voix contre 3 que la décision se fait, directement par les membres du Congrès américain. Le président Theodore Roosevelt affirmera toutefois croire au récit de Cook, malgré son manque de preuves. 

Toutefois, la réussite de Peary, comme celle de Cook, serait à nuancer. En effet, selon certains experts, si les deux hommes se sont bien approchés du Pôle, aucun des deux n’a vraiment été en mesure d’y poser le pied. La National Geographic Society, qui a longtemps soutenu la théorie selon laquelle Frederick Cook disait vrai, ira jusqu’à prendre ses distances avec les allégations de réussite. Les premiers à y être arrivés seraient Amundsen, l’ami de Cook, et l’italien Umberto Nobile, lorsqu’il le traversèrent la région en ballon dirigeable, au départ de Ny Alesund. Le Soviétique Ivan Papanine serait quant à lui, le premier à y avoir posé le pied, le 21 mai 1937. 

Découverte de la ville de Ny Alesund et de sa station Scientifique au Groenland

Explorateur controversé, Frederick A. Cook aura passé une grande partie de sa vie à défendre ses positions, affirmant être le premier homme à avoir dompté le mont Denali ou à avoir posé le pied au Pôle Nord. Finalement désavoué par le Congrès américain, il finit même par être emprisonné pour escroquerie en 1923. Sorti de prison en 1930, il continue à défendre ses exploits jusqu’à sa mort, survenue en 1940. Sa réputation elle, n’aura jamais supporté les nombreuses attaques portée à son encontre et, aujourd’hui encore, Frederick A. Cook est vu comme un homme dont les exploits peuvent être remis en question même si son amour pour l’aventure, l’exploration et le peuple inuit lui, ne peut être discuté.

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